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Fresne, droit de prendre et percevoir par chascun an les feures et pailles de la dixme dudit lieu, ensemble deux mines de blé froment de rente seigneurialle sur les grains de la dixme, osmosnée par nos prédécesseurs à M. l'osmosnier de l'abbaye de Fescamp, pour faire partie des osmosnes qu'il doit faire et participer en icelles, ensemble le moulin banal assis en nostre paroisse de Heugleville .. » et la mouvance des fiefs du Mesnil-Bêtas et Bonnetot.

Les fiefs de Sainte-Geneviève, du Petit-Beaunay, de Boscrenoult, de Saint-Mars relevaient directement du duché de Longueville.

Le premier, plein fief de haubert, assis paroisses de Sainte-Geneviève, Bennetot, la Vatine, Biville, Belmesnil et Tostes, avait droit de motte et mottage, patronage honoraire de Sainte-Geneviève, droit de foire le jour de Saint-Simon et Saint-Jude, et la mouvance sur les fiefs dudit Beaunay, de Beaumont, de Crosville, du Caulle, du Fresne et du Val--du-Roy. Sur le sol de ce fief étaient construits en partie le château de Beaunay et les édifices de sa basse

cour.

Le second, 1/2 fief, avait droit de présenter alternativement << au petit moutier de Calleville », et la mouvance des fiefs de Saint-Laurent, de Bois-le-Fevre et Rocquemont.

Le troisième 1/8 de fief jouissait du droit de présentation à la cure de Saint-Mars, alternativement avec le prieur de Longueville.

Les lettres patentes de 1773 transférèrent à Biville les deux foires auxquelles avaient droit les fiefs du Grand et du Petit-Beaunay « pour y estre tenues les

18 et 19 juin de chaque année et pour y percevoir par ledit S Mis de Mathan les mêmes droits qu'il était autorisé à lever aux deux foires cy-devant établies. »

Ce domaine a conservé son ancienne importance. Si, comme construction, le vieux château de Beaunay a perdu de ses développements, les magnifiques futaies qui l'entourent, la belle avenue qui joint le parc du nouveau chateau de Sainte-Geneviève à la grande route de Dieppe signalent encore au passant l'existence d'une vaste propriété ; les grandes possessions territoriales des Mathan n'ont pas été morcelées en venant aux mains des Le Vavasseur, et cette famille, dont la notoriété remonte au milieu du dernier siècle, n'a pas laissé sans illustration le blason qu'avait mérité à ses pères leur haute situation commerciale et la possession des premières charges mu nicipales de notre cité (1).

Nous arrêterons ici ces notes, qui courent grande chance de n'avoir jamais intéressé que nous, et que nos lecteurs nous reprochent, peut-être depuis longtemps déjà, de n'avoir pas eu le courage d'abréger; nous espérons cependant qu'ils seront indulgents pour cette faiblesse.

Nous avons parcouru la plupart des villages dont nous citons les noms; nous avons trouvé fraicheur et abri sous les descendants de ces grands

(1) Pierre Jacques Aimable Le Vavasseur, premier échevin de Rouen, fils de Pierre Jacques, possesseur du même titre, obtint des lettres de noblesse le 8 juillet 1776, registrées le 20 juillet à la chambre des Comptes. Ses armes étaient d'azur au chevron d'argent accompagné de trois étoiles d'or.

hêtres qui donnèrent à Auffay son nom. Et il nous plaisait, en retraçant ces souvenirs et en écrivant ces noms, de laisser comme un témoignage de notre affection à ce coin de la Normandie, l'un des plus riants sur lesquels l'œil du visiteur puisse se reposer, et qui, pour nous au moins, conservera toujours ce prestige d'avoir été témoin des meilleures années de notre âge mur.

ÉTUDE D'ARCHÉOLOGIE ROMAINE.

DOMAINES FUNÉRAIRES

PAÏENS ET CHRÉTIENS

PAR M. PAUL ALLARD.

I

Le voyageur qui, il y a seize ou dix-sept siècles, arrivait dans Rome vers le milieu du mois de février avait sous les yeux un spectacle très animé et très étrange. Pendant qu'il suivait, quelques milles avant d'entrer dans la ville, une de ces grandes voies que nous retrouvons aujourd'hui encore bordées de cippes funéraires, de mausolées, d'édifices sépulcraux de toutes les formes, il rencontrait de place en place de petites troupes d'hommes et de femmes couverts de vêtements blancs. Tout signe de tristesse était soigneusement banni de leur costume : ils avaient l'apparence de convives se hâtant vers un festin, non de parents ou d'amis venant pleurer leurs morts. Chacun de ces groupes, cependant, s'arrêtait à la porte

de quelque chapelle sépulcrale, de quelque édifice consacré aux mânes, de quelque enclos renfermant un tombeau. Dans ces asiles du deuil, tout semblait en mouvement. On voyait des esclaves aller et venir; quelquefois la porte entr'ouverte d'un bâtiment de service laissait apercevoir les fourneaux allumés d'une cuisine; d'une salle située au-dessus du sépulcre ou d'un appartement contigu sortaient des chants, le son des instruments de musique, la voix confuse de convives nombreux. Si le soir était venu, l'œil du voyageur pouvait apercevoir devant lui comme les lignes de feu d'une grande illumination; à la lampe solitaire qui brûlait jour et nuit près des sépulcres, d'autres lampes avaient été ajoutées (1): on eût dit une fête publique. C'en était une en effet : c'était la fête des morts, les parentalia (2). Du 13 au 22 février, les parents devaient chaque année venir visiter les tombeaux de famille et les honorer par des sacrifices et des offrandes; le dernier jour les réunissait dans un cordial banquet (caristia), d'où la bonne humeur n'était pas bannie, et auquel, pour parler le langage des inscriptions funéraires elles-mêmes, on devait apporter un visage gai (hilares), une âme qui a déposé toute animosité et toute rancune (sine querela, sine bile).

́(1) Quand on n'était pas assez riche pour assurer l'entretien de lampes près de son tombeau, on priait quelquefois les passants de se charger de ce pieux office: QVISQ. HVIC TVMVLO POSVIT ARDENTE (m) LVCERNAM, ILLIVS CINERES AVREA TERRA TEGAT Orelli, Inscripl. select., 4838.

(2) Guther, De jure manium, 1. II, ch. 12, p. 128. Faris, 1615, in-4.

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