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solaire avaient moins de vitesse que celles qui en étaient plus éloignées; elles ont dû continuer leur mouvement, mais en tournant en même temps autour du centre de gravité de leur système.

Les planétes ainsi formées devaient donc avoir à la fois un mouvement de rotation et un mouvement de révolution dans le même sens que celui du Soleil, leurs orbites devaient peu s'écarter du plan de son équateur et rester à peu près circulaires.

Chacune d'elles, à son tour, s'est condensée aussi par le refroidissement; l'atmosphère qui la recouvrait a produit semblablement des anneaux qui, en se rompant, ont donné lieu à des satellites; une seule, Saturne, a conservé ses anneaux.

La forme de chaque planète, à l'état de vapeur ou de liquide, devait être celle d'un sphéroïde aplati à ses pôles, ainsi que le veulent les règles de la mécanique. Lorsque son contour s'est condensé pour devenir solide, la forme n'a pu subir que peu d'altération; c'est ce que montre l'observation directe des planètes, et ce que, pour la Terre, confirment les opérations géodésiques.

Cette hypothèse expliquerait l'existence des nombreuses petites planètes découvertes entre Mars et Jupiter, et qui circulent dans des orbites peu différentes, comme si elles provenaient d'un seul et même anneau qui se serait brisé après avoir été en partie solidifié.

Les expériences de M. Plateau viennent donner plus de probabilité à cette cosmogonie de Laplace. Ce physicien a isolé une masse d'huile au milieu d'un mélange d'alcool et d'eau ayant la même densité; il

a obtenu ainsi d'abord un globe sphérique; il l'a vu s'aplatir vers les pôles quand il lui a imprimé un mouvement de rotation. En accélérant la vitesse de cette rotation, il a pu obtenir un anneau, puis des sphéroïdes tournant autour de la masse centrale lorsque l'anneau s'est brisé.

Quant aux comètes, qui ne suivent pas le mouvement régulier des planètes et semblent courir en tous sens dans des orbites dont les inclinaisons sur l'écliptique sont très variables et qui affectent la forme d'ellipses fort allongées, de paraboles ou d'hyperboles, Laplace les considère comme des nébuleuses errant de systèmes en systèmes planétaires et formées par la matière cosmique répandue avec tant de profusion dans l'univers.

Tout concourt à donner une certaine vraisemblance à l'hypothèse émise par le célèbre auteur de la Mécanique céleste : les lois de la mécanique, la Géodésie, les observations astronomiques, et même de nos jours l'analyse spectrale, qui indique que le Soleil et les planètes ne semblent pas contenir d'autres éléments constitutifs que ceux que nous rencontrons sur la Terre.

La Géologie elle-même nous montre les convulsions subies par notre globe, et qu'on doit attribuer à son refroidissement; les changements survenus. dans l'atmosphère terrestre, qui a dû contenir, il y a longtemps, une énorme quantité d'acide carbonique; la condensation de notre planète, qui semble se continuer lentement, cause probable des tremblements de terre et des éruptions volcaniques; puis cette période glaciaire, qui pourrait avoir été occasionnée

soit par le passage de la Terre dans une masse de matière assez condensée pour lui intercepter la chaleur du Soleil, soit par la formation des anneaux d'où seraient sorties les planètes Vénus et Mercure, et qui auraient produit le même effet, soit encore par la naissance et la condensation de l'anneau équatorial qui plus tard se serait transformé en notre satellite, la Lune.

Cette induction pourrait expliquer également la rotation du Soleil on a reconnu, en effet, que cet astre est emporté avec tout son cortége de planètes et de satellites vers la constellation d'Hercule; ce mouvement, qui n'est pas encore bien déterminé, pourrait être celui d'une révolution autour d'un autre centre d'attraction encore inconnu, et alors le mouvement de rotation du Soleil aurait une cause analogue à celui des planètes.

Enfin les aérolithes ne seraient que de petits amas de matière cosmique condensée : on n'y trouve pas d'autres corps simples que ceux déjà trouvés sur la Terre.

Assurément l'hypothèse de Laplace, toute vraisemblable qu'elle puisse être, n'atteindra jamais le degré de certitude d'un théorème de géométrie. Mais lors même qu'on l'admettrait sans restriction, la pensée ne se reporterait-elle pas plus haut? Ne se demanderait-on pas d'où vient cette matière cosmique, avec les lois qui régissent son mouvement, son refroidis sement, son changement de densité, ainsi que les propriétés si diverses des corps simples ou éléments qui la composent? Puis enfin ne songerait-on pas à ce qui adviendrait lorsque tout serait condensé ?

L'esprit saisi de crainte, mais en même temps confondu par l'ordre merveilleux qu'il découvre partout, n'arrive-t-il pas encore tout naturellement à cette conviction de Newton: Un si admirable arrangement ne peut être que l'ouvrage d'un être intelligent et toutpuissant?

On serait porté à croire que l'auteur de toutes choses, pour se faire mieux connaître à l'homme et l'habituer peu à peu à la lumière, ne lui eût permis de soulever que lentement et à de longs intervalles, le voile qui couvre toute l'harmonie et la splendeur de son œuvre. Les lois trouvées par Képler en 1618 n'auraient pas été découvertes si, au lieu de la lunette imparfaite dont il se servit, il avait eu à sa disposition les instruments modernes qui permettent d'observer avec plus d'exactitude. Elles ne sont, en effet, qu'approchées, à cause des perturbations apportées dans les mouvements des planètes par leur attraction mutuelle, et qui ne sont néanmoins qu'une conséquence de la loi de la gravitation, que Newton trouva environ soixante ans plus tard, en appliquant le calcul aux données fournies par les observations de Képler.

On est étonné de la variété des phénomènes dus à la gravitation, et l'on retrouve la loi de sa variation en raison inverse du carré de la distance dans les attractions et répulsions électriques et magnétiques, dans la mesure de l'intensité de la chaleur, du son, de la lumière. Ce rapprochement n'offre-t-il rien de surprenant?

D'ailleurs la force ou le mouvement qui en est la conséquence apparaît dans tous les phénomènes de

la nature. L'endosmose, la circulation, la respiration, et par suite la nutrition, le développement des plantes et des animaux n'en sont que les effets; ces corps organisés meurent dès que son action cesse. La chaleur et le mouvement se remplacent réciproquement; on a pu calculer l'équivalent mécanique de la chaleur. Aujourd'hui, les physiciens semblent s'accorder pour attribuer l'électricité, le magnétisme, la chaleur et la lumière, qui souvent se transforment les uns dans les autres, aux mouvements différents d'un même fluide, insaisissable jusqu'à présent, qui existe partout, que quelques savants sembleraient portés à considérer comme de la matière diffuse. Serait-ce par l'action d'un pareil mouvement sur les molécules que certains corps se modifieraient en acquérant des propriétés nouvelles? On sait que le phosphore qui est ordinairement blanc et vénéneux, devient rouge et inoffensif, puis en mème temps perd sa phosphorescence, après avoir subi pendant plusieurs jours l'action de la chaleur; que l'oxygène électrisé devient l'ozone dont M. Houzeau, votre savant collègue, a reconnu les caractères; enfin, que la photographie n'est due qu'à l'action de la lumière sur certains sels d'argent.

Des recherches sur la diffusion de la matière ont montré que les molécules sont en mouvement continuel, même lorsque la masse dont elles font partie ne paraît pas agitée. C'est à la diffusion que l'on pourrait attribuer les odeurs provenant de corps peu volatils en apparence. M. Ditte, professeur à la Faculté des sciences de Caen, signale ce phénomène : Deux solides très rapprochés peuvent imprimer leur image l'un

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