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« Pour l'utilité de ces lectures, dit M. Pascal, je vous dirai fort simplement ma pensée. Je trouve dans Épictète un art incomparable pour troubler le repos de ceux qui le cherchent dans les choses extérieures, et pour les forcer à connaître qu'ils sont de véritables esclaves et de misérables aveugles; qu'il est impossible qu'ils trouvent autre chose que l'erreur et la douleur qu'ils fuient, s'ils ne se donnent sans réserve à Dieu seul, Montaigne est incomparable pour confondre l'orgueil de ceux qui sans la foi se piquent d'une véritable justice; pour désabuser ceux qui s'attachent à leurs opinions et qui croient, indépendamment de l'existence et des perfections de Dieu, trouver dans les sciences des vérités inébranlables; et pour convaincre si bien la raison de son peu de lumière et de ses égarements, qu'il est difficile après cela d'être tenté de rejeter les mystères, parce qu'on croit y trouver des répugnances: car l'esprit en est si battu, qu'il est bien éloigné de vouloir juger si les mystères sont possibles; ce que les hommes du commun n'agitent que trop souvent.

<< Mais si Épictète combat la paresse, il mène à l'orgueil, de sorte qu'il peut être très-nuisible à ceux qui ne sont pas persuadés de la corruption de toute justice qui ne vient pas de la foi. Et Montaigne est absolument pernicieux à ceux qui ont quelque pente à l'impiété et aux vices. C'est pourquoi ces lectures doivent être réglées avec beaucoup de soin, de discrétion et d'égard à la condition et aux mœurs de ceux à qui on les conseille. Il me semble seulement qu'en les joignant ensemble elles ne pourraient réussir fort mal, parce que l'une s'oppose au mal de l'autre. Elles ne peuvent donner la vertu, mais seulement troubler dans les vices: l'homme se trouvant combattu par les contraires, dont l'un chasse l'orgueil et l'autre la paresse, et ne pouvant reposer

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dans aucun de ces vices quoiqu'il ne puisse aussi les fuir tous. >>

Ce fut ainsi que ces deux personnes d'un si bel esprit s'accordèrent enfin au sujet de la lecture de ces philosophes, et se rencontrèrent au même terme où ils arrivèrent néanmoins d'une manière un peu différente : M. de Saci y étant venu tout d'un coup par sa claire vue du christianisme, et M. Pascal n'y étant arrivé qu'après beaucoup de tours en s'attachant aux principes de ces philosophes.

FIN.

CONTENUES DANS CE VOLUME.

A

Abaissement de l'homme dans la religion ne le rend pas incapable du
bien, 95.

ABRAHAM. Promesses que Dieu lui fit, 82. Pourquoi Dieu fit naître de
lui le peuple juif, 106. Fausses idées des Juifs sur ce patriarche, 107 et
suiv.

Absurdités où se jette l'esprit de l'homme, 195.

Académiciens anciens, stoïciens, épicuriens, dogmatistes: origine de

leurs écarts,

Aimable. Nul n'est aimable comme un vrai chrétien, 96. Voyez

Amour.

Alcoran. Parallèle entre l'Alcoran et les divines Écritures, 142.

Alexandre Le GRAND agit, sans le savoir, pour la gloire de l'Évangile, 141. On imite plutôt ses vices que ses vertus, 267. Parallèle entre lui et César, 270.

Alliance ancienne de Dieu avec les Juifs, 119. Elle figurait la nouvelle alliance de Jésus-Christ avec les hommes, ib.

Ame. L'esprit et le cœur sont les portes par où elle reçoit les vérités, 358. Ne s'offre jamais simple à aucun sujet; ses diverses inclinations, 269. Rien n'est simple de ce qui s'offre à l'âme, ib. Ne se tient pas aux grands efforts de l'esprit, 274. Son immortalité difficile à prouver par des raisons naturelles, 153. Chrétienne, sa sainteté, sa hauteur, son humilitė, 86. La duplicité de l'homme en a fait admettre deux, 93. Il importe à toute la yie de savoir si elle est mortelle ou immortelle, 64, 176. Indubitable qu'elle est mortelle ou immortelle, 187. Incompréhensible qu'elle soit avec le corps; que nous n'en ayons pas, 197. Il n'est point parfaitement clair qu'elle soit matérielle, 176. Souffre et meurt au péché dans la pénitence et le baptême, 291. Quitte la terre et monte au ciel en menant une vie céleste, ib. Parallèle de la mort du corps avec la mort de l'âme, ib.

Amis. Utilité des vrais amis; importance de leur choix, 271. Si l'ami est sot, il médira de vous par compagnie, ib.

Amitiés. Peu subsisteraient si chacun savait ce que son ami dit de lui en son absence, 221. Combien est fragile l'amitié des hommes, et même des grands, 268.

Amour. Les effets en sont effroyables, 222. Nous ne sommes pas dignes d'être aimés, 28, 186. Objet légitime de l'amour, ses désordres, 213. La comédie fait naître l'amour, 192. Sa violence plaît à notre amour-propre, ib.

Amour-propre et moi humain. Sa nature est de n'aimer que soi, 218. Est opposé à la vérité et à la justice, 187. Quiconque ne le hait pas est aveugle, ib. Nulle autre que la religion chrétienne n'a remarqué que ce fût un péché, ib.

Amour de soi. Deux amours créés dans l'homme, l'un pour Dieu, l'autre pour soi-même, 288. Depuis le péché, l'homme a perdu le premier de ces deux amours, 289. Origine de l'amour de soi, ib. Naturel et juste dans Adam innocent, criminel depuis le péché, ib. Ne pas quitter l'amour de la vie, puisqu'il nous vient de Dieu, 290. Mais que ce soit pour la même vie pour laquelle Dieu nous l'a donné, ib.

Amour de Dieu recommandé aux Juifs, 150. Suffit pour régler la république chrétienne, 174. C'est Dieu même que nous devons aimer en nous, 183. Amour qu'on doit à Jésus-Christ, 189. Injustice de ceux qui,

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