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B1901 P4

1858

DE L'ÉDITION DE 1847.

L'édition des Pensées de Pascal que nous offrons au public n'est ni l'édition critique demandée par M. Cousin dans son Rapport à l'Académie Française sur la nécessité d'une nouvelle édition de cet ouvrage, Paris, 1843, ni la copie entière du manuscrit autographe conservé à la Bibliothèque du Roi; c'est le livre publié en 1670 par Arnauld, Nicole, le duc de Roannez, etc., et par Bossut en 1779. Le classement des matières et les titres d'articles adoptés par ces premiers éditeurs sont en général conservés ; mais le vrai texte, le texte authentique, celui du manuscrit autographe, est partout rétabli. Sa restitution a fait disparaître les omissions, les altérations et les suppositions de textes qu'on avait reprochées aux amis de Pascal.

Les Solitaires de Port-Royal ont souvent ajouté, au texte de l'auteur, des mots, des lignes et quelquefois des paragraphes, pour donner ou plus de clarté ou plus de développement à la pensée de Pascal. Nous avons aussi conservé une partie de ces additions; mais, pour qu'on ne les confondit pas avec le texte de Pascal, nous les avons mises entre deux crochets [] lorsqu'elles font partie d'une phrase, et imprimées avec un plus petit caractère quand elles forment un alinéa.

Les fragments de l'Apologie du christianisme ont été réunis et dégagés de tout ce qui leur est étranger; à leur suite se trouvent les écrits de Pascal, de Nicole, de Fontenay, dont les éditeurs ont extrait des passages pour les insérer dans les

PASCAL.

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Pensées. Comme le dit avec raison M. Cousin dans son Rapport: « Sous le nom de Pensées de Pascal, on a toujours «< compris et on comprend encore les notes que, dans ses << dernières années, Pascal déposait d'intervalle en intervalle << sur le papier, pour lui être des souvenirs et des matériaux << utiles dans la composition de sa nouvelle Apologie du « christianisme. Tel est le sens vrai et unique des Pensées; a c'est celui que sa famille et ses amis leur ont donné d'abord, « et qu'elles doivent retenir pour garder leur caractère ori«ginal... Tout dans Pascal tend à la religion; il n'a pas « écrit des Pensées morales et littéraires, comme La Bruyère << et Vauvenargues, et toute sa philosophie n'était qu'une dé<< monstration de la vanité de la philosophie et de la néces« sité de la religion.... Il y aurait peut-être de l'utilité à ex<< traire de ses écrits de toute nature et à former des Pensées << de Pascal, comme on a des Pensées de Platon, de Descartes « et de Leibnitz... Il serait bien aussi de recueillir dans ses << biographes et dans ses amis les discours et propos fami<<liers qu'on lui attribue...; mais tout cela n'a rien à voir « avec les fragments de l'Apologie du christianisme. >>

Nous aimons à déclarer que nous devons à l'ouvrage de M. Cousin, intitulé Des Pensées de Pascal, outre l'idée et le plan de notre édition, 1° un grand nombre de Pensées publiées pour la première fois par M. Cousin, en 1842, dans le Journal des Savants; 2° les lettres de Pascal à mademoiselle de Roannez; 3o celle sur la mort de son père; 4o le discours sur les passions de l'amour, etc., etc.

Nous avons également consulté avec fruit l'édition des Pensées que M. Faugère a donnée en 1844, d'après le manuscrit autographe. Cette édition reproduit fidèlement chaque page, chaque ligne, chaque mot du manuscrit; elle a pour

titre : Pensées, Fragments et Lettres de Blaise Pascal; 2 vol. in-8°.

Si l'on croyait devoir nous blâmer de ne pas donner la copie entière du manuscrit autographe, nous demanderions qu'on voulût bien ne pas oublier qu'il contient beaucoup de notes écrites par Pascal pour se ressouvenir des vues et des idées qu'il avait, et non pour être imprimées; ces notes, n'ayant aucun sens, sont inutiles aux lecteurs'. Quant aux fragments non recueillis par M. Cousin et par nous, voici ce qu'en dit M. Cousin dans l'Avant-Propos de sa troisième édition Des Pensées de Pascal : « J'avais un moment songé à donner un « plus grand nombre de Pensées nouvelles. La réflexion m'a << retenu. Dans l'intérêt même de la renommée de Pascal, << surtout dans l'intérêt des lettres, j'ai dû me borner à mes premiers extraits, une lecture attentive ne m'ayant fait << découvrir aucun fragment nouveau qui fût supérieur à ceux << que j'avais donnés, et qui méritât de voir le jour. Il ne faut << pas non plus adorer superstitieusement tous les restes d'un «< grand homme. La raison et le goût ont un choix à faire << entre des notes quelquefois admirables, quelquefois aussi « dépourvues de tout intérêt dans leur état actuel... >>

1 Voyez ci-après les pages 51 à 53. Il serait sans doute superflu de citer un grand nombre de ces notes; mais en voici quelques-unes :

Les termes d'épée, d'écu. P. 59 du manuscrit.

Clef du chiffre. P. 39.

Principes des Rabbins. Deux Messies. P. 267.

Machabées, depuis qu'ils n'ont plus eu de prophètes. P. 491.

Contre l'histoire de la Chine. Les historiens de Mexico, des cinq soleils

dont le dernier est il n'y a que huit cents ans. P. 159.

Ainsi que cette double capacité... P. 323.

Moïse ne cache pas sa honte propre, ni... P. 491.

Explication de ces paroles: qui n'est point pour moi est contre moi; et de ces autres qui n'est point contre vous est pour vous. Parler contre les trop grands figuratifs.

Au commencement du volume, on trouvera la Vie de Pascal, par madame Périer, sa sœur, avec des notes par M. AiméMartin, un fragment du Mémoire de mademoiselle Périer, l'Éloge de Pascal par Nicole, et la Préface de l'édition de 1670 dans son intégrité, c'est-à-dire sans les corrections de Bossut.

Une Table analytique des matières, par madame Woillez, déjà publiée par nous en 1819, termine le volume.

LEF....

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