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vers 347. Dans le premier livre de l'Énéide, Neptune gourmande les vents qui ont excité la tempête: Eurum ad se Zephyrumque vocat. Le quos ego... aurait dû au moins rappeler ce passage au critique. Zéphyre, dans le second livre des Géorgiques, élève en tourbillon les sables de l'Afrique. Multæ Zephyro turbentur arenæ, vers 106. Enfin, si cette littérature est trop ancienne pour le critique, il eût dû trouver Zéphyre employé comme vent des tempêtes, dans les Saisons de M. de Saint-Lambert.

Toutes ces critiques du Génie du Christianisme, qui se renouvellent sans cesse, qui toutes roulent sur une trentaine de phrases ou d'expressions répréhensibles, éparses dans quatre volumes de beautés, prouvent seulement l'impression profonde que la lecture de cet ouvrage a laissée dans l'esprit des hommes de tous les goûts et de toutes les opinions.

CHÊNEDOLLÉ.

EXTRAITS CRITIQUES

DU GÉNIE DU CHRISTIANISME,

PAR M. DE FONTANES.

PREMIER EXTRAIT.

Cet ouvrage long-temps attendu, et commencé dans des jours d'oppression et de douleur, paraît quand tous les maux se réparent, et quand toutes les persécutions finissent. Il ne pouvait être publié dans des circonstances plus favorables. C'était à l'époque où la tyrannie renversait tous les monuments religieux, c'était au bruit de tous les blasphemes, et pour ainsi dire en présence de l'athéisme triomphant, que l'auteur se plaisait à retracer les augustes souvenirs de la religion. Celui qui, dans ce temps-là, sur les ruines des temples

du christianisme, en rappelait l'ancienne gloire, eût-il pu deviner qu'à peine arrivé au terme de son travail, il verrait se rouvrir ces mêmes temples? certes, nous osons l'affirmer, la prédiction d'un tel événement eût excité la rage ou le mépris de ceux qui gouvernaient alors la France, et qui se vantaient d'anéantir par leurs lois les croyances religieuses que la nature et l'habitude ont si profondément gravées dans les cœurs. Mais, en dépit de toutes les menaces et de toutes les injures, l'opinion préparait ce retour salutaire, et le nouvel orateur du christianisme va retrouver tout ce qu'il regrettait. Du fond de la solitude où son imagination s'était réfugiée, il entendait naguère la chute de nos autels. Il peut assister maintenant à leurs solennités renouvelées. La religion, dont la majesté s'est accrue par ses souffrances, revient d'un long exil dans ses sanctuaires déserts, au milieu de la victoire et de la paix dont elle affermit l'ouvrage. Toutes les consolations l'accompagnent, les haines et les

douleurs s'apaisent à sa présence. Les vœux qu'elle formait depuis douze cents ans pour la prospérité de cet empire seront encore entendus, et son autorité confirmera les nouvelles grandeurs de la France, au nom du Dieu qui, chez toutes les nations, est le premier auteur de tout pouvoir, le plus sûr appui de la morale, et par conséquent le seul gage de la félicité publique.

On accueillera donc avec un intérêt universel le jeune écrivain qui ose rétablir l'autorité des ancêtres et les traditions des âges. Son entreprise doit plaire à tous, et n'alarmer personne; car il s'occupe encore plus d'attacher l'ame, que de forcer la conviction. Il cherche les tableaux sublimes plus que les raisonnements victorieux : il sent et ne dispute pas; il veut unir tous les cœurs par le charme des mêmes émotions, et non séparer les esprits par des controverses interminables en un mot, on dirait que le premier livre offert en hommage à la religion renaissante fut in

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spiré par cet esprit de paix qui vient de rapprocher toutes les consciences.

On sent trop que le plan d'un pareil ouvrage doit différer suivant l'esprit des siècles, le genre des lecteurs et les facultés de l'écrivain. Le zèle et le talent peuvent prendre des routes opposées pour arriver au même but.

Le génie audacieux de Pascal voulait abattre l'incrédule sous les luttes du raisonnement. Sûr de lui-même, il osait se mesurer avec l'orgueil de la raison humaine; et, quoiqu'il sût bien que cet orgueil est infini, l'athlète chrétien se sentait assez fort pour le terrasser. Mais le seul Pascal pouvait exécuter le plan qu'il avait conçu, et la mort l'a frappé malheureusement au pied de l'édifice qu'il commençait avec tant de grandeur. Racine le fils s'est traîné faiblement sur le dessin tracé par un si grand maître. Il a mêlé dans son poëme les méditations de Pascal et de Bossuet. Mais sa muse, si j'ose le dire, a été comme abattue

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