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tera beaucoup un jour de s'être avancé si

dans une route où

à découvert et si loin ni la véritable piété, ni la raison ne peuvent le suivre; et que, dans peu d'années, il sera peut-être moins content de cette éclatante publication que je ne le suis moimême.

G.

1. Ce sont des paroles mystérieuses que le critique entend sans doute mieux que nous : mais, quelles que soient les espérances dont il se flatte, il devrait savoir qu'un chrétien, même dans la persécution, ne regrette pas d'avoir confessé la religion de ses pères et cherché à la défendre. (Note des premiers Éditeurs.)

NOTES CRITIQUES,

REMARQUES ET RÉFLEXIONS

SUR

LE GÉNIE DU CHRISTIANISME.

(Extraites d'une brochure in-8° de 166 pages, attribuée à un homme célèbre, et qui parut en l'an x1. (1802 et 1803.).

QUELQUES dévots à l'oreille chatouilleuse pourraient trouver une impiété, rien que dans ce titre Beautés de la religion chrétienne. Quoi donc ! diraient-ils, considérer la religion comme un objet d'agrément, la livrer à la poésie, cette profane si décriée par les objets de son culte, de ses hommages et de ses chants... peut-être même par le choix de ses favoris! Et de quel droit la poésie oserait-elle en exami

ner les beautés? de quel droit cette prostituée de Babylone oserait-elle porter sur la vierge du sanctuaire le même œil dont ces femmes viles et flétries examinent les beautés qu'elles rencontrent, dans l'espoir de trafiquer de charmes nouveaux depuis qu'elles ont perdu les leurs ?... Quoi! l'on soutiendra que la vérité est favorable au mensonge, et l'on dira que les arts sont meilleurs juges que le jugement, et l'on constituera ces avocats du diable les défenseurs officieux de sa céleste ennemie! Y pense-t-on ? Mais seulement dire que la religion a des beautés, c'est dire qu'elle a des défauts: car on ne relève des beautés

que dans ce qui est imparfait ; et la religion étant d'origine céleste, et non d'institution humaine, elle ne saurait avoir des beautés, parce que la beauté est de son essence, ainsi que toute perfection'.

1. Pour cette objection, que les critiques opposés au Génie du Christianisme ont éternellement répétée, voyez la Défense de l'auteur à la fin du volume précédent.

(Note des premiers Éditeurs.)

en

Young, poète, et poète sublime, mê me tempsque prédicateur, s'est emparé des grandes abstractions de l'éternité et de l'infini, en opposition avec le temps et la mort. Il a orné ces grandes idées de tout le pittoresque de sa touche sublime, et personne n'a mieux prouvé combien la partie morale et métaphysique du christianisme était poétique. Peintre de l'invisible, c'est l'infini qui devient l'horizon de ses vastes tableaux. La mort fournit les ombres, et l'espérance les clairs: là, toutes les pensées sont des objets, les passions sont des torrents : le temps, un fleuve; la Divinité, un soleil; l'éternité, un océan.... Mais Young parle peu de nos dognies, vestiges encore reconnaissables des grandes idées de Pythagore et de Platon; et c'est à ces génies surnaturels que nos poètes chrétiens, en dernière analyse, doivent leurs grandes et mystérieuses beautés.

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Gessner est plus poète et plus intéres

sant dans son Premier navigateur que dans la Mort d'Abel1.

Je vais suivre M. de Châteaubriand dans sa marche, pour ne m'arrêter qu'aux différentes idées et aux différentes phrases qui me paraîtront exiger des remarques; et comme ceci n'est point une satire, mais une critique, je relèverai les beautés comme les défauts, à mesure qu'ils se présenteront; m'attachant quelquefois aux expressions, mais surtout au fond des choses, pour discuter les questions avec l'auteur. Il est digne de la critique, et encore plus par son talent que par son ouvrage.

« L'enfance, » dit-il dans son enthousiasme sur les choses mystérieuses, «< n'est si heureuse que parce qu'elle ne sait rien, et la vieillesse n'est si misérable que parce

1. Qu'est-ce que les critiques auraient dit du Génie du Christianisme, si on y trouvait un pareil style et de pareils jugements?

(Note des premiers Éditeurs.)

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