Quoi donc un écrivain veut que son nom partage Et m'impute à forfait, s'il blesse la raison, De la venger d'un vers égayé de son nom! Dans l'histoire chargé d'inhumer ses confrères, (Mon Apologie.) PARNY. PARNY (EVARISTE-DÉSIRÉ DESFORGES, chevalier de) naquit à l'Ile-Bourbon, le 6 février 1753. Ce poète sut, à une époque où le mauvais goût dominait, rester constamment pur, élégant et naturel. Jamais dans ses vers la recherche et l'affectation n'altérèrent la naïveté ou la grâce du sentiment. Parny s'est placé presque au niveau des écrivains classiques du dix-septième siècle. Ses Poésies élégiaques sont des chefs-d'œuvre de style, et ses petits poèmes des Tableaux et des Fleurs brillent particulièrement de ces couleurs douces et suaves dont il a embelli toutes ses compositions. Parny mourut à Paris, le 5 décembre 1814. Il était membre de l'Académie depuis 1803. LE RÉVEIL D'UNE MÈRE. Un sommeil calme et pur comme sa vie, Caracolant sur un léger bâton, A cet aspect, dans les yeux de sa sœur, Et sa raison condamne avec douceur Des pieds, des mains, de la voix et du geste, Mais le tambour au loin s'est fait entendre ; D'un cri de joie il ne peut se défendre. Il voit passer les poudreux escadrons; De la trompette et des aigres clairons, Le son guerrier l'anime; il veut descendre, Il veut combattre ; il s'arme, il est armé. Un chapeau rond, surmonté d'un panache, Couvre à demi son front plus enflammé ; A son côté fièrement il attache Le bois paisible en sabre transformé : Il va partir; mais Adèle tremblante, Courant à lui, le retient dans ses bras, Verse des pleurs, et ne lui permet pas De se ranger sous l'enseigne flottante. De l'amitié le langage touchant Fléchit enfin ce courage rebelle; Il se désarme, il s'assied auprès d'elle, Et, pour lui plaire, il redevient enfant. A tous ces jeux Céline est attentive, Et lit déjà dans leur âme naïve Les passions, les goûts et le destin Que leur réserve un avenir lointain. * VERS SUR LA MORT D'UNE JEUNE FILLE. Son âge échappait à l'enfance. Riante, comme l'innocence, Elle avait les traits de l'Amour. Quelques mois, quelques jours encore, Ainsi meurt sans laisser de trace Le chant d'un oiseau dans les bois. (Mélanges.) FLORIAN. FLORIAN (JEAN-PIERRE CLARIS DE) naquit, le 6 mars 1755, au château de Florian (Basses-Cévennes). Il puisa dans sa première éducation, à laquelle présida Gilette de Salgues, sa mère, Castillane d'origine, un goût très vif pour la littérature espagnole, et il sentit l'amour de la poésie s'éveiller en lui pendant le séjour qu'il fit à Ferney auprès de Voltaire. Le nom de Florianet, sous lequel le désignait l'auteur de la Henriade, peint assez bien l'esprit et le talent de Florian. Ses Fables sont aujourd'hui son véritable titre de gloire; ses ouvrages dramatiques, ses Poèmes et ses Nouvelles sont des compositions fades dont la lecture est peu attrayante; mais une douce philosophie, une piquante naïveté, une imagination gracieuse brillent dans ses fables; et il s'est fait une réputation durable dans un genre où La Fontaine semblait avoir rendu le succès impossible. Florian entra à l'Académie française en 1788, et mourut à Sceaux, en 1794. L'AVARE ET SON FILS. Par je ne sais quelle aventure, Un avare, un beau jour, voulant se bien traiter, Des pommes pour sa nourriture. Dans son armoire il les porta, Les compta, rangea, recompta, Ferma les doubles tours de sa double serrure, Ce malheureux, dans sa folie, Mais lorsqu'il en trouvait quelqu'une de pourrie, Son fils, jeune écolier, faisant fort maigre chère, L'avare arrive en ce moment, De douleur, d'effroi palpitant: "Mes pommes, criait-il, coquins, il faut les rendre, Ou je vais tous vous faire pendre. Mon père, dit le fils, calmez-vous, s'il vous plaît; (Liv. Iv, fab. x.) LE JEUNE HOMME ET LE VIEILLARD. "De grâce, apprenez-moi comment on fait fortune, Oh! trop pénible est cette vie; Je veux des moyens moins brillants. Il en est de plus sûrs, l'intrigue...-Elle est trop vile. Sans vice et sans travail je voudrais m'enrichir. |