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LIVRE VI.

SOURCES, RAPPROCHEMENTS, COMMENTAIRES.

FABLE I. Le Pâtre et le Lion. Esop., 131, 4.

FABLE II. Le Lion et le Chasseur. Gabrias, 36.

Il y a, suivant la remarque de Champfort, entre les moralités des deux premières fables de ce livre une différence qui n'est pas suffisamment indiquée. La première signifie : « Connaissez bien la nature du péril dans lequel vous allez vous engager; » la seconde Connaissez-vous vous-même, et ne soyez pas dupe d'un faux instinct de courage, qui n'est qu'un premier mouvement. »

FABLE III. Phébus et Borée. Lokman, 34. fable VI, du Soleil et de la Bise. 2

1

- Philibert Hegemon,

Cet apologue est très-bien conté dans l'Ysopet-Avionnet, publié par M. Robert. Le fabuliste du moyen âge dit à peu près comme La Fontaine :

On sieult par débonnaireté

Vaincre plus que par cruaulté.

FABLE IV. Jupiter et le Métayer. Æsop., 269, 77. — Faern., 98.

1. Trad. de Marcel, 1803, in-18, p. 115.

2. Dans la Colombière ou Maison rustique, Paris, 1583, p. 50, verso.

FABLE V. Le Cochet, le Chat et le Souriceau. Abstemius, 67.— Morlini, 14.

Un prédicateur du xve siècle, Jacques de Lenda, raconte cet apologue dans un de ses sermons :

<< In horreo alicujus burgensis est gallus, est frumentum, sunt mures et est cattus. Gallus comedit frumentum et etiam mures comedunt frumentum. Post paucum tempus, mus facit parvulos et docet eos ambulare per horreum. Tunc quærunt quod animal est gallus ille? Est mala bestia et superba, non oportet ire apud eum. Postmodum vident cattum qui facit bonam minam : videtur quod dicat horas suas, et dicunt: Ista est bona bestia et devota Tunc mater dicit eis quod non vadant prope cattum, quod immediate comederet eos; sed bene potestis ire usque sub tibiis illius pulli, quod nihil quereret de vobis. Isti parvi mures non cognoscunt inimicum suum. »

Il faut se rappeler que les sermons étaient prononcés en français. Ils étaient rédigés en latin pour l'usage des clercs.

-

FABLE VI. Le Renard, le Singe et les Animaux. Esop., 29, 69. - Faern., 81.

FABLE VII. Le Mulet se vantant de sa généalogie. Æsop., 140, 83. Dans la première des fables d'Ésope, dites éparses, extravagantes, le mulet, à qui le renard demande la qualité de son père, répond évasivement : « Mon oncle était un fier coursier. »

FABLE VIII. Le Vieillard et l'Ane. Phædr., I, 15.

L'âne dit au vieillard :

Ergo quid refert mea,

Cui serviam, clitellas dum portem meas.

FABLE IX. Le Cerf se voyant dans l'eau. Esop., 184, 66. Phæd., I, 12. Ugobardi Sulmonensis, 47.

Dans Ugobardus :

Hunc beat, hunc mulcet ramosæ gloria frontis;

Hunc premit, hunc damnat tibia macra pedum.
Ecce canes; tonat ira canum...

L'Ysopet de la fin du XIVe siècle décrit ainsi le cerf:

Lez une grant fontaine

Sus gravier claire et saine,

S'est un cerf arresté.

En l'yaue se mira,

Ses cornes esgarda

Où moult ot de biauté.

Les jambes a véues,

Grelles, longues, ossues;

Il les prist à blamer.

Mon corps, fait-il, est grant

Et charneus et pesant;

Si nel pourront porter...

Ugobardus conclut avec son laconisme habituel :

Quod fugimus prodest; et quod amamus obest.

FABLE X. Le Lièvre et la Tortue. Æsop., 292, 173.

FABLE XI. L'Ane et ses Maitres. Esop., 45, 132.

FABLE XII. Le Soleil et les Grenouilles. Phæd., I, 6. bardi Sulmonensis, 7.

Rapprochez de cette fable la fable xxiv du livre XII.

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FABLE XIII. Le Villageois et le Serpent. Esop., 173, 155. Phæd., IV, 18. Ugobardi Sulmonensis, 10.

Dans Ésope, dans Phèdre, dans les Ysopets du moyen âge, le serpent, réchauffé, mord son hôte et le tue. La leçon est plus complète. La Fontaine a voulu qu'elle fût donnée non-seulement à la charité imprudente, mais aussi à l'ingratitude, qui, dit-il, a toujours une fin misérable. L'ingratitude est un des vices que l'humanité déteste le plus franchement, et qu'elle a besoin de voir immédiatement punir. Quelques contradictions se sont élevées cependant; on a voulu montrer, d'autre part, qu'il est sage de se garder de jugements trop précipités.

Lessing prend le parti des ingrats, ou plutôt fait observer qu'il ne fallait pas toujours croire sur parole ceux qui prétendent au beau rôle de bienfaiteurs. Voici sa fable:

Un enfant jouait avec un serpent apprivoisé. « Ma chère petite bête, dit l'enfant, je ne serais pas aussi familier avec toi, si l'on ne t'avait enlevé ton venin. Vous autres serpents, vous êtes les plus méchantes, les plus ingrates de toutes les créatures. J'ai bien lu ce qui advint à un pauvre villageois qui trouva, au pied d'une haie, un serpent à moitié gelé; c'était peut-être un de tes ancêtres; il en eut pitié, le prit et le mit dans son sein pour le réchauffer. A peine le méchant eut-il repris ses sens qu'il mordit son bienfaiteur, et le paysan trop charitable en mou

rut.

Tu m'étonnes, dit le serpent. Il faut que vos historiens soient bien partiaux! Les nôtres racontent cette histoire tout autrement. Ton homme charitable croyait le serpent gelé en effet; et comme c'était un de ces serpents tachetés de diverses couleurs, il le prit pour lui enlever sa belle peau, dès qu'il serait de retour à la maison. Était-ce juste?

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Ah! tais-toi! répliqua l'enfant. Quel ingrat ne trouverait moyen de s'excuser?

Bien, mon fils! interrompit le père, qui avait prêté l'oreille à cet entretien. Et pourtant, si jamais on venait te raconter quelque trait de monstrueuse ingratitude, informe-toi bien de toutes les circonstances, avant de laisser stigmatiser un homme d'une si abominable flétrissure. Rarement de vrais bienfaiteurs ont obligé des ingrats; je veux même l'espérer pour l'honneur de l'humanité, jamais! Quant à ces bienfaiteurs à petites vues intéressées, ceux-là méritent bien, mon fils, de ne recueillir qu'ingratitude au lieu de reconnaissance. »

Un humoriste de notre temps, M. Alph. Karr, termine une de ses nouvelles par une réflexion analogue : « Tout le monde prétend en avoir fait, des ingrats! Où sont donc les ingrats, alors? Demandez à qui vous voudrez: « Monsieur, êtes-vous un ingrat? » On vous répondra : « Non, monsieur, j'en ai fait, et je ne le suis «pas. » Où sont donc les ingrats? Il faut que ce soient les mêmes que les bienfaiteurs. >>

FABLE XIV. Le Lion malade et le Renard. Æsop., 137, 91. Horat., liv. I. ép. 1, v. 73 et suiv. Philibert Hegemon, fable IX

Voici les vers d'Horace :

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