FABLE V. LE COCHET, LE CHAT ET LE SOURICEAU. Un souriceau tout jeune, et qui n'avoit rien vu, Voici comme il conta l'aventure à sa mère : J'avois franchi les monts qui bornent cet État, Qui cherche à se donner carrière, Lorsque deux animaux m'ont arrêté les yeux : Sur la tête un morceau de chair, Une sorte de bras dont il s'élève en l'air Or, c'étoit un cochet dont notre souriceau Comme d'un animal venu de l'Amérique. Que moi, qui grâce aux dieux de courage me pique, Le maudissant de très-bon cœur. Avec cet animal qui m'a semblé si doux : Il est velouté comme nous, Marqueté, longue queue, une humble contenance, Avec messieurs les rats; car il a des oreilles Je l'allois aborder, quand d'un son plein d'éclat Mon fils, dit la souris, ce doucet est un chat, Contre toute ta parenté D'un malin vouloir est porté. L'autre animal, tout au contraire, Bien éloigné de nous mal faire, Servira quelque jour peut-être à nos repas. Garde-toi, tant que tu vivras, De juger des gens sur la mine. FABLE VI. LE RENARD, LE SINGE ET LES ANIMAUX. Les animaux, au décès d'un lion, En son vivant prince de la contrée, Pour faire un roi, s'assemblèrent, dit-on. Tours de souplesse, et mille singeries, : Qu'il fut élu chacun lui fit hommage. 1. Un lieu de réserve, une prison. Le nouveau roi bâille1 après la finance; Le renard dit, au nom de l'assistance : 1. Aspire après la finance. (Voyez la note 3 de la page 125.) FABLE VII. LE MULET SE VANTANT DE SA GENEALOGIE. Le mulet d'un prélat se piquoit de noblesse, Que de sa mère la jument, Dont il contoit mainte prouesse. Elle avoit fait ceci; puis avoit été là. Son fils prétendoit pour cela Qu'on le dût mettre dans l'histoire. Il eût cru s'abaisser servant un médecin. Quand le malheur ne seroit bon |