FABLE X. LA MONTAGNE QUI ACCOUCHE. Une montagne en mal d'enfant Que chacun, au bruit accourant, Que firent les Titans au maître du tonnerre. C'est promettre beaucoup : mais qu'en sort-il souvent? Du vent. FABLE XI. LA FORTUNE ET LE JEUNE ENFANT. Sur le bord d'un puits très-profond Un enfant alors dans ses classes: La Fortune passa, l'éveilla doucement, Lui disant Mon mignon, je vous sauve la vie; : Soyez une autre fois plus sage, je vous prie. Je vous demande, en bonne foi, Si cette imprudence si haute Provient de mon caprice. Elle part à ces mots. Il n'arrive rien dans le monde Qu'il ne faille qu'elle en réponde : Nous la faisons de tous écots; 1 1 Elle est prise à garant de toutes aventures. 1. VAR. Dans la réimpression de l'édition de 1692, sous la date de 1678, on a mis à tort échos. (W.) FABLE XII. LES MÉDECINS. Le médecin Tant-pis alloit voir un malade Après qu'en ses conseils Tant-pis eut été cru. S'il m'eût cru, disoit l'autre, il seroit plein de vie. FABLE XIII. LA POULE AUX OEUFS D'OR. L'avarice perd tout en voulant tout gagner. Que celui dont la poule, à ce que dit la fable, Il crut que dans son corps elle avoit un trésor ; Belle leçon pour les gens chiches! 1 Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus Pour vouloir trop tôt être riches! 1. M. Geruzez fait observer avec raison que chiche n'est point ici le mot propre. Cupide est le mot qui rendrait l'idée et l'intention de l'auteur, car la leçon s'adresse à ceux qui veulent s'enrichir trop vite. FABLE XIV. L'ANE PORTANT DES RELIQUES. Un baudet chargé de reliques Dans ce penser il se carroit, Recevant comme siens l'encens et les cantiques. Maître baudet, ôtez-vous de l'esprit Ce n'est pas vous, c'est l'idole A qui cet honneur se rend, Et que la gloire en est due.' D'un magistrat ignorant C'est la robe qu'on salue. 1. Il faudrait, pour que la phrase fût correcte: Et à qui la gloire en est due. (N.) |