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OEUVRES

DE LEIBNIZ

DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET

RUE DE VAUGIRARD, 9

6759

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INTRODUCTION.

Leibniz est, en fait de philosophie spéculative, le plus grand esprit des temps modernes; dans l'antiquité, il a des égaux, mais point de supérieurs. Il n'a été donné qu'aux deux plus hauts génies philosophiques de la Grèce, à Platon et à Aristote, d'unir comme lui et au même degré la profondeur avec l'étendue, la variété des connaissances acquises avec la puissance de l'invention. Rien de ce qui peut intéresser l'esprit humain n'est demeuré étranger ou indifférent à cette vaste et curieuse intelligence philosophie, théologie, mathématiques, histoire, jurisprudence, philologie, il a touché à tout, et tout ce qu'il a touché, il l'a renouvelé et agrandi, laissant des traces partout où il passait et ouvrant des directions pour l'avenir, créant quelquefois de toutes pièces, par la seule force de son génie, une science nouvelle et inespérée. L'étude des langues et des doctrines de l'antiquité avait été l'amusement de son enfance à huit ans, bégayant à peine quelques mots de latin, il s'enfermait des jours entiers dans la solitude d'une bibliothèque, et là, sans autre guide que le hasard, sans autre maître que lui-même et sa précoce pénétration, il ouvrait et fermait les livres, passant de l'un à l'autre, selon qu'il se sentait attiré par la beauté du langage ou le charme du sujet. Le hasard, comme il le dit lui-même, lui fut un dieu bienfaisant : il le fit tomber sur les anciens, où d'abord il n'entendit rien, puis quelque chose, puis tout. C'est ainsi qu'avant sa quinzième année,

1. Leibniz raconte lui-même les faits qui suivent, et il donne toute l'histoire de ses premières Méditations, et décrit l'effet qu'il ressentit de ses premières lectures, dans un petit écrit publié par Erdmann, p. 91; In specimina Pacidii Introductio historica.

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