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ofé me résister, ce m'est une grande

„ louange de m'ètre fait craindre

دو

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دو

d'eux. Soit, quand ils ont combattu, „ que j'aie eu tout ensemble & la force „ de les tailler en pieces, & la fage précaution de me préserver de leurs „ coups, j'aurai été tout à la fois & » vaillant & prudent. Car quiconque, ,, dans la chaleur même du combat » s'expose aux hazards avec sagesse & رو retenue, montre qu'il possede en „ même tems les vertus & du corps & de l'esprit. On ne peut pas certai„nement reprocher à Cléonnis qu'il ait manqué de courage : mais je suis faché, pour son honneur, qu'il > paroiffe manquer de reconnoissance. Après ces discours on alla aux fuffrages. Tout le monde demeure fufpendu dans l'attente du jugement. Nulle dispute n'égale celle-ci en vivacité. Il ne s'agit point d'or ou d'argent. L'honneur est ici tout pur. La gloire desintéressée est le vrai salaire, de la vertu. Iciles Juges ne sont point suspects. Les actions parlent encore. C'est le Roi, environné de ses Officiers, qui préside & qui prononce. C'est toute une armée qui est témoin. Le champ de bataille est un tribunal fans

fans faveur & fans cabale. Toutes les voix se réunirent en faveur d'Aristoméne, & lui adjugerent le prix.

241.

Euphaés ne survécut pas longtems à Paufan. ce jugement, & mourut quelques lib. 4 jour après. Il avoit régné treize ans, pag. 235. & fait la guerre pendant presque tout ce tems contre les Lacédémoniens. Comme il mouroit fans enfans, il laissa au peuple Messénien le soin de lui choisir un fuccesseur. Cléonnis & Damis le disputerent à Aristoméne: mais celui-ci fut élu préférablement aux autres. Quand il fut roi, il honora des plus grandes charges ses deux rivaux. Vifs amateurs du bien public encore plus que de la gloire, concurrens; mais non ennemis, ces grands hommes brûloient de zêle pour la pa trie, & ils n'étoient ni jaloux ni amis que pour la fauver.

l'Acadé

J'ai suivi dans le récit que je viens de faire le sentiment de feu M. Boivin l'ainé, & ai profité de sa savante * * Memoi. differtation fur un fragment de Diores de dore de Sicile qui étoit peu connu. Il mie des y suppose & y prouve que le Roi dont Inscript. il est parlé dans le fragment est Eu- Tom. 2. phaès, & qu'Aristomene est celui que pag. 84 Paufanias appelle Ariftodeme, selon 13.

la

la coutume des anciens, qui souvent avoient deux noms.

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Ariftomene nommé autrement Aristodeme, regna près de sept ans ; & fut également aimé & estimé de

ses sujets. La guerre continua toujours Clem. pendant ce tems-là. Vers la fin de Alex, in son regne il battit les Lacedémoniens, Protrept prit leur roi Theopompe, & égorgea Eufeb. en l'honneur de Jupiter d'Ithome trois in Pra. cens hommes, parmi lesquels le Roi par.lib. 4. étoit la principale victime. Lui-même cap. 26. s'immola peu de tems après sur le

P. 20.

tombeau de sa fille, pour fatisfaire à la réponse d'un oracle. Damis lui fucceda, mais fans porter la qualité de roi.

Paufan. Depuis sa mort, les affaires des pag. 241. Meffeniens allerent toujours fort mal,

242.

& ils se trouverent fans ressource & fans efperance. Reduits à la derniere extrémité, & manquant absolument de vivres, ils abandonnerent Ithome, & se retirerent chez ceux de leurs alliés qui étoient les plus voisins. La ville auffitôt fut rasée, & tout le reste du pays se soumit. On obligea les Messeniens de s'engager par ferment à ne jamais abandonner le parti des Lacedémoniens, & à ne point se re

volter contre eux: précaution bien
inutile, & qui ne devoit servir qu'à
leur faire ajouter le parjure à la re-
volte. On ne leur imposa point de tri-
buts, & on se contenta d'exiger d'eux
qu'ils portassent à Sparte la moitié des
grains qu'ils auroient recueillis dans
la moiffon. Enfin il fut stipulé que, tant
hommes que femmes, ils assisteroient
en habits de deuil aux funerailles des
Rois & des principaux citoiens de
Sparte; ce qu'on regardoit apparem-
ment comme une marque de dépen.
dance, & comme une forte d'hom. AN. M.
mage rendu à la nation. Ainsi fut ter-
minée la premiere guerre de Meffénie, Av. J. C.
après avoir duré vingt ans.

Seconde guerre de Messénie.

3281.

703.

Justin.

LA DOUCEUR que les Lacédémo- Paufan. niens avoient montrée d'abord à l'é. lib.4.pag. gard des peuples de Messenie, ne fut 242.261. pas de longue durée. Quand ils virent hb. 3. tout le pays foumis, & qu'ils le cru-cap. 5. rent hors d'état de leur susciter de nouvelles affaires, ils s'abandonnerent à leur caractere naturel, qui étoit un caractere de fierté & de hauteur, qui dégénéroit souvent en dureté &

,

quelquefois même en férocité. Au

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:

lieu de traiter les vaincus avec bonté
comme des alliés & des amis, & de
s'attacher à gagner par la douceur
ceux qu'ils avoient domtés par la for-
ce; ils ne sembloient attentifs qu'à
appesantir de jour en jour leur joug,
& à leur en faire sentir tout le poids.
Ils les chargeoient de tributs, les li-
vroient à l'avarice de ceux qui étoient
commis pour en faire la levée, n'é-
coutoient point leurs plaintes, ne leur
rendoient aucune justice, les trai-
toient avec mépris comme de vils
esclaves, & emploioient contre eux
les violences les plus criantes.

L'homme, né pour la liberté, ne s'apprivoise point avec la servitude: la plus douce l'irrite & le revolte. Que faloit-il donc attendre d'un efclavage aussi dur qu'étoit celui des Messeniens ? a Après l'avoir supporté avec peine pendant près de quarante ans, ils songerent à secouer le joug, AN. M. & à se rétablir dans leur ancien état. Cette année étoit la quatrieme de la Av. J. C. xxille. Olympiade : la charge d'Archonte

3320.

68 t.

a Cùm per complures annos gravia fervitutis verbera, plerumque & vincula, ceteraque captivitatis mala perpessi essent, post longam pœnarum patientiam bellum instaurant. Ju. ftin. lib. 3. cap. 5.

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