XE R- l'action dont il s'agit: Thémistocle imaXES. gina encore quelque chose DE PLUS GRAND pour augmenter ses forces de μεῖζόν mer. τι διεναLes Lacédémoniens aiant proposé ήθη. dans le conseil des Amphictyons, que Plut. in toutes les villes qui n'avoient pas pris Themift. les armes contre Xerxès fussent expag. 122 clues de cette assemblée, Thémistocle, qui craignoit que si les Theffaliens, les Argiens, & les Thébains n'y étoient plus reçus, les Lacédémoniens ne fufsfent les maîtres des fuffrages, & ne disposassent de tout à leur gré, parla pour les villes qu'ils vouloient exclure, & fit changer de sentiment aux Députés, en leur remontrant qu'il n'y avoit que trente & une villes qui fufsent entrées dans la ligue, dont la plûpart étoient fort petites & fort peu considérables. Que ce seroit donc une ehose fort étrange, & même très dangereuse, que le reste de la Grece venant à être banni de cette assemblée, cet auguste Conseil des Amphictyons tombât en la disposition de deux ou trois villes les plus puissantes, qui par cette exclufion donneroient la loi à toutes les autres, & aboliroient l'égalité, que l'on regardoit avec raison com me l'ame de toutes les républiques. L'ouverture de cet avis lui attira la X ERhaine des Lacédémoniens, qui se dé- X E S. clarerent ouvertement contre lui. Il s'étoit mis mal aussi avec les alliés, par la maniere dure & avare avec laquelle il avoit exigé d'eux des contributions. Quand la ville d'Athénes fut entié- Plut. rement rétablie, le peuple, se voiant Arift. p. tranquille & paisible, chercha par tou- 332. tes fortes de voies à s'emparer du gouvernement, & à le rendre absolument populaire. Cette trame, quoique secrette, n'échapa point à la vigilance d'Ariftide, & il en vit toutes les suites. Mais faisant réflexion, d'un côté, que ce peuple méritoit quelque considération à cause de la valeur qu'il avoit témoignée dans toutes les batailles qu'on venoit de gagner; & de l'autre, qu'il n'étoit pas aisé de reduire & de contenir ce même peuple, qui avoit les armes à la main, & qui étoit devenu plus fier que jamais par ses victoires, il crut devoir le menager, & ufer de tempérament. Il fit donc un Décret, qui portoit que le gouvernement seroit commun à tous les citoiens, & que les Archontes, qui étoient les pre miers Magiftrats de la Republique, & qu'on XER- qu'on ne choisissoit que parmi les plus XES. riches de la République, & par AN. M. mi ceux qui tiroient au moins de leurs terres cinq cens médimnes, feroient choisis désormais indifféremment & fans distinction parmi tous les Athéniens. En relâchant ainsi quelque chose au peuple, il prévint de funestes dissensions, qui auroient pu causer la ruine d'Athénes & de toute la Grece. §. XIV. La fierté de Pausanias fais perdre le commandement aux Lacédémoniens. LES GRECS, animés par l'heureux fuccès qu'avoient eu par tout leurs armes Av. J. C. victorieuses, envoierent une flote pour Thucyd. délivrer du joug leurs alliés qui étoient lib.1. pag. encore sous le pouvoir des Perses. Elle 63. & étoit commandée pour les Lacédémoniens par Paufanias: Ariftide & Cimon fils de Miltiade y commandoient pour les Athéniens. Elle fit d'abord voile vers l'île de Cypre, & mit toutes ses villes en liberté: puis, tournant sa route vers l'Hellespont, elle attaqua & prit la ville de Byzance, où l'on fit un grand nombre de prifonniers, dont plusieurs étoient des plus riches & des plus confidérables Seigneurs de Perfe. 3528. 456. $4-86. Paufa Paufanias, qui dès lors songeoit à XER trahir sa patrie, crut devoir profiter de cette occasion pour gagner les bonnes graces de Xerxès. Il fit courir le bruit dans l'armée que ces Seigneurs Per. fans, qu'il avoit confiés à la garde d'un de ses Officiers, s'étoient échapés de nuit, & avoient disparu. Il les avoit lui-même renvoiés à ce Prince, avec une lettre où il s'engageoit à lui livrer la ville de Sparte & toute la Grece, a condition qu'il lui donneroit sa fille en mariage. Le Roi ne manqua pas de lui faire une réponse favorable, & il lui fit tenir de grosses sommes d'argent, pour gagner ceux des Grecs qu'il verroit disposés à entrer dans ses vûes. Il chargea Artabaze de toute cette négociation, & afin de le mettre à portée de la suivre plus facilement & plus fùrement, il lui donna le gouvernement des côtes maritimes de l'Afie Mineure. XES. Paufanias, déja enivré de sa gran- Plut. in deur future, changea dès ce moment Arift. p. de conduite. La vie pauvre, frugale, 333. & modefte de Sparte, & l'assujettissement à des loix dures & austeres, qui n'épargnoient & ne ménageoient personne, & qui étoient également inexorables pour les grands, comme pour Tome III. les XER- les petits & les pauvres; tout cela lui XE S. devint insupportable. Il craignit, en retournant à Sparte après les souverains commandemens qu'il avoit eus, de rentrer dans une égalité qui le confondoit avec les derniers des citoiens; & c'est ce qui le porta à traiter avec les barbares. Il quitta donc absolument les manieres & les mœurs de son pays, prit l'habillement & la fierté des Perses, imita leur somptuosité & leur magnificence. Il traitoit les alliés avec une dureté insupportable; ne parloit aux Officiers qu'avec hauteur & menaces, se faifoit rendre des honneurs extraordinaires, & par cette conduite rendoit odieux à tous les alliés le gouvernement des Lacédémoniens. Les manieres douces, honnêtes, & prévenantes d'Ariftide & de Cimon; un éloignement infini de tout air impérieux & fier, qui n'est propre qu'à revolter les esprits: une bonté & une affabilité qui ne se démentoit en rien, & par laquelle ils savoient tempérer l'autorité du commandement, & le rendre aimable; l'humanité & la justice qui paroissoient dans toutes leurs actions; l'attention qu'ils avoient à n'offenser personne, & à faire du |