glor. Atheniens. DA- Athénien, encore tout fumant du RIUS. fang des ennemis, se détacha de l'armée, & courut de toutes ses forces à Athénes pour porter à ses concitoiens l'heureuse nouvelle de la victoire. Quand il fut arrivé à la maison des Pag. 347. Magiftrats, il ne leur dit que deux mots, a Réjouissez-vous, nous sommes vainqueurs, & tomba mort à leurs pieds. Paufan. Les Perses avoient tellement comkb. 1. pté sur la victoire, qu'ils avoient appag. 62. porté du marbre à Marathon, pour y ériger un trophée. Les Grecs se faifirent de ce marbre, & en firent faire par Phidias une statue à la déesse Némésis, * qui avoit un temple près du lieu où le donna le combat. La flote Persane, au lieu de prendre le chemin des îles pour regagner l'Asie, doubla le cap de Sunium, dans le deffein de surprendre Athénes avant que les Athéniens puffent y être arrivés pour la fecourir. Mais-ceux ci marcherent au secours de leur patrie avec neuf Tribus, & ils firent tant de diligence qu'ils y arriverent le jour même. α χαίρετε: χαίρομεν. Je n'ai pû rendre en françois la vivacité au grec. * C'étoit la déeffe chargee de venger les injustices. -même. De Marathon à Athénes il y a DA-environ quarante mille c'est-à-dire R IUS. plus de quinze lieues. C'étoit beaucoup pour une armée qui avoit effuié la fatigue d'un long & rude combat. Ainfi le deffein des Perses avorta. 6 Aristide, laisse seul à Marathon avec fa tribu pour garder les prifonniers & le butin, ne trompa pas la bonne opinion qu'on avoit de lui. Car l'or & l'argent étant semés çà & là dans le camp ennemi, & toutes les tentes, auffi bien que toutes les galeres qu'on avoit prises, étant pleines d'habits & de meubles magnifiques, & de toutes fortes de richesses sans nombre, non seulement il ne fut pas tenté d'y toucher, mais il empêcha que les autres n'y touchaffent. Dès que le jour de la pleine lune fut paffé, les Lacédémoniens se mirent en chemin avec deux mille hommes, & ayant fait toute la diligence poffible, ils arriverent dans l'Attique après une marche forcée de trois jours, où ils firent 1200. stades de chemin, c'està-dire 70. lieues. La bataille avoit été Ifocrat. donnée la veille. Ils ne laifferent pas gyr. pag. d'aller jusqu'à Marathon, dont ils vi- 113. rent les campagnes couvertes de corps morts in Pane DAmorts & de richesses. Après avoir féRIUS. licité les Athéniens sur l'heureux fuccès de la bataille, ils retournerent dans leur pays. , non Une vaine & ridicule superstition les empêcha d'avoir part à l'action la plus glorieuse, dont il soit parlé dans l'histoire. Car il est presque fans exemple qu'une petite poignée de gens, comme étoient les Athéniens seulement ait tenu tête à une armée auffi nombreuse que celle des Perses, mais l'ait entiérement dissipée & mise en fuite. On est étonné de voir une puissance si formidable venir échouer contre une petite ville, & l'on est presque tenté de refuser sa croiance à un événement qui paroit si peu vrai semblable, & qui est cependant trèscertain. Cette bataille seule fait voir ce que peut l'habileté d'un Général qui fait prendre ses avantages, l'intrépidité des soldats qui ne craignent point la mort, le zèle pour la patrie, l'amour de la liberté, la haine & la détestation de l'esclavage & de la tyrannie, sentimens naturels aux Athéniens, mais dont la vivacité étoit sans doute beaucoup augmentée en cux par la présence seule d'Hippias, qu'ils redoutoient d'avoir de nouveau DApour maître, après tout ce qui s'é- RIUS. toit paffé. Et lib. 3. de leg. pag. 698. Platon, en plus d'un endroit, prend In Me à tâche de relever la journée de Ma- nex. pag. rathon, & il veut qu'on la regarde 239.240. comme la source & la premiere cause de toutes les victoires qui ont été remportées depuis. En effet, c'est elle 699. qui ôta à la puissance Persanne cette terreur, qui la rendoit si formidable & qui faifoit tout plier devant elle; qui apprit aux Grecs à connoître leurs forces, & à ne pas trembler devant un ennemi qui n'avoit de terrible que le nom; qui leur fit comprendre que la victoire ne dépend point du nombre, mais du courage des troupes; qui mit dans tout fon jour la gloire qu'il y a à facrifier sa vie pour le falut de la patrie, & pour la conservation de la liberté; qui les remplit enfin, pendant toute la suite des fiécles, d'une noble émulation, & d'un vif defir d'imiter leurs ancêtres, & de ne point dégénérer de leur vertu. Car, dans toutes les occasions importantes, on leur remettoit devant les yeux Miltiade & fa troupe invincible, c'est-àdire une petite armée de héros, dont le RIUS. le courage intrépide avoit fait tant -d'honneur à Athénes. Paufan. iu Attie. pag. 60. & 61. Corn. Nep. in Milt.c. 6. On rendit aux morts sur le champ tout l'honneur qui leur étoit dû. On leur érigea à tous, dans le lieu même où la bataille s'étoit donnée, d'illustres monumens, où leurs noms, & celui de leurs Tribus, étoient marqués. On en construisit trois séparément, l'un pour les Athéniens, l'autre pour les Platéens, & un troisiéme pour les efclaves qu'on avoit armés dans cette occasion. Dans la suite on y ajouta le tombeau de Miltiade. Je ne dois pas omettre ici la réflexion de Cornélius Népos l'historien, fur ce que firent les Athéniens pour honorer la mémoire de leur Général. Autrefois, dit-il en parlant des Romains nos ancêtres récompenfoient la vertu par des marques de distinction peu fastueuses, mais qu'ils ac cordoient rarement, & qui, par cette raison - la même, étoient d'un grand prix, au lieu que maintenant qu'elles sont prodiguées, on n'en fait nul cas. Il en a été ainsi, ajoute-t-il, parmi les Athéniens. Tout l'honneur qu'on rendit à Miltiade, le libérateur d'Athénes & de toute la Grece, fut que dans le |