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« du génie [a] dans les écrits de Saint-Amant, de « Brébeuf, de Scudéri, de Cotin même, et de plu- . «sieurs autres que j'ai eritiqués. En un mot, avec « la même sincérité que j'ai raillé de ce qu'ils ont « de blâmable, je suis prêt à convenir de ce qu'ils « peuvent avoir d'excellent. Voilà, ce me semble, << leur rendre justice, et faire bien voir que ce n'est point un esprit d'envie et de médisance qui m'a « fait écrire contre eux. »

"

Après cela, si on m'accuse encore de médisance, je ne sais point de lecteur qui n'en doive aussi être accusé, puisqu'il n'y en a point qui ne dise librement son avis des écrits qu'on fait imprimer, et qui ne se croie en plein droit de le faire, du consentement même de ceux qui les mettent au jour. En effet, qu'est-ce que mettre un ouvrage au jour? N'est-ce pas en quelque sorte dire au public, Jugezmoi? Pourquoi donc trouver mauvais qu'on nous juge? Mais j'ai mis tout ce raisonnement en rimes dans ma neuvième satire, et il suffit d'y renvoyer

mes censeurs.

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[a] .... Ce mot de génie qui, dans l'usage universel, désigne aujourd'hui la plus grande supériorité en fait d'es"prit et de talent, et qui est devenu le titre qu'on prend le "plus exclusivement pour soi, et qu'on dispute le plus aux << autres, ne vouloit dire, dans tous les écrivains du siècle ❝ de Louis XIV, que la disposition à telle ou telle chose. » (Introduction au Cours de littérature.) D'autres exemples justifieront cette remarque de La Harpe.

Dans l'édition de 1713, la préface est suivie du catalogue

qu'on va lire.

OEUVRES DE M. DESPRÉAUX,

Selon l'ordre où elles sont ici imprimées, selon l'âge auquel il les a composées, et selon l'année où il les a publiées.

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Voilà au vrai, dit M. Despréaux dans un écrit [a] que l'on a trouvé après sa mort, tous les ouvrages que j'ai faits: car pour tous les autres ouvrages qu'on m'attribue et qu'on s'opiniâtre de mettre dans les éditions étrangères, il n'y a que des ridicules [b] qui m'en puissent soupçonner l'auteur.

[a] Dans cet écrit, que Despréaux passe pour avoir rédigé peu de temps avant sa mort, il est certain que sa mémoire l'a trompé plusieurs fois sur les dates, si toutefois elles sont son ouvrage. Nous avons indiqué par un astérisque * les méprises évidentes, et nous présumons qu'elles doivent être attribuées aux éditeurs de 1713.

[6] On disoit alors un ridicule, des ridicules, pour dire un homme ridicule, des hommes ridicules,

Dans ce rang on doit mettre une satire très fade contre les frais des enterrements; une autre, encore plus plate, contre le mariage, qui commence par ce vers :

On veut me marier, et je n'en ferai rien [a];

celle contre les jésuites [b], et quantité d'autres aussi impertinentes. J'avoue pourtant que, dans la parodie des vers du Cid, faite sur la perruque de Chapelain, qu'on m'attribue encore, il y a quelques traits qui nous échappèrent, à M. Racine et à moi, dans un repas que nous fimes chez Furetière [c], auteur du Dictionnaire; mais dont

[a] Ces deux satires sont de Louis Sanlecque, dont la muse triviale laisse échapper quelques traits plaisants. Des vers pour le duc de Nevers lui valurent, de la part de ce seigneur, sa nomination à l'évêché de Béthléem; mais Louis XIV, prévenu contre le poëte génovéfain à cause de sa pièce contre les faux directeurs, empêcha que ses bulles ne fussent expédiées. Sanlecque, né à Paris en 1652, mourut en 1714 dans son prieuré de Garnai, près de Dreux, emportant les regrets de ses paroissiens.

[b] Voyez l'épître adressée à Despréaux et la réponse qui lui est faussement attribuée, tome IV, page 648 et suiv.

[c] Antoine Furetière, né à Paris en 1620, fut d'abord avocat, puis ecclésiastique, et obtint des bénéfices. Son dictionnaire, que l'on estime encore, et pour lequel, en 1685, il fut exclu de l'académie françoise, parut en Hollande deux ans après sa mort, arrivée en 1688. Ses factums

nous n'écrivîmes jamais rien ni l'un ni l'autre : de sorte que c'est Furetière qui est proprement le vrai et l'unique auteur de cette parodie, comme il ne s'en cachoit pas lui-même [a].

contre ses confrères, écrits avec plus de malignité que de talent, sont oubliés. Son Roman bourgeois, où l'on trouve de la vérité, ne vaut pas le Roman comique de Scarron. Ses vers sont foibles; malgré son esprit caustique, il a médiocrement réussi dans la satire et dans l'épigramme.

[a] Voyez, sur cette parodie, la lettre de Despréaux à Brossette, du 10 décembre 1701, tome IV, page 421.

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