remplacer la foi, l'une malgré les lois qui viennent immédiatement de Dieu, l'autre en dépit des conditions de toutes les sociétés humaines. En présence d'obstacles pareillement insurmontables, il semble que la paix serait facile sur le terrain de la tolérance réciproque, si la sagesse pouvait dompter les passions dont l'homme est trop souvent l'aveugle jouet. Quand on travaille pour le bien de l'humanité, avec un égal désintéressement, doit-on jamais trouver que les concessions mutuelles soient trop chères? La religion peut se dire qu'elle a pour clients des nations innombrables, tandis que les rares adeptes de la philosophie ne forment jamais qu'une minorité imperceptible, qui ne pèse qu'autant qu'elle a pour elle la raison et la vérité. De toutes les religions qui règnent actuellement, ou qui ont régné jadis sur la terre, le christianisme est, sans comparaison, la plus vraie, la plus bienfaisante et la plus sainte. Il n'est pas la plus ancienne; mais, depuis dix-neuf cents ans, c'est lui qui régit les croyances des nations civilisées et des races les meilleures. Le catholicisme, légitime héritier du passé, est l'institution religieuse et morale la plus féconde que les hommes aient jamais fondée, parce qu'il sait s'améliorer tout B.-ST HILAIRE. 18 en restant fidèle à la tradition. Si comme toutes les autres institutions humaines, l'Église est sujette à commettre des fautes, il faut, en vue de l'intérêt public, ne les lui signaler qu'avec un respect sincère, et par la seule considération du bien, idée à laquelle la religion doit se soumettre aussi docilement que la raison la plus indépendante. Que si l'on prend pour une utopie la rapide esquisse que nous venons de tracer du rôle de la philosophie, nous pourrions regretter d'avoir été mal compris; mais notre conviction n'en serait pas ébranlée. A nos yeux, la philosophie resterait toujours tellement belle que, selon le dire d'un ancien, les Dieux mêmes l'envieraient aux mortels, si jamais la jalousie pouvait approcher de l'âme des Dieux. (Aristote, Métaphysique, I, 19.) FIN TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES- PREMIÈRE PARTIE La philosophie au XIXe siècle. (Pages 1 à 30.) La philosophie n'a pas besoin d'une apologie, quoiqu'elle sciences peuvent rendre à la philosophie, p. 24; situation particulière de la philosophie française, pp. 25 et 26; obs- tacle qui peut s'opposer à son succès, p. 27; espérance DEUXIÈME PARTIE La philosophie et les sciences. (Pages 31 à 112.) Opinion de Claude Bernard sur les rapports de la philoso- phie et des sciences, p. 31; exagération des mérites de la méthode expérimentale, p. 32; singulière définition de la vie par Claude Bernard, p. 33; il proscrit la recherche des causes premières, ibid.; sa théorie sur les trois pé- riodes de l'intelligence humaine, p. 34; ses défiances contre la philosophie, pp. 35 et 36; positivisme de M. Au- guste Comte, p. 37; négation de la philosophie, p. 38; négation de la psychologie et du fait de conscience, p. 39; erreur sur l'histoire des sciences et sur ses trois périodes, ibid.; religion fondée par M. Auguste Comte, p. 41; sa classification des sciences, p. 42; méconnaissance de la philosophie, réduite à un résumé des sciences, pp. 43 et 44; M. Auguste Comte se trompe sur ses prétendus de- vanciers, p. 45; il se trompe également en proscrivant l'étude des causes finales, p. 47; orgueil déplacé du posi- tivisme, p. 48; Ampère et sa classification des sciences, p. 49; attaques de quelques philosophes contre la philo- sophie, p. 50; critiques de Jouffroy, qui veut, comme les Écossais, faire de la philosophie une science naturelle, p. 51; tentative infructueuse de Kant, pp. 52, 53 et 54; l'étude de la philosophie supprimée par le second Empire dans les écoles de l'État, p. 55; M. Victor Cousin, p. 56; idée générale de la philosophie, p. 57; marche nécessaire de l'esprit humain, p. 58; insatiable désir de savoir dans l'homme, ibid.; il n'y a pas d'antagonisme entre la philo- sophie et les sciences, p. 59; la philosophie essaye d'em- brasser le tout, dont les sciences n'étudient qu'une partie spéciale, p. 60; utilité de la méthode, qui ne regarde que la philosophie, p. 61; erreur de quelques sayants sur la méthode, p. 62; généralité de la méthode, p. 63; la raison est la source de la méthode, p. 64; grandeur de Descartes, p. 65; son génie n'est pas assez apprécié de quelques phi- losophes, p. 66; petit nombre des philosophes, p. 67; rap- FORNIA certitude, p. 70; emprunts que les sciences font nécessai- rement à la métaphysique, substance, durée, espace, p. 71; vaines tentatives des sciences pour se passer de la philosophie et s'unir entre elles, p. 72; définition de la phi- losophie par Aristote, p. 73; caractère moral de l'axiome cartésien, ibid.; spiritualité de l'âme, existence de Dieu, p. 74; erreur et danger de l'athéisme, p. 75; humilité nécessaire du philosophe devant Dieu, p. 76; le spiritua- lisme est le fondement de la moralité, p. 77; la philosophie est la science par excellence, p. 78; part essentielle de l'esprit dans la formation de la science, p. 79; réfutation de Jouffroy, p. 80; individualisme de la philosophie, rap- proché de celui de la poésie, p. 81; difficultés particu- lières qui s'opposent aux progrès de la philosophie, p. 82; accumulation des faits scientifiques, pp. 82 et 83; in- fluence indirecte de la philosophie, p. 83; multiplication des sciences, p. 84; immuabilité de l'objet de la philoso- phie, p. 86; universalité de la philosophie, p. 87; confor- mité de la philosophie et de la religion à certains regards, p. 88; respect que l'une et l'autre inspirent, ibid.; opinions anciennes et modernes sur la nature de la philosophie, p. 89; Pythagore, ibid.; Platon, p. 90; Aristote, pp. 91 et 92; Sénèque, Descartes, p. 94; pas de dissentiments essen- tiels entre la philosophie et les sciences, p. 95; spiritua- lisme défendu par M. V. Cousin, p. 96; dangers qu'il court actuellement, p. 97; dangers encore plus grands que court la science, ibid.; vogue exagérée dont jouis- sent les sciences, p. 98; excès de l'analyse, p. 99; danger de la science appliquée à l'industrie, p. 101; vocation essentiel du savant, p. 102; erreur de Descartes lui-même sur le but de la philosophie, p. 103; erreur de Bacon surtout, p. 104; et de lord Macaulay, p. 105; témoignage de l'histoire contraire à cette conception de la philoso- phie, p. 106; devoir réel de la philosophie, p. 108; preuves TROISIÈME PARTIE Différence des rapports de la philosophie et de la religion, |