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vus, Fabius Rullus, le premier Décius fa patrie.

qui fe dévoua pour

Les noms de Philippe & d'Alexandre, dont nous avons à parler, font trop connus, pour qu'il foit befoin d'avertir com. bien leur hiftoire doit être intéreffante.

Il feroit à fouhaiter que nous euffions la vie de Philippe écrite entiére & de fuite par quelque Auteur ancien ; ou que du moins quelque moderne en eût ramaffé avec foin toutes les circonstances répandues de côté & d'autre. Au défaut de ce secours, je me suis aidé principalement de * Démofthéne, & des Interprétes qui ont travaillé fur cet Orateur; & en particulier des Notes de M. de Tourreil; & de celles de ** Lucchefini noble Patricien de Lucques, qui font fort favantes.

*Je cite fouvent quelques Auteurs grecs, dont j'ai cublié de marquer l'édition.

DEMOSTHENE, imprimé à Francfort en 1604. ISOCRATE, in-8". de Paul-Eftienne en 1604. ARRIEN, de Jacq. Gronove, imprimé en Hol

lande à Leyde l'an 1704.

** Ces Notes font imprimées à Rome en 1732.

Pour ce qui regarde Alexandre, fans parler de Diodore de Sicile & de Justin, Quinte-Curce, Plutarque, & Arrien le font fuffisamment connoitre. Ce dernier, difciple d'Epictére, étoit de Nicomédie en Bithynie. Il vivoit fous l'Empereur Adrien, & fous les deux Antonins, Il étoit homme de guerre, aufsi bien que philofophe & hiftorien; & l'on s'en apperçoit bien dans les defcriptions de combats, qui font beaucoup plus exacres que celles de Quinte-Curce. Son file elt umple, fans ornemens, & prefque fans réflexions : mais cette fimplicité l'emporte infiniment fur la parure de l'Historien latin. Il a écrit les campagnes d'Alexandre en fept Livres, à l'imicacion de Xénophon, qui a écrit celles du jeune Cyrus en autant de Livres : ce gui, joint à quelque reffemblance de Hile, lui a fait quelquefois donner le nom de nouveau Xénophon. Son hisnice des ludes, renfermée en un feul Livre, puoit être en quelque forte la

fuite & la fin de celle d'Alexandre. Quinte-Curce a écrit la même hiftoire en dix Livres, dont les deux premiers ne font pas venus jufqu'à nous, mais ont été fuppléés par Freinshémius. On ne fait point précisément dans quel tems cet Hiftorien a vécu ; & c'est le fujet d'une grande difpute parmi les Sa vans; les uns le plaçant fous Auguste ou Tibére, d'autres fous Vefpafien, quelques-uns fous Trajan. Son ftile eft fleuri, agréable, rempli de réflexions fenfées, & de harangues fort belles, mais, pour l'ordinaire, trop longues, & qui fentent le Déclamateur. Ses penfées ingénieufes & fouvent très-folides, ont néanmoins un éclat & un brillant affecté, qui ne paroit pas marqué au coin du fiècle d'Augufte. Il feroit affez étonnant que Quintilien, dans le dénombrement qu'il fait des Auteurs latins, n'eût fait aucune mention d'un Hiftorien auffi recommandable que

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Quinte-Curce, s'il avoit vécu avant lui. Quoi qu'il en foit, car je laisse aux Savans à décider cette queftion, j'ai fait grand ufage de cet Auteur, & de l'excellente verfion que nous en a donné M. de Vaugelas.

LIVRE QUATORZIEME.

HISTOIRE

DE

PHILIPPE,

§. I. Naissance & enfance de Philippe. Commencement de fon régne. Ses premiéres conquêtes. Nailfance d'Alexandre.

A MACÉDOINE étoit un roiaume héréditaire, fitué dans l'ancienne Thrace, & borné au midi par les montagnes de la Theffalie; à l'orient par la Béotie & la Piérie; au couchant par les Lynceftes; au feptentrion par la Migdonie & par la Pélagonie. Mais quand Philippe eut conquis une partie de la Thrace & de l'Illyrie, ce roiaume s'étendit depuis la mer Adriatique jufqu'au fleuve Strymon. Edeffe d'abord en fut la capitale: puis elle céda cet honneur à Pella, célébre par la naiffance de Philippe & d'Alexandre.

LA un roiaume

Philippe, dont l'hiftoire va nous occuper, étoit fils d'Amyntas II, que l'on comptoit pour le feiziéme Roi de Macédoine depuis Caramus, qui avoit fondé

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