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parle avec sujets dont la

surplus «< rien

littéraire dont M. A. on ne sait pourquoi tendresse, mais qui, dit-il, serait néfaste « aux formation intellectuelle laisse à désirer». Au n'empêche de penser avec S. Thomas, tout en imitant la manière d'écrire de Malebranche». Retenons encore une heureuse formule qui tient du paradoxe, mais qui ouvre du moins de beaux horizons : « Qui cherche, n'a pas encore trouvé ».

J. C.

E. THOMAS, Encyclopédie littéraire illustrée, La littérature chrétienne, avec un Essai sur les études religieuses en France par Ch. Simond, Paris, Michaud, s. d., in-16, XI-222 p.

Sûrement, l'essai en question n'a pas été écrit pour nous et nous aurions mauvaise grâce à le critiquer pour de bon. Mais il peut nous faire passer un bon moment. Où M.S. a-t-il vu que sainte Chantal s'appelait Laure et que l'œuvre des bollandistes << manque de vrai crédit»? Voici d'autres perles, « Gratry, écrivain fleuri et judicieux ». Voici pour la très belle floraison contemporaine, « M. Baudrillart et M. Duchesne, l'abbé Loisy, l'abbé Batiffol, Samuel Berger, Besson, M. d'Hulst, Bonet-Maury, le Père Didon, Gaudeau, M. Fara, Gayraud, Alphonse Germain, Imbart de la Tour, le P. Lagrange, Laberthonière (sic), Le Doré, M. Mathieu, Ménégoz, M. Péchenard, Vabroges, Zadoc Kahn ». N'oubliez pas qu'il s'agit ici des « auteurs vivants ». Plusieurs sont morts, d'autres n'ont jamais vécu. L'anthologie patriotique est dressée avec beaucoup plus de soin. L'illustration vaut plus encore. Il y a là quelques vraies merveilles, mais dont on aurait du nous dire la provenance. D'où vient, par exemple, cette miniature exquise sur Paulin de Nole? Quoi qu'il en soit de nos trop justes réserves, ce petit livre est un signe de temps. Vers 1880, un entrepreneur d'Anthologies n'aurait pas songé à faire une place aux Pères de l'Eglise. J. C.

ANDRÉ HALLAYS, En flânant. A travers l'Alsace, Paris, Perrin, 1911, in-8°, IV-342 p. Prix : 5 fr.

Toutes les flâneries de M. H. sont charmantes, mais cellesci ont un charme particulier. C'est bien toujours le même artiste, également sensible à la beauté des œuvres d'art, aux paysages et aux grands souvenirs, mais sur les routes d'Alsace son allure d'ordinaire allègre et malicieusement conquérante, est devenue réservée, comme timide. L'Alsace l'attire, et elle semble l'effrayer. Il a peur de ne plus la trouver assez fran

çaise. Et voici qu'à chaque visite nouvelle, il sent, il voit combien cette peur était vaine. Qu'il me permette un regret : en Alsace, au château de Martimbourg, il rencontre cette éternelle comtesse d'Albany. Rome, Florence, Martimbourg, Montpellier, vivante ou morte, amie » d'Alfieri ou de Fala, où n'est-elle pas? Pour moi, elle m'invite partout, mais je souffre de voir son nom rapproché du nom de la fidèle Alsace. La déchéance du «<< prétendant fut moins profonde que M. H. ne semble dire. Les dernières recherches ne laissent aucun doute sur ce point. Aurait-il été encore plus indésirable, la comtesse d'Albany n'avait pas le droit d'abandonner, de trahir le dernier Stuart.

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H. B.

ALBERT REGGIS, Regards sur l'Europe intellectuelle, ParisVienne, 1911, in-16, 346 pp., 3 fr. 50.

Trois parties dans ce recueil: 10 Psychologie critique (Vogue; Barrès; Gorki; Bojer; Morello, etc...; 2° Psychologie politique ; 3o Philosophie, religion. L'auteur a professé peut-être un respect superstitieux pour les moindres écrits venus de sa plume. A quoi bon, par exemple, conserver pieusement quinze pages sur le poète Gaston d'Urville, dans un volume qui porte le titre ambitieux qu'on vient de lire ? La réponse est simple: M. R. s'intéresse à quiconque tient aujourd'hui une plume. Veut-il une définition de l'esprit, il l'emprunte à un article de M. A Bonnard. Erreur de perspective plus grave encore: M. R. qui lit tout livres, journaux et revues des deux mondes rencontre pas une sottise dans un article de journal sans aussitôt se mettre à réfuter cette sottise. Mieux vaudrait regarder l'Europe intellectuelle, celle qui pense pour de bon. Curieux livre, d'un style très spécial, très européen, d'une documentation surprenante. Plusieurs idées justes et pénétrantes, des paradoxes, des truismes, il y a peut-être là matière à un titre utile, mais le livre n'est pas fait.

J. C.

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Revue des Revues

Revue philosophique, Février.

- F. PAULHAN: La substitu

tion psychique. De même qu'on a étudié les conditions et les rapports dans lesquels les atomes peuvent se substituer les uns aux autres dans une molécule », M. Paulhan pense qu'on peut étudier comment dans un système psychique un élément peut être remplacé par un ou plusieurs autres. «< Trois phases différentes et consécutives signalent la substitution psychique. La première a une apparence négative. Un élément est supprimé dans le système préexistant, il y a un manque, un défaut dans le système. Dans la seconde, un nouvel élément vient remplacer celui qui a momentanément ou pour toujours disparu. La troisième comprend l'accommodation de cet élément nouveau aux anciens et des anciens aux nouveaux. Il est visible que c'est la seconde phase qui, au point de vue de la substitution même, est la plus caractéristique. La première la prépare, la rend nécessaire, la troisième la complète et en annonce la conséquence... ». « Si la personnalité est un système de systè mes psychiques, un système toujours imparfait et pas très bien coordonné, nous pouvons dire que la personnalité change quelque peu avec le moindre changement du moindre de ses éléments. Mais nous ne verrons la personnalité vraiment transformée que quand l'ensemble des systèmes est transformé luimême et qu'un ensemble très différent comprenant d'autres éléments autrement groupés est venu se substituer au premier. Il est sûr que, en ce sens, l'ensemble de la personnalité change normalement et peu à peu tout le long de notre vie. La personnalité de l'homme mûr n'est pas celle de l'enfant... Quand une conception prend la place d'une autre, quand un sentiment se substitue, dans la direction des actes, à un sentiment différent, il faut s'attendre à ce qu'un certain nombre de changements psychiques dérivent de celui-là, viennent le compléter, le restreindre parfois, en achever l'accommodation aux conditions extérieures de la vie d'une part et d'autre part à ce qui reste de l'ancienne personnalité... » (A suivre.) J.-M. LAHY: 4. SÉKIE, TOME XIII.- N° 6

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De la valeur pratique d'une morale fondée sur la science. M. Lahy s'en prend à ceux qui, comme M. H. Poincaré, établissent <«< une cloison étanche entre la science et la morale ». S'il «< ne peut y avoir de morale scientifique,... il peut y avoir une morale fondée sur la science... Les mathématiques ou la biologie n'ont pas pour rôle de nous renseigner sur la nature des faits moraux, et c'est de là peut-être que vient la déduction inexacte de M. Poincaré. C'est à la science particulière qui les étudie, la sociologie ou plus spécialement celle de ses branches que l'on pourrait appeler la physique des mœurs qu'il faut s'en référer pour les connaître ». Ayant ainsi indiqué à quel point de vue il se plaçait, M. Lahy entreprend de montrer que «< la science et la morale s'ajustent, et qu'un idéal d'action fondé sur la science peut avoir une valeur pratique en fournissant des règles de conduite ». Il commence par opposer la religion à la science en supposant que l'une n'est qu'un succédané de l'autre et est destinée par conséquent à disparaître. Pour lui il ne s'agit toujours que d'expliquer les phénomènes en tant que phénomènes ; et tandis que la religion se contente d'hypothèses imaginées hȧtivement et qu'elle ne vérifie pas, la science s'efforce de ramener les faits à expliquer à d'autres déjà connus et en vérifiant incessamment ses hypothèses par l'expérience. L'erreur des illusions sensorielles est accrue volontairement dans l'extase religieuse. Le mystique avec la complicité de son désir, voit, entend et touche la divinité. Il renforce d'une expérience illusoire sa croyance et détruit ainsi, à tout instant, ses possibilités de bien observer... Dieu existe... les moyens pour parvenir jusqu'à lui sont définis et enseignés : ce sont les rites, les pratiques de toute nature et les procédés d'entraînement vers l'extase ». M. Lahy cite à ce propos sainte Térèse et il rappelle que le savant procède d'une façon toute différente par le recours à l'expérimentation, à la critique et à l'hypothèse. Ceci l'amène à dire que si des notions religieuses n'étaient pas venues gêner l'expansion rationnelle de la pensée humaine, la vie, par exemple, apparaîtrait à tous, et non aux seuls savants, comme un fait d'ordre physico-chimique dû à la complexité des éléments qui composent le protoplasme. Les phėnomènes de conscience seraient conçus comme dérivant d'une formation aussi naturelle, etc. » Et voici un exemple de la manière dont la science ainsi agit sur la vie morale: Les préceptes évangéliques... n'ont rien pu, en dépit de leur idéalisme, pour supprimer la violence chez l'individu, car ils ne

lui ont jamais expliqué les causes de cet état physiologique. Que l'homme sache, au contraire, à quelles impulsions il obéit dans la colère, comment fonctionne son système nerveux, et il aura honte de céder à des actes purement réflexes qui dominent chez l'animal ou l'aliéné1. Il se vaincra, non par inclination sentimentale momentanée, mais en pleine conscience, parce qu'il aura dans l'esprit la représentation exacte de ce qu'est la colère ». Après cela pour marquer enfin « les caractères d'une morale fondée sur la science », M. Lahy nous dit que la science a pour objet la recherche de la vérité et non l'édification d'un système de conduite », mais que cependant « agir, c'est réaliser des idées, c'est conformer ses manières d'être à des représentations des choses qui sont fournies à chacun par les connaissances auxquelles il prête foi... Croit-on que l'univers soit diminué et moins stable depuis que nous ne le voyons plus avec l'imagination des âges religieux qui le disaient appuyé sur des piliers et soutenu par sept choeurs d'anges? La gravitation universelle et le système de Laplace l'ont vraiment rapproché des notions tout intellectuelles d'infini et d'éternel : ils en ont dégagé l'ordre et l'action mécanique de tous les phėnomènes... La sérénité de l'homme de science, au lieu de se fonder sur un absolu imaginaire, lui vient de la certitude que tout est relatif, mais que chaque découverte nouvelle multiplie les chances d'exactitude de nos explications sur l'univers... Il ne s'ensuit pas que la morale devienne alors chose des savants et que le peuple, qui ignore, n'ait plus de règle pour se diriger. Il n'est pas nécessaire, pour savoir, de suivre tout le travail qui prépare la science; il suffit d'en connaître les résultats 2

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Revue de philosophie, 1o Février. A. BOUYSSONIE: Essai de démonstration purement a priori de l'existence de Dieu. C'est une reprise de l'argument ontologique. Mais l'auteur a recours à deux séries d'arguments. Les uns sont fondés sur le principe d'identité et peuvent se résumer de la façon suivante: «L'être le

1. Mais si les phénomènes de conscience ne sont que des faits d'ordre physico-chimique, quoi qu'on fasse, on cède toujours « à des actes purement réflexes ».

2. Il suffit que les hommes sachent que la vie est un fait d'ordre physico-chimique », que les phénomènes de conscience « dérivent d'une formation aussi naturelle » et que « tout est relatif », excepté sans doute cette explication même, pour avoir une règle de conduite fondée sur la science. Sachant cela ils seront en effet bien éclairés moralement. Jusques à quand se dupera-t-on de la sorte avec des mots ?

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