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vie et même dans l'éternité exactement selon que nous aurons agi envers les autres, et si le ciel doit être la récompense éternelle de la largeur de cœur, l'enfer sera le châtiment des misérables qui auront manqué de cette ampleur. Le nom même de la religion que nous professons prêche l'éloignement de tout parti, la tendance vers l'union la plus sincère, la plus intime, la plus universelle de toute l'œuvre de Dieu entre elle et avec son auteur. Le catholicisme n'est pas autre chose et son nom même le dit que la religion universelle. »

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Etudes, 5 Janvier. FERDINAND PRAT S. Paul et le Christ. Conclusion: «< Tel est le Christ de S. Paul: composé théandrique où ni la divinité n'éclipse l'humanité, ni l'humanité n'offusque la divinité; être personnel, identique à lui-même, à travers ses trois étapes de vie divine, de vie terrestre et de vie glorifiée « Unique est Dieu; unique aussi le médiateur de Dieu et des hommes, Jésus-Christ homme. » Infiniment éloigné de nous sous un de ses aspects, le Christ nous est cependant uni par un lien d'identité mystique, il vit en nous et nous vivons en lui. » JOSEPH DE LA SERVIERE: Bulletin d'his toire moderne. A propos du Fénelon du P. Griselle: Bossuet n'y apparaît pas dans son beau; son acharnement à poursuivre le triomphe, par l'intervention du pouvoir temporel, alors que Rome préférerait se dérober; les exagérations, touchant à la calomnie, de sa polémique, sa facilité à taxer de péché mortel et d'hérésie quiconque ne pense et n'agit pas suivant ses vues, tout cela est tristement instructif. Que ces misères de jadis nous apprennent à nous mieux gouverner dans les polémiques d'aujourd'hui. 20 janvier.- LÉONCE de GRANDMAISON: L'orientation religieuse de la France actuelle d'après M. Paul Sabatier. « M. Alfred Loisy estimait naguère que le modernisme en France avait vécu. On voudrait le croire. Mais sans parler d'autres indices qu'on pourrait relever, voici un ouvrage qui témoigne hautement du contraire. Il reste en France un moderniste au moins, et c'est M. Paul Sabatier. Son nouveau livre tend même à prouver que l'avenir religieux de notre pays et du monde est lié à la fortune de ce que je crois être proprement le modernisme doctrinal: conservation, extension, exal tation du sentiment religieux et des formes sociales du catholicisme, dans une indépendance absolue de la pensée, provisoirement orientée par l'idéalisme évolutionniste et agnostique.

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Livres déposés au bureau des Annales 1

GABRIEL HANOTAUX, Jeanne d'Arc, 421 p. in-4°, Hachette, Paris, 1911.

L. ESPINASSE-MONGENET, La leçon des jours, 318 p. in-16, Perrin, Paris, 1911.

HAN RYNER, Le fils du silence, 281 p. in-16, Figuière, Paris, 1911.

Le marquis DE MOUSSAC, Un prêtre d'autrefois, l'Abbé de Moussac, 569 p. in-8°. Perrin, Paris, 1911.

A MODERNIST, Letters to His Holiness Pope Pius X, XX-279 p. in-16, Open Court Publishing Company, Chicago, 1909.

FÉLIX LE DANTEC, Le Chaos et l'Harmonie universelle, 193 p. in-16, Alcan, Paris, 1911.

P. GIRODON, La Charité envers Dieu, 211 p. in-16, Plon-Nourrit, Paris, 1911.

L. C. E. VIAL, La Machine humaine, 57 p. in-16 chez l'auteur, Paris, 1911.

E. JACQUIER, Le Nouveau Testament et l'Eglise Chrétienne, 449 p. in-16, Gabalda, Paris, 1911.

P. GILLET, La valeur éducative de la morale catholique, O. P. XII-377 p. in-16, Gabalda, Paris, 1911.

C. CoiGNET, De Kant à Bergson, 155 p. in-16. Alcan, Paris, 1911.

J. WEHRLÉ, La méthode d'Immanence, 61 p. in-16, Bloud, Paris, 1911.

A. RUGE, Die Philosophie der Gegenwart, eine internationale Jahresbericht, Bd I, 1908-1909. XII-532 p. in-8°, Heidelberg,

1910.

FELIX HEMON, Bersot et ses Amis, XI-353 p. in-16, Hachette, Paris, 1911.

L'abbé DE GIBERGUES, La Messe et la vie chrétienne, 236 p. in-18, de Gigord, Paris, 1911.

EMERSON, Essais choisis, traduction H. MIRABAUD-Thorens, XVI-156 p. in-16, Alcan, Paris, 1912.

RUDOLF EUCKEN, Der Sinn und Wert des Lebens, 184 p. in-8°, Leipzig, 1911.

1. Les livres déposés au bureau des Annales, 23, rue Las-Cases, Paris, seront d'abord annoncés ici, sans préjudice des comptes-rendus dont ils pourront être ultérieurement l'objet.

L'un des Gérants: J. THEVENOT

La Notion de la Création

dans Saint Thomas(1).

II

LA LIGNE D'ÊTRE ET SON DÉVELOPPEMENT HIERARCHIQUE.

Ens, unum, verum et bonum convertuntur.

S. Thomas a cherché dans la création la réduction du divers à l'identique, des formes multiples de l'être à l'unité de perfection; et nous avons vu qu'il ne l'a trouvée possible qu'en Dieu, avec déjà même au sein de l'un les premiers linéaments du multiple, alors que l'être créé se multipliait et se diversifiait en raison même de son caractère de créé, c'est-à-dire d'imparfait, et, - malgré le mouvement de rappel et de retour qui le ramenait à Dieu, - se maintenait à une distance proprement infinie.

Reste un autre aspect de la question. Si la réalité du divers s'oppose à son identification à l'un, peut-être dans l'ordre de la connaissance trouverons-nous moins d'obstacle et pourrons-nous ramener à l'unité les diverses expressions du vrai, les divers degrés de la connaissance. Mais avant d'y pouvoir répondre, il nous faut précisément établir ces degrés, montrer comment ils se réalisent, quelle est leur nature et leur valeur et enfin leur rapport à la vérité ou à l'intelligence première, pour apprécier leur degré de réductibilité à l'unité de cette vérité et de cette intelligence que représente Dieu. Nous avons examiné la nature de l'être créé dans ses rapports avec Dieu, et principalement dans son jaillissement hors de Dieu; voyons-le maintenant dans son développement hiérarchique, dans sa multiplicité diverse et ordonnée.

1. Cf. Annales de février.

4° SÉRIE, TOME XIII. - - N° 6

A cette double fin, nous aurons à établir successivement le principe de l'identité de l'être et de l'intelligible en Dieu et leur divergence dans la créature; d'où la bifurcation de l'irradiation créatrice en deux lignes d'être et de connaissance. Puis nous exposerons le développement de chacune de ces lignes les divers degrés de l'être qui constituent l'échelle hiérarchique des choses de nature et la descente correspondante des intelligences et des espèces intelligibles, jusqu'à l'extinction de l'une et de l'autre dans l'obscurité et le non-être de la matière. Alors nous aurons vu la complète expansion de la vie hors de Dieu, et nous pourrons dire dans quelle mesure l'être et l'intelligence, ainsi développés dans le créé, peuvent se ramener à leur source.

I

Identité de l'être et de la connaissance.

Ens et verum convertuntur, IX, 213.

Tout ce qui est donné dans la nature se présente sous forme d'être ou sous forme de pensée. Considéré en luimême, l'être constitue la nature des choses tenues pour réelles et existantes en elles-mêmes. La pensée est la connaissance, la représentation, la pénétration de l'être dont il est ainsi possible de dire ce qu'il est; la connaissance est comme la conscience de l'être s'attestant tel à luimême. Qu'il y ait rapport entre l'être et la connaissance, c'est évident, puisque, d'après la définition même des mots, l'être se présente comme l'objet ou la matière de la connaissance. Mais il importe de préciser le caractère et l'étendue de ce rapport, et pour cela rappelons que la connaissance comporte distincts au moins en raison trois éléments nécessaires : la faculté de connaître ou intelligence l'aptitude à être connu ou intelligibilité — et le terme de la connaissance ou verbe. Nous voudrions pouvoir faire entendre d'abord que, à leur plus haut degré de perfection, ces trois éléments sont identiques entre eux,

-

séparés seulement par des distinctions de raison, identiques aussi à l'être lui-même. Puis cette série d'identités, qui n'a toute sa valeur que dans le premier être, se transforme en simples proportions dans le créé. Le rayon de connaissance cesse de s'identifier avec celui d'être et la dissociation s'accentue à mesure que les deux rayons se développent, c'est-à-dire descendent chargés de moins de perfection. En même temps, le rayon de connaissance se décompose en ses trois éléments qui vont aussi s'écartant dans les mêmes proportions de descente. Le principe de l'identité de l'être et de la pensée est le fondement de l'idée de Dieu et de celle de la création. Dieu, c'est l'être et la pensée identifiés en leur extrême perfection; la création, c'est la diffusion dans la multiplicité et la diversité des choses de l'être et de la pensée, identiques encore en leur fonds, mais en partie dissociés, et de plus en plus, à mesure que l'on s'éloigne de leur unité en Dieu.

Etre et intelligence, dans la théorie de S. Thomas comme de tous ceux qui ont admis le monde des intelligibles, en leur plus haute réalité, ne sont qu'un. L'être a essentiellement la faculté de se connaître : c'est le fonds même de l'être. On ne peut concevoir l'être autrement que se connaissant, ni avec une opération autre que celle de savoir qu'il est l'être. La nature de l'être, sa perfection suprême consiste donc à être transparente à elle-même, lumière, mais lumière qui sait qu'elle est lumière, et qui ne le serait pas, et qui ne serait rien, si elle ne le savait ou tout au moins qui ne serait, et qui de fait n'est quelque chose que dans la mesure où elle le sait. L'être parfait, c'est donc l'acte pur ou la pure lumière. Le Pseudo-Denis, qui est le guide fidèlement suivi de S. Thomas en ces questions, ne peut parler de Dieu sans le représenter comme un foyer, un soleil, un illuminateur dont les irradiations constituent les êtres. Et quand S. Thomas cherche quel est parmi les divers attributs de la divinité, le plus essentiel et le premier

1. La volonté, qui est la seconde et seule autre opération des natures spirituelles, n'est que la connaissance affective, qui aime l'être qu'elle sait qu'elle est.

T

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