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que mondit seigneur l'Evêque de Bayeux a porté sur mon Livre institulé Durand commenté, ou l'Accord de la Philosophie avec la Théologie, sur la Transsubstantiation de l'Eucharistie, et sur les propositions qui ont été extraites, et que je les rétracte par ces Présentes, condamnant le dit Livre et propositions, purement, simplement, et sans réserve, en la manière que mon dit seigneur les a condamnées par son mandement du 30 mars 1701 1.

Fait à Caen, 21 avril 1701. Signé P. Cally, avec paraphe 2.

En terminant, nous nous excuserons des énormes proportions données à cet article. Mais si nous avons souvent insisté bien longuement sur certains points en somme peu importants, nous croyons toutefois qu'ils renferment des détails intéressants susceptibles d'éclairer la psychologie d'un théologien du xvII° siècle. D'autre part, sans vouloir en aucune façon discuter les théories précédentes que nous avons voulu nous borner à exposer le plus fidèlement possible, nous nous demanderons simplement et ce sera là notre conclusion de ce curieux débat pourquoi les philosophes se sont acharnés à vouloir expliquer un mystère par la raison.

G. VATTIER.

1. On remarquera que Cally a signé sa rétractation en qualité de prêtre et de curé de St-Martin, soumis à l'autorité de son évêque, mais qu'il n'a pas fait intervenir dans cette pièce ses titres de professeur de philosophie et de recteur de l'Université.

2. Le mandement et la rétractation se trouvent intégralement dans Hermant, Hist. du diocèse de Bayeux, p. 539 sqq.

BIBLIOGRAPHIE

HENRI HAUSER, Etudes sur la Réforme française. Paris, Picard, 1909, 1 vol. in-16 de XXI-308 p. Prix 3 fr.

M. Hauser, bien connu par ses nombreuses études sur le XVIe siècle, réunit dans le présent volume un certain nombre d'articles concernant la Réforme, publiés depuis une quinzaine d'années, dans plusieurs revues, notamment le Bulletin de la Société d'Histoire du Protestantisme.

Plusieurs de ces articles n'intéressent que « l'histoire des faits » ou même l'histoire locale, à laquelle elles sont d'ailleurs de fort utiles contributions.

M. H. signale un nouveau texte sur Aimé Maigret. En datant plus exactement que son premier éditeur un texte déjà publié par M. Franklin, il y découvre des indications sur la juridiction d'Aimé Maigret à Lyon.

Une Etude critique sur la « Rebeine » de Lyon, essaie de contrôler les récits des historiographes, en particulier du Lyonnais bien connu Symphorien Champier; M. H. y dégage le vrai sens, économique et religieux, de la révolte lyonnaise de 1529, et son rapport avec les émeutes antérieures.

Deux autres études concernent Nimes, les Consulats et la Réforme, et la Réforme en Auvergne. Dans un paragraphe de la première (p. 199-202), M. H. a cherché à définir l'attitude des Consulats et de la bourgeoisie nimoise à l'égard de la Réforme, entre 1530 et 1560. Il semble à l'auteur que « les corps municipaux, surtout dans les villes consulaires, n'ont pas toujours été les défenseurs acharnés de l'unité catholique ». La seconde est une publication de registres et de pièces d'archives, tendant à prouver que, contrairement à l'opinion commune, la Réforme eut en Angleterre de nombreux partisans. Cette étude renferme nombre de curieux détails 1.

Enfin M. H... signale comme une source importante du marty

1. M. H. vient de le compléter par la publication récente d'un travail sur les Manuscrits des Annales d'Issoire.

rologe de Crespin, l'Histoire des Persécutions d'Antoine de Chaudieu.

Trois autres études ont un intérêt général plus immédiat.

Sous ce titre : Petits Livres du XVI° siècle, M. H. analyse une douzaine de livrets, la plupart à tendance protestante, et montre bien l'intérêt qu'offre leur étude par la connaissance de la propagande réformée. Ces opuscules, transportés jusqu'au fond des campagnes dans les ballots des colporteurs, ont puissamment contribué à répandre les idées nouvelles. Il serait facile d'allonger la liste de M. Hauser, qui a simplement voulu donner des exemples. Quelques stations à la Bibliothèque nationale ou à la Bibliothèque d'Histoire du Protestantisme permettent de se rendre compte de l'importance de cette littérature à bon marché, qui est pour l'historien des idées une mine de renseignements. M. H. aurait pu faire remarquer que les caractères de l'impression (papier, encre, etc.) dénotent une littérature tout à fait populaire, et que l'état dans lequel plus d'un nous est parvenu prouvent qu'ils ont été beaucoup lus. P. 269, M. H. signale un livre dont il ignore l'auteur: LE PETIT ANGEVIN. Les figures de l'Apocalypse...exposées en latin et vers françoys. A Paris, Groulleau, 1552. L'auteur de cet ouvrage n'est autre que Jean Mangin, dit le petit Angevin (Cf. La Croix du Maine, S. V., et Port, Dictionnaire de Maine-et-Loire, II, 618). La première édition des Figures est de 1547. Les autres œuvres du même auteur: Le Premier livre du nouveau Tristan, l'Histoire de Palmevin d'Olive, Le Pavangon de Verlis ne manquent pas d'intérêt. Il est certainement catholique, comme en fait foi le Chapitre XV du Miroir des Princes (réédition du Pavangon, Paris, Ruelle, 1573, pet. in-8°) intitulé: que les jeunes princes doivent estre instruits en la vraye religion chrétienne. Ce dernier ouvrage est d'ailleurs dédié A Mgr de Maupas, abbé de S. Jean de Laon.

Aux yeux de M. H., la popularité de ces petits livres »>, ainsi que des chansons huguenotes, est une preuve de la diffusion de la Réforme parmi les classes populaires en France au XVIe siècle. Il consacre vingt pages du présent livre à une dissertation à l'appui de cette thèse. Réduite à cette affirmation finale (p. 102): « Dans toute la France [le protestantisme] fut jusque vers 1560 une religion de petites gens », elle semble acceptable, à condition de ne pas la rendre absolue. En tout cas, jusqu'ici aucun historien n'a suffisamment vu l'importance des classes ouvrières et paysannes dans la diffusion du protes

tantisme. M. H. note qu'à ce point de vue la Réforme fut, autant qu'un mouvement religieux, une « révolution sociale »> dont les causes sont en partie économiques.

Enfin, les 65 premières pages de ces Etudes reproduisent un très solide article paru en 1897 dans la Revue historique, et intitulé de l'Humanisme et de la Reforme en France 1512-1552. On voit quel gros problème se cache sous ce titre, problème maintes fois repris, et toujours assez mal résolu, pour avoir été traité par des littérateurs et non par des historiens 1. Ce problème, M. H. ne le traite pas à fond, mais il écrit une sorte de préface chronologique. Cette simple « mise en place » rectifie bien des assertions aventureuses de bons critiques qui ne sont pas historiens (par exemple M. Faguet, accusant Marot de calvinisme en 1525; en 1525, Calvin avait seize ans). D'ailleurs de ce classement de faits sort tout naturellement une ébauche de synthèse. Après avoir soigneusement distingué Humanisme et Réforme, M. H. discerne trois « moments dans les rapports de ces deux termes :

1o 1512-1530: « Union intime de ces deux grandes forces contre les résistances du Moyen-Age ». Cette formule n'est-elle pas un peu extrême ? il y a peut-être plus qu'une coalition entre ces deux forces, il y a, à ce moment du moins - affinité positive et profonde.

2o 1530-1535 est l'époque critique. L'Humanisme est poussé à son extrême; la Réforme aussi est poussé à son extrême, qui est un dogmatisme hérétique. Elle cesse d'être « aschismatique », et risque d'entraîner l'humanisme. L'œuvre de Marguerite de Navarre représente le dernier effort de conciliation.

3° 1535-1552: Les humanistes se ressaisissent et redeviennent conservateurs. Est-ce simplement par amour de la tranquillité. Peut-être ; mais dit fort bien (p. 45) M. H.: « Ce serait tout à fait injuste de croire qu'à ces motifs ne s'ajoutèrent pas de bonne heure, pour beaucoup de lettrés, des raisons d'un ordre très élevé ». Entre humanistes et réformés il y a divergence (et même opposition) « de méthode et de doctrine » (ajoutons : et d'esprit), c'est Rabelais contre Calvin. Ce dernier rendra la rupture définitive en constituant la doctrine protestante, et en prenant parti, on sait avec quelle violence, contre les libertins,

1. Au moins pour la période dont il est question. Pour la période antérieure les lecteurs des Annales connaissent la belle étude de M. Imbart de la Tour sur l'Humanisme chrétien.

c'est-à-dire les libres critiques, qui ne sont autres que les humanistes.

M. H. a bien fait de rééditer son article qu'aura profit à étudier quiconque s'intéresse à la Renaissance et la Réforme'. C'est une «< leçon » très soignée sur le sujet. Son grand mérite est de montrer qu'il faut : 1° distinguer Humanisme et Réforme; 2o distinguer les périodes de leurs rapports.

On pourrait peut-être chicaner l'auteur sur l'interprétation qu'il donne à certains faits et à certains textes (p. 227). Le chapitre de Clermont délégue des missionnaires dans les campagnes. M. H. conjecture que c'est par crainte de l'hérésie; c'est possible, non certain (p. 258), la phrase citée en bas : Ne adoncques... n'a rien d'hétérodoxe (p. 41). Le fait qu'une pièce de Nicolas Bourbon, d'abord dédiée à Michel d'Avande, le fut ensuite à Jean Olivier, évêque d'Angers, ne prouve pas un retour de l'auteur vers l'orthodoxie: Jean Olivier était fortement suspect de protestantisme.

LOUIS HOGU.

P. DUнEM, La physique néoplatonicienne au moyen-âge, Extrait de la Revue des questions scientifiques,octobre 1910, 1 vol. in-8, 101 p. Centerick (Louvain).

Cette brochure se présente comme un fragment d'un ouvrage sur : La formation du système de Copernic. Elle suffit à faire vivement désirer l'achèvement de ce travail considérable.M. Duhem étudie minutieusement les sources dont disposaient ses auteurs, spécialement Scot Erigène et Guillaume de Conches; ce n'est pas la moins intéressante partie de son livre. Il discute l'attribution à Bède le Vénérable d'un traité De mundi constitutione dont l'auteur inconnu a conçu nettement l'idée si familière à partir du XIII siècle d'une science exclusivement fondée sur les données de la raison et pleinement indépendante de la Révélation » (p. 44).

A côté du système ptoléméen, l'antiquité et le moyen-âge connurent d'autres tentatives d'explication des mouvements planétaires. Une hypothèse formulée pour la première fois par Héraclite du Pont (373 a. 1.) fait tourner Mercure et Venus autour du soleil. «< Exposée par Chalcidius, par Martianus Capella, par Macrobe », cette théorie « a rencontré une singulière faveur auprès des platoniciens qui ont illustré l'ancienne Scolasti

1. Si l'on veut avoir l'avis d'un philosophe sur la même question, on pourra lire HöFFDING, Hist. de la philosophie, moderne, p. 42.

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