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que faifoit cela à l'Empereur Romain? Pas plus que s'il fe fût appellé, Frére de Saturne & de Venus.

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tenu de céder le

Etat également

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§. XX. De tout cela il réfulte affez évidemment, à mon avis, qu'il n'y a point d'Obli- Un Roi n'eft pas gation parfaite, en vertu de laquelle un Roi, véritablement Roi, foit tenu de céder le pas pas à un autre à un autre Monarque, & de fe reconnoitre inférieur à lui en dignité, quand même celui- Roi; ni un Etat ci auroit quelque avantage à l'égard des qualitez, dont on vient de parler; & qu'un Etat bre à un autre libre n'eft pas non plus obligé de céder à un autre Etat également libre, quoi que celui-ci libre. fe trouve plus ancien ou plus puiffant. Un Etat Populaire ne paroit pas même être d'un rang inférieur à un Etat Monarchique; quoi que, dans une Republique, il n'y aît perfonne qui puiffe lui feul aller du pair avec un Roi. Ainfi l'Ambaffadeur d'une République n'eft pas toujours indifpenfablement tenu de céder le pas à l'Ambaffadeur d'un Roi. Cependant, comme une Dignité empruntée & représentative n'a jamais tant d'éclat, qu'une Dignité propre & originale, ni un Magiftrat, qu'un Prince; & que d'ailleurs les Républiques ne fauroient fe trouver en même lieu avec les Rois, que par leurs Députez ou leurs Ambaffadeurs: il eft clair, que l'Ambafladeur d'une République doit toûjours céder le pas à quel Roi ou Prince Souverain que ce foit.

trouver enfem

des contefta

Gall. Lib. XIII.

in Ludo feptem

79, 80. où l'Ora

me raifon, le

§. XXI. CETTE égalité des Souverains n'empêche pas néanmoins, qu'ils ne puiffent, Comment les s'il le faut, fe trouver ensemble, ou en perfonne, ou par leurs Ambafladeurs, ou même Rois peuvent le s'unir en un Corps pour former une Affemblée ou un Confeil perpétuel. Lors qu'un Roi ble, fans avoir en va voir un autre dans fes Etats, la Civilité veut que le Seigneur du Pais donne le pas tions pour le chez lui à l'Etranger; à moins que celui-ci ne foit venu fur le pied de Sujet paffager, pour pas?. ainfi dire. Car quoi que chacun foit le prémier dans les terres de fon obéiffance; les Amballadeurs & les Rois même font cenfez, par une espece de fiction, être hors des terres du Prince, dans le Païs duquel ils font entrez de fon confentement, avec tout l'éclat & (a) Gramond. Hift. toutes les marques de leur Dignité. Je dis, de fon confentement: car je ne confeillerois pas (b) Voicz fen -à un Prince d'entrer dans les terres d'un autre incognito, & fans en avoir demandé permif fion. Un Auteur (a) François foûtient même hardiment, qu'on ne péche point contre le Sapien. verf. 78, Droit des Gens en fe faififfant d'un Prince qui vient incognito. Mais je ne vois pas bien en cle Apollon vertu dequoi on pourroit fe porter à cette violence; à moins qu'on ne dife, qu'un Prince place, par la mêainfi déguifé donne lieu de foupçonner, qu'il vient à mauvais deffein, & qu'il méprife le nom des fept Sa Souverain du Pais. Que fi deux ou plufieurs Princes s'abouchent en lieu tiers, il eft aifé ges, dans un de faire en forte qu'il n'y ait aucune marque de prééminence en faveur d'aucun d'eux. (c) v Car ils peuvent tenir leurs féances dans quelque chambre conftruite de telle maniére, qu'il Dipnosoph. Lib.1. n'y paroiffe point de place plus honorable que les autres. C'eft pour cela auffi que, dans trat.de Vit. Apoll ces fortes d'entrevûes, on fe range autour d'une (b) table ronde. On peut auffi protefter Thyan. Lib. III. dès l'entrée, que chacun prendra place où il voudra (c), ou au prémier endroit qu'il fe 134. C. D. Ed. trouvera, fans que cela tire à conféquence pour le rang. La chofe eft encore plus facile, Morell. & Lulors que les Princes s'abouchent incognito, & fans leur train ordinaire: car ils témoignent cela feul, qu'ils ne veulent point avoir de conteftation pour la prééminence. Mais fi l'on ne trouvoit pas à propos de fe dépouiller des marques de la Grandeur Souveraine, en ce cas-là il faudroit tirer au fort; & cela ou de maniére que chaque Prince confervât toûjours la place qui lui feroit une fois échûle, ou en forte que chacun occupât tour à les places, felon que le fort auroit réglé entr'eux l'ordre de la préféance.

par

tour

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rond.

Cap. IV. Philof

Cap. VIII. pag.

cian. Epift. Saturn. ad divit.

p. 628. Tom. II (d) Voiez Pietro della Valle, Itipift. V. Jacob.

Ed. Amft.

ner. Part. IL E

Gothofred. de pracedentia, Part. IIL l'Ambasadeur,

Mi- febr

da Conc. de Trenre, par Fra Pauley

quefort, & l'Hift..

Cela eft encore plus aifé, lors que les Princes ne conférent enfemble que par leurs niftres; d'autant mieux qu'il y a ici un autre moien de prévenir les conteftations, c'eft que les Miniftres aient des caractéres plus relevez les uns que les autres, l'un, par exem ple, d'Ambaffadeur, l'autre d'Envoié, ou de fimple Agent: car cette différence de Dignitez étant de pure inftitution (d), peut être aifément diverfifiée en plufieurs maniéres. Bien Lib. VIII. entendu (e) que la valeur de ces différens caractéres foit réglée par un commun confente bafadeur, & fer ment des Princes: car fi un feul, de fon autorité particuliére, vouloit inventer un nou-

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De l'ordre des

rangs entre pluConfédérées.

V. §. 21. Voiez

Tit. II. De albo

veau caractére, en vertu duquel il prétendit que fon Miniftre dût recevoir certains honneurs chez les Puiffances Etrangères, préférablement aux Miniftres des autres; celles-ci ne feroient pas tenues de fe conformer à la volonté.

Il faut avouer néanmoins, qu'en tout ceci il vaut mieux fouvent imiter la grandeur d'ame d'Agéfilas encore enfant, qui fe voiant placé défavantageusement dans une Affemblée, se contenta de dire: (1) F'en fuis bien aife; car je ferai voir que ce n'eft pas la place qui bonore celui qui l'occupe, mais que c'est au contraire celui qui l'occupe, qui la rend bonorable.

§. XXII. LORS que plufieurs Princes s'uniffant ensemble, pour former une Société de fieurs Puiffances quelque durée, veulent conferver chacun leur égalité, & qu'ils ne trouvent pas à propos de tirer au fort, ni d'avoir la préfeance tour à tour; il y a un autre moien de régler les places, qui tient auffi un peu du fort, & qui ne porte point de préjudice à la Dignité d'aucun des Alliez, c'eft que chacun prenne place dans l'Affemblée commune, felon l'ordre de fa réception. Cela a lieu fur tout par rapport à ceux qui entrent dans le Corps déja formé: car pour ceux qui le forment, il vaut mieux qu'ils tirent au fort, ou qu'ils réglent les places par un accord entr'eux. Comme on fuit cet ordre de la réception, dans la plû(a) Lib. II. Cap. part des Aflemblées des diverfes fortes de Corps & de Communautez, (a) Grotius prononla-deflus Boecler. Ce généralement, que c'est là l'ordre naturel entre ceux qui font Membres d'une même So& Digeft. Lib. L. ciété. Sur quoi il faut remarquer, que, dans ces fortes de Sociétez, la préfeance n'emSeribendo, Leg. I. porte point proprement de fupériorité par rapport à ceux qui viennent après, mais marCod. Lib. X. Tit. que un fimple ordre (1) entre plufieurs perfonnes d'une égale dignité. Grotius remarque LII. De Profello- auffi que cette coûtume s'obfervoit autrefois parmi les Rois & les Peuples Chrétiens, dans Leg. X. Lib. XII. les Conciles, qui repréfentoient le Corps de l'Eglife Univerfelle: car ceux qui avoient les Tit. 11. DeConful. prémiers embraffé le Chriftianifme, paffoient devant les autres, dans ces Affemblées, & c. Leg. I. Tit. IV. De Prefectis autres où il s'agifloit des affaires du Chriftianifme. C'est là-deffus que fe fondent principaPratorio &c. Leg. lement ceux qui s'attribuent encore aujourd'hui la prééminence, même dans les Affempofitis facri Cubi blées Politiques. Mais, quoi que l'on aît peut-être eû raifon de fuivre cet ordre dans les culi &c. Leg. L. Conciles, & autres Affemblées Ecclefiaftiques; il ne paroit pas néceffaire de l'observer dans ronibus, Leg. III. toutes fortes d'Affemblées, ni de reconnoitre pour un titre inconteftable de prééminence Fac. Gothofr. de l'antiquité feule de la profeffion du Chriftianifme. Car, outre que la Religion Chrétienprecedent.Part. II. Cap.III. 5.17,18. ne nous recommande l'Humilité, qui confifte en ce que (2) chacun croie que les autres font plus que lui; & que (3) l'on fe prévienne les uns les autres par des honnêtetez les Ecclé fiaftiques fe font emparez du premier rang dans la plupart des Conciles, par pure ufurpation, en forte que les Séculiers (4) n'y entroient prefque que par furcroit, & qu'ils étoient

ribus & Medicis,

II. Tit.V. de

Tit. XLIV. De ti

5. ΧΧΙ. (1) Ενγε δείξω γδ ὅτι ἐχ οι τόποι τὲς ἄνδρας ἐντίμες, ἀλλ ̓ οἱ ἄνδρες της τόπες επιδεικνύεσι, Plutarch. Apophthegm. Lacon. au commencement, pag. 208. D. Voiez aufli pag. 191. F. & Sympof. Lib. I. Cap. II. III. & Septem Sap. Conviv. L'Auteur remarquoit ici le tour que prit Alfonfe XI. pour accorder en quelque manière les Villes de Burgos, & de Toléde, qui étoient en difpute fur la préfeance, en forte que les deux parties furent fatisfaites. Hieron. Ofor. de rebus geftis Eman. Lib. I. Voiez auffi Gramond. Hift. Gall. Lib. III. vers le commencement.

§. XXII. (1) C'est à cela qu'on peut appliquer ce vers

commun:

Vltimus & primus funt in honore pares.
Car, ajoûtoit nôtre Auteur, ce que dit Aufone (in gra-
tiarum actione ad Gratian. Cap. XXIV. in fin. Edit. Cel-
lar.) Nulla enim eft quidem contumelia fecundi, fed ex
duobus gloria magna pralati:,, Ge n'eft pas à la vérité
,, un deshonneur d'être le fecond; mais il y a de la gloi-
,, re pour celui des deux qui eft préféré à l'autre cela,
,, dis-je, n'a lieu, que quand la préférence eft fondee
«> fur un plus grand degré de mérite.

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(2) Τῇ τιμῇ ἀλλήλως προηγέμοι. Rom. XII, 10, (3) ̓Αλλὰ τῇ ταπεινοφροσύνη ἀλλήλες ἡγεμόνος ὑπερές χοντας ἑαυτῶν. Philipp. II, 3.

(4), En forte (dit ailleurs nôtre Auteur, Diff. de » Exiftimatione, S. 27.) que les Princes & les Rois » étoient regardez, dans les Conciles, prefque comme ,, Sujets des Eccléfiaftiques..... C'eft peut-être par un »refte de certe coûtume pernicienfe qu'en certains en» droits, lors que l'on recommande les Hommes à la

grace de Dieu dans les Priéres publiques, les Ecclé,, fiaftiques ne manquent pas de commencer par eux,, mêmes; & qu'en parlant des trois Etats ou Ordres ,, d'un Roiaume, on met toûjours au prémier rang le » Clergé, enfuite la Nobleffe, & puis le Peuple. Les per,,fonnes de bon-fens ne trouvent pas cependant fort

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honnête ni fort raifonnable, qu'un Miniftre, par ,, exemple, dans les veux qu'il fait le premier jour de ,, l'an, ne prie Dieu pour la profperité du Prince, qu'a» près s'être fouhaitté mille bénédictions à lui-même, ,,& à Mr. fon Collégue; comme fi le falut de l'Etat & de l'Eglife dépendoit plus de la confervation & de » la félicite des Ecclefiaftiques, que de celle du Souve » rain!

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tenus de fe foûmettre humblement à leurs décifions. Quoi qu'il en foit, de ce que l'on céde le pas à quelcun dans une certaine Affemblée, pour quelque raifon particuliére qui n'influe pas en général fur toute nôtre dignité; il ne s'enfuit pas qu'on doive le céder par tout ailleurs, & lors que la rélation, fous laquelle on fe reconnoit inférieur, n'a aucun lieu. C'eft ainfi que, dans chaque Etat, on voit des gens, qui étant Membres de diverfes Affemblées, paffent devant quelcun dans l'une de ces Assemblées, & vont après lui

dans l'autre.

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rain à régler le

§. XXIII. VOILA pour ce qui eft des Egaux. Mais il eft clair, que la Souveraineté C'eft au Souve donne par elle-même à celui qui en eft revêtu, une prééminence (1) de plein droit, fur rang de fes Sufes Sujets (a). Car c'eft fans contredit une condition plus relevée, de commander, que jets. (a) Voiez ce que d'obéir; de difpofer de la volonté des autres, que d'en dépendre foi-même. Et l'on ne dit Neftor (Iliad. peut qu'avoir du refpect pour celui, fous la protection duquel on vit, & qui a en main Lib. I. verf. 277le pouvoir de nous contraindre à lui obéir par la crainte des Peines pour ne rien dire du les qui néan&feqq.) à Achil mérite particulier des Princes, qui peut leur attirer un nouveau degré de vénération, ou moins n'étoit tre celle qui eft due à la Dignité de leur caractére. Ainfi le Gouvernement Civil introduit pas Sujet d'Ag4effentiellement une diftinction de rang entre les Hommes. Il eft clair encore, que plus le Pouvoir des Souverains eft grand, & plus il les rend refpectables à leurs Sujets. La durée même de l'empire, quoi qu'elle n'en augmente point par elle-même les forces & l'autorité, ne laiffe pas d'accroitre confidérablement l'éclat de la Dignité du Souverain.

memnon.

De officio Prato

ram, Leg. III.

A l'égard des Concitoiens (b), c'eft à leur Souverain commun à régler entr'eux les de- (b) Voiez Digeft. grez de l'Eftime de distinction, & à donner le droit de préféance à qui bon lui femble; de Lib. I. Tit. XIV. forte que chacun peut après cela maintenir le rang qui lui a été affigné, & que les autres Concitoiens font indifpenfablement obligez de ne pas le lui contefter; mais il doit aussi en être fatisfait lui-même. (2) Il faut, difoit un ancien Officier de Guerre, tenir pour honorable tout poffe où l'on eft placé pour la défense de l'Etat. Quand même quelques perfonnes fe verroient mises au deffous d'une autre qui paroit avoir moins de mérite, fi elles lui conteftoient fon rang, ou qu'elles ne fuffent pas contentes du leur, elles ne laifferoient pas d'encourir quelque punition (3), comme rebelles aux ordres du Souverain. Cependant, pour prévenir les plaintes & les difputes des gens vains & ambitieux (c), un Prince (c) Voiez Baron's fera fort bien d'avoir égard, dans le réglement des rangs, aux fondemens d'honneur & Serm. fidel. Cap. de dignité, dont nous avons parlé ci-deffus, & fur tout aux fervices confidérables que les Sujets ont rendus à l'Etat; car (4) c'est un trait de la plus fine Politique, de paier ces for

rain! D'autant mieux que ce Prince n'eft pas un des , ennemis ou des perfecuteurs de l'Eglife, auxquels ,, néanmoins l'Apôtre St. Paul ordonne de rendre l'hon"neur, auffi bien qu'aux autres, comme une espece de " tribut, (Rom. XIII, 7.) c'est-à-dire, en vertu d'une "Obligation indifpenfable; mais un Nourricier & un » Protecteur de l'Eglife &c.

§. XXIII. (1) Cela n'empêche pourtant pas (remarquoit nôtre Auteur un peu plus bas) qu'un Sujet ne puiffe être au deffus de fon Prince, à l'égard des qualitez, qui ne donnent qu'un droit imparfait à l'Honneur. Ainfi c'eft par un excès d'ambition ridicule que l'Empereur Adrien fe piquoit d'entendre auffi bien qu'aucun autre, toutes fortes de Sciences. Voiez ce qu'Aufone rapporte d'Alexandre le Grand, dans fa Harangue pour remercier l'Empereur Gratien, Cap. XXV. Mais, quoi qu'un Général ne doive pas tenir à deshonneur d'avoir fous foi des Officiers plus robuftes & plus vigoureux au combat ; ce n'eft pas fans raifon que Domitien difoit, que la qua lité de bon Capitaine étoit propre à l'Empereur: Ducis boni Imperatoriam virtutem effe. Tacit. Agricol. Cap. XXXIX. Voiez ci-deffus, Liv. VII. Chap. IX. §. I. No

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tes

(3) Non eft noftrüm aftimare, quem fupra ceteros, & quibus de caufis extollas. Tibi fummum rerum judicium Dii dedere: nobis obfequii gloria relicta eft.,, Ce n'eft point à » nous de confidérer quel eft celui que le Prince éleve » par deffus les autres, ni pourquoi il l'honore de fon ,, amitié. C'eft au Prince à juger de fes Miniftres, il ne » nous eft resté que la gloire de l'obeillance. Tacit. Annal. Lib. VI. Cap. VIII. J'ai fuivi la verfion d'Ablan court. En effet, file rang de chacun n'étoit réglé, cela produiroit une infinité de troubles & de défordres dans I'Etat. Qua [difcrimina ordinum dignitatumque] fi confur fa, turbata, permifta fint, nihil eft ipfà aqualitate ina? quatius. Plin. Lib. IX. Epift. V. Voiez Cod. Lib. XII. Tit❤ VIII. Ut dignitatum ordo fervetur, Leg. 1. Lucien, dans le Jugement des Voielles; &, dans Xenophon, Cyrop. Lib. VIII. p. 130. Ed. H. Steph. de quelle manière Cyrus pla çoit ceux qu'il admettoit à fa table.

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(4) Montagne a fait cette remarque, & fes paroles méritent bien d'être rapportées ici. C'a efté, dit-il, », une belle invention, & receue en la plufpart des Polices du monde, d'eftablir certaines marques vaines ,,& fans prix, pour en honorer & recompenfer la Ver,, tu: comme font les Couronnes de Laurier, de Chef, ne, de Meurte; la forme de certain Veftement; le », privilege d'aller en coche par ville, ou de nuict.avecques flambeau; quelque aliete particuliere aux Af

fem

LIII.

280, 281. Ovid.

verf. 366, 367.

(e) Voiez Bodin. de Republ. Lib. III. Cap. VI. P.

tes de fervices en honneurs & en dignitez, plûtôt qu'en argent, ou autres femblables récompenfes: d'autant mieux que les plus grandes marques de diftinction, dans un Citoien, ne font au fond qu'une vaine fumée, fi elles ne font conférées en vue des fervices & du fecours que les autres Citoiens d'un rang moins élevé ont reçû, ou peuvent recevoir de lui. Mais comme, pour placer chacun felon fon mérite propre & perfonnel, il faudroit faire très-fouvent la revue de tous les Citoiens, ce qui engageroit les Princes à un foin fort pénible, & rendroit mécontens la plus grande partie de leurs Sujets, chacun regardant pour l'ordinaire à ceux qu'il voit devant lui, & non pas à ceux qu'il laiffe dérriére; on a trouvé que le meilleur expédient étoit de régler les rangs, du moins entre les Citoiens les plus diftinguez, à proportion de la dignité des Emplois Publics dont chacun eft re

vêtu.

Sur ce pied-là, pour ôter tout prétexte aux plaintes & aux murmures, on ne doit conférer aucun Emploi qu'à ceux qui le méritent, & qui font capables de s'en bien aquitter; & il faut auffi régler d'une maniére convenable le degré d'honneur que l'on attache à chaque forte d'Emploi. Or en général l'ordre le plus naturel, c'eft de les faire regarder comme plus ou moins honorables, felon que leurs fonctions embraffent des affaires plus ou (d) Voiez Homer. moins confidérables & importantes pour le bien de l'Etat, ou felon qu'elles demandent (d) Iliad. Lib.I. verf. de plus beaux ou de moindres talens, & des qualitez d'Esprit plus ou moins excellentes. Metam. L. XIII. Quelquefois pourtant (e) on attache à certains Emplois beaucoup d'honneur, & peu d'autorité; de peur que la Dignité des Magistrats, foûtenue d'une trop grande puiffance, ne les porte à confpirer contre l'Etat. Pour ceux qui font revêtus d'une même forte d'Emploi, il faut donner les plus hauts rangs à ceux qui exercent les fonctions les plus nobles & les plus confidérables. Au refte, il arrive très-fouvent, que ceux qui exercent un mê me Emploi, ne font pas tous en général & chacun en particulier au deflus de tous ceux qui en exercent un autre moins relevé par lui-même; mais celui qui tient le prémier rang dans l'ordre de l'Emploi le moins confidérable, ne céde le pas qu'à celui qui tient le prémier rang dans l'autre ordre plus relevé, tous les Collégues de celui-ci étaut tenus de céder à l'autre. Il eft plus rare de voir qu'une Charge foit rendue honorable par le mérite de (f) Qui confiftoit la perfonne qui en eft revêtue, comme autrefois à Thèbes l'emploi de (f) Téléarque, deprendre foin puis qu'Epaminondas l'eût exercé: quoi que d'ailleurs, à confidérer le prix propre & inles rues, & les trinféque des Honneurs & des Dignitez, on aît raifon de dire, avec un Ancien (5), que egouts publics. la Préture, le Confulat, & les autres Charges, ne donnent pas la gloire par elles-mêmes,

sor.

de faire nettoier

Plutarch. in Reip..

ger. pracept. p. $11. B.

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femblées Publiques; la prerogative d'aucuns furnoms

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mais

», pretendist avec tant de defir & d'affection, qu'elle faifoit à l'Ordre; ny qualité qui apportaft plus de ,, refpect & de grandeur: la Vertu embraffant & afpi,, rant plus volontiers à une recompenfe purement fien,, ne, pluftoft glorieufe, qu'utile. Carà la verité les autres dons n'ont pas leur ufage fi digne, d'autant » qu'on les employe à toute forte d'occafions. Par des richeffes on fatisfait le fervice d'un Valet, la diligen»ce d'un Courrier, le danfer, le voltiger, le parler, ,, & les plus vils offices qu'on reçoive: voire & le Vi,, ce s'en paye, la Flatterie, le Maquerelage, la ,, Trahifon ce n'eft pas merveille fi la Vertu reçoit ,, & defire moins volontiers cefte forte de monnoye commune, que celle qui luy eft propre & particuliére, toute noble & genereuse. Effais, Liv. II. Chap. VII.

& Tiltres; certaines marques aux Armoiries; & cho-
,, fes femblables; de quoy l'ufage a efté diversement
receu felon l'opinion des Nations, & dure encore.
,,Nous avons pour noftre part, & plufieurs de nos voi-
,, fins, les Ordres de Chevalerie, qui ne font establis
qu'à cefte fin. C'est à la verité une bien bonne & pro-
fitable coutume, de trouver moyen de recognoistre,
la valeur des hommes rares & excellens, & de les
contenter & fatisfaire par des payemens qui ne char-
,, gent aucunement le Public, & qui ne couftent rien au
» Prince. Et ce qui a efté tousjours cogneu par experience
, ancienne, & que nous avons autrefois auffi peu voir
,, entre nous', que les gens de qualité avoyent plus de
5, jaloufie de telles recompenfes, que de celles où il y
avoit du gain & du profit; cela n'eft pas fans raifon
& grande apparence. Si au prix, qui doit eftre fim-
plement d'honneur, on y melle d'autres commoditez,
& de la richeffe; ce meflange, au lieu d'augmenter
l'eftimation, la ravalle & en retranche. L'Ordre de
St. Michel, qui a efté fi long-temps en credit parmi
,, nous, n'avoit point de plus grande commodité, que
,,celle-là, de n'avoir communication d'aucune autre
» commodité. Cela faifoit qu'autrefois il n'y avoit ni
» Charge ni cftat, quel qu'il fust, auquel la Noblesse

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دو

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(s) Proinde quafi Pratura, & Confulatus, atque alia omnia hujufcemodi per fe ipfa clara & magnifica fint, ac non perinde habeantur, ut eorum, qui ea fuftinent, virtus eft. Salluft. in Bell. Jugurth. à la fin de la Préface. J'ai fuivi la verfion de Caffagne. Voiez la plaifanterie du Philofophe Antisthéne, pour reprocher aux Athéniens le peu de foin qu'ils apportoient au choix de leurs Généraux ; dans Diogene Laerse, Lib. VI. §. 8.

XII. Tit. VIII. Ve

Sueton. in Vefpaf

Cap. IX.

Du rang que

doivent tenir en

eux les Citoiens de divers

Etats.

baffadeur, & fes

mais qu'elles participent aux qualitez de ceux qui les poffédent, & qu'elles ne font honora- (g) Voiez Cod. L. bles qu'à celui qui les honore par fa vertu. Que fi les Citoiens réglent entr'eux leurs rangs dignitatum ordo par un commun accord (g), ou s'il y a un certain ordre établi dans l'Etat par la Coûtu- fervetur, Leg. II. me; l'un & l'autre aura force de Loi, tant que le Souverain n'en difpofera pas autrement, (h) Voiez encore & qu'il laiflera les chofes fur le pied où elles étoient (h). §. XXIV. A L'EGARD des Citoiens de divers Etats, il eft clair, que toutes les qualitez, qui font le fondement de l'Eftime de diftinction, ne donnent à ceux qui les poflédent, qu'un droit imparfait de prétendre à caufe de cela quelque honneur & quelque refpect de la part de ceux qui en font deftituez; & cela foit que celui, qui a plus de mérite, vienne comme Etranger dans le Païs de l'autre qui en a moins, foit qu'ils s'abouchent en lieu tiers: à moins que le Prince n'aît ordonné à son Sujet de céder le pas à l'Etranger, ou que la chofe ne foit décidée par quelque Convention, ou par une Coûtume reçûe. Ainfi, quelque relevé que foit un Emploi, il ne donne à celui, qui en est revêtu, aucun droit de prendre le pas devant les Sujets d'un autre Etat, qui exercent un Emploi approchant de quelque Emploi inférieur au fien dans fon Païs (a): car, comme perfonne n'eft tenu (a) Voiez l'Amde fe foumettre aux Loix des Pais Etrangers, on ne peut pas non plus s'attribuer à l'égard fonctions, par Mr. des Etrangers, le même droit que l'on a par rapport à fes propres Concitoiens. Or il dé- de Wicquefort. pend de chaque Souverain d'attacher telle dignité & tel prix que bon lui femble, aux Titres, & aux autres marques d'Honneur, que les autres conférent à quelcun, auffi bien qu'à celles qu'il donne lui même. D'ailleurs les Emplois, dont la diverfité forme la dif tinction des rangs, font au fond plus ou moins honorables, felon les différens Pais. Les qualitez même les plus avantageules, & qui forment le mérite le plus éclattant, & le plus folide, font moins eftimées en certains endroits, qu'en d'autres. Les Vertus Civiles, par exemple, paffent pour plus honorables en certains Pais, au lieu qu'ailleurs on fait plus de cas des Vertus Militaires. Les Titres fur tout varient extrémement; de forte que non feulement le même Titre marque des Dignitez différentes, felon les divers Etats où il eft en ufage, mais encore, dans le même Etat, il eft tantôt plus, tantôt moins honorable, de (b) vVoiez des même que le prix des autres choses augmente ou diminue avec le tems. En effet, la va- exemples conleur des marques extérieures de diftinction dépend des réglemens de chaque Etat; quoi que ceron, Orat. in les qualitez, qui font le fondement de l'Eftime & de l'Honneur, aient par tout leur prix Verr. Lib. III. C. elles-mêmes, & felon le jugement des Sages: d'où vient qu'il n'eft point de Pais où lin. ult. Ed. Gral'on n'eftime & l'on ne loue la Vertu, les beaux talens, & l'adminiftration fage & fidele vii; pro M. Fontin, to 4. des Emplois difficiles & de grande conféquence. Cependant, comme on préfume que les tero, Cap. VIII. marques d'honneur le donnent toûjours au mérite, parmi tous les Peuples civilifez; on Flacco, Cap.XIII. regarde ordinairement un Etranger, qui a des Emplois confidérables (b), à peu près fur vers la fin." le même pied qu'il eft confidéré dans fon Pais: mais on le fait par pure civilité, & non en vertu d'aucune Obligation parfaite où l'on prétende être, ni où l'on foit véritablement, à cet égard. §. XXV. *LA Naiflance étant regardée, parmi plufieurs Peuples, comme une chofe qui (a) Que l'on emporte quelque dignité; il ne fera pas hors de propos, avant que de finir cette matiére, en certains end'examiner ici avec un peu de foin les droits & les (a) priviléges de la Nobleffe. Il eft clair droits. Voiez d'abord, qu'une Naiffance illuftre ne donne par elle-même ni un meilleur tempérament, Cap. LXXIV. quoi que la bonté des alimens, dont les Gens de qualité fe nourriffent d'ordinaire, y con- Hieron. Ofor, de tribue quelque chofe; ni un génie plus excellent; ni des fentimens & des inclinations plus Lib. II. Ph. Bald. nobles. Un fimple Roturier peut fe trouver auffi avantageufement pourvû de tout cela; & Defe. Ora Malab la Nature ne produit pas d'une autre maniére, ni d'une meilleure pâte, les Gens de qua- Cap. XXVI. & de lité, que le menu peuple. La Fidélité Conjugale eft ou peut être gardée auffi inviolable- Idol. Indor. Part. ment dans les Mariages des perfonnes du commun, que dans ceux des Gentilshommes; Mandello, Itin. & l'on auroit bien de la peine à perfuader, que les lits d'or & de pourpre foient moins Lib. II. Cap. X. fouvent témoins des galanteries des Femmes, que les couchettes fimples & fans ornement. Abr. Roger, de

TOM. II.

Ece

On

traires dans Ci

XXIII. pag. 44.

in fin. & pro L.

La Noblesse n'eft pas un titre

naturel de diftinction.

pouffe trop loin

Diod. Sic. Lib. I.

reb. geft. Eman.

Coromandel.

II. Cap. XVI.

Bramin.Cap.I.II.

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