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1. Les connaissances sont nécessaires et utiles, ou bien elles contribuent à l'agrément et au luxe de la vie.

Les connaissances séparent la vie sauvage de la vie civilisée; elles seules établissent la supériorité réelle de l'homme sur l'homme; elles forment la jeunesse à la pratique de la vertu, en développant ses facultés intellectuelles, et en la pénétrant du sentiment des obligations morales.

Les connaissances sont la base véritable du bonheur.

2. Les connaissances nécessaires sont celles qui ont pour but de pourvoir l'homme des aliments indispensables à son existence.

3. Les connaissances utiles comprennent l'agriculture, la construction des édifices publics et particuliers, la fabrication des vêtements, la médecine, la chirurgie, et tous les arts conservateurs des intérêts sociaux et protecteurs de l'intégrité nationale.

4. Les connaissances qui contribuent à l'agrément de la vie, comprennent celles qui doivent leur origine et leurs progrès au goût et à l'imagination, tels sont : le dessein, la peinture, la poésie, la grammaire, la géométrie, l'éloquence, l'histoire, la musique, la danse, le théâtre, et les langues vivantes.

5. Les connaissances de luxe embrassent les recherches abstraites, la physique transcendantes, la métaphysique, toutes les études spéculatives, le blason, les antiquités et les langues

mortes.

6. L'homme se distingne de la brute par la supériorité de ses facultés, et il est communicatif, plus sociable; il possède à un degré bien plus éminent le don de la mémoire, de l'imitation, de la réflexion et du raisonnement; c'est de l'application de ces précieux avantages que dérivent les connaissances.

7. L'homme tel qu'il sort des mains de la nature, ne semble occuper qu'un rang peu avantageux dans l'immeuse échelle des êtres, il n'est pourvu ni de vêtements, ni d'armes défensives; en proie aux mêmes besoins que la brute, il n'a pour les satisfaire que les productions sauvages et spontanées de la terre; mai

t'homme civilisé, l'homme régénéré par le développement de ses facultés prend sa place à la tête de la création, dispose en souverain de toutes les richesses du sol et commande même aux vicissitudes des climats.

Obs. Il y a des nations qui ae nos jours encore vivent continuellement dans les cavernes souterraines, dans un état complet de nudité et, ne tirent leurs subsistances que des productions brutes de la terre et de la chair des animaux, qu'ils détruisent par différents stratagèmes. Tels sont quelques peuples de l'Afrique, les naturels de la nouvelle Hollande, ceux de la baie d'Hudson, une grande partie des insulaires de la mer du Sud, les Groenlandais, et plusieurs nations de la Sibérie.

8. C'est à la culture des connaissances que nous devons notre grande supériorité sur ces peuples barbares. Les arts utiles perfectionnés par les sciences, et les sciences elles-mêmes éclairées par le fanal de la philosophie, voilà ce qui forme l'homme civilisé et instruit, voilà ce qui l'élève au-dessus de ses imperfections naturelles et lui imprime le caractère de sa dignité.

Obs. On n'a qu'à comparer les misérables huttes des sauvages avec les constructions des peuples civilisés, leurs arts défensifs, leurs vêtements, leurs instruments domestiques, les fruits de leur industrie, leurs progrès intellectuels; on n'a qu'à comparer leurs jouissances et leurs privations, et l'on reconnaîtra combien il a fallu d'esprit à de certains sophistes, c'est-à-dire, combien il a fallu abuser de l'expérience et de la raison, pour placer l'homme de la société au-dessous de l'homme de la nature.

9. La civilisation, née sur les bords heureux du Gange, parcourut successivement la Perse, l'Egypte, la Grèce, et l'Italie d'où elle se répandit dans la plus grande partie de l'Europe, soutenue par le génie belliqueux des Romains. L'irruption des barbares du Nord paralysa pendant quelques temps sa marche bienfaisante, mais lorsqu'à la chute du colosse romain, s'élevèrent ces monarchies nombreuses qui font encore aujourd'hui de l'Europe une vaste confédération d'états indépendants, la civilisation reprit son essor, et marchant au but à travers quinze siècles de combats continuels, tantôt victorieuse, tantôt défaite, mais jamais abattue, elle consolida enfin l'état social dont nous jouissons dans notre pays et dont les rameaux finiront par em-brasser les deux extrémités du monde.

10. Retracer le précis de ces connaissances, filles de la civiusation, suivre leur marche progressive depuis les temps les olus barbares jusqu'à nos jours, les rendre chères à la jeunesse et aux esprits les moins éclairés, en leur en offrant l'histoire sous les formes les plus faciles, voilà le but et l'objet de ce livre.

DES ARTS

ET

DE LA VIE SAUVAGE.

11. La natation, la chasse, la pêche, voilà les seuls arts que possédaient les habitants originaires de la France et que l'on retrouve encore de nos jours chez tous les peuples barbares.

12. L'art de la natation consiste à se frayer un passage à la surface de l'eau au moyen de mouvements combinés des bras et des mains

Obs. Le secret de cet art dépend de l'agilité et de la vigueur des bras et des mains, de l'adresse à fendre les vagues qui s'opposent au passage. La partie du corps qui s'élève au-dessus de l'eau sert aussi à faire avancer celle qui est au-dessous. Les petits animaux nagent sans instruction, ils n'ont pas la facilité d'élever leurs pattes de devant au-dessus de la tête.

13. Les sauvages ne connaissent d'autre chasse que celle à pied, ils n'ont pour toute arme qu'une massue et comme le succès de cette chasse dépend en grande partie de la vigueur et de l'agilité, c'est ordinairement au plus fort et au plus agile d'entre eux, que ces peuples confient l'honneur du commandement.

Obs. Hercule, le héros de l'antiquité, n'est armé que d'une massue; c'est avec cette arme, dit-on, qu'il a fait tous ses merveilleux exploits. Plusieurs nations

cependant, peu au-dessus des sauvages, connaissent l'art de lancer des flèches.

14. On ne peut qu'admirer l'adresse des sauvages dans l'exercice des armes de trait; ils percent le poisson dans l'eau, arrêtent l'oiseau au vol: aucun ennemi ne peut leur échapper, ils sont sûrs de leurs coups.

Obs. L'écriture sainte nous a raconté l'adresse du jeune berger David dans son combat inégal contre le colossal Goliath. Les insulaires de la mer du Sud se distinguent journellement par la même agilité, la même précision.

15. La découverte du feu artificiel fut un premier acheminement de la vie sauvage à un meilleur état de choses; un grand nombre de peuples barbares en ignoraient l'usage. A la première arrivée des Espagnols les habitants des îles Larrons considéraient le feu comme un monstre invisible qui dévorait tout ce qui l'entourait. 16. Les Perses et autres nations orientales, après la découverte du feu, firent de sa conservation l'objet d'un culte superstitieux. Ils en entretinrent dans les temples pendant une suite de plusieurs siècles, de là leur nom d'adorateurs du feu,

17. Le frottement rapide de deux morceaux de bois, jusqu'à ce qu'ils s'enflamment donne du feu aux sauvages; commes ces peuples n'ont point de métaux ils ignorent le procédé si simple de communiquer l'étincelle à la mèche par le choc violent de la silice et de l'acier.

Obs. Le feu et la chaleur sont le résultat de fortes commotions, et il ne faut pour conserver un feu que l'entourer de matières propres à recueillir les commo tions particulières et à les propager à l'entour.

18. L'habillement des sauvages ne servait qu'à les prémunir contre l'inclémence de la température, et ne se composait que de peaux d'animaux ou de productions végétales, sans autre préparation industrielle.

Obs. Les vêtements n'ont aucune chaleur pai euxmêmes, mais ils servent à prévenir la dispersion de la chaleur produite par la transpiration. La laine et les autres matériaux qui entrent dans la fabrication des

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