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M. l'abbé Ricard vient de nous donner son deuxième volume d'études sur l'École menaisienne. Après s'être montré l'historien le plus complet de Lamennais (V. Livre, janvier 1883), -il a cru« pouvoir rapprocher dans un volume les deux premiers disciples de l'École menaisienne, d'autant que, admis les premiers à la pensée du maître, ils le suivirent avec une unanimité de vues et de sentiments telle que leur action se confond souvent, comme leur biographie, au point de créer quelques difficultés, quand on veut les distinguer l'un de l'autre ». Mgr Gerbet et Mgr de Salinis se complétaient l'un par l'autre; on eût dit David et Jonathas.

M. l'abbé Ricard vise sans cesse le but auquel il veut faire aboutir son œuvre : ce ne sont point des personnages historiques, pris à part, qu'il a voulu peindre; ce sont des hommes en tant qu'expression de la société dans laquelle ils ont été appelés à vivre. Gerbet et Salinis, d'abord disciples de Lamennais et plus tard ses contradicteurs les plus acharnés par leurs écrits et par leur vie, voilà la raison d'être de ce volume; sinon il mentirait à son titre.

L'auteur s'est oublié quelquefois, en n'indiquant pas d'une façon précise la part d'influence que le maître, ou plutôt les doctrines du maître avaient eue sur les événements de la vie de l'un et de l'autre évêque; alors on perd de vue Lamennais pour ne songer qu'à chacun des disciples en particulier. C'est d'ailleurs la seule critique que nous ayons à relever. Félicitons le biographe d'avoir su faire revivre, darfs des pages pleines de grâce, la physionomie de celui que Lamartine appelait le nouveau « Platon chrétien ». D'ailleurs, Sainte-Beuve disait en parlant de Mgr Gerbet que c'était l'un des hommes les plus savants, les plus distingués et les plus vraiment aimables que puisse citer l'Église de France.

Il était à craindre que M. l'abbé Ricard, en rapprochant ainsi l'existence de ces deux prélats français, ne donnât dans le risque de se répéter à chaque page. « Cet écueil, d'après l'aveu d'un critique fort auto

BIBL. MOD. - V.

<< risé et dont nous partageons volontiers l'opinion, il «l'a évité... Ses deux héros, vivant de la même vie du « cœur, conservent cependant leur physionomie parti« culière, physionomie ravissante, qui inspire la plus « haute estime et pour leurs vertus et pour leur magnifique talent. »

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Nul doute que ce nouvel ouvrage ne soit accueilli dans le monde catholique avec un vif empressement.

L. B.

Mes années d'esclavage et de liberté, par FRÉDÉRIC DOUGLAS, marshal de Colombie, traduction de l'anglais par le traducteur de la Grande armée des misérables. I vol. in-18; Paris, E. Plon et Cie, 1883.

C'est une autobiographie; mais l'esclave devenu un homme, mais la chose possédée devenue le libérateur de ses semblables, n'a pas dit seulement ses années d'esclavage et de liberté, il a dévoilé tous les maux épouvantables soufferts par quatre millions d'esclaves; il a montré les volontés, les énergies qu'il a fallu prouver pour faire admettre, enfin, du législateur et de la plupart des citoyens de l'Union cette vérité, que noirs ou blancs, tous les hommes sont hommes. Il a écrit l'histoire de l'abolition de l'esclavage aux États-Unis, et l'histoire est un livre autrement attachant que ce roman que fit, il y a trente ans, mistress Beecher-Stowe.

Le roman n'en médisons pas a gagné nombre d'adhérents, en Amérique, en Angleterre, à cette cause de l'affranchissement, que la France, c'est à son honneur, a toujours soutenue. Le roman a une valeur historique. L'histoire, elle peut avoir pour nous, si nous la voulons lire et bien lire, une haute valeur morale. Le traducteur a exprimé ce regret à la fin du volume, que M. Frédéric Douglas ait pensé conseiller aux noirs une certaine indépendance d'esprit en matière religieuse; M. Frédéric Douglas, chrétien, réprouve l'abandon que l'on peut faire de sa personnalité, il condamne toute soumission volontaire à ce que l'on appelle les décrets de la Providence, comme à ce que certains nomment les lois de la nature, les lois de l'évolution; disciple plus ou moins conscient d'Emerson, le moraliste américain que l'on ne connait pas

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assez en notre pays, il estime que l'on a le devoir d'être soi, qu'on ne doit dépendre de personne, et qu'il faut jalousement entretenir au fond de son cœur le sentiment de sa dignité. Bienveillance, dévouement, respect, voilà les trois vertus qu'il vante. Il les a pratiquées; il a conduit, comme le général Lee, son adversaire dans la guerre de sécession, une belle vie qui peut être proposée en exemple.

Son histoire mériterait, bien mieux que tel livre de M. Zola, d'être publiée à soixante mille exemplaires. Combien aura-t-elle d'éditions?

F. G.

De l'origine des espèces par sélection naturelle ou des lois de transformation des êtres organisés, par СнH. DARWIN. Traduction de Mme Clémence Royer, avec préface et notes du traducteur. 4o édition revue d'après l'édition stéréotype anglaise, avec les additions de l'auteur. Un vol. in-12; Paris, C. Marpon et E. Flammarion. Prix : 5 francs.

On dit la préface de Mme Clémence Royer, et chacun entend du reste de quelle préface, de quel livre il est parlé. Mme Clémence Royer, publiant la quatrième édition de sa traduction de l'Origine des espèces, n'a eu garde de retrancher sa fameuse préface, et nous retrouvons ici cette condamnation de la charité que quelques évolutionnistes, non pas tous, ont osé répéter: « La loi de sélection naturelle, appliquée à l'humanité, fait voir avec surprise, avec douleur, combien jusqu'ici ont été fausses nos lois politiques et civiles, de même que notre morale religieuse. Il suffit d'en faire ressortir un des vices les moins signalés, mais non pas l'un des moins graves. Je veux parler de cette charité imprudente et aveugle pour les êtres mal constitués où notre ère chrétienne a toujours cherché l'idéal de la vertu sociale, et que la

démocratie voudrait transformer en une sorte de solidarité obligatoire, bien que sa conséquence la plus directe soit d'aggraver et de multiplier dans la race humaine les maux auxquels elle prétend porter remède. On arrive ainsi à sacrifier ce qui est fort à ce qui est faible, les bons aux mauvais, les êtres bien doués d'esprit et de corps aux êtres vicieux et malingres. Que résulte-t-il de cette protection inintelligente accordée exclusivement aux faibles, aux infirmes, aux incurables, aux méchants eux-mêmes, enfin à tous les disgraciés de la nature? C'est que les maux dont ils sont atteints tendent à se perpétuer indéfiniment; c'est que le mal augmente au lieu de diminuer, et qu'il s'accroît de plus en plus aux dépens du bien.

La protestation de M. Darwin appartient à l'histoire; il a réclamé contre les exagérations des darwinistes, plus darwinistes que lui-même, étendant son transformisme, induction fondée sur des observations patientes, de manière à composer une doctrine métaphysique d'évolution; il n'a jamais été d'accord avec Mme Clémence Royer, avec Herbert Spencer, avec Hæckel; jamais il n'a prétendu nier l'instinct, en faire une simple habitude héritée. Cela est acquis.

De cela, Mme Clémence Royer ne se soucie guère. Dans la préface de cette quatrième édition, elle affirme n'avoir dégagé d'autres conséquences que celles que Darwin a lui-même dégagées par la suite.

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QUESTIONS POLITIQUES ET SOCIALES

L'État enseignant et l'École libre, par M. GUARDIA. In-12. Pédone-Lauriel, édit., Paris.

M. Guardia, docteur en médecine et docteur és lettres, a voulu dire son mot sur la liberté de l'enseignement et le rôle de l'État dans l'instruction et l'éducation nationales. Nous ne nous en plaindrions pas, si ce mot apportait quelque nouvelle idée, ou tout au moins s'il condensait les nombreuses idées qui ont été émises sur la question.

Mais il a le défaut grave de se multiplier en deux cent soixante-huit pages, et l'auteur n'a pas même eu la charitable précaution de les couper en chapitres définis un poteau indicateur serait pourtant bien

utile au repos du lecteur, que ne soutient pas suffisamment ce style inégal, qui, de la phrase bourrée, tendue, aux prétentions magistrales, passe soudain au langage commun et aux locutions toutes faites.

Ce qui effraye M. Guardia, c'est l'omnipotence future de l'État. « L'Église n'a jamais connu la tolérance; l'État la désapprend, » s'écrie-t-il.

«La vie sociale avec le moins de gouvernement possible, » c'est sa devise.

Sans doute, c'est un vœu raisonnable; mais M. Guardia ne nous indique pas les moyens de le réaliser.

L'État intellectuel et moral des jeunes générations l'inquiète, et nous sommes du même sentiment; nos jeunes gens se forment mal pour la plupart et ap

prennent mal à vivre; la chasse au diplôme, la recherche unique et exclusive de l'étiquette officielle qu'imprime la réception dans une école du gouvernement, nuisent aux études et aux caractères, en détruisant l'originalité et l'amour vrai du travail.

Il faut louer M. Guardia de songer à ces dangers; son effort pour les conjurer est d'intention patriotique. Mais supprimer la rhétorique, comme il le conseille, et réformer l'enseignement de la philosophie de la façon qu'il propose, est-ce un remède garanti?

Cette discussion pédagogique n'est pas de mise ici toutefois, notre conclusion apporterait bien des restrictions à celles de M. Guardia ; et nous ne sommes pas convaincu que les écoles libres soient nécessairement supérieures à celles de l'État. En matière d'éducation, l'œuvre est des hommes et non des choses.

P. Z.

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Quand nous avons rendu compte des premiers volumes, on pouvait espérer que de longtemps la publication entreprise ne serait pas terminée; on pouvait croire que, pendant de longues années encore, l'illustre orateur mettrait au service de son pays, au service de la République, son intelligence et son talent. Maintenant, on sait le nombre de tomes à paraître.

Les quatre derniers parus sont là, sur notre table; tous lus et relus; avec quelle émotion, on le peut deviner. Ils sont l'histoire de trois années, et cette histoire, que nous vivions hier, est, pour la plus grande partie, l'œuvre de Gambetta.

Ceux-ci, les tomes V et VI, renferment tous les discours prononcés quand commence d'être appliquée la Constitution votée par l'Assemblée nationale. Gambetta préside aux élections des délégués sénatotoriaux, et définit, devant le pays, le rôle du Sénat. Il se présente dans la deuxième circonscription de Lille, et c'est à la France tout entière qu'il dit quelles doivent être les élections législatives du 20 février 1876 « Il faut que nos élus soient des républicains de principe qui aient reconnu que dans cette France contemporaine, ainsi que l'a faite son passé, ainsi que le commande son présent, ainsi surtout que l'exige son avenir, en présence de cette indestructible démocratie, il n'y a qu'un gouvernement qui, pouvant l'envelopper, l'exprimer et la résumer, soit capable de la diriger, de l'épurer, de l'améliorer : c'est le gouvernement de tous par tous, le gouvernement du pays par le pays, le principe électif étant à la base et au sommet de l'État, et le suffrage universel fonctionnant et exprimant la souveraineté nationale, c'est-à-dire l'égalité politique. Ce gouvernement, c'est la République. » Et Gambetta parle à Avignon, à Bordeaux, comme il a parlé à Lille. Les Chambres ne sont plus en session; le député de Bel

leville vient «< rendre ses comptes » à ses électeurs, c'est de l'amnistie, alors maladroitement et inopinément réclamée, qu'il les entretient : « La clef de notre politique, qualifiée avec un dédain assez ridicule d'opportuniste, consiste à ne s'engager jusqu'au bout dans une question que lorsqu'on est sûr d'avoir, sans conteste, la majorité du pays avec soi. Mais quand il y a des hésitations, quand le pays n'a pas manifesté sa volonté, quand il est divisé, quand il répugne à une mesure, quand l'adoption de cette mesure jetterait le trouble dans le suffrage universel, en même temps qu'elle serait une cause de faiblesse et de ruine pour le gouvernement, quelle que soit l'ardeur qui nous pousse, je résiste et je résisterai toujours. >>

Le tome VII est l'histoire des sept mois qui ont suivi le coup d'État « légal » du 16 mai. En aucun temps plus qu'en celui-là Gambetta ne s'est montré politique plus avisé, prudent dans ses conseils, ferme dans ses résolutions. MM. de Broglie et de Fourtou tenaient l'administration, et lui il gouvernait le pays. Il a voulu la réélection des 363; il l'a préparée, il l'a faite. Le jour même qu'on connaît le renvoi de M. Jules Simon, il prend la parole dans une réunion plénière, indique la conduite à tenir, le vote à émettre, à la séance du lendemain, et le lendemain il est à la tribune. Il répond aux étudiants de Paris qui lui ont transmis une adresse; il va à Amiens, à Abbeville; il stigmatise les ministres et il les raille, car la France, qui tient sa destinée dans ses mains, renverra tout entière la Chambre dissoute. Mais le discours magnifique du grand homme d'État est le discours prononcé à Lille, le 15 août; celui-là que M. Thiers admire entre tous, assure définitivement la victoire.

Entre « la soumission » et « la démission » de M. le maréchal de Mac-Mahon, une année seulement d'intervalle. Au tome VIII, tous les discours prononcés en cette année-là: discours au Cercle national, à la réunion du Cirque américain, discours de Valence, de Romans, de Grenoble, discours au banquet des voyageurs de commerce.

Gambetta a dirigé la mentalité politique de notre pays; il est l'auteur d'une double révolution intellectuelle ayant réussi à substituer dans les esprits, aux doctrines et à la méthode des républicains de 1848, la conception d'une république parlementaire et le souci de n'accomplir de réformes qu'autant que, rationnelles, elles répondront à des besoins, à des aspirations, très certainement très généralement accusés.

F. G.

Le nouveau parti, par BENOÎT MALON. Tome Ier : Le parti ouvrier et ses principes; tome II: Le parti ouvrier et sa politique. Volumes in-12. Paris, Librairie du parti ouvrier socialiste français; 1882.Prix 1 fr. 5o.

La déclaration des Droits de l'homme a été, dans l'ordre politique, ce qu'ont été, dans l'ordre moral et religieux, les protestations de Luther et de Calvin;

mais les principes de 89 ne sont que mensonge pour le positiviste, et les évolutionnistes sont obligés, de par la logique, de faire même profession. Le parti ouvrier fonde ses aspirations sur les données du matérialisme; il est catholique, en dépit de ses négations, tout comme le sont les disciples d'Auguste Comte et ceux de M. Spencer. Le droit individuel, imprescriptible, inviolable, le droit égal pour tous, c'est formule qu'il n'entend pas; il nie Dieu, il nie la possibilité de certaines sanctions, il nie la continuité de la personne après la vie, il prétend, sans effort de sa part, aux jouissances matérielles, voire aux jouissances esthétiques, l'intelligence des œuvres d'art ne va pas sans un sentiment profond de la dignité humaine, mais il ignore cela, et pour s'assurer le bien-être tout de suite, il ne tend à rien moins qu'à rétablir une organisation qui soit à la fois harmonie et providence. Une sociocratie au lieu d'une hiérocratie, la différence est peu grande.

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« Aujourd'hui, la bourgeoisie toute-puissante veut maintenir en régime de servitude et d'exploitation la quatrième classe (ensemble des travailleurs), et pour cela elle s'unit, au besoin, aux deux premières classes (les prêtres, les guerriers, le clergé et la noblesse), qu'elle a dépossédées. Mais la quatrième classe entend universaliser le pouvoir et la propriété, et se constitue en parti de lutte pour en arriver là. Telle est la situation actuelle, quoi qu'en puissent dire les sophistes bourgeois : c'est le dernier drame de la guerre des classes qui se prépare. »

Pourquoi ce mot: classe? et pourquoi ce mot: quatrième? Il n'y a pas de classes du tout depuis tantôt un siècle; tous les citoyens sont égaux; ils ont mêmes droits civils et mêmes droits politiques.

Le parti ouvrier veut la servitude pour lui, pour nous aussi; il sera le plus fort, étant le nombre; il gouvernera; il sera tyrannisé, que lui importe! il sera tyrannisant.

« Au sortir de la Révolution, l'ouvrier, qui avait perdu ses anciennes garanties professionnelles, se trouvait légalement infériorisé par les restrictions suivantes.

A. Au point de vue civil: Obligation du livret, cette mise en carte de la classe ouvrière. Article 1781 du Code civil, portant que le patron était cru sur son affirmation pour les questions de salaire. Dispositif partial de la loi sur les prud'hommes, etc.

« B. Au point de vue politique : Privation du droit électoral. Déni du droit d'association, de réunion et de coalition reconnu en fait aux employeurs, etc.

« C. Au point de vue social: Ignorance forcée et conséquences désastreuses, tant au point de vue moral qu'au point de vue matériel, qui en découlent. Insécurité et angoisses résultant de la possibilité d'être à tout moment jeté affamé sur le pavé, soit par le bon plaisir de l'employeur, soit par les crises de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses occasionnées par la rapacité des capitalistes. Privation de la vie de famille, par l'obligation de livrer à la manufacture sa femme et ses enfants. Privation de toute vie intellectuelle et de toute jouis

sance esthétique. Souffrance continuelle du travail, sens espoir et sans fin, dans les bagnes capitalistes. Asservissement complet dans l'atelier, etc., etc. »

Point ne nous est besoin de peser les doléances mentionnées aux paragraphes A et B. Pour celles du paragraphe C, examinons-les: 1o Il est parlé d'ignorance forcée, des conséquences de cette ignorance; mais on s'occupe de répandre l'instruction, même une instruction professionnelle, dans certains centres agricoles ou manufacturiers, -'ce n'est pas tant l'instruction que l'éducation qui est nécessaire; on vit plus par le sentiment que par la pensée; qui aime et sait aimer peut être heureux, quelle que soit sa position; ignorance forcée pour les ouvriers? non, limitation des connaissances, et même limitation forcée, pour la plupart des « bourgeois »; tous ne passent pas par l'École normale, tous ne sont pas docteurs de l'une ou l'autre des facultés. 2o Il est parlé d'insécurité; mais est-elle moins réelle pour le médecin, pour l'architecte, pour l'avocat, pour le patron? 3o Il est parlé de la privation de la vie de famille; il serait à souhaiter sans doute que la femme pût vaquer à toutes les occupations du ménage; le travail de la femme est mal payé, nous le savons, et ce que nous savons encore, c'est que la femme à l'atelier perd tout sentiment de pudeur, de réserve. Le remède est-il dans l'expropriation, par l'État, au profit de l'État, de tous les ateliers? 4° Privation de toute vie intellectuelle et de toute jouissance esthétique; cela résulte du manque d'éducation, et nombre d'ouvriers (nous ne parlons pas de ceux qui travaillent aux mines, mais de ceux des petites et grandes villes), mais nombre d'ouvriers dédaignent ces bibliothèques que l'on commence de fonder, mais ils aiment le plaisir le moins intellectuel et le moins esthétique. 5o Le travail sans fin pour l'ouvrier. Mais n'est-il pas sans fin pour beaucoup de « bourgeois » ? Que l'ouvrier n'a-t-il la sagesse d'épargner?

Il est des maux très grands; nous les déplorons, bien loin de les méconnaître; mais notre conclusion est que le soin d'y apporter remède n'appartient que pour une très petite part au législateur. C'est par la liberté et l'association, c'est aussi par la tenue morale, la bienveillance, que l'ouvrier pourra obtenir l'usage du capital, améliorer sa position, être bourgeois, puisque bourgeois il y a; à lui surtout d'appliquer le remède. Le collectivisme aggraverait les maux de l'ouvrier, et il causerait la décadence économique et morale de la société, en même temps qu'il ferait déchoir l'homme, naturellement libre, responsable, au rang de cellule dans un vaste organisme sans principes, sans moralité.

F. G.

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figure, sur la couverture et à la première page du livre. L'auteur n'a pas su entendre comme il eût fallu, à notre avis, la pensée qu'il a rappelée en manière d'épigraphe; il a pris le mot « hommes » dans son sens le plus étroit, et les leçons qu'il donne à l'enfant sont incomplètes. Il lui parle excellemment du travail; il lui vante, avec raison, les occupations des champs; fort sagement, il lui dit quels liens doivent attacher le patron et l'ouvrier l'un à l'autre ; il lui enseigne l'épargne, puis il lui fait connaître, par leurs grandes lignes, et la constitution qui nous régit et la législation qui règle nos rapports, les

modes d'acquisition de la propriété; tout cela est fort bien. Mais parce qu'on ne peut être un bon citoyen, dans toute la force du terme, si l'on n'est vraiment un caractère, un homme ayant conscience de sa responsabilité, jaloux de sa dignité et appliqué à réaliser l'idéal du bien, toujours de mieux en mieux conçu, l'auteur aurait dû faire précéder son traité de quelques considérations propres à faire sentir à l'enfant qu'il n'est pas seulement un être vivant, qu'il est une personne, et qu'être une personne, c'est avoir une noblesse qui oblige.

F. G.

SCIENCES NATURELLES

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distinctifs des terrains et une analyse du système des formes terrestres.

La seconde est consacrée à la lithologie et aux fossiles, ce qui donne occasion de retracer les caractères du règne animal et du règne végétal des temps les plus lointains.

La troisième détermine les époques géologiques. Ce n'est pas la moins curieuse : elle marque l'apparition successive des différentes espèces d'êtres sur notre globe.

Enfin, la dernière traite de la force qui anime la matière terrestre, des mouvements qu'elle lui imprime et de leurs conséquences.

Ce manuel, très clair, fait partie de la Bibliothèque des professions industrielles, commerciales et agricoles.

P. Z.

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