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à l'usage des petits enfants.y tiennent trop de place; en revanche, des sujets que nous nous attendions à y voir traités sont passés sous silence ou ne sont indiqués que d'une manière très légère, telle est la climatologie de la France; il n'y est pas dit un seul mot non plus des eaux minérales, bien que la question des eaux potables y soit abordée. Les chapitres intéressants sont les chapitres XII à XV, qui sont relatifs aux études qui se pratiquent à l'Observatoire de Montsouris, c'est-à-dire la météorologie agricole, les analyses chimiques et micrographiques de l'air et des eaux, l'assainissement et l'utilisation des eaux d'égout, les relations entre le nombre des bactéries de l'air et les décès par maladies infectieuses, et la description, avec figures, des instruments en usage dans cet Observatoire. Ces derniers chapitres assurent à l'ouvrage de M. de Vaulabelle une place honorable dans les bibliothèques.

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La vaste et luxueuse encyclopédie de physique élémentaire, de M. Amédée Guillemin, avance vers son terme; nous n'avons plus à attendre qu'un quatrième volume complémentaire, qui sera consacré à la chaleur, à la météorologie et à la physique moléculaire, c'est-à-dire à des sujets d'un intérêt moins palpitant que ceux qui ont été traités jusqu'alors. Le présent troisième volume est le plus considérable de ceux qui ont paru, et néanmoins il est un peu court, eu égard à son contenu. Parmi les trois planches en couleurs qui l'ornent, il en est deux qui produisent un effet saisissant l'éclairage électrique de la place du Carrousel et l'aurore boréale de 1839; plusieurs des planches en noir sont remarquables, mais nous ne pouvons nous y arrêter, mentionnons seulement celles qui sont empruntées aux grands électriciens du siècle dernier et celles qui reproduisent les portraits des principaux inventeurs: Galvani, Arago, Ampère, Faraday, etc.

Très soucieux, comme toujours, de la vérité historique, M. Guillemin relate, en puisant aux sources originales, l'histoire des théories et inventions, et ne se départ pas de la clarté et de l'exactitude consciencieuse auxquelles ses précédents écrits nous ont accoutumés.

Une grande partie du volume est consacrée aux aimants et à la vieille électricité statique, qui a un peu été délaissée dans ces derniers temps. M. Guillemin n'a pas omis de décrire avec grand soin les puissantes et paradoxales machines de Holtz, Bertsch et Carré, qui engendrent l'électricité à haute tension par le mouvement, mais sans le concours du frottement. De cette partie du volume, il se trouve conduit à exposer d'une manière élémentaire la théorie du potentiel. Il définit la différence de potentiel entre deux surfaces

électrisées comme égale à la quantité de travail qu'il faudrait dépenser pour transporter l'unité d'électricité de l'une à l'autre, en cheminant dans le sens inverse de celui que l'électricité tend à prendre. L'impression que l'électricité produit sur notre système nerveux dépend à la fois de la différence de potentiel des surfaces entre lesquelles nos organes établissent communication et de la quantité d'électricité qui les traversent; certains phénomènes électriques ne dépendent absolument que du potentiel, d'autres ne dépendent que de la quantité. M. Guillemin ne s'appesantit pas longtemps sur les piles électriques, dont les dispositifs varient à l'infini; mais il s'arrête sur les accumulateurs et sur les nombreuses machines Gramm, Wilde, Brush, etc., qui servent, par le moyen des courants d'induction, à transformer le travail mécanique en électricité ou même à transporter le travail mécanique à de grandes distances. Il décrit les appareils télégraphiques, anciens et nouveaux, avec de grands détails, et nous lu savons gré de n'avoir pas oublié l'admirable télégraphe de Caselli, qui n'est pas employé parce que ses transmissions sont un peu lentes et parce qu'il dépasse les besoins de l'industrie; ce télégraphe permet d'envoyer un dessin ou un autographe, il réalise, en un sens, l'idéal de la télégraphie. Parmi les téléphones, dont la description a reçu également les développements qu'elle mérite, l'auteur n'a pas omis le téléphone musical de Riess, qui fut l'origine de tous les autres, et que l'on pour rait sans doute aujourd'hui rendre parlant en le perfectionnant. Signalons encore, pour ne rien oublier d'essentiel, le chapitre très étendu consacré à l'éclairage électrique et celui de la radiophonie, qui sont tout à fait au courant de la science, c'est-à-dire vieux de quelques mois. Nous regrettons seulement que le volume finisse un peu brusquement et que M. Guillemin ait été obligé de sacrifier certaines applications diverses, parmi lesquelles la métallurgie électrique et l'électricité médicale.

Tout par l'électricité, par Georges DARY. Un vol. in-8° de 441 pages, avec 436 figures dans le texte ou hors texte. Tours, Alfred Mame et fils, 1883.

Ce livre paraît fait surtout en vue des étrennes et des distributions de prix. Le but de l'auteur n'a pas été d'écrire un traité complet, mais d'intéresser les amateurs qui le liront et de leur communiquer son enthousiasme par les inventions électriques. La théorie y est réduite à un minimum infime, mais les descriptions sont bien faites, et les figures, empruntées pour la plupart au journal la Lumière électrique, sont bien choisies. L'électricité statique y est à peine entrevue, et par son côté pittoresque, l'ouvrage ne traite, en réalité, que des applications des courants. Il y a beaucoup d'analogie entre ce volume et celui de M. Guillemin, mais des développements tout autres ont été donnés aux mêmes sujets. L'ouvrage de M. Dary, beaucoup plus mince que celui de M. Guillemin, insiste davantage sur les applications diverses que celui-ci a dû négliger; ainsi les nombreuses

inventions de M. Trouvé y sont décrites au grand complet, et les applications médicales ou chirurgicales de l'électricité y occupent une place respectable. Conclusion, ce livre est intéressant et plein d'actualité.

Le Soleil, par M. C.-A. YOUNG, professeur d'astronomie au collège de New-Jersey. Un vol. de la Bibliothèque scientifique internationale. Paris, Germer Baillière, 1883. - Prix: 6 francs.

Ce volume est une monographie très complète du Soleil; elle vient à point, car la science du Soleil a subi une transformation complète depuis une vingtaine d'années elle était purement conjecturale avant la découverte de l'analyse spectrale, et c'est l'analyse spectrale seule qui nous a donné des renseignements certains sur notre astre central.

M. Young commence par faire connaître les instruments qui servent à observer le soleil, puis il expose didactiquement la théorie et les procédés de l'ana. lyse spectrale; il passe ensuite à la description du soleil, à l'étude des taches, de leurs mouvements et leur périodicité, puis à celle de la chromosphère, des proéminences et de la couronne; enfin il discute les diverses hypothèses qui ont été faites sur l'origine, l'extinction et le renouvellement de la chaleur et de la lumière solaire.

Les protubérances ont été observées d'abord sur le contour du soleil, dans les éclipses totales; puis M. Janssen a donné une manière de les observer en tous temps. Ce sont d'immenses fusées de gaz incandescents; l'analyse spectrale montre que ce gaz est

de l'hydrogène. La couronne n'est visible que pendant les éclipses totales; l'analyse spectrale y décèle encore de l'hydrogène, et, en outre, des corps simples qui nous sont inconnus; la couronne n'est donc pas une simple apparence, mais quelque chose de réel. Quant au soleil lui-même, lorsqu'on l'observe avec de bons instruments et dans les circonstances favorables, on voit sa surface couverte entièrement de grains irréguliers, ayant chacun plusieurs centaines de lieues en tous les sens, et se détachant sur un fond moins brillant, comme des flocons de neige sur une étoffe grisàtre; ces granules, très variables de position et de formes, prennent souvent une configuration allongée qui les a fait comparer à des feuilles de saule; ils fournissent au moins les trois quarts de la lumière de l'astre. Si l'on admet (et l'on ne peut faire autrement) que la surface est gazeuse, les granulations seraient des nuages produits par des gaz condensés.

Quant aux taches sombres, anciennement connues, l'observation de leurs contours, ainsi que celle de leur centre, obligent à les considérer comme des dépressions remplies de vapeurs métalliques relativement obscures.

On jugera, par le peu que nous venons de dire, combien ces phénomènes sont délicats, difficiles à observer, incertains même, et combien il est difficile aussi de faire un bon compte rendu du livre où ils sont décrits et discutés. Nous nous contenterons donc de cet aperçu afin de montrer l'immense intérêt qui s'attache à ces études, et nous renverrons nos lecteurs à l'ouvrage même.

Dr L.

SCIENCES MÉDICALES

Traité pratique de l'art des accouchements, par M. DELORE, professeur à la Faculté de médecine de Lyon, et M. LUTAUD, médecin de Saint-Lazare. Un vol. in-8° de 560 pages, avec 135 gravures dans le texte. Paris, F. Savy, 1883. - Prix : francs.

Les auteurs se sont proposé de faire un traité complet, bien que peu volumineux, utile aux étudiants et aux praticiens non spécialistes; ils y sont parvenus en sacrifiant une partie des discussions dans lesquelles se perdent leurs devanciers.

Leur traité est bon, mais ils pourront l'améliorer en le raccourcissant encore; le lecteur, qui s'adresse à un traité pratique et non à une encyclopédie de la matière, n'a que faire des opinions controverses sur

chaque point de doctrine et s'intéresse peu aux nombreuses manières de faire une opération; mais il demande que l'auteur le guide, autoritairement, d'après les résultats de son expérience personnelle. MM. Delore et Lutaud se sont tenus en général au courant de la science, les instruments nouveaux: forceps de Tarnier, de Hamon, tracteur de Poullet, etc., y sont clairement décrits. Pourtant nous y avons remarqué quelques lacunes; nous y avons cherché en vain l'analyse des derniers travaux de M. Budin, publiés dans le Progrès médical; nous nous attendions aussi à y trouver, à propos du rachitisme et des déformations du bassin, quelque chose de l'ingénieuse théorie de M. Esbach sur la corrélation qui existe habituellement entre les déformations du bassin et celles des

phalangettes; cette corrélation est telle qu'il suffit souvent d'inspecter le bout des doigts d'une femme pour savoir qu'elle n'a aucune chance d'accoucher facilement. Les chapitres de l'alimentation, du sevrage et de la mortalité des nouveau-nés sont rédigés avec le soin que méritent ces questions actuellement à l'ordre du jour; il en est de même de celui de la médecine légale dans ses rapports avec les accouchements (viabilité, déclarations de naissances, infanticides, accouchements prématurés, folies puerpérales, etc.). Quoi qu'il en soit, cette publication est un de nos meilleurs traités d'accouchement, et elle approcherait de la perfection si les auteurs étaient un peu moins timides, c'est-à-dire se retranchaient moins souvent derrière des autorités indécises et parlaient davantage au nom de leur expérience personnelle.

Dr L.

Diagnostic et traitement des maladies du cœur, par le Dr CONSTANTIN PAUL. Paris, Asselin, éditeur. - Prix: 15 francs.

La pathologie cardiaque qui est tout entière, on peut bien le dire, l'œuvre de l'École française, n'avait pas obtenu depuis bien des années les honneurs d'un traité dogmatique. Et cependant, depuis les immortels travaux de Laennec, de Corvisart et de Bouillaud, les recherches cliniques ont été continuées avec succès, d'importantes découvertes ont été faites, et il était nécessaire que quelqu'un vînt réunir et coordonner l'infinité de documents qui étaient disséminés un peu partout.

Personne n'était plus autorisé que M. C. Paul à entreprendre cette tâche difficile, car, plus que personne, cet éminent médecin a fait des maladies du cœur l'objet de ses études favorites. Ses importants travaux sur les rétrécissements de l'artère pulmonaire, sur les bruits de souffle anémiques, sur la ⚫ thérapeutique en général et sur celle des affections cardiaques en particulier sont connus et appréciés de tout le monde. Son livre, qui porte partout la marque d'une très grande érudition, est en outre d'une lecture attrayante, parce que l'on y trouve à chaque pas, et à propos de toutes les questions discutées, des solutions personnelles à l'auteur, des interprétations nouvelles, des vues originales. Cette double qualité ne peut manquer de lui assurer, auprès du public médical, le succès le plus retentissant.

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L'analyse d'un compendium est chose impossible. Nous n'avons même pas la prétention d'indiquer au lecteur tout ce qu'il trouvera d'instructif dans l'ouvrage de M. Constantin Paul, car cela reviendrait presque à copier la table des matières. Nous nous contenterons de signaler quelques-uns des chapitres qui, par leurs côtés personnels, nous ont paru particulièrement intéressants.

A ce titre, on lira avec le plus grand profit tout ce qui est relatif aux bruits de souffle cardiaques. Grâce à l'excellent stethoscope dont se sert M. C. Paul, et aussi sans doute grâce à l'habileté avec laquelle il s'en sert, ce savant clinicien a pu déterminer avec une précision parfaite la topographie de ces bruits

pathologiques, et même faire, à l'occasion de quelques-uns d'entre eux, de véritables et éminentes découvertes. C'est ainsi qu'il a démontré la fausseté des idées généralement reçues sur les signes d'auscultation de l'anémie et qu'il a fait accepter par tout le monde la localisation nouvelle du bruit de souffle anémospasmodique.

Les signes du rétrécissement mitral qui ont été et qui sont encore aujourd'hui l'objet de tant de discussions sont étudiés avec le plus grand soin et expliqués de la façon la plus ingénieuse. Nous signalons à l'attention du lecteur les pages relatives au bruit dit présystolique, au bruit de souffle paradoxal, aux dédoublements des bruits du cœur, aux bruits de galop ou de rappel symptomatiques de l'hypertrophie cardiaque d'origine brightique.

D'importants chapitres ont été consacrés par M. Constantin Paul à l'étude de la maladie de Corrigan, de l'anévrisme vrai de l'aorte qu'il appelle maladie de Hodgson, des maladies du cœur droit chez l'adulte et chez le foetus, des affections congénitales et acquises de l'artère pulmonaire.

Enfin l'ouvrage se termine magistralement par une longue étude de thérapeutique générale et appliquée. A côté des pages si remarquables consacrées à l'examen des doctrines médicales et des méthodes thérapeutiques, on trouvera dans cette étude l'appréciation de tous les médicaments usités contre les maladies du cœur, leurs indications et contre-indications, leurs doses et mode d'emploi. Cette dernière partie n'est peut-être pas la plus attrayante de cet ouvrage de premier ordre; mais elle est à coup sûr celle qui rendra le plus de services aux praticiens.

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Cet ouvrage honoré d'une préface de M. Siegfried, maire du Havre, dont le zèle et la compétence en matière d'hygiène sont notoires, est très recommandable; nous regrettons seulement qu'il soit trop luxueux pour devenir populaire.

Le point de vue oùse place M. Pridgin Teale n'est pas celui d'un auteur parisien qui aurait adopté le même titre. Ici les maisons sont surtout mal construites en ce qu'elles sont trop hautes, trop peu aérées, qu'elles renferment trop de population et que les appartements y sont trop exigus. En Angleterre, chaque bourgeois a sa petite maison bien aérée, et M. Teale ne s'est occupé que des maisons bourgeoises.

Les maisons mal construites qu'il considère sont celles qui laissent à désirer sous les rapports de l'écoulement des eaux ménagères, des water-closets, de la communication avec les égouts et de la structure du sol. En France et spécialement à Paris, les maisons ont souvent les défauts qu'il signale, mais avec tant d'autres en plus que nous n'avons plus le droit de nous montrer difficiles pour ceux-là. Son

ouvrage est inspiré par la conviction que les eaux sales de toutes sortes, les water-closets mal tenus, les égouts, les terrains imprégnés de matières organiques sont les causes habituelles des diphtheries, érysipėles, fièvres typhoides, infections puerperales et autres maladies septiques. Il fournit assez de preuves à l'appui pour ébranler la conviction de son lecteur. Pourtant si l'on discute l'influence de ces diverses causes sur la population parisienne, on reconnaît sans peine qu'elles sont loin de rendre compte de la majorité des affections de nature transmissible que l'on y observe.

Quoi qu'il en soit, le grand soin de l'auteur est de montrer d'une manière accessible aux moins instruits et par une double série de planches comment les tuyaux d'aération, d'écoulement des eaux pluviales et ménagères, ceux de communication avec les égouts, etc., peuvent devenir des causes d'infection et comment il faut disposer ces tuyaux, les munir de siphons, les raccorder entre eux, etc., pour que leur présence cesse d'être un danger. Il est incontestablement très utile de vulgariser ces notions.

Dr L.

SCIENCES MILITAIRES

Annuaire de l'arme de l'infanterie pour 1883, établi par le capitaine MARSEILLE. I vol. in-8° de 615 p. Paris, Berger-Levrault, 1883.

C'est déjà la quatrième année que l'infanterie possède son annuaire spécial. Autrefois dans l'armée on ne connaissait que l'Annuaire militaire, et cette publication un peu sommaire suffisait à cette fièvre d'avancement qui, à certaines époques, s'empare de tout le corps d'officiers. Puis les armes spéciales ont commencé par se faire établir des annuaires particuliers, donnant sur chaque officier des détails plus circonstanciés, tout son curriculum vitæ en un mot. Nous avons eu ainsi successivement l'annuaire de l'artillerie, du génie, de l'état-major; vinrent ensuite celui de la cavalerie et enfin celui de l'infanterie. Il est incontestable que cette publication répond à un véritable besoin; aussi est-elle accueillie avec une véritable faveur, et l'on ne peut que remercier ceux qui se dévouent à cette tâche ingrate, à ce véritable travail de bénédictin.

Le travail de M. Marseille donne d'abord tous les renseignements généraux relatifs à l'arme de l'infanterie qui se trouvent portés dans l'Annuaire militaire, tels que constitution des comités, composition des troupes, organisation des corps d'armée; mais c'est la liste par ancienneté de grade qui constitue la partie originale de cette œuvre. Chaque officier y figure avec ses états de services, comprenant la date de sa naissance, de son entrée dans la carrière et des différents grades qui lui ont été conférés. On peut ainsi se rendre compte par un simple coup d'œil de la vie militaire d'un officier, et cette étude comparative est du plus grand intérêt pour tous ceux qui ont un membre de leur famille dans l'armée. Tout le monde sait que le plus ancien de nos généraux est le comte de Schramm, actuellement disponible. Nous ne pouvons résister au plaisir de citer ici les curieux états de services de ce vétéran des guerres de la répu

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blique. Schramm :- né en 1789, entré au service en 1799, c'est-à-dire à dix ans. Sous-lieutenant en 1800, lieutenant en 1805, capitaine en 1807, chef de bataillon en 1811, colonel en 1813, général de brigade en 1813, général de division en 1832. - Notre doyen en est donc actuellement à sa soixante et dix-septième année de grade de général! Nous relevons aussi dans l'annuaire de M. Marseille quelques chiffres statistiques curieux. L'infanterie possède en 1883, en activité 170 colonels 183 lieutenants-colonels - 954 chefs de bataillon ou majors 4,246 capitaines — 3,637 lieutenants et 2,654 sous-lieutenants. Soit un total d'environ 12,000 officiers.

Outre ces listes d'ancienneté, l'annuaire spécial comprend sous le titre de renseignements divers les tarifs complets des soldes et des pensions pour tous les grades, et enfin un répertoire alphabétique, fil conducteur indispensable pour se reconnaître dans ce labyrinthe de noms que nous avons signalé. C. M.

L'armée espagnole. Notes, souvenirs et impressions de voyage, par le capitaine DE SÉRIGNAN. I vol. in-8° de 200 p. Paris, Berger-Levrault, 1883.—3 fr. 50.

Le capitaine de Sérignan eut l'occasion en 1881 de passer quelques semaines en Espagne. Touriste observateur, militaire convaincu, il profita de ce court séjour pour chercher à se rendre compte de l'organisation militaire du pays, de ses principaux établissements, et c'est le résultat de ces remarques, peut-être un peu fugitives, qu'il livre aujourd'hui au public. Mais si court que soit le voyage, pour qui sait voir et retenir, chaque pas apporte ses impressions, chaque observation son enseignement. La terre espagnole, plus qu'aucun autre sol peut-être, développe chez ceux qui la parcourent un penchant prononcé à la méditation, aux réflexions sérieuses. L'aspect des hommes et des choses y est grave; les révolutions y ont passé sans modifier profondément l'ordre pri

mitif des institutions, et là où les changements ont été les plus absolus, les ruines demeurent encore debout, permettant de comparer ce qui a disparu avec ce qui existe aujourd'hui. Ce sentiment a envahi, sans doute, notre voyageur, et ses notes sont devenues une intéressante étude militaire.

L'armée espagnole tient une large place dans les notes du capitaine de Sérignan. A l'étranger comme dans son propre pays, ce qui frappe surtout l'officier, c'est le soldat; aussi verrons-nous l'auteur, tout en entremêlant à la partie didactique de son travail quelques récits pittoresques, s'appesantir surtout sur

l'organisation militaire actuelle de l'Espagne. Barcelone, Tolède, avec ses écoles militaires; Guadalajara, siège des établissements du génie; Ségovie, où se trouve établie l'école destinée au recrutement des officiers d'artillerie, telles sont les principales cités qu'a parcourues le capitaine de Sérignan et qu'il nous dépeint autant avec la palette du peintre qu'avec le crayon de l'officier. Cette excursion, quoique très rapide, nous donne une idée très complète d'une armée de même race que la nôtre, notre voisine et sur laquelle nous ne possédons en France que de très vagues idées.

C. M.

BELLES-LETTRES

LINGUISTIQUE

Diccionario Frances-Espanol; par F. CORONA BUSTAMANTE. Paris, Hachette et Cie, 1883.

Décidément, la réalisation définitive d'un dictionnafre franco-espagnol est une conquête qui tentera toujours les grammairiens, les linguistes, les lexicologues, les étymologistes, etc., et autre gent savante qui ne parle pas comme M. Jourdain. En effet, dès qu'on possède et qu'on compare ces deux langues, on est surpris de trouver, avec une origine commune et une ressemblance indéniable, un désaccord tranché et une opposition totale; on ressent le besoin d'une œuvre assez savante et assez ingénieuse pour renfermer la générosité de la langue espagnole dans l'économie de la langue française.

A son tour, M. Corona Bustamante a entrepris cette tâche, jusqu'à présent, il faut l'avouer, maladroitement remplie; son dictionnaire franco-espagnol qui vient de paraître chez Hachette mérite l'attention du public français, chez lequel on remarque enfin un certain penchant à s'occuper de littérature espagnole. M. Corona Bustamante n'est pas seulement cet auteur dramatique dont le théâtre a obtenu en Espagne un vrai succès, c'est aussi un savant et un travailleur. Le dictionnaire franco-espagnol est sous le rapport des sciences et des arts une œuvre consciencieuse et complète, conçue d'après Littré, ce qui est tout dire. - L'éternelle pierre d'achoppement de tous les dictionnaires, les sens figurés et analogiques, sont expliqués par M. Corona Bustamante avec une netteté et une justesse qui rendent cette œuvre indispensable à tous ceux qui étudient et traduisent l'espagnol.

MEMENTO

Le Dictionnaire historique d'argot, de LORÉDAN LARCHEY, vient d'être enrichi d'un nouveau sup

plément de 200 pages (1 vol. - Prix : 2 francs). On y remarque des additions considérables provenant d'un manuscrit découvert chez un ancien commissaire de police, et de deux répertoires communiqués par un collaborateur de très haute compétence (M. Gustave Macé, chef du service de sûreté). L'un de ces répertoires est pour la première fois consacré au largonji, argot spécial resté inconnu jusquici.

ROMANS

அருசகயர்

Au Bonheur des Dames, par M. ÉMILE ZOLA. I vol. in- 18 de 521 pages. Paris, librairie Charpentier. 1883.

Dans le tome VII, récemment paru, de ses études sur la littérature contemporaine, un critique du genre dédaigneux et déplaisant, M. E. Schérer, termine par ces lignes un éreintement en règle de M. Émile Zola : « Et c'est de la candeur à moi de parler d'art et de goût, à propos d'une tentative que l'on peut caractériser d'un seul mot : l'effort d'un illettré pour abaisser la littérature jusqu'à lui. » Cette sortie haineuse, ces pages de fiel, auraient été provoquées, semble-t-il, par un article où M. Zola, critique du genre brutal, traite M. Schérer de pion, de pédant, de cuistre bibliographe sans nul talent, et de ridicule produit du suffrage universel. M. Schérer avait-il lui-même par une attaque antérieure amené M. Zola au champ? Quel était le lapin qui avait commencé?

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