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IL N'EST JAMAIS UTILE DE SE RENDRE ODIEUX ET D'ENFLAMMER LA HAINE.-Bonaparte.

Pr. 29.-LES HONNEURS CHANGENT LES MEURS.

HEURES DORÉES.

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val, dressé de bonne heure à toutes ces évolutions, se retourne vers le prisonnier; puis il repart au galop, tirant après lui sa proie, qui, de cette manière, tenue en respect et à distance, essaierait en vain de le joindre. Pendant ce temps, son camarade a également fait manoeuvrer son redoutable lacet; s'il a eu la même adresse, ou le même bonheur, le buffle enlacé par les deux cornes ne peut plus bouger. Après avoir achevé de l'étourdir par la violence du mouvement, le premier chasseur met pied à terre; son cheval n'en continue pas moins de serrer le lacet, et s'efforce en se débattant de renverser le buffle. Si l'animal tombe, le second chasseur court à l'aide du premier; ils le tuent, et ils l'emportent.

Les Indiens aiment à la fureur cette sorte de chasse; ils s'exercent, dès la plus tendre enfance, au maniement du lacet, et ils y acquièrent une si étonnante précision que bien rarement on en voit un qui manque le but.

La chasse au buffle amène souvent aussi des rencontres de tribus hostiles; l'animal, traqué dans son pâturage, devient la cause des plus sanglantes collisions; et plus d'une fois même, profitant de la dispute, il parvient à s'évader au milieu du bruit et du combat.

Un officier de marine anglais raconte, dans le " SportingMagazine," qu'étant un jour à chasser aux environs de RioJaneiro, il se trouva tout à coup vis-à-vis d'un buffle énorme descendu de la montagne dans la plaine. Les chiens fondirent sur lui sans hésiter, et, le saisissant à la nuque et sous le ventre, le renversèrent sur le dos: mais, n'ayant pas de couteau assez affilé pour lui couper la gorge, il était, dit-il, dans un embarras assez plaisant, quand deux Indiens venus pareillement de la montagne, s'approchèrent de l'animal, jetèrent leur lacet sur ses cornes, lui tranchèrent les jarrets, dépecèrent le corps en deux portions égales, qu'ils mirent chacun sur la selle de son cheval, et regagnèrent leur habitation au galop. "Ils avaient fait," ajoute le narrateur, "quatre milles à la poursuite de ce buffle." Leur droit, selon les règles de la chasse, était donc incontestable; mais, gare! si au lieu d'avoir affaire à un étranger, il leur eût fallu disputer cette proie à un chasseur du pays.

Pr. 30.-HONNI SOIT QUI MAL Y PENSE.

LA COURTOISIE GAGNE LE CŒUR; L'IMPOLITESSE REPOUSSE TOUT LE MONDE.-Lopez de Vega.

LE REPENTIR EST POUR UNE FAUTE QUI PEUT SE RÉPARER; LE REMORDS EST ÉTERNEL COMME SA CAUSE.-D'Artaize.

Pr. 31.-IL EST PLUS DIFFICILE D'ACCORDER LES PHILOSOPHES QUE LES HORLOGES.

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QUELS sont les gens qui ont le plus d'amour-propre ? Ce sont les laboureurs, parce qu'ils s'aiment beaucoup (sè

ment).

ENIGME 3.

Si je n'ai pas le bonheur de vous plaire,
Lecteur, je n'en suis pas surpris ;

Vous aurez beau dire et beau faire,

Je ne serai jamais de votre avis;
Même en me renversant, je vous en avertis,
Vous ne me feriez pas changer de caractère.

UN amateur avait commandé un tableau de genre à un peintre. Il devait représenter un cheval se vautrant. L'artiste peu habile sortit d'embarras par un subterfuge: il représenta un cheval courant. L'amateur n'ayant point ce qu'il voulait, se fâcha. "Vous avez tort," dit l'artiste, j'ai fait mieux que vous ne demandiez;" et, retournant le tableau, le cheval se trouva avec les jambes en l'air et comme s'il se vautrait.

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LE 10 Octobre, 1774, un forçat, qui s'était plaint vaguement de toux, de maux d'estomac, et de coliques, mourut à l'hôpital de la marine à Brest. On trouva son estomac beaucoup plus développé que dans l'état ordinaire; cet organe contenait les pièces suivantes : une portion de cercle de barrique, un morceau de bois de genêt de six pouces de long et d'un demi-pouce de diamètre, deux autres morceaux plus longs que le précédent, vingt-deux autres morceaux de bois de trois, quatre, et cinq pouces de longueur; un tuyau d'entonnoir de fer-blanc, une autre portion du même entonnoir; le manche d'une cuiller d'étain; trois autres cuillers entières, aussi en étain et de différentes dimensions; un briquet en fer, un fourneau de pipe avec un morceau du tuyau; deux longs clous, l'un très-aigu; trois portions d'une boucle d'étain; un petit morceau de corne; deux morceaux de verre blanc de forme irrégulière; deux morceaux de cuir de trois pouces de large; un couteau à manche recourbé. Pendant sa vie cet homme était triste, morose; il grattait le mortier et la chaux qui couvraient les murailles de sa cellule pour ajouter à sa soupe. On l'avait surpris avalant une partie des objets trouvés dans son estomac.

CHARLES XII., roi de Suède, à l'exemple de Gustave

Pr. 32. TRAITER COMME UN ILOTE. [AVEC Cruauté.]

AU TROISIÈME VERRE, RÉFLÉCHIS; AU QUATRIÈME, HÉSITE; AU CINQUIÈME, ABSTIENS-TOI.-Anonyme.

LA PROPRETÉ EST LA TOILETTE DE LA VIEILLESSE. Mme. Necker.ON N'APPREND BIEN QUE CE QUE L'ON MONTRE.-De Tott.

Pr. 33.-OBLIGER UN INGRAT, C'EST ACHETER LA HAINE.

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Adolphe, maintenait une discipline sévère dans son armée, surtout pour les maraudeurs. Un jour, un paysan vient se plaindre qu'un grenadier lui avait enlevé son dîner. Le roi ordonne qu'on lui amène le grenadier. Celui-ci paraît devant lui avec un front serein. Charles lui reproche son larcin. Le grenadier lui répond hardiment: " Sire, vous avez bien ôté un royaume à l'électeur de Saxe, pourquoi ne pourrais-je pas enlever aujourd'hui un dîner à ce paysan ?" Ce bon mot plut au roi, qui lui fit grâce.

PHILIPPE-AUGUSTE ne dut sa conservation, à Bovines, qu'au zèle prodigieux de ceux qui l'environnaient: le chevalier qui portait l'étendard royal ayant fait connaître quel était le péril du roi, ce signal ranima l'ardeur des troupes : ce n'étaient plus seulement des soldats, c'étaient des héros. D'Estaing voyant le roi démonté, saute de son cheval, le lui donne, et ne cesse de combattre à son côté qu'il n'ait mis son prince en sûreté. C'est depuis ce temps-là que la maison d'Estaing porte les armes de France au chef d'or.

UN jeune prince très-puissant régnait dans les Indes: il était d'une fierté qui pouvait devenir funeste à ses sujets et à lui-même. On essaya en vain de lui représenter que l'amour de ses sujets est toute la force et toute la puissance du souverain. Ces sages remontrances ne servirent qu'à faire périr les auteurs dans les tourments. Un bramine ou philosophe, dans le dessein de lui inculquer cette vérité, sans toutefois s'exposer au même péril, imagina le jeu des échecs, où le roi, quoique la plus importante de toutes les pièces, est impuissant pour attaquer et même pour se défendre contre ses ennemis, sans le secours de ses sujets et de ses soldats. Le monarque était né avec beaucoup d'esprit : il se fit lui-même l'application de cette leçon utile, changea de conduite, et par-là, prévint les malheurs qui le menaçaient. La reconnaissance du jeune prince fit laisser au bramine le choix de la récompense. Celui-ci demanda autant de grains de blé qu'en pourrait produire le nombre de cases de l'échiquier, en doublant toujours depuis la première jusqu'à la soixante-quatrième, ce qui lui fut accordé sur-le-champ, et sans examen. Mais il se trouva par le calcul, que tous les trésors et les vastes états du prince ne suffiraient point pour remplir l'engagement qu'il venait de contracter. Alors

Pr. 34.-IL EST DANGEREUX D'INNOVER.

L'HONNEUR EST LE PRINCIPE DES MONARCHIES. Montesquieu.—REDOUTEZ DU MOMENT LE CONSEIL MENSONGER.-Delille.

NOS MALHEURS NE SONT PAS TOUJOURS AUSSI GRANDS QUE NOTRE IMAGINATION NOUS LES REPRÉSENTE.-Moratin.

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Pr. 35.-ARMÉ COMME UN JAQUEMART. (DE PIED EN CAP.]

HEURES DORÉES.

notre philosophe saisit l'occasion pour lui remontrer combien il importe aux rois de se tenir en garde contre ceux qui les entourent, et combien ils doivent craindre que l'on n'abuse de leurs meilleures intentions.

LA ROCHEJAQUELEIN, pour toute harangue à ses soldats, au moment d'une bataille, leur dit: "Si j'avance, suivezmoi; si je recule, tuez-moi; si je meurs, vengez-moi."

CARNOT disait, parlant de Talleyrand: "S'il méprise tant les hommes, c'est qu'il s'est beaucoup étudié."

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On avait défendu à un petit garçon et à une petite fille de demander quelque chose à table. Le petit garçon, qu'on avait oublié, et qui craignait de désobéir, s'avisa de prendre un peu de sel. On lui demanda pourquoi il prenait du sel: C'est," répondit-il, "pour la viande qu'on me donnera.” La petite fille, au contraire, avait mangé de tous les plats, excepté d'un seul qu'elle convoitait beaucoup. Pour en avoir sans désobéir, elle fit, en avançant le doigt, la revue de tous les plats, disant à mesure qu'elle les désignait: "J'ai mangé de ça, j'ai mangé de ça." Quelqu'un, s'apercevant qu'elle regardait beaucoup un plat duquel elle ne parlait pas, lui dit: "Et de cela, en avez-vous mangé ?"—“ Oh! non," reprit doucement la petite gourmande, en baissant les

yeux.

CHARADE 2.

AMI lecteur, écoute et prie

Quand la cloche des morts t'apprend par mon dernier
Que ton corps périssable est fait pour mon premier,

Et que le chemin de la vie

Est plus glissant que mon entier.

TRIBOULET, fou de Louis XII et de François Ier, acquit beaucoup de célébrité sous le règne du dernier de ces deux

princes.

Ce fut lui qui dit que si Charles-Quint était assez fou pour venir en France, et se fier à un ennemi qu'il avait si mal traité, il lui donnerait son bonnet. Et si je lui livre passage, dit François Ier, comme s'il traversait ses propres états? Sire," répliqua Triboulet, "en ce cas-là je reprends mon bonnet, et vous en fais présent."

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On dit que ce même Triboulet ayant été menacé par un

Pr. 36.-ÊTRE À DEUX DE JEU. [ÊTRE ÉGAUX DE MOYENS.]

LA VIE DES GENS EN PLACE ET DES VIEILLARDS DOIT ÊTRE UNE LEÇON CONTINUELLE DE RETENUE.-Platon.

UNE ÉPOUSE COQUETTE RÉSERVE À SON MARI TOUT UN AVENIR DE MALHEUR.-Otway.

Pr. 37.-ON VERRA BEAU JEU SI LA CORDE NE ROMPT.

HEURES DORÉES.

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grand seigneur de périr sous le bâton, pour avoir parlé de lui avec trop de hardiesse, alla s'en plaindre à François Ier, qui lui dit de ne rien craindre; que si quelqu'un était assez hardi pour le tuer, il le ferait pendre un quart d'heure après. Ah! sire," dit Triboulet, "s'il plaisait à votre majesté de le faire pendre un quart d'heure auparavant!"

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Il passait avec un seigneur sur un pont où il n'y avait point de parapet; le seigneur en colère demanda pourquoi on avait construit ce pont sans y mettre des garde-fous. 'C'est," lui répondit Triboulet, "qu'on ne savait pas que nous y passerions."

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L'ŒIL GAUCHE DU KHAN.

UN riche vieillard qui demeurait à Ispahan, avait trois filles, dont la plus jeune, nommée Koodja, n'était pas moins distinguée par sa beauté que par sa merveilleuse sagesse. Un jour qu'il allait vendre quelques têtes de bétail sur la place du marché, voisine du palais du khan, il demanda à ses filles ce qu'elles désiraient qu'il leur rapportât. Les deux aînées ayant mentionné des objets de toilette, la belle et sage Koodja dit qu'un présent n'était point ce qui la touchait; qu'elle aurait bien, il est vrai, une requête à présenter, mais qu'elle craignait que la commission dont elle chargerait son père ne fût difficile et même dangereuse. Le vieillard dont elle était l'idole promit de faire tout ce qui pouvait la contenter, fût-ce même au prix de sa vie. "S'il en est ainsi," dit Koodja, "je vous prie de vous défaire de vos bestiaux comme vous l'entendrez, excepté du taureau brun, et de ne demander pour le prix de ce dernier rien autre chose que l'œil gauche du khan."

Un désir si extraordinaire frappa d'étonnement le vieillard; cependant, confiant dans la sagesse de sa fille, il résolut de faire ce qu'elle souhaitait. Il alla donc au marché, et suivit exactement les instructions de Koodja. Les gens du palais apprenant quel singulier prix il mettait à son taureau, le firent saisir et amener devant le khan. Le vieillard se jeta aux pieds du prince, et avoua qu'il avait agi ainsi à l'instigation de sa fille, mais qu'il ignorait complètement quel motif l'avait poussée elle-même. Le khan soupçonnant qu'il y avait quelque chose de caché sous une requête si extraordinaire, fit relâcher le vieillard à condition que

Pr. 38.-VOUS ÊTES ORFÈVRE, MONSIEUR JOSSE.

L'OPINION SE VENGE DE CEUX QUI LA DÉDAIGNENT, EN LEUR RETIRANT SON APPUI.-De Rouilly.

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