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132) ne reçoivent plus que ce genre. Le celebre Epitaphe, où ce vers se lit (Balz., Lett. à Chap., 1659, 90); J'ay fait l'Epitafe suivant (Loret, 9 oct. 1655, v. 234); j'avois vu l'épitaphe de la bella Monbazon... et je vous l'avois méme dit par cœur (Rac., VI, 403, Lett.); on a óté du Cimetiere des Innocens, beaucoup d'Epitaphes anciens (Carpenteriana, 240). La Bruyère avait écrit dans les quatre premières éditions: un épitaphe. Il corrige en une (1, 74); Boursault emploie également le féminin: Quoiqu'il y ait prés de cinquante ans que cette Epitaphe a été faite,... je croy qu'il seroit difficile de la mieux faire (Lett. nouv., I, 71); pour me faire quelque méchante Epitaphe (Menagiana, II, 376; cf. 389).

Epithète. - Masculin, suivant Oudin (Gr., 68); commun, suivant Mlle de Gournay (O., 574; Advis, 368), est déclaré féminin par Vaugelas (1, 85), d'après le livre des Epithetes Françoises. Mais, comme il le fait par inadvertance masculin (I, 260 et ailleurs), et que ce genre est employé par l'Académie dans ses Sentiments sur le Cid, Ménage croit épithète indifféremment des deux genres (O., I, 147). C'est l'Académie (dans Vaug., 1. c.) qui l'a déclaré exclusivement féminin. - Quant aux Euvres propres de nos deux Prelats, elles s'esmaillent d'epithetes si frequents, ou frequentes, si l'on veut (car ce nom est entre les hermaphrodites) (Gourn., O., 989); ce fascheux Epithète (La Mesn., Po., préf., 5); l'on donnoit à chacun vn epithete qui exprimoit quelque défaut (Faret, L'hon. hom., 145; cf. A., Sent. s. le Cid, dans Corn., XII, 483; Gar., Rab. ref., 141); plein d'épithètes élevés (Rac., VI, 270, Liv. ann.); Ce dernier épithète (Sév., VIII, 343).

Un des premiers exemples du féminin est dans les Lettres de Phyllarque, II partie, 208. Cf. Ma muse au moins souffrait une froide épithète (Boil., Sat., II, v. 34, éd. B. S. P., I, 86).

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Extase. Féminin, suivant Richelet (Genres, 123, et Dict.). – Les exemples du masculin étaient encore les plus nombreux pendant la première partie du siècle : Il faudroit pour bien descrire leurs delices et les doux extazes qui leur faisoient gouster quelque chose de plus agreable que la vie (Cél. et Maril., 412); dans un extase qui le rendit fort peu different d'un trespassé (Le Cour. de nuict, 219). Hardy le fait trois fois masculin (Procris, v. 906; Arsacome, v. 569; Marianne, v. 1630; cf. Loret, Po., 91).

Fibre.

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Plutôt féminin, suivant Richelet (Genres, 176). Cependant: Les fibres de cette plante sont alterez (L. Liger, Dict. général des t. propr. à l'agriculture, 1703, 163).

Fourmi.

Commun, suivant Vaugelas (I, 407). Bary (Rhet. fr., 229) et Bouhours (D., 118) se tiendront encore à cette opinion.

L'Anonyme de 1657, lui, penchait déjà pour le féminin (32), ainsi que tous les auteurs modernes; d'Aisy préfère le féminin (Gén., 283); Th. Corneille l'imposa, « malgré l'usage du peuple »; ce fut aussi l'avis de l'Académie (dans Vaug., 1. c.; cf. Richelet, Genres, 177).

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Le masculin est fréquent : Les fourmis... ne feroient-ils pas la méme division d'une aire (Malh., I, 470); quelques uns donnent pour exemple une roüe tournante et vn fourmis dessus (Introd. char. en la 21; cf. Hardy, Didon, v. 621); ce faisant vous tuërez jusques au dernier Fourmy (Jard. fr., 88)'. Mais on connait le vers de La Fontaine : La fourmi n'est pas préteuse (I, 60, v. 15). Friche. — Commun, d'après Maupas (88); féminin, d'après la règle générale de Richelet (Genres, 48). C'est un friche (La Quintinie, Instruct. p. les jard., I, 98).

Horloge. — Plutôt féminin, suivant l'Anonyme de 1657 (31). Ménage est pour le féminin (O., I, 151); Richelet hésite (Genres, 178). Souvenez-vous de quelle horloge son heure a été sonnée (Malh., IV, 200 cf. Perm. aux Serv., V. H. L., II, 239). un maistre Horologeur, ayant levé les poids et mis son horologe en bon train, le laisse aller son cours ordinaire (Gar., Doct. cur., 690)3.

Dans la deuxième moitié du siècle, le féminin prévaut. A l'Académie, on est pour ce genre (Reg., IV, 96). Le masculin se trouve encore, ainsi chez un provincial, L. de Bréou, chanoine de Mehung, qui écrit à Huyghens (Euv., VII, 402-403). Mais Huyghens, grand inventeur en cette matière, se sert toujours du féminin: Les Horloges... estant construites en petit feront des montres de poche très justes (VII, 424; cf. une foule d'autres endroits).

Idole. Commun, d'après Maupas (1638, 94; cf. l'Anon. de 1657, 32). Pendant cette période les deux genres se rencontrent: un vieux idole (Gar., Doct. cur., 139); Et Pison ne sera qu'un idole sacré (Corn., VI, 608, Oth., v. 767). Son idole obscure (Montchr., Hector, 30); Ce n'est qu'une idole mouvante (Corn., II, 242, Pl. Roy., v. 347); ceste idole adoree (Cam., Alcime, 116; cf. Mayn., I, 21 et 97).

Ménage blame le vers d'Othon, et conteste l'opinion de Chifflet (O., I, 152-153; cf. Rem. sur Malh., II, 164). Richelet penche

1. On trouve encore au commencement du siècle : la fourmis (Cotin, Théoclée, 71). On sait que La Fontaine a conservé cette contradiction: une Fourmis y tombe (1, 16, 3; voir toute la fable).

V.

2. Cf. Estr. Tromp., 1623, V. H. L., III, 280; Descrire un horologe vertical (XLIV® prop. de la Géométrie de Michel Cormesse, trad., 1626, 67); un horloge de sable (Hér., Journ., I, 359); Et cet Horloge, qu'il est beau! (cf. Le Pet., Chron. scand., Paris burlesque, 93).

aussi pour le féminin, mais avec moins de décision (Genres, 179). Bellegarde a encore fait idole masculin (Refl. sur le rid., 161).

A propos du vers un idole d'époux et des marmots d'enfants (Mol., IX, 61, Fem. Sav., v. 30), Livet a cité une foule d'exemples des deux genres (Lex. de Mol., II). Ajoutez: Au fond de cette Pagode il y a une tres-grande idole sur un Mausolée d'un tres-grand prix (Ambass. de Siam, 76).

Idylle.

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L'histoire de ce mot a été faite par M. Kattein dans les Mélanges Brunot (219 et suiv.). Dans son Discours sur le poeme bucolique, Colletet considère Idyles comme masculin, et l'oppose à Idyllies, féminin (32; voir tout ce Discours). On lit dans le Menagiana: Je lui envoyay quelque tems après un Idylle : (je fais Idylle masculin, Messieurs de l'Académie l'ont fait féminin, et il y a apparence qu'à la fin le féminin l'emportera à cause de la terminaison) (I, 19). Richelet le croit plus féminin que masculin (Genres, 179). Imitation de l'Idylle grec de Moschus (La Mesn., Po., 1656, 429). - une élégante idylle (Boil., A. P., v. 6, éd. B. S. P., II, 191).

Insulte. Masculin, suivant Bouhours (D., 115). Mais Ménage affirme qu'il est féminin (O., I, 153); un avis conforme fut donné par d'Aisy (Gén., 269), A. de Bois-Regard (Refl., 269), Richelet (Genres, 179), Renaud (Man. de parl., 540), de Templery (Gen. et Pol., 126). A l'Académie, en 1674, on n'avait pas pu s'entendre. Six membres l'avaient trouvé seulement masculin, deux seulement féminin, huit acceptaient les deux genres (Reg., IV, 92). Toutefois la Compagnie, dans son Dictionnaire, le fit masculin, ce qui lui valut les railleries de l'Apotheose (83). On est étonné, en présence de cette presque unanimité, de trouver tant d'exemples du masculin.

Quoi? c'est donc vous, Amour, à qui dans le tumulte, L'on fit un si cruel et si barbare insulte (Benss., Balet des Am. dég., 2o entrée, pour la duchesse de Crequy); se seroient peut-estre accompagnez de leurs amis pour faire cet insulte (Ar. et Sim., II, 176); Se croyait à couvert de l'insulte sacré (Boil., Lutrin, v. 236, éd. B. S. P., II, 388); A mes sacrés Autels font un profane insulte (Id., Ib., v. 137, ib., 397); étre en butte à tous les insultes (Boss., Carême, 1661, éd. Leb., III, 720; cf. Quillacq, Lang. de Boss., 63). En 1662, la forme insult, masculin, est corrigée dans le Sermon sur la Mort.

Intrigue.

Vaugelas ne se prononçait pas (I, 220). La Requéte des Dictionnaires plaisantait un intrigue. L'Anonyme de 1657 croit

1. Brossette, l'ayant lu dans Boileau, imagine que c'est son genre en poésie, mais qu'en prose on eût mis le féminin (Lett. à Boil., CXXI, 1706, 224).

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encore le mot de genre commun (32). Vois... Quels intrigues confus, la Cour forma contre elle (de Scudéry, Poés. div., 194). Aisément d'une intrigue une autre pourroit naistre (Mair., Les gal. du duc d'Oss., act. IV, sc. 3); Elle mit sur l'air d'une Gigue Cette rude et sanglante intrigue (Richer, Ov. bouf., 560).

Dans la deuxième moitié du siècle, le féminin l'emporta visiblement (Mén., O., I, 153; cf. Th. Corn., et l'Académie, dans Vaug., 1. c.); Richelet trouvait aussi qu'il est plus français au féminin que dans l'autre genre (Genres, 180). — Toute l'intrigue fut conduite si secrettement (Bouh., Entr., 171); Qui a eu plus de part... à toutes ces intrigues de cour? (La Bruy., I, 167, Du mérite pers.).

Parallaxe. Plutôt féminin, d'après Richelet (Genres, 181). Boileau l'avait encore fait masculin: Si Saturne à nos yeux peut faire un parallaxe (Ép., V, v. 30, éd. B. S. P., II, 58). Madame de la Sablière le lui reprocha, et Brossette lui demanda si ce n'était pas façon de parler poétique (Lett., CXXI, 1706, 222). Les Planelles... dont les influences sont les plus heureuses, ne sont pas celles dont les paralaxes sont les plus grands (de Scudéry, Ibrahim, 1641, liv. VII, 187); cf. Hist. de l'Ac. des Sciences, an. MDCCIII, p. 78 et 85, Paris, 1720, in-4°.

là une

Planète.

Plutôt féminin, suivant l'Anonyme de 1657 (32) et Richelet (Genres, 181). · Le masculin est courant: De mesme sorte les Planelles malfaisans... portent moins de dommage, s'ils s'accordent avec les lieux menacez (Cl. Ptolomée, L'Vranie de Nic. Bourdin, 166; cf. un autre ex. même page, et Brébeuf, Luc. trav., 167). Mais voici le féminin: Et je me sens par ma planète A la malice un peu porté (Mol., VI, 441, Amph., v. 1496-1497); Rendez grâce aux heureuses planètes (Th. Corn., Le Gal. doublé, act. III, sc. 1). Féminin, suivant Andry de Bois-Regard (Refl., 446). Oui, c'est moi, qui depuis cette funeste nuit Où (prémices cruels du malheur qui me suit !) (Montfl., Mari s. fem., act. I, sc. 2). -Toujours la tyrannie a d'heureuses prémices (Rac., II, 257, Brit., v. 39); Et ces bien-heureuses prémices (Boss., Rec. Or. fun., A. de Gon., 288)'.

Prémisses.

Rencontre.

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Féminin, suivant Vaugelas (I, 74); des deux genres, suivant Bary (Rhet. fr., 231). Patru préfère le féminin, ainsi que l'Anonyme de 1657 (31); ce sera l'avis de tous les grammairiens ultérieurs, sauf Chifflet. Voir Ménage (O., I, 162), Bouhours (Rem., 579), l'Académie (dans Vaug., 1. c.), de Callières (Du b. et mauv.

1. Prémisses, terme de logique, est également féminin: l'on n'exprime pas toûjours les deux premisses, parce que souvent une seule suffit (Log. de P.-R., 1668, 218).

us., 203). Seul, Th. Corneille accepterait le masculin, dont il use lui-même. Richelet l'en raille (Genres, 182; cf. A. de B., Refl., 546). Petit parle de ce changement dans ses Dialogues1.

Est-ce par dépit contre Vaugelas que La Mothe le faisait couramment masculin? (I, 454). Cf. dans ce rencontre (Dél. de la Camp., 215). Le féminin est commun: je suis ravi de cette rencontre (Mol., VI, 105, Méd. m. l., act. III, sc. 3); Il a fait naître exprès une telle rencontre (Th. Corn., Gal. doubl., act. III, sc. 2). La Fontaine, à côté de nombreux exemples du féminin, en présente encore deux du masculin (Lex.; cf. Lex. de La Bruy.). La Rochefoucauld a corrigé plusieurs passages de ses Mémoires où se trouvait le masculin (Lex., préf., xxvi). On lit dans Bussy-Rabutin: en ce rencontre (Hist. am. des Gaules, I, 112; cf. Retz, VII, 49).

Tige. Me de Gournay rapporte que Coëffeteau et le Cardinal employaient le masculin (O., 964; Advis, 641); ce nom est de commun genre, suivant l'Anonyme de 1657 (32). Hardy a douze fois le masculin, pas une seule fois le féminin. son tige, c'est le mouvement (Fr. de Sales, Am. de Dieu, liv. I, ch. 7, 22, éd. de 1629); Ainsi parla le dolent tige (Scarr., Virg. trav., I, 199).

Mais Ménage décida qu'il était incontestablement féminin (O., I, 165). On trouve le féminin depuis Malherbe: Et que si de cette couronne, Que sa tige illustre lui donne (I, 76-77, v. 35-36); une seule et méme tige (Lett. de Phyl., Ire part., 126); le grand saint Louis, la tige des Bourbons (Corn., X, 211, v. 251); d'une Royale tige (Mairet, Sylvie, 14, v. 49); Abraham fut choisi pour estre la tige et le Pere de tous les croyans (Boss., Hist. Univ., 13); des Cathares, qui sont la tige des Albigeois (Id., Hist. des Var., II, 260); Chère et dernière fleur d'une tige si belle (Rac., III, 687, Ath., v. 1491).

Vipère. Féminin, selon Ménage (O., I, 166, et Rich., Genres, 185). Les exemples du masculin étaient communs au commencement du siècle : Comme le vipère donne l'estre à celuy qui luy donne la mort (Réj. des fem. sur la Déf. des cabar., 1613, V. H. L., X, 176-177); des viperes dangereux (Har. de Math. Molé, 1648, Théát. d'Eloq., 86). Hardy a sept masculins contre deux féminins. Preserve-moy, Seigneur, de ces petits viperes Qui sont dès en naissant meurtriers de leurs peres (Racan, II, 365-366). Mais, dans les Mémoires de l'Aca

1. LA GRAMMAIRE: J'ay cent fois disputé contre eux sur le changement des Genres, mais avec toute la chaleur possible; cependant ils ne se sont jamais rendus. Je me souviens de m'estre mise en grosse colere, quand il leur prit fantaisie que rencontre changeast de sexe. De tems immemorial il avoit esté garçon; mais quoy que je passe dire, ils luy firent porter la jupe, luy changeant le qui le faisoit måle, en la, qui le fit femelle. Je les priay de consulter leur oreille, et de juger de bonne-foy si la rencontre y sonnoit mieux que le rencontre; ils dirent qu'ouy, sans me payer d'aucune bonne raison (133).

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