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1653, v. 130-131; cf. Id., 25 fév. 1652, v. 8; 28 aoust 1655, v. 248; 11 aoust 1657, v. 270; 20 déc. 1659, v. 28); Le bruit court que Carlos n'a point parti d'ici (Th. Corn., Charme de la voix, act. III, sc. 4);

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périr. Dupleix recommandait déjà ont péri et plus sont péris (Lum., 332). Richelet n'a que j'ai péri. Mais Furetière donne les deux, et préfère la forme avec étre comme plus française (Rem., 239). Malgré cela, il ne mentionne dans son Dictionnaire qu'un exemple emprunté à la langue judiciaire: cet appel est peri. A l'Académie ont pery était jugé plus régulier, quoique sont peris ne fût pas sans usage (Tall., Décis., 84). Le Dictionnaire donne : Tous ceux qui estoient sur ce vaisseau ont peri et sont peris (cf. A2) ;

une de ses dents... a péri (Sév., V, 112); (le mot) Ains a péri (La Bruy., II, 203, De quelques us. ; cf. Id., ib., 161, De la mode);

Cherchez quelque Maison dont le nom soit peri (Poiss., Com. sans tit., act. I, sc. 2); Ainsi est péri devant nos yeux cet homme si aimable et si illustre (Sév., V, 560; cf. Ead., VIII, 365, 367); Comme donc ils (les saints Peres) ne voyoient pas que le monde fust encore péri, ils n'osoient dire que l'Empire Romain fust tombé (Boss., Apoc., 62, préf.; cf. Id., Avert. aux Prot., V, 411, § 8); ils y étoient tous péris (Bayle, Dict., 291, art. Amphitryon); la mémoire n'en est pas encore périe (Id., Ib., 13, art. Abderame);

retourner.

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Richelet, A. et A' ne semblent connaitre que la conjugaison avec étre.

Le soleil baisse fort, et je suis étonné Que mon valet encor ne soit point retourné (Mol., III, 57, Fách., v. 302); ledit duc Damville est retourné avec M. le Tellier (La Rochef., III, 107).

Furetière donne l'exemple: Cet escadron a retourné trois fois à la charge. Cf. J'ai retourné depuis à Versailles avec Mme de Verneuil (Sév., IV, 20-21); j'ai retourné aujourd'hui chez lui (Rac., VII, 155, Lett.);

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sortir. (Voir en tête du chapitre). Ménage (O., I, 511) et Th. Corneille étaient disposés à accepter la forme avec avoir (Vaug., II, 161). Le P. Bouhours se montra réservé, disant que l'usage l'établirait peut-être (Rem., 595-596). Elle n'est pas dans les dictionnaires; en revanche on en trouve des exemples à foison dans les textes (cf. Livet, Ler. de Mol.).

Le duc de La Rochefoucauld... a sorti aujourd'hui (La Rochef., III, 63); Je me donne au diable, si j'ai sorti de la maison (Mol., 1, 42, Jal. du barb., sc. 12); Un autre, qui n'avoit jamais sorti de Corinthe (Rac., VI, 321, Liv. ann.); Je n'ai point sorti (Sév., Lett. inédites, XI, x); les copies qu'elle m'envoyoit n'ont pas sorti de mes

mains (Me de Montp., Mém., 350); Mais j'ai bien tót sorti d'un doute si funeste (Th. Corn., L'Inconnu, act. IV, sc. 4; cf. Id., D. Juan, act. V, sc. 1; Id., Feint astrol., act. I, sc. 2); vostre fils n'a point sorty de Paris (Hauter., Crisp. med., act. III, sc. 10); Il n'a depuis dix ans sorty de son Chasteau (Poiss., Bar. de la Crasse, sc. 1); L'on sçait qu'il n'a jamais sorti de son village (Montfl., Ec. des Jal., act. I, sc. 8); Voila,... d'admirables preuves pour des gens qui n'ont jamais sorty du cabinet (Bezançon, Les Med. à la censure, 71). Vraisemblablement a sorti commençait à être une forme populaire;

tomber. Alemand publie en 1690 une remarque de Vaugelas, où j'ai tombé est condamné. Le disciple appuie son maitre : j'ai tombé est vulgaire (Nouv. Rem., 125). Richelet n'acceptait que étre, ainsi que A. et A. Mais Furetière donne comme exemple: La foudre est tombée sur un tel clocher. L'orage a tombé sur une telle Paroisse.

Je n'ai guère d'autres exemples que ceux des burlesques et des comiques: Mais quoy qu'il ait tombé des nües (Loret, 4 nov. 1656, v. 143; cf. Id., 11 janv. 1659, v. 226; 10 juill. 1660, v. 272; 20 janv. 1664, v. 155-156; 11 oct. 1664, v. 64); J'ai tombé de mon haut, quand on me l'a fait voir (Montfl., Com. Poete, act. III, sc. 1); Car beaucoup n'ont tombé qu'une fois seulement (Th. Corn., D. Bertr. de Cig., act. IV, sc. 1).

:

Cf. cependant elle a tombé d'abord sur l'empire de la Poësie.... Des nuages... qui s'étant amassées, ont insensiblement tombé les unes sur les autres (Mercure reprouvé, 62)'.

4. J'ajouterai ici deux observations: A. Il s'est agi ne plait guère à l'auteur de l'Apotheose. Il préfère qu'on dise: il a été question. Cette remarque « paroît encore plus juste quand il y a une négative » (121-122).

B. On trouve fréquemment dans St-Simon des phrases comme celle-ci : La sellette, sur laquelle il avoit été interrogé et répondu (MI, 88). Il ne s'agit ici que d'une ellipse. L'auxiliaire avoir est omis devant le second verbe, quoique le premier verbe soit un passif et le second un actif dont l'auxiliaire devrait être avoit. La langue classique avait renoncé à cette hardiesse, fréquente au xvie siècle. Il n'y a pas en cela de question de formes.

CHAPITRE XIV

LES FORMES SURCOMPOSÉES ET PÉRIPHRASTIQUES

DANS LES GRAMMAIRES ET DANS L'USAGE. — Port-Royal admet le passé surcomposé quand j'ay eu disné, mais ne connait point d'autres temps de même nature (118). Au contraire Alc. de S'-Maurice enregistre, à côté de j'ay eu achevé, j'eus eu achevé, et il avertit les étrangers que ces sortes de temps s'emploient après les conjonctions quand, lorsque, comme, aprés que, dés que, aussi-tost si-tost que, incontinent que: Quand j'eus achevé, ou j'eus eu achevé, ou j'ay eu achevé mon ouvrage, plusieurs de mes amis me l'ont demandé (103104) '.

que,

A l'Académie on avait même enregistré un autre temps surcomposé. « Avoir, dit le bureau, se met quelquefois deux fois comme auxiliaire pour marquer davantage un temps passé: aprés que j'ay eu disné, jusqu'à ce que nous eussions eu fait » (Tall., Décis., 148).

Il est probable que ce ne sont là que des exemples, et que l'on ne prétendait point avoir ainsi tout énuméré. Dangeau donne dans sa Table N: j'ai eu, j'eus eu, j'aurai eu, j'avois eu, aie eu marché, que j'aie eu, que j'eusse eu, j'aurois eu, avoir eu, aïant eu marché (Opusc. de div. Acad., 142-143; cf. Table Q). Les temps accomplis, qui avaient depuis longtemps leur place dans la langue, étaient donc en train de prendre rang dans les grammaires. Pourquoi n'y parvinrent-ils pas tout à fait ? C'est que d'autres grammairiens furent plus timides, et rejetèrent ces formes : « Il semble qu'il y ait un autre temps doublement composé, dont voici quelques exemples. On dit qu'il a eu fait dans deux heures de tems. Il a eu diné avant que nous avons pú nous rendre chez lui. Mais comme l'usage de ce double composé est rare, et que tout le monde n'en convient pas, je n'oserois l'établir dans la conjugaison» (D'Allais, 205-206).

1. Comparez un très curieux passage de Ménage : « Si quelqu'un qui n'a pas disné, vient en un logis où l'on ait disné, et que le Maistre du logis lui fasse servir à manger; s'il se haste de manger et qu'il disne en peu de temps, le Maistre du logis lui peut dire, Vous avez bien tost fait. Mais s'il est sorti de la maison pour aller disner ailleurs, et qu'il revienne tout aussi-tost, le Maistre du logis lui doit dire alors, Vous avez eu bien-tost fait, et non pas, Vous avez bien-tost fait » (O., I, 299).

2. Cf. les arbres s'étoient rapprochés dès qu'il avoit été passé (Perrault, Contes, 89).

Histoire de la langue française. IV. 2.

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ESTRE POUR. Maupas avait fait résolument entrer cette forme dans ses conjugaisons, quand il s'était agi de rendre le participe futur actif « Spero me habiturum : J'espere que j'auray.... Nous usons aussi de ces phrases: Que je doy avoir...... Que je suis pour avoir.... On nourrit un joli enfançon qui aura, qui doit avoir, qui est pour avoir la Couronne de France » (209). « Il y a quelque difference au sens, ajoute-t-il ailleurs. Sur tout la premiere maniere parle avec plus de certitude. Il faut de la rotine pour discerner quelle sorte vient mieux à propos » (221). Vaugelas fut peu favorable à cette locution: « Ils estoient pour avoir encore pis, dit un de nos plus fameux Escrivains, c'est à dire ils couroient fortune d'avoir encore pis... Cette façon de parler est tres-Françoise, mais basse » (II, 27). Th. Corneille. et l'Académie jugèrent de même. Aussi les exemples que j'ai pu en recueillir appartiennent-ils à la langue comique. La locution continua désormais à se développer obscurément.

Mais en général étre pour avait le sens de « être de caractère, de nature à, capable de, en tel point que »'. Elle s'employait tantôt avec un sujet personnel, tantôt avec ce: Vous avez fort la presse à ce livre nouveau; C'est pour vous faire riche (Corn., II, 21, Gal. du Pal., v. 75-76) ; Lui auroit-on appris qui je suis ?et serois-tu pour nous trahir (Mol., VII, 100, Av., act. II, sc. 2; équivaut à serais-tu de caractère, homme à); Je crois qu'un ami chaud, et de ma qualité, N'est pas assurément pour étre rejeté (Id., V, 458, Mis., v. 259260; le sens est: tel qu'il mérite de); je ne suis pas pour recevoir avec sévérité les ouvertures que vous pourriez me faire (Id., VII, 446, Amants magn., act. IV, sc. 1; équivaut à je ne suis pas d'humeur) 2.

Cependant la locution perdait peu à peu de son sens propre, et, comme le fait le verbe devoir, s'approchait, quand on l'employait au présent, du sens du futur; à l'imparfait, du sens du futur dans le passé Mon amour veut du vôtre une marque certaine, Les choses ne sont plus pour trainer en longueur, Et voici le moment d'expliquer votre cœur (Mol., V, 539, Mis., v. 1606-1608). On peut tra

1. On est souvent fort embarrassé par certains exemples: dans la fable de La Fontaine L'Aigle, la laie et la chatte (1, 220, v. 40-43), quand la chatte dit : Voyez-vous à nos pieds fouir incessamment Cette maudite Laie, et creuser une mine? C'est pour déraciner le chene assurément. Et de nos nourrissons attirer la ruine, on peut traduire c'est pour par il y a de quoi. La laie n'aurait pas d'intention malfaisante. Ou bien : c'est dans l'intention de. Cette dernière interprétation est probablement plus en accord avec le caractère fourbe de la bête appelée plus loin la perfide.

2. On pourrait comparer une foule d'autres exemples antérieurs ou contemporains : Vostre beauté n'est point pour estre mesprisée (Racan, I, 53) ; La compassion que la Princesse en avoit n'estoit pas pour luy servir de beaucoup (Segrais, Nouv. fr., 1656, 5o nouv., 80); cet homme qui avoit fait tant de seditions et de meurtres..... n'estoit pas pour estre touché des larmes de sa fille (Id., Ib., 222).

LES FORMES SURCOMPOSÉES ET PÉRIPHRASTIQUES

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duire à la rigueur comme un simple futur : ne traineront plus, mais il est plus exact d'y voir la nuance ordinaire: ne sont plus au point de, ne doivent plus, ne sont pas telles que. Il en est de même dans presque tous les exemples: Je vous avoue... qu'il y a quelques petits dégoûts à essuyer avec un tel époux; mais cela n'est pas pour durer, et sa mort, croyez-moi, vous mettra bientôt en état d'en prendre un plus aimable (Id., VII, 141, Av., act. III, sc. 4; la phrase signifie: cela n'est pas de nature à durer); Monsieur, je ne suis pas pour vous désavouer (Rac., II, 178, Plaid., v. 443; cela équivaut à : je ne suis pas disposé à)'.

RENDRE SUIVI D'UN ADJECTIF.

Ce n'était pas assez d'avoir exclu la périphrase faite de rendre et d'un participe présent ou passé (cf. t. III, 339-340). Bouhours entreprit de limiter le nombre des adjectifs qui pouvaient former locution avec le verbe rendre : on ne dit point rendre vuide, plein, pour dire vuider, remplir (Entr., 145). Il semble bien que la même idée ait hanté les rédacteurs du Dictionnaire de l'Académie, car ils disent: « le verbe signifie quelquefois, Faire devenir, estre cause que quelqu'un, que quelque chose devient ce qu'il n'estoit pas » (A. et A2). Cependant Barbier d'Aucour avait très justement observé que vider marque seulement l'action, rendre vuide au contraire marque le résultat de l'action entière et achevée (Sent. Cl., 1776, II, 393-394; 1671, 83).

Les exemples ne sont pas rares: Adieu, songez, de grace, à me rendre content (Th. Corn., Am. à la m., act. II, sc. 4). Il va sans dire qu'avec certains adjectifs le tour ne pouvait être condamné, puisqu'il n'y a point de verbe qui puisse le remplacer : Ne rendez point ma demande frivole (Regn., Les Souh., sc. 1); Ses divers états l'avoient rendue flatteuse, insinuante, complaisante, cherchant toujours à plaire (S'-Sim., Extr., II, 69);

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SE RENDRE SUIVI D'UN PARTICIPE. Se rendre avec un participe passé est blámé par Bouhours, comme rendre. On dit: il se rend aimable, mais non il se rend aimé (Entr., 145; cf. D., 84). Toute fois personne, à ma connaissance, ne songe à distinguer se rendre aimable, au sens de « faire un effort pour être aimable », rendre aimable, au sens aujourd'hui perdu de « devenir » (cf. dans la langue actuelle: se faire vieux).

et se

4. Lemoine me montra l'endroit de la muraille qui couvroit le corps de M. de Vendôme près de l'autre porte, lequel, à sa mine et à son discours, n'est pas pour en sortir jamais (S-Sim., Extr., II, 299); un fort honnête Medecin, qui est pour en avoir la fiévre (Palaprat, Le Grond., act. III, sc. 1, 95).

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