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Jean Martin Charcot, Bourneville
Bureaux du Progrès Médical, 1908 - Mental illness
 

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Page 133 - L'esprit de ce souverain juge du monde n'est pas si indépendant qu'il ne soit sujet à être troublé par le premier tintamarre qui se fait autour de lui. Il ne faut pas le bruit d'un canon pour empêcher ses pensées : il ne faut que le bruit d'une girouette ou d'une poulie. Ne vous étonnez pas s'il ne raisonne pas bien à présent ; une mouche bourdonne à ses oreilles : c'en est assez pour le rendre incapable de bon conseil.
Page 395 - ... qu'elles lui fussent agréables ; mais que nous nous permettrions d'y ajouter le conseil et le reproche même, s'il persistait à garder le silence et à ne vouloir point prendre d'exercice; que nous étions autorisés à lui procurer les moyens d'étendre ses promenades , et à lui offrir les objets de distraction et de délassement qu'il pourrait désirer ; et que je le priais de vouloir bien me répondre si cela lui convenait. Pendant que je lui adressais cette petite harangue , il me regardait...
Page 42 - L'homme en démence est privé des biens dont il jouissait autrefois; c'est un riche devenu pauvre : l'idiot a toujours été dans l'infortune et la misère.
Page 396 - J'épuisai en vain toute la nomenclature des choses qu'on peut désirer à cet âge ; je n'en reçus pas un mot de réponse , pas même un signe ou un geste , quoiqu'il eût la tête tournée vers moi , et qu'il me regardât avec une fixité étonnante , qui exprimait la plus grande indifférence. Alors je me permis de prendre un ton un peu plus prononcé, et j'osai lui dire : « Monsieur, tant d'opiniâtreté à votre âge est un défaut que rien ne peut excuser; elle est d'autant plus étonnante...
Page 400 - J'ai dit les motifs auxquels les commissaires attribuaient le silence opiniâtre du prince. Je leur demandai, dans l'antichambre, si ce silence datait réellement du jour où la plus barbare violence lui avait fait faire et signer l'odieuse et absurde déposition contre la Reine, sa mère ; ils renouvelèrent leur assertion à cet égard , et nous protestèrent que depuis le soir de ce jour-là, le Prince n'avait pas parlé.
Page 396 - Monsieur, tant d'opiniâtreté à votre âge est un défaut que rien ne peut excuser ; elle est d'autant plus étonnante que notre visite, comme vous le voyez, a pour objet d'apporter quelque adoucissement à votre situation, des soins et des secours à votre santé. Comment voulez-vous qu'on y parvienne, si vous refusez toujours de répondre, et de dire ce qui vous convient? Est-il une autre manière de vous le proposer? Ayez la bonté de nous le dire, nous nous y conformerons.
Page 395 - ... à cet égard, ainsi qu'aux propositions qu'on lui avait faites d'employer quelques remèdes et de recevoir la visite d'un médecin , nous avait envoyés près de lui pour nous assurer de tous ces faits et lui renouveler nous-mêmes, en son nom, toutes ces propositions; que nous désirions qu'elles lui fussent agréables ; mais que...
Page 400 - Quoi qu'il en soit, avant de sortir de l'antichambre du Prince, mes collègues et moi nous convînmes que, pour l'honneur de la nation qui l'ignorait, pour celui de la Convention, qui, à la vérité, l'ignorait aussi, mais dont le devoir était d'en être instruite, pour celui de la coupable municipalité de Paris ellemême, qui savait tout et qui causait tous ces maux, nous convînmes que nous nous bornerions à ordonner des mesures provisoires qui furent prises sur-le-champ, et que nous ne ferions...
Page 398 - ... faites-nous signe au moins que cela ne vous dé» plaira pas. » Pas un signe , pas un mot. « Monsieur, ayez la bonté de marcher encore et un peu plus » long-temps. » Silence et refus ; il resta sur son siège , les coudes appuyés sur la table ; ses traits ne changèrent pas un seul instant , pas la moindre émotion apparente , pas le moindre étonnement dans les yeux, comme si nous n'eussions pas ét<: là et comme si je n'eusse rien dit : j'observe que mes collègues ne parlèrent pas.
Page 400 - Après avoir présenté cette anecdote à l'éternelle douleur des âmes sensibles, je la livre aux observateurs de la nature. Est-il possible qu'à l'âge de neuf ans un enfant puisse former une telle détermination, et y persévérer? C'est ce qui n'est pas vraisemblable sans doute ; mais je réponds à ceux qui douteraient ou qui nieraient, par un fait et par des témoignages que j'indique, et auxquels on peut recourir.

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