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fait de détail; le synode, à la votation, s'est partagé en deux groupes d'égale force, et c'est la voix du président qui a fait pencher la balance dans le sens du rapport de la Commission synodale. Ajoutons toutefois que les anciens pasteurs assistent aux séances du synode avec voix consultative. Cette décision est intéressante à comparer avec celle du dernier synode de l'Eglise libre vaudoise.

Dans un culte du mardi soir, présidé par M. Robert-Tissot, nous avons entendu les paroles affectueuses et encourageantes des délégués des Eglises libres vaudoise et genevoise et de l'Eglise morave. M. Creux a vivement intéressé l'assemblée par les renseignements qu'il nous a donnés sur la mission romande, en les accompagnant de démonstration sur la belle carte du Conseil de missions. Mercredi à midi, la session était terminée; quand une commission présente un rapport bien préparé et qui répond au sentiment général de l'assemblée, personne ne demande la parole, et l'on peut faire ainsi beaucoup de besogne en peu de temps; mais cela suppose un travail assidu des commissions. Au reste, chacun de nos synodes reflète la physionomie spéciale de nos Eglises et de nos cantons, et Dous devons nous féliciter, de cette variété d'allures. C. MONVERT.

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Le commencement de la lettre est fort habile, à mon sens. On y dit au peuple allemand ce qu'il faudrait dire d'ailleurs à tant d'autres Ne regarde pas la paille, » etc. (Math. VII, 3.)

Le sentiment moral du peuple allemand a été jusqu'ici porté à condamner le commerce de l'opium qui se fait entre l'Inde anglaise et la Chine. Mais comme l'eau-de-vie exerce chez les peuples sauvages des ravages non moins grands que l'opium, la faveur accordée à ce commerce devrait exciter la juste indignation du peuple allemand, à moins qu'influencé par l'espoir d'un profit, il ne s'habitue à renier ses convictions morales, en portant par là préjudice à un de ses biens les plus précieux, sa moralité. Dès qu'un nègre commence à boire ou à vendre de l'eau-de-vie, c'en est fait pour lui du travail et bientôt de ses forces elles-mêmes ; et plus d'une fois les résultats des efforts des missionnaires, et spécialement des nombreux missionnaires allemands qui ont exposé leur vie dans les climats meurtriers de l'Afrique, ont été anéantis par le commerce de l'eau-de-vie. Le dommage causé aux nègres par le commerce de l'eau-de-vie est quelque chose de révoltant (himmelschreiend). Ce n'est pas un auxiliaire de la civilisation que l'eau-de-vie, mais la ruine de toute culture morale et de toute vitalité, de tout ce que tentent pour le relèvement des Africains, les sociétés de missions, les gouvernements amis du progrès et les maisons de commerce qui renoncent à ce commerce. » Si les effets délétères de l'eau-de-vie pour les nègres sont reconnus, l'exportation, et en tout cas l'exportation illimitée de cette boisson est moralement réprouvable, et aucun avantage commercial ne saurait justifier la violation des commandements moraux. Mais le commerce allemand lui-même ne saurait que pâtir de la liberté laissée à l'exportation de cette marchandise. L'effet abrutissant produit par l'eau-de-vie sur l'être physique et intellectuel de l'homme doit

nécessairement paralyser la consommation d'autres articles qui répondent aux besoins d'une civilisation déjà plus avancée, en même temps que comprimer le pouvoir de production de ces pays, compromettre ou empêcher le progrès matériel de ces peuples.

» Les principaux articles de commerce livrés par nos factoreries, les étoffes et les métaux ouvrés, les ustensiles domestiques ou agricoles, ont été très fort demandés et se sont montrés très propres à favoriser la vraie civilisation. Nos établissements de commerce, et ceux qui sont régis par les mêmes principes, ont donné la preuve, dans ces dernières dizaines d'années, qu'il est non seulement possible, mais très rémunérateur, de faire le commerce avec l'Afrique sans offenser les principes moraux et chrétiens. »

Ce langage, aussi ferme que sensé, sera-t-il entendu? Je crains bien que l'honorable Comité des Missions de Båle n'en soit pour ses bonnes intentions. Adversaire déclaré de l'observation du dimanche, M. de Bismarck s'est déjà prononcé, il y a quelques années, dans le sein du Parlement allemand, en faveur de la protection à accorder à la fabrication de l'eaude-vie, qu'il déclare une boisson nécessaire à la classe ouvrière. Or, il n'est pas présumable qu'il trouve fort dangereux pour l'Afrique une denrée qu'il juge profitable et indispensable à l'Allemagne. Peut-être quelques-uns de nos amis d'outre Rhin finirontils par reconnaître que l'établissement du nouvel empire n'était pas encore l'avènement du Millénium.

Le Culturkampf vient de se terminer dans l'évêché de Bâle par la nomination de Mgr. Fiala, comme successeur de Mgr. Lachat. On vante la douceur et le patriotisme du nouveau prélat, dont font foi les paroles suivantes prononcées par lui au moment de son assermentation :

Je serai avec l'aide de Dieu un fidèle évêque de mon église selon le serment que je lui ai prêté lors de mon ordination comme

prêtre. Je serai aussi comme évêque, avec l'aide de Dieu, un fils fidèle de ma chère patrie, comme je lui ai voué l'enthousiasme de ma jeunesse et le travail de mon âge mûr. Le vieillard qui a employé de longs jours a étudier l'histoire de son pays et de son église, et qui a rapporté de cette étude les hautes et fermes convictions de sa vie, doit avoir appris à unir Dieu et la patrie dans un même amour et à rester fidèle comme évêque à l'idée directrice de sa vie. Oui, je vous fais la promesse de travailler fidèlement & consciencieusement, avec fidélité et douceur, au bien de la patrie et du peuple suisse. Que Dieu nous unisse dans un commun effort! Puissent s'accomplir les belles paroles du bienheureux pacificateur de Stanz dans la lettre qu'il nous a laissée comme une vénérable relique La paix est toujours en » Dieu; en Dieu est la paix ! La paix qui est » en Dieu, ne saurait être troublée. Que Dieu » le fasse ! »

Oui, que Dieu le fasse ! mais les vœux pieux de ces deux « ultramontains, Nicolas de Flue et l'évêque Fiala, ne devaient pas encore, paraît-il, être exaucés. Le Cultur kampf contre les catholiques du Jura n'a cessé que pour faire place au Culturkampf contre les salutistes, et dans ces deux combats pour la civilisation, il n'est que trop visible que cette dernière s'est fort mal portée. Les affaires salutistes nons avaient laissé respirer un moment. Nous avions cru qu'à dé faut de la liberté religieuse et du droit d'association, l'heure de la tolérance avait enfin sonné en Suisse; que même aux yeux de magistrats suisses, la chasse aux esprits avait fait son temps. Erreur! Le Conseil fédéral vient d'écarter le recours de sept cent huit citoyens de Berne et du Jura contre la lo bernoise du 31 octobre 1875, qui donne aus autorités locales le droit de dissoudre des réunions religieuses lorsque l'ordre est troublé, même par des tiers!

On redemande le droit commun et la Ligue du droit commun.

Un dernier écho des luttes confessionnelles qui ont éclaté à Bâle sur le terrain scolaire, a été la motion présentée au grand Conseil par M. Huber, pharmacien, et quelque peu théologien, paraît-il; motion portant la suppression de l'enseignement religieux officiel dans l'école publique. M. Huber eut le tort de défendre une cause juste, par les arguments ordinaires de ceux qui condamnent l'Ancien Testament sur des ouï-dire. M. Huber y a trouvé entre autres une histoire très défectueuse du peuple juif; toute sorte de détails qui ne sauraient procéder de l'inspiration divine; un étroit particularisme en contradiction directe avec l'esprit du Nouveau Testament; la religion juive serait, toujours selon M. Huber, la religion de l'égoïsme et, comme telle, opposée au christianisme qui est la religion de l'amour.

La motion Huber fut repoussée après discussion, par 56 voix contre 34. Parmi cellesci, il s'en trouvait, parait-il, un bon nombre du parti conservateur.

On sait que plusieurs cantons allemands ont établi entre eux un concordat concernant les examens terminaux des étudiants en théologie, comme il en existe un déjà pour ceux des futurs médecins.

Je lis dans le Kirchenfreund, numéro du 1 mai, que depuis longtemps la préparation des candidats laissait beaucoup à désirer au point de vue des connaissances bibliques, de celles en particulier qu'un jeune homme acquiert par l'étude personnelle de l'Ecriture sainte. On s'est aperçu qu'un candidat pouvait passer avec succès ses examens d'exégèse de l'Ancien et du Nouveau Testament, sans connaître sa Bible. L'existence de ce déficit, qui n'est d'ailleurs point spécial aux candidats de la Suisse allemande, est imputable en partie, il faut le reconnaitre, à la manière dont la science théologique est traitée aujourd'hui, en langue allemande surtout. La plus haute de toutes les sciences tend à devenir de plus en plus une série de questions per

sonnelles. La jeunesse universitaire ne dit plus Pour moi, je suis de Paul, et moi d'Apollos, et moi de Céphas; encore seraiton heureux de lui entendre tenir ce langage; mais Moi je suis de Ritschl, et moi de Franck, et moi de Lipsius! Les connaissances théologiques, tenues pour valables, portent sur les opinions diverses des trois ou quatre théologiens en renom, plutôt que sur les documents qui devraient être la source et la norme de ces opinions elles-mêmes. Au vu de ce chassé-croisé de chefs et sous-chefs d'école, tous fort savants, mais par trop portés à traiter bien ou mal leurs confrères, qui leur rendront la pareille, on comprend que les candidats s'attendent plutôt à être interrogés sur des pensées d'hommes que sur les pensées de Dieu.

Sur l'initiative de la Faculté de Bâle appuyée par celle de Zurich, la commission concordataire a donc modifié, en date du 17 mars, les articles 5 et 6 du règlement d'examen pour les candidats, comme suit: 5. Lecture et traduction de morceaux faciles de l'Ancien Testament dans la langue originale, et connaissance des livres particuliers et de leur contenu essentiel d'après la traduction allemande. 6. Lecture et traduction du Nouveau Testament et connaissance du contenu principal de ces livres.

Dès l'origine de notre Faculté de théologie indépendante de Neuchâtel, nous avons ajouté, dans la série des épreuves terminales des candidats au ministère, un examen dit de connaissances bibliques, qui dans notre pensée devait répondre au postulat énoncé plus haut.

La réunion des pasteurs évangéliques de Bâle-Ville vient de prendre une décision que nous ne nous permettrons pas de blåmer, mais que nous ne pouvons nous empêcher de regretter. On sait qu'il y a une dizaine d'années, une sécession s'était produite dans le sein de la Société pastorale suisse, à la suite des scandaleux événements de Thurgovie. On avait vu alors un synode libéral

interdire la lecture du symbole des apôtres dans le culte public, et deux pasteurs, dont l'un, le vénérable doyen Steiger, destitués pour avoir enfreint cette défense. Jamais, il faut en convenir, l'intolérance cléricale ne s'était montrée à la fois plus hypocrite e plus effrontée. Car enfin, il y a des excuses et des circonstances atténuantes pour l'intolérance des croyances qui supposent que hors d'elles, il n'y a pas de salut. Mais l'intolérance des négations, la persécution exercée au nom de l'indifférentisme, n'est plus qu'une sinistre plaisanterie. Et comme si ce n'en étai pas assez, le principal auteur de la mesure fut désigné la même année pour prêcher le sermon d'ouverture de la session de la Société, qui avait lieu à Saint-Gall. Ce fut alors qu'une grande partie des pasteurs évangéliques de Bâle crut devoir protester contre cette série d'outrages faits à l'Evangile, à la liberté et aux convenances, en déclarant leur sortie de la Société et en invitant leurs collègues du même sentiment qu'eux à les suivre. Je n'ai pas à rapporter ici les raisons qui engagèrent la plupart des membres des sections romandes à ne pas le faire.

En mars dernier fut posée dans le sein de la Société des pasteurs de Bâle la question de savoir si le moment n'était pas venu d'inviter pour l'année prochaine la Société pastorale suisse, dans le seul but de procurer aux représentants des diverses tendances l'occasion d'échanger leurs raisons. Mais l'idée, même accompagnée de cette réserve, rencontra dès l'abord une opposition si absolue, qu'elle ne put pas même être convertie en proposition. L'affaire de Thurgovie était déjà ancienne et peut-être en partie oubliée. Mais les partisans de l'abstention firent ressortir l'incompatibilité des opinions des différents partis renfermés dans la Société, qui rend, selon eux, toute entente illusoire et toute discussion stérile; puis l'espèce de scandale que cause à l'Eglise le spectacle d'une confraternité officielle s'étalant une fois par

année dans un festival, et démentie tôt après dans la lutte de tous les jours.

Ces raisons ont une incontestable valeur, et je sais qu'elles touchent un grand nombre de bons esprits, ailleurs qu'à Bâle. Elles me paraissent porter cependant sur une certaine façon de pratiquer l'institution plutôt que sur la question de principe elle-même. Certes si la Société pastorale suisse était une Eglise qui eût à sa base la neutralité des opinions, et qu'elle prétendit célébrer la cène en commun, elle ne pourrait plus exister comme telle à nos yeux. Mais nous la tenons, sauf erreur, pour un rendez-vous annuel où l'oc casion nous est offerte d'entendre, chaudes et vivantes, des opinions que nous n'appren drions à connaître sans cela que dans des journaux et des livres. Que dis-je, une société qui se dit composée de pasteurs et de ministres de Jésus-Christ, est apparemment une institution où les évangéliques sont che eux de plein droit.

Il est, nous ne le savons que trop, un bon nombre de pasteurs suisses, aux yeux desquels les croyances de ceux qui en ont, sont quelque chose comme un par-dessus qu'on passe et qu'on ôte à volonté, et que la charité commande en tout cas de déposer au vestiaire au moment de franchir le seuil d'une salle de banquet. L'on nous citait l'un d'entre eux qui, de tout le symbole, déclarait ne vouloir plus retenir que les deux premiers mots: Ich glaube! Encore le bon homme se faisait-il tort, selon moi, et il aurait dù s'en tenir au premier. Mais voyons, s'il me fallait déserter tous les lieux où il s'est dit des sottises, où voudriez-vous que je me misse?

On annonce la mort du fameux Dr Schenkel, professeur de théologie d'abord à Bàle, puis pendant de longues années, à Heidelberg. Il était natif du canton de Zurich, et origi naire de Schaffouse. Le Dr Schenkel restera un problème non résolu, et en tout cas un sérieux avertissement pour les défenseurs de la bonne cause. Car il avait mis pendant la première partie de sa carrière au

tant d'ardeur à combattre le rationalisme, qu'il en mit à le défendre et à le propager pendant la seconde. On raconte même qu'il employa durant sa première phase ses plus ardents efforts à faire destituer un professeur hégélien, que, quelques années plus tard, il employait les mêmes efforts à faire rétablir.

Le signal de sa volte-face fut son ouvrage intitulé Carakterbild Jesu, où la sainteté de la personne du Sauveur était attaquée. Ce fut un grand éclat, il y a vingt-cinq ans de cela, et un grand scandale, même dans le grand-duché de Bade. Ce cas et d'autres contemporains pourraient nous prouver que ce qui décide de la valeur finale d'un homme et d'un théologien, c'est moins encore la somme de doctrines qu'il représente à un moment donné que la manière dont il les représente

Rom. XV, 201, auquel saint Paul, tout saint Paul qu'il était, était le premier à se soumettre, m'accuseriez-vous de parler par jalousie ?

Le dimanche 7 juin, le peuple d'Argovie a adopté une revision de son pacte constitutionnnel. En ce qui concerne les cultes, le nouveau statut réalise un progrès toujours intéressant à signaler par le temps qui court, dans le sens de la séparation de l'ordre civil et de l'ordre religieux. Les différentes confessions s'organisent à leur gré, sous la surveillance générale de l'Etat. Chacune d'elles est appelée à élire un synode chargé de pourvoir à son administration. Les biens d'Eglise (ces malheureux biens d'Eglise qui ont fait tant de mal et si peu de bien), sont séparés de la fortune de l'Etat, placés sous la

administration spéciale.

et la direction qu'il suit. Vous verrez les dog-garantie d'actes de propriété et gérés par une matiques de deux hommes se rencontrer et en apparence se recouvrir l'une l'autre à un moment donné; mais l'un de ces hommes monte et l'autre descend, et voilà ce qui fait toute la différence entre l'un et l'autre.

Le revirement de Schenkel ne profita guère à sa renommée, et il ne tarda pas à devenir le martyr de ses opinions nouvelles. Ses livres se vendirent moins, et les élèves, qui ne l'avaient jamais beaucoup goûté, désertérent le pied de sa chaire. Une année même, nous apprimes que, grâce à lui, le nombre des étudiants en théologie inscrits à l'Université de Heidelberg était tombé à huit!

Le Wochenblatt, organe du parti évangélique de Zurich, annonce, non sans un certain frémissement, que ce canton va être visité par l'Armée du salut. L'Armée du salut n'a pas de chance. Elle empire les méchants et elle terrorise les bons. Mais aussi pourquoi choisir pour ses points d'attaque Genève, Neuchâtel et la Sagne plutôt que Fribourg et le Valais; le canton de Zurich plutôt que les cantons primitifs?

Franchement, mes amis, si je vous disais que vous êtes brouillés avec le précepte

Enfin, la nouvelle constitution du Culturstaat accorde au gouvernement les moyens d'élever les traitements des instituteurs, que le referendum populaire lui avait impitoyablement refusé jusqu'ici.

France.

A. GRETILLAT.

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Les funérailles faites à Victor Hugo sont un phénomène peut-être unique dans l'histoire. Paris, la France, l'Europe, le monde entier se sont unis pour lui tresser des couronnes et lui rendre les derniers hommages. Les représentants de la politique, de la presse, du théâtre, de la poésie, de la science, de l'art se sont trouvés d'accord pour le proclamer le plus illustre des Français contemporains. A quelque opinion religieuse ou politique qu'ils appartinssent, tous se sont

1 « Et je me suis fait honneur d'annoncer l'Evangile là où Christ n'avait point été nommé, afin de ne pas bâtir sur le fondement d'autrui. »

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