l'envie, leur donnent aussi de la crainte; c'est pourquoi jamais on ne doit s'abstenir de bien faire, pour éviter cette sorte de haine; et il n'y en a point qui leur puisse nuire, que celle qui vient de l'injustice ou de l'arrogance que le peuple juge être en eux. Car on yoit même que ceux qui ont été condamnés à la mort, n'ont point contume de haïr leurs juges, quand ils pensent l'avoir méritée, et on souffre aussi avec patience les maux qu'on n'a point mérités, quand on croit que le prince, de qui on les reçoit, est en quelque façon contraint de les faire, et qu'il en a du déplaisir, quant à ce qu'on estime qu'il est juste qu'il préfère l'utilité publique à celle des particuliers. Il y a seulement de la difficulté, lorsqu'on est obligé de satisfaire à deux partis qui jugent différemment de ce qui est juste, comme lorsque les empereurs romains avoient à contenter les citoyens et les soldats; auquel cas il est raisonnable d'accorder quelque chose aux uns et aux autres, et on ne doit pas entreprendre de faire venir tout d'un coup à la raison ceux qui ne sont pas accoutumés de l'entendre; mais il faut tâcher peu à peu, soit par des écrits publics, soit par les voix des prédicateurs, soit par tels autres moyens semblables, de la leur faire concevoir: car enfin le peuple souffre tout ce qu'on peut lui persuader être juste, et s'offense de tout ce qu'il imagine être injuste. Et l'arrogance des princes, c'est-à-dire, l'usurpation de quelque autorité, de quelques droits, ou de quelques honneurs qu'il croit ne leur être point dus, ne lui est odieuse que parce qu'il la considère comme une espèce d'injustice. Je ne suis pas aussi de l'opinion de cet auteur dans ce qu'il dit en sa préface, que comme il faut être dans la plaine pour mieux voir la figure des montagnes, lorsqu'on en veut tirer le crayon, ainsi on doit être de condition privée pour bien connoître l'office d'un prince car le crayon ne représente que les choses qui se voient de loin; inais les principaux motifs des actions des princes sont souvent des circonstances si particulières, qu'à moins qu'on ne soit le prince lui-même, ou bien qu'on ait été fort long-temps participant de ses secrets, on ne les sauroit imaginer.... Je crois que c'est le dessein de louer César Borgia, et de justifier des actions particulières de ce prince, très-peu susceptibles d'excuses, qui a porté Machiavel à établir ces maximes générales, dans son traité du Prince. Je n'ai rien remarqué de mauvais dans ses Discours sur Tite-Live. Au reste, dans tous les Etats et toutes les situations de ce monde, on sera heureux si on pratique les maximes qui enseignent, 1°. que la félicité de chaque individu dépend de lui-même; 2°. qu'il faut tellement se tenir hors de l'empire de la fortune, que, quoiqu'on ne perde pas les occasions de retenir les avantages qu'elle donne, on ne croie pas cependant être malheureux quand elle les refuse; 3°. que, puisque, dans toutes les affaires de ce monde, il y a toujours beaucoup de raisons pour et contre, on doit s'arrêter principalement à considérer les raisons qui tendent à faire approuver les choses qui arrivent. FIN. TABLE. DISCOURS ISCOURS PRÉLIMINAIRE. VIE RELIGIEUSE DE DESCARTES. Page j I. Importance de prouver par la raison l'existence de Dieu et l'immatérialité de l'ame : l'Ecriture sainte nous enseigne V. Démonstration tirée de l'idée que nous avons en général VI. Eclaircissement sur quelques doutes proposés contre l'argument tiré de l'idée de Dieu qui est en nous. VII. La Démonstration de l'existence de Dieu, tirée de son idée, éclaircie et confirmée. VIII. Réponse de Descartes à différentes observations criti- ques de Gassendi, sur la démonstration précédente. 32 IX. Seconde Démonstration de l'existence de Dieu, tirée de XII. Les attributs de Dieu se déduisent facilement des dé- 57 Page 55 XIII. Les notions générales et l'idée de Dieu ne viennent poitit des sens réfutation anticipée de Locke. XIV. Impuissance de l'attaque que livre Regius aux preuves de l'existence de Dieu, inventées par Descartes. XV. Raison qu'a eue Descartes de ne point insister sur l'ar- gument tiré de la suite des causes efficientes, ou de l'absur- dité du progrès à l'infini. D'où vient la force de la preuve XVI. La Méthode da douté, à l'égard même de l'existence 68 XVII. Pourquoi Descartes n'a point répondu à certains ar- LADOS Just sb conn. ob m 71 XX. On ne sauroit se former une trop haute idée des œuvres de Dieu, et on présumeroit trop de soi-même, si on entre- prenoit de connoître toutes les fins que Dieu s'est propostes essentiellement capables de nous tromper; sont toujours volontaires, 90 99 |