Page images
PDF
EPUB

PENSÉES

DE DESCARTES,

SUR

LA RELIGION

ET

LA MORALE.

for M. Emery, super des falpin.

[graphic]
[ocr errors]

A PARIS,

Chez ADRIEN LE CLERE, Imprimeur de l'Archevêché,
quai des Augustins, no. 35.

1811.

BIBL. UNIV.

1982.B.30

[ocr errors][merged small][ocr errors]
[ocr errors]

NOTICE

SUR LA VIE ET LES ÉCRITS

DE M. ÉMERY,

ancien supérieur-général de Saint-Sulpice, et, en dernier lieu, conseiller titulaire de l'Univer sité impériale.

ON s'est plaint quelquefois, et avec justice, de la profusion des éloges que notre siècle accorde indistinctement aux morts. A peine un homme a-t-il rendu le dernier soupir, que des amis officieux s'empressent de le canoniser. Ils louent à outrance les vertus de celui qui en eut le moins, et les connoissances de celui qui en fut le plus dépourvu. Le défunt se trouve inopinément avoir eu toutes ces qualités dans un degré supérieur, et ceux qui l'ont le mieux connu, apprennent avec étonnement qu'il avoit un mérite que personne ne lui soupçonnoit. Il y a malheureusement aujourd'hui une foule d'exemples de cette exagération. Actuellement un homme mort n'est plus simplement médiocre; ce n'étoit peut-être au plus qu'un homme Tome I.

:

pour

de bien; on en fait un modèle parfait. Peut-être avoit-il quelque littérature; on exalte ses grands talens, on en fait un génie par-là on a en quelque sorte avili la louange; on a discrédité les hommages dus à la mémoire des hommes vraiment recommandables par leurs qualités et par leurs connoissances. Que resterat-il en effet pour ceux-ci, si l'on prodigue l'éloge pour le mérite le plus ordinaire? Quel tribut d'éloges décernerons-nous aux talens distingués et à la vertu la plus éclatante, si l'on épuise l'admiration les talens les plus minces et pour les vertus les plus communes? Telles sont les réflexions qui se sont présentées à notre esprit en commençant cette notice. Nous avons craint qu'on ne nous accusât aussi d'exagération et d'enflure; nous avons craint qu'on ne prît le juste hommage que nous allons rendre à M. Emery, pour un tribut payé à la coutume, et qu'on ne nous soupconnât d'avoir flatté le portrait. Nous espérons pourtant que l'on appréciera mieux notre travail. Ceux qui ont connu M. Emery, ne trouveront point sans doute que nous en ayons trop dit : ceux qui ne l'ont point connu, en auront probablement assez entendu dire du bien, pour ajouter foi à ce que nous allons en rapporter. On ne nous reprochera donc point nos éloges. Outre que nous sommes fort éloignés par inclination de cette manie du siècle qui prodigue la louange sans discrétion, parce qu'il ne met pas assez d'importance à la vertu, nous sommes encore plus obligés, dans la

circonstance présente, d'úser de cette mesure et de cette réserve qu'il convient toujours d'observer. Il seroit déplacé de prendre le langage de l'exagération en parlant de l'homme le plus modeste; il seroit ridicule que le ton de cette notice fût contradictoire avec le caractère de celui qui en est l'objet. Nous le louerons donc principalement par les faits, nous le montrerons dans toute la simplicité de sa vie : ses travaux et ses services parleront assez d'eux-mêmes, et sa mémoire demande, non un panégyriste, mais un historien fidèle.

Jacques-André Emery naquit le 26 août 1732, à Gex, capitale du petit pays de ce nom, qui faisoit partie du diocèse de Genève. Il étoit le second fils de messire Joseph Emery, écuyer, conseiller du roi, et son lieutenant-général criminel au bailliage de Gex. Ce sont les titres qu'il porte dans l'extrait de baptême de Jacques-André. La mère étoit dame Pernette de Borsat; ils eurent de plus deux fils et une fille. L'aîné des fils succéda à son père dans la charge de lieutenantcriminel. Le dernier entra au service, sous le nom d'Emery de Saint-Martin, et fut capitaine dans un régiment d'infanterie. L'un et l'autre sont morts avant Jacques-André; ils n'ont. point eu de postérité. La fille fut mariée, et a laissé des enfans qui sont les héritiers de leur oncle. Pour compléter tout ce que nous avons à dire sur une famille sur laquelle nous ne reviendrons plus, M. Emery avoit encore à Paris plu

« PreviousContinue »