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CHAP. XVIII. De la Défiance. 96
CHAP. XIX. D'un vilain homme. 99
CHAP. XX. D'un homme incommode.101
CHAP. XXI. De la fotte vanité. 103
CHAP. XXII. De l'Avarice.
CHAB. XXIII. De l'Oftentation. 109
CHAP. XXIV. De l'Orgueil.

106

112

CHAP. XXV. De la Peur, ou du dé

114

faut de courage. CHAP. XXVI. Des Grands d'une République.

117

CHAP. XXVII. D'une tardive Inftruc

tion.

I 20

CHAP. XXVIII. De la Médifance. 122 LES CARACTERES OU LES MOURS DE CE SIECLE. 125 PREFACE. 127

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CHAP. I. Des Ouvrages de l'Efprit. 135 CHAP. II. Du Mérite perfonnel. 177 CHAP. III. Des Femmes.

CHAP. IV. Du Cœur.

201

238

CHAP. V. De la Societé & de la Con

verfation.

259

CHAP. VI. Des biens de Fortune. 304

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publique.

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DISCOURS

SUR

THEOPHRASTE.

E n'eftime pas que l'homme foit capable de former dans fon efprit un projet plus vain & plus chimérique, que de prétendre, en écrivant de quelque Art ou de quelque Science que ce foit, échapper à toute forte de critique, & enlever les fuffrages de tous fes Lecteurs.

Car fans m'étendre fur la différence des efprits des hommes auffi prodigieufe en eux que celle de leurs vifages, qui fait goûter aux uns les chofes de fpéculation, & aux autres celles de pratique; qui fait que quelques uns cherchent dans les Livres à exercer Tome I. leur

Α

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leur imagination, quelques autres à former leur jugement; qu'entre ceux qui lient, ceux-ci aiment à être forcés par la démonstration; & ceux-là veulent entendre délicatement .ou former des raifonnemens & des conjectures; je me renferme feulement dans cette Science qui décrit les mœurs, qui examine les hommes, & qui développe leurs caractères; & j'ofe dire que fur les Ouvrages qui traitent de chofes qui les touchent de fi près, & où il ne s'agit que d'eux-mêmes, ils font encore extrêmement difficiles à contenter.

Quelques Savans ne goûtent que les Apophthegmes des Anciens, & les exemples tirés des Romains, des Grecs, des Perfes, des Egyptiens; l'histoire du monde préfent leur eft infipide; ils ne font point touchés des hommes qui les environnent, & avec qui ils vivent, & ne font nulle attention à leurs mœurs. Les femmes au contraire, les gens de la Cour, & tous ceux qui n'ont que beaucoup d'efprit fans érudition, indifférens pour toutes les chofes qui les ont précédé, font avides de celles qui fe paffent à leurs

yeux, & qui font comme fous leur main : ils les examinent, ils les difcernent, ils ne perdent pas de vûe les perfonnes qui les entourent, fi charmés des defcriptions & des peintures que l'on fait de leurs contemporains, de leurs concitoyens, de ceux enfin qui leur reffemblent, & à qui ils ne croyent pas reffembler, que jufques dans la Chaire l'on fe croit obligé fouvent de fufpendre l'Evangile pour les prendre par leur foible, & les ramener à leurs devoirs par des chofes qui foient de leur goût & de leur portée.

La Cour ou ne connoît pas la Ville, ou par le mépris qu'elle a pour elle néglige d'en relever le ridicule, & n'eft point frappée des images qu'il peut fournir; & fi au contraire l'on peint la Cour, comme c'eft toujours avec les ménagemens qui lui font dûs, la Ville ne tire pas de cette ébauche de quoi remplir fa curiofité, & fe faire une jufte idée d'un païs où il faut même avoir vêcu pour le connoître.

D'autre part il eft naturel aux hommes de ne point convenir de la beauté ou de la délicateffe d'un trait de morale qui les peint, qui les défigne, &

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où ils fe reconnoiffent eux-mêmes : ils fe tirent d'embarras, en le condamnant; & tels n'approuvent la fatyre, que lorfque commençant à lâcher prife, & à s'éloigner de leurs perfonnes, elle va mordre quelque autre.

Enfin quelle apparence de pouvoir remplir tous les goûts fi différens des hommes par un feul Ouvrage de Morale? Les uns cherchent des définitions, des divisions, des tables, & de la méthode : ils veulent qu'on leur explique ce que c'est que la Vertu en général, & cette Vertu en particulier; quelle différence fe trouve entre la valeur, la force, & la magnanimité, les vices extrêmes par le défaut ou par l'excès entre lefquels chaque vertu fe trouve placée, & duquel de ces deux extrêmes elle emprunte davantage: toute autre doctrine ne leur plaît pas. Les autres contens que l'on réduife les mœurs aux paffions, & que l'on explique celles-ci par le mouvement du fang, par celui des fibres & des arteres, quittent un Auteur de tout le refte.

Il s'en trouve d'un troifiéme ordre, qui perfuadés que toute doctrine des

mœurs

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