Oeuvres complètes de Mme. de La Fayette, Volume 1

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Page 119 - ... voir quelque chose qui l'en fit souvenir. Elle m'a montré vingt fois à Félime ; elle lui a fait considérer tous mes traits; enfin elle m'a regardé tout le jour; mais ce n'est pas moi qu'elle voit, ni à qui elle pense. Quand elle me regarde, je la fais souvenir de la seule chose que je voudrais lui faire oublier; je suis même privé du plaisir de voir ses beaux yeux tournés sur moi , et elle ne peut plus me regarder sans me donner de la jalousie. Consalve dit toutes ces paroles avec tant...
Page 87 - Je crois que nous devons cet avantage à la politesse de notre galanterie, qui vient, à mon avis, de la grande liberté dans laquelle les hommes vivent en France avec les femmes. Elles sont presque recluses en Italie et en Espagne, et sont séparées des hommes par tant d'obstacles qu'on les voit peu, et qu'on ne leur parle presque jamais : de sorte que l'on a négligé l'art de les cajoler agréablement...
Page 88 - Les hommes ont donc été obligés d'assiéger ce rempart par les formes , et ont employé tant de soin et d'adresse pour le réduire, qu'ils s'en sont fait un art presque inconnu aux autres peuples. C'est cet art qui distingue les romans français des autres romans, et qui en a rendu la lecture si délicieuse, qu'elle a fait négliger des lectures plus utiles.
Page 33 - ... sont les acteurs , et dont les aventures sont illustres et mémorables , parce qu'il ne serait pas vraisemblable que de grands événemens fussent demeurés cachés au monde et négligés par les historiens ; et la vraisemblance, qui ne se trouve pas toujours dans l'histoire , est essentielle au roman.
Page 90 - Huet, et ne sert tant à le façonner et le rendre propre au monde, que la lecture des bons romans. Ce sont des précepteurs muets qui succèdent à ceux du collège, et qui apprennent aux jeunes gens, d'une méthode bien plus instructive et bien plus persuasive, à parler et à vivre, et qui achèvent d'abattre la poussière de l'école, dont ils sont encore couverts...
Page 81 - ... cherche dans le passé et dans l'avenir , dans la vérité et dans le mensonge , dans les espaces imaginaires et dans l'impossible même , de quoi les occuper et les exercer.
Page 56 - S'il est vrai, comme il le reconnaît lui-même, que le roman doit ressembler à un corps parfait , et être composé de plusieurs parties différentes et proportionnées, sous un seul chef; il s'ensuit que l'action principale, qui est comme le chef du roman, doit être unique et illustre en comparaison des autres ; et que les actions subordonnées , qui sont comme les membres , doivent se rapporter à ce chef, lui céder en beauté et en dignité, l'orner, le soutenir, et l'accompagner avec dépendance;...
Page 26 - Garcie, vous aviez raison; il n'ya de passions que celles qui nous frappent d'abord et qui nous surprennent; les autres ne sont que des liaisons où nous portons volontairement notre cœur. Les véritables inclinations nous l'arrachent malgré nous et l'amour que j'ai pour Zaïde est un torrent qui m'entraîne sans me laisser un moment le pouvoir d'y résister. Mais, Alphonse, ajouta-t-il, je vous fais passer la nuit à vous entretenir de mes peines, et il est juste de vous laisser en repos. Après...
Page 122 - La solitude où j'ai vécu depuis m'a laissé ignorer la suite de ces heureux commencemens ; mais je ne puis douter qu'elle n'y réponde. Je ne croyais pas que mon nom vous fût connu, répondit Consalve, et je me trouve heureux que vous soyez prévenu en ma faveur par une réputation que je n'ai peut-être pas méritée. Alphonse redoubla alors son attention , et Consalve commença en ces termes.
Page 31 - ... qui enseigne que le poète est plus poète par les fictions qu'il invente que par les vers qu'il compose, on puisse mettre les faiseurs de romans au nombre des poètes.

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