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est vrai que sous ce rapport, il ressemble un peu à l'âne de la fable du bon la Fontaine, qui prétendait imiter les espiègleries du petit chien chéri de la maison, mais il n'en est pas moins vrai que l'illustre habitant des rives de l'Euphrate ou du Gange, n'a pas du tout l'air gauche et timide sur celles de la Seine ; d'abord il débouche une bouteille de Champagne comme un auteur chansonnier; il joue aux boules aussi bien qu'un vieux rentier du Marais, prend un mouchoir dans la poche de son cornac, au moyen de sa trompe (prodige de la nature), avec autant d'adresse qu'un filou du Palais-Royal; ses talens ne se bornent pas là; Baba est mélomane, et joue de l'octave assez bien pour conduire une contre-danse; il rapporte comme un chien caniche, et malgré sa structure informe, if est capable d'atteindre un coureur très

exercé. Que ne doit-on donc pas attendre de Baba, qui, encore au berceau, déploye déjà une intelligence si précoce!.. Oh! certes, MM. Franconi vont en faire une petite merveille, et nous ne désespérons pas de voir un jour notre héros asiatique rivaliserde légèreté et d'adresse avec les chevaux les plus étonnans da manége. Baba, dis-je, fera tous les exercices d'usage à ce théâtre chevaleresque, et le saut périlleux des trois planches ne sera pour lui qu'un badinage. Quant à ses facultés intellectuelles, peut-on encore marquer le point où elles s'arrêteront? L'illustre étranger est susceptible d'aller à tout: il entend déjà très-bien le français, ce qui n'est pas d'un petit mérite pour un personnage qui n'a jamais parlé que les langues orientales: bref, Baba fera accourir une foule de curieux des quatre points cardinaux de la France; il laissera:

loin derrière lui, malgré toute sa vélocité, le cerf Coco, depuis longtemps oublié, tant il est vrai que la beauté des formes extérieures n'est rien, et que l'esprit fait l'unique mérite. Tel d'un rocher affreux sort une source d'eau limpide qui vivifie et embellit tout ce qu'elle arrose.

Le Cirque Olympique n'est pas seulement intéressant par l'étonnante habileté avec laquelle MM. Franconi dressent les chevaux, soit par la privation du sommeil, de la nourriture, les châtimens de la chambrière, de l'éperon, du caveçon, des mors tures, brisés, des triples brides, des récompenses fréquentes en friandises, et enfin de tous les moyens que d'aussi habiles écuyers peuvent employer soit en perfectionnant les principes d'équitation de MM. de la Guérinière, soit par des procédés à nous inconnus. Ce théâtre donne des mélodrames militaires où la

vérité surprenante des tableaux transporte le spectateur sur les lieux mê– mes; ainsi L'ATTAQUE DU CONVOI VOUS fait connaître parfaitement les horreurs de nos guerres en Espagne; c'est la peinture, mais vivante, du superbe tableau de M. le général Lejeune : la danse mêle encore ses jeux et son art au luxe des costumes et des décors, et contribue à faire de ce cirque un des théâtres les plus agréables de Paris.

Lecteur vá donc voir Baba, tu en seras tout ébahi,

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Telle était la légende qu'on a lue pendant plus de vingt ans, sur le frontispice de ce superbe monument; la révolution l'avait tracée et la religion l'efface. Copistes des anciens, dans le cours de nos bouleversemens politiques, nos Brutus, nos Mutius - Scævola modernes, nos Thémistocles, nos Périclès, nos Alcibiades en écharpe tricolore, singeant la grande Athènes, avaient aussi voulu posséder leur Panthéon. Ste. Geneviève, la patronne de Paris, fut éconduite de son temple par des mains sacriléges, et les restes boueux de Marat, souillèrent pen

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