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Eben so zeichnete er sich 1642 bei der Belagerung von Perpignan und und Colioure aus. In seinem 32sten Jahre erhielt er den Feld marschallstab. Um diese Zeit wurde ihm das Kommando der deutschfranzösischen Armee übertragen, die er auf eigene Kosten mit Kleidung und Pferden versah. Er ging mit 7000 Mann über den Rhein, ward 1645 bei Mergentheim (Mariendal) geschlagen, gewann aber drei Monate nachher die Schlacht bei Nördlingen. 1646 bewirkte er die berühmte Vereinigung des französischen und schwedischen Heeres, und zwang den Herzog von Baiern, um Frieden zu bitten. Als dieser den geschlossenen Traktat brach, schlug er, in Verbindung mit den Schweden, die Baiern bei Zusmershausen, und brach in die baierschen Länder ein. Während der bürgerlichen Unruhen der Fronde war er erst auf Seiten des Parlements, nachher auf der des Hofes. 1654 entsetzte er Arras, und nahm 1657 Condé und andere feste Plätze in Flandern ein. Als Frankreich 1658 mit Cromwell ein Bündnifs schlofs, übertrug man ihm das Kommando über die vereinigten französischen und englischen Truppen, an deren Spitze er die Schlacht auf den Dünen gewann und Dünkirchen eroberte. Die Folge hiervon war, dufs beinahe ganz Flandern in seine Hände fiel, und die Spanier sich genöthigt sahen, 1659 den pyrenäischen Frieden mit Frankreich zu schliefsen. Als der Krieg 1667 von neuem ausbruch, nahm er wieder so viele feste Plätze in Flandern ein, dass die Spanier ubermals zum Frieden gezwungen wurden. An dem glänzenden Feldzuge, den Ludwig XIV 1672 gegen Holland unternahm, in welchem innerhalb 22 Tagen 40 Städte übergingen, hatte er gleichfalls grofsen Antheil. Um den Kurfürsten von Brandenburg, Friedrich Wilhelm, zu bewegen, von dem mit dem Kaiser und Holland geschlossenen Bündnisse abzugehen, drang er in dessen westphälische Staaten ein, und nöthigte ihn, 1673 den Frieden von Vossem zu unterzeichnen. Die deutschen Fürsten verbanden sich nun nach einander mit dem Kaiser; auch Spanien erklärte den Krieg aufs neue. Turenne eilte nach Deutschland, schlug den Herzog von Lothringen bei Sinsheim, und blieb dadurch Herr von der Pfalz, welche nun auf eine grausame Art verwüstet wurde, um dem Feinde die Subsistenz für den künftigen Feldzug zu erschweren. Die Deutschen drangen aber dennoch mit ansehnlicher Verstärkung in den Elsafs, und nahmen daselbst ihre Winterquartiere. Allein Turenne brach über die voghesischen Gebirge in diese Provinz ein, schlug die Feinde bei Mühlhausen (den 29sten December 1674), und zwang sie, den Elsafs zu räumen. Nicht lange nachher endigte er sein thatenvolles Leben, indem er den 27. Julius 1675 beim Recognosciren durch eine Kanonenkugel bei Sasbach getödtet wurde.-Sein Leichnam wurde in der Abtei St. Denis beigesetzt *).

*) Damals hätten sich folgende Verse von Sédaine sehr gut zu einer Grabschrift auf ihn geeignet:

Als man hier am 12. Oktober 1793 auf Befehl des National-Konvents die königlichen Leichname aufgrub, und sie zur völligen Ver. nichtung in eine Kalkgrube warf, achtete man die Gebeine des grofsen Turenne. Sie wurden erst in eine Kirche, nach einiger Zeit in den botanischen Garten zu Paris, hierauf auf Befehl des Vollziehungs-Direktoriums in das Museum der französischen Denkmäler, und endlich am 15. Vendémiaire des Jahres IX, auf Befehl der Consuln, mit grossem Pomp in die Kirche der Invaliden transportirt. Bei der Oeffnung seines Sarges fand man seinen Leichnam noch kenntlich.

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ORAISON FUNEBRE DE MONSIEUR DE TURENNE,

prononcée à Paris dans l'Église de St. Eustache,
le 10 de janvier 1676.

Fleverunt eum omnis populus Israël planctu magno, et lugebant dies multos, et dixerunt: quomodo cecidit potens, qui salvum faciebat populum Israël! 1. Mach. 9.

Je ne puis, Messieurs, vous donner d'abord une plus haute idée du triste sujet dont je viens vous entretenir, qu'en recueillant ces termes nobles et expressifs, dont l'Écriture Sainte se sert pour la vie, et pour déplorer la mort du sage et vaillant Machabée. Cet homme qui portoit la gloire de sa nation jusqu'aux extrémités de la terre; qui couvroit son camp d'un bouclier, et forçoit celui des ennemis avec l'épée; qui donnoit à des rois ligués contre lui, des déplaisirs mortels, et réjouissoit Jacob par ses vertns et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle.

Cet homme qui défendoit les villes de Juda, qui domptoit l'orgueil des enfans d'Ammon et d'Esau, qui revenoit chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères; cet homme que Dieu avoit mis autour d'Israël, comme un mur d'airain, où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l'Asie, et qui après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus fiers et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venoit tous les ans, comme le moindre des Israëlites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne vouloit autre récompense des services qu'il rendoit à sa patrie, que l'honneur de l'avoir servie.

Ce vaillant homme poussant enfin, avec un courage invincible, les ennemis qu'il avoit réduits à une fuite honteuse, reçut le coup mortel, et demeura comme enséveli dans son triomphe. Au premier bruit de ce funeste accident, toutes les villes de Judée furent émues: des ruisseaux de larmes

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coulèrent des yeux de tous leurs habitans. Ils furent quelque temps saisis, muets, immobiles. Un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d'une voix entrecoupée de sanglots, que formoient dans leurs coeurs la tristesse, la pitié, la crainte, ils s'écrièrent: Comment est mort cet homme puissant, qui sauvoit le peuple d'Israël! A ces cris, Jérusalem redoubla ses pleurs: les voûtes du temple s'ébranlèrent; le Jourdain se troubla et tous ses rivages retentirent du son de ces lugubres paroles: Comment est mort cet homme puissant qui sauvoit le peuple d'Israël!

Chrétiens, qu'une triste cérémonie assemble en ce lieu, ne rappelezvous pas en votre mémoire ce que vous avez vu, ce que vous avez senti il y a cinq mois? Ne vous reconnoissez-vous pas dans l'affliction que j'ai décrite? Et ne mettez-vous pas dans votre esprit à la place du héros dont parle l'Écriture, celui dont je viens vous parler? La vertu et le malheur de l'un et de l'autre sont semblables; et il ne manque aujourd'hui à ce dernier, qu'un éloge digne de lui. O si l'Esprit divin, l'Esprit de force et de vérité, avoit enrichi mon discours de ces images vives et naturelles, qui représentent la vertu, et qui la persuadent tout ensemble, de combien de nobles idées remplirois-je vos esprits et quelle impression feroit sur vos coeurs le récit de tant d'actions édifiantes et glorieuses!

Quelle matière fut jamais plus disposée à recevoir tous les ornemens d'une grave et solide éloquence, que la vie et la mort du Vicomte de Turenne? Où brillent avec plus d'éclat les effets glorieux de la vertu militaire, conduites d'armées, siéges de places, prises de villes, passages de rivières, attaques hardies, retraites honorables, campemens bien ordonnés, combats soutenus, batailles gagnées, ennemis vaincus par la force, dissipés par l'adresse, lassés et consommés par une sage et noble patience? Où peut-on trouver tant et de si puissans exemples, que dans les actions d'un homme sage, modeste, libéral, désintéressé, dévoué au service du prince et de la patrie, grand dans l'adversité par son courage, dans la prospérité par sa modestie, dans les difficultés par sa prudence, dans les périls par sa valeur, dans la religion par sa piété?

Quel sujet peut inspirer des sentimens plus justes et plus touchans, qu'une mort soudaine et surprenante, qui a suspendu le cours de nos victoires, et rompu les plus douces espérances de la paix? Puissances ennemies de la France, vous vivez, et l'esprit de la charité chrétienne m'interdit de faire aucun souhait pour votre mort. Puissiez-vous seulement reconnoître la justice de nos armes, recevoir la paix que malgré vos pertes vous avez tant de fois refusée, et dans l'abondance de vos larmes éteindre les feux d'une guerre que vous avez malheureusement allumée! A Dieu ne plaise que je porte mes souhaits plus loin! Les jugemens de Dieu sont impénétrables. Mais vous vivez, et je plains en cette chaire un sage et vertueux capitaine, dont les intentions étoient pures, et dont la vertu sembloit mériter une vie plus longue et plus étendue.

Retenons nos plaintes, Messieurs, il est temps de commencer son éloge, et de vous faire voir comment cet homme puissant triomphe des ennemis de l'état par sa valeur, des passions de l'âme par sa sagesse, des erreurs

et des vanités du siècle par sa piété. Si j'interromps cet ordre de mon discours, pardonnez un peu de confusion dans un sujet qui nous a causé tant de troubles. Je confondrai peut-être quelquefois le général d'armée, le sage, le chrétien. Je louerai tantôt les victoires, tantôt les vertus qui les ont obtenues. Si je ne puis raconter tant d'actions, je les découvrirai dans leurs principes; j'adorerai le Dieu des armées, j'invoquerai le Dieu de la paix, je bénirai le Dieu des miséricordes, et j'attirerai partout votre attention, non pas par la force de l'éloquence, mais par la vérité, et par la grandeur des vertus dont je suis engagé de vous parler.

N'attendez pas, Messieurs, que je suive la coutume des orateurs et que je loue M. de Turenne, comme on loue les hommes ordinaires. Si sa vie avoit moins d'éclat, je m'arrêterois sur la grandeur et la noblesse de sa maison: et si son portrait étoit moins beau, je produirois ici ceux de ses ancêtres. Mais la gloire de ses actions efface celle de sa naissance, et la moindre louange *) qu'on peut lui donner, c'est d'être sorti de l'ancienne et illustre maison de la Tour d'Auvergne, qui a mêlé son sang à celui des rois et des empereurs, qui a donné des maîtres à l'Aquitaine, des princesses à toutes les cours de l'Europe, et des reines mêmes à la France.

Avant sa quatorzième année il commença de porter les armes. Des siéges et des combats servirent d'exercice à son enfance, et ses premiers divertissemens furent des victoires. Sous la discipline du prince d'Orange, son oncle maternel, il apprit l'art de la guerre en qualité de simple soldat; et ni l'orgueil ni la paresse ne l'éloignèrent d'aucun des emplois, où la peine et l'obéissance sont attachées, On le vit, en ce dernier rang de la milice, ne refuser aucune fatigue, et ne craindre aucun péril; faire par honneur ce que les autres faisoient par nécessité, et ne se distinguer d'eux que par un plus grand attachement au travail et par une plus noble appli

cation à tous ses devoirs.

Ainsi commençoit une vie dont les suites devoient être si glorieuses, semblable à ces fleuves qui s'étendent à mesure qu'ils s'éloignent de leur source, et qui portent enfin par-tout où ils coulent, la commodité et l'abondance. Depuis ce temps, il a vécu pour la gloire et pour le salut de l'état. Il a rendu tous les services qu'on peut attendre d'un esprit ferme et agis sant, quand il se trouve dans un corps robuste et bien constitué. Il a eu dans la jeunesse toute la prudence d'un âge avancé, et dans un âge avancé toute la vigueur de la jeunesse. Comme il ne perdit pas ses jeunes années dans la mollesse et dans la volupté, il n'a pas été contraint de passer les dernières dans l'oisiveté et dans la foiblesse.

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Quel peuple ennemi de la France n'a pas ressenti les effets de sa valeur, et quel endroit de nos frontières n'a pas servi de théâtre à sa gloire? passe les Alpes; et dans les fameuses actions de Casal et de Turin, il se signale par son courage et par sa prudence; et l'Italie le regarde comme un des principaux instrumens de ces grands et prodigieux succès qu'on

Laharpe tadelt den Ausdruck louange: er wünscht, dafe Fléchier dafür le moindre lustre oder le moindre titre gesagt hätte.

aura peine à croire un jour dans l'histoire. Il passe des Alpes aux Pyré nées, pour assister à la conquête de deux importantes places *), qui mettent une de nos plus belles provinces à couvert de tous les efforts de l'Espagne. Il va recueillir au-delà du Rhin les débris d'une armée défaite; il prend des villes **) et contribue au gain des batailles ***). Il s'élève ainsi par degrés et par son seul mérite au suprême commandement, et fait voir dans tout le cours de sa vie, ce que peut, pour la défense d'un royaume, un général d'armée, qui s'est rendu digne de commander en obéissant, et qui a joint à la valeur et au génie l'application et l'expérience.

Ce fut alors que son esprit et son coeur agirent dans toute leur étendue. Soit qu'il fallût préparer les affaires ou les décider, chercher la victoire avec ardeur, ou l'attendre avec patience; soit qu'il fallût prévenir les desseins des ennemis par la hardiesse, ou dissiper les craintes et les jalousies des alliés par la prudence; soit qu'il fallût se modérer dans les prospérités, ou se soutenir dans les malheurs de la guerre: son âme fut toujours égale. Il ne fit que changer de vertus, quand la fortune changeoit de face: heureux sans orgueil, malheureux avec dignité, et presque aussi admirable lorsqu'avec jugement et avec fierté il sauvoit les restes des troupes battues à Mariendal, que lorsqu'il battoit lui-même les Impériaux et les Bavarois, et qu'avec des troupes triomphantes, il forçoit toute l'Allemagne à demander la paix à la France ****).

On eût dit qu'un heureux traité alloit terminer toutes les guerres de l'Europe, lorsque Dieu voulut affliger et punir la France par elle même, et l'abandonna à tous les déreglemens que causent dans un état les dissensions civiles et domestiques.

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Je me contente de vous dire qu'il appaisa par sa conduite l'orage dont le royaume étoit agité. Si la licence fut réprimée; si les haines publiques et particulières furent assoupies; si les lois reprirent leur ancienne vigueur; si l'ordre et le repos furent rétablis dans les villes et dans les provinces; si les membres furent heureusement réunis avec leur chef; c'est à lui, France, que tu le dois. Je me trompe, c'est à Dieu, qui tire quand il veut des trésors de sa providence ces grandes âmes, qu'il a choisies comme des instrumens visibles de sa puissance, pour faire naître du sein des tempêtes, le calme et la tranquillité publique, pour relever les états de leurs ruines, et réconcilier, quand sa justice est satisfaite, les peuples avec leurs souverains.

Son courage qui n'agissoit qu'avec peine dans les malheurs de sa patrie, sembla s'échauffer dans les guerres étrangères, et l'on vit redoubler sa valeur. N'entendez pas par ce mot, Messieurs, une hardiesse vaine, indiscrète, emportée, qui cherche le danger pour le danger même; qui s'expose sans fruit, et qui n'a pour but que la réputation et les vains applaudissemens des hommes. Je parle d'une hardiesse sage et réglée, qui s'anime à là vue des ennemis, qui dans le péril même pourvoit à tout, et prend

*) Perpignan und Colioure. **) Trier, Aschaffenburg etc. ***) Treffen von Freiburg, Schlacht von Nördlingen. ****) Den westphälischen Frieden.

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