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par des voies extraordinaires. Nous vous louons d'avoir, dans un temps d'ignorance, mieux connu le coeur humain, que les philosophes ne le connoissent dans ce siècle éclairé.“

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Nous vous remercions d'avoir mis un frein à l'autorité des rois, à l'insolence du peuple, aux prétentions des riches, à nos passions et à nos

vertus."

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,Nous vous remercions d'avoir placé au- -dessus de nos têtes un souve rain qui voit tout, qui peut tout, et que rien ne peut corrompre; vous mîtes la loi sur le trône et nos magistrats à ses genoux, tandis qu'ailleurs, on met un homme sur le trône et la loi sous ses pieds. La loi est comme un palmier qui nourrit également de son fruit tous ceux qui se reposent sous son ombre; le despote, comme un arbre planté sur une montagne, et auprès duquel on ne voit que des vautours et des serpens.“

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Nous vous remercions de ne nous avoir laissé qu'un petit nombre d'i dées justes et saines, d'avoir empêché que nous eussions plus de désirs que de besoins."

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Nous vous remercions d'avoir assez bien présumé de nous, pour penser que nous n'aurions d'autre courage à demander aux dieux que celui de supporter l'injustice lorsqu'il le faut."

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Quand vous vites vos lois, éclatantes de grandeur et de beautés, marcher, pour ainsi dire, toutes seules, sans se heurter ni se disjoindre, on dit que vous éprouvâtes une joie pure, semblable à celle de l'Etre suprême, lorsqu'il vit l'univers, à peine sorti de ses mains, exécuter ses mouvemens avec tant d'harmonie et de régularité.“

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Votre passage sur la terre ne fut marqué que par des bienfaits. Heureux si en nous les rappelant sans cesse, nous pouvions laisser à nos neveux ce dépôt tel que nos pères l'ont reçu!"

TIMON LE MISANTHROPE 12).

Il fut question de Timon qu'on surnomma le Misanthrope, et dont l'histoire tient en quelque façon à celle des moeurs. Personne de la compagnie l'avoit connu; tous en avoient ouï parler diversement à leurs pères. Les uns en faisoient un portrait avantageux; les autres le peignoient de noires couleurs. Au milieu de ces contradictions, on présenta une formule d'accusation, semblable à celles qu'on porte aux tribunaux d'Athènes, et conçue en ces termes: Stratonicus accuse Timon d'avoir haï tous les hommes; pour peine, la haine de tous les hommes." On admit la cause, et Philoțas fut constitué défenseur de Timon. Je vais donner l'extrait des moyens em ployés de part et d'autre.

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Je défère à votre tribunal, dit Stratonicus, un caractère féroce et per fide. Quelques amis de Timon ayant, à ce qu'on prétend, payé ses bienfaits d'ingratitude, tout le genre humain devint l'objet de sa vengeance. l'exerçoit sans cesse contre les opérations du gouvernement, contre les ac

12) Chap. 75.

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tions des particuliers. Comme si toutes les vertus devoient expirer avec lui, il ne vit plus sur la terre que des impostures et des crimes; et dès ce moment, il fut révolté de la politesse des Athéniens, et plus flatté de leurs mépris que de leur estime. Aristophane, qui le connoissoit, nous le représente comme entouré d'une enceinte d'épines qui ne permettoit pas de l'approcher; il ajoute qu'il fut détesté de tout le monde, et qu'on le regardoit comme le rejeton des Furies.

Ce n'étoit pas assez encore; il a trahi sa patrie; j'en fournis la preuve. Alcibiade venoit de faire approuver par l'assemblée générale des projets nuisibles à l'état: Courage, mon fils," lui dit Timon, „je te félicite de tes succès; continue, et tu perdras la république." Quelle horreur! et qui oseroit prendre la défense d'un tel homme!

Le sort m'a chargé de ce soin, répondit Philotas, et je vais m'en acquitter. Remarquons d'abord l'effet que produisirent les paroles de Timon sur le grand nombre d'Athéniens qui accompagnoient Alcibiade. Quelquesuns, à la vérité, l'accabièrent d'injures; mais d'autres prirent le parti d'en rire, et les plus éclairés en furent frappés comme d'un trait de lumière. Ainsi Timon prévit le danger, en avertit, et ne fut point écouté. Pour le noircir encore plus, vous avez cité Aristophane, sans vous apercevoir que son témoignage suffit pour justifier l'accusé. C'est ce Timon," dit le poète,,, c'est cet homme exécrable et issu des Furies, qui vomit sans cesse des imprécations contre les scélérats." Vous l'entendez, Stratonicus; Timon ne fut coupable que pour s'être déchaîné contres des hommes pervers.

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Il parut dans un temps où les moeurs anciennes luttoient encore contre des passions liguées pour les détruire. C'est un moment redoutable pour un état. C'est alors qué dans les caractères foibles, et jaloux de leur repos, les vertus sont indulgentes ct se prêtent aux circonstances; que dans les caractères vigoureux elles redoublent de sévérité, et se rendent quelquefois odieuses par une inflexible roideur. Timon joignoit à beaucoup d'esprit et de probité, les lumières de la philosophie; mais aigri peut-être par le malheur, peut-être par les progrès rapides de la corruption, il mit tant d'âpreté dans ses discours et dans ses formes, qu'il aliéna tous les esprits. Il combattoit pour la même cause que Socrate qui vivoit de son temps, que Diogène avec qui on lui trouve bien des rapports. Leur destinée a dépendu de leurs différens genres d'attaque. Diogène combat les vices avec le ridicule, et nous rions avec lui; Socrate les poursuivit avec les armes de la raison, et il lui en coûta la vie; Timon, avec celles de l'humeur: il cessa d'être dangereux, et fut traité de misanthrope, expression nouvelle alors, qui acheva de le décréditer auprès de la multitude, et le perdra peutêtre auprès de la postérité.

Je ne puis croire que Timon ait enveloppé tout le genre humain dans sa censure. Il aimoit les femmes. Non, reprit Stratoņicus aussitôt; il ne connut pas l'amour, puisqu'il ne connut pas l'amitié. Rappelez-vous ce qu'il dit à cet Athénien qu'il s'embloit chérir, et qui dans un repas, tête-à-tête avec lui, s'étant écrié: O Timon, l'agréable souper! n'en reçut que cette réponse outrageanté: Oui, si vous n'en étiez pas.

Ce ne fut peut-être, dit Philotas, qu'une plaisanterie amenée par la circonstance. Ne jugez pas Timon d'après de foibles rumeurs accréditées par ses ennemis; mais d'après ces effusions de coeur que lui arrachoit l'indignation de sa vertu, et dont l'originalité ne peut jamais déplaire aux gens de goût. Car de la part d'un homme qu'entraîne trop loin l'amour du bien public, les saillies de l'humeur sont piquantes, parce qu'elles dévoilent le caractère en entier. Il monta un jour à la tribune. Le peuple surpris de cette soudaine apparition, fit un grand silence:,,Athéniens, dit-il, j'ai un petit terrain; je vais y bâtir; il s'y trouve un figuier; je dois l'arracher. Plusieurs citoyens s'y sont pendus; si la même envie prend à quelqu'un de vous, je l'avertis qu'il n'a pas un moment à perdre."

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Stratonicus qui ne savoit pas cette anecdote, en fut si content, qu'il se désista de son accusation. Cependant on recueillit les avis, et l'on décida que, par l'amertume de son zèle, Timon perdit l'occasion de contribuer au salut de la morale: que néanmoins une vertu intraitable est moins dangereuse qu'une lâche complaisance, et que si la plupart des Athéniens avoient eu pour les scélérats la même horreur que Timon, la république subsisteroit encore dans son ancienne splendeur.

MARMON TEL.

JEAN-FRANÇOIS MARMONTEL, den 11. Julius 1723 in dem Städtchen Bort des ehemaligen Limosin von armen Aeltern geboren, erhielt seinen ersten Unterricht bei den Jesuiten zu Mauriac und sollte dann bei einem Kaufmann in Clermont die Handlung erlernen. Er überzeugte sich aber bald, dafs das Comtoirgeschäft mit seinem Hange zur Wissenschaft ganz unvereinbar sei, und kehrte gegen den Willen seines Vaters zu seinen unterbrochenen Schulstudien zurück, indem er sich durch den Unterricht, den er jüngeren Schülern ertheilte, die Mittel zu seiner weiteren Ausbildung zu verschaffen suchte. Nachdem er von dem Bischofe zu Limoges die Tonsur erhalten hatte, ging er nach Toulouse, um in den Jesuiterorden zu treten; aber die Bitten seiner Mutter, die unterdessen Wittwe geworden war und in ihm die einzige Stütze ihrer Familie sah, brachte ihn auf andere Gedanken. Er übernahm das Lehramt in der Philosophie an dem Seminar der Bernhardiner zu Toulouse, und fand hier, seiner Jugend ungeachtet, so vielen Beifall, dafs er schon jetzt seine Mutter durch seine Ersparnisse unterstützen konnte. Noch wenig vertraut mit den Regeln der Dichtkunst, hatte er die Kränkung, von der Académie des jeux floraux, der er eine Ode über die Erfindung des

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Schiefspulvers einsandte, nicht einmal ein Accessit zu erhalten. Je fus outré, sagt er in seinen Mémoires, et dans mon indignation j'écrivis à Voltaire et lui criai vengeance. Il me fit une de ces réponses qu'il tournoit avec tant de grâce et dont il étoit si libéral. Ce qui me flatta beaucoup plus encore que sa lettre, ce fut l'envoi d'un exemplaire de ses oeuvres, corrigé de sa main, dont il me fit présent. Ainsi commença (1743) ma correspondance avec cet homme illustre, et cette liaison d'amitié qui, durant 35 ans, s'est soutenue jusqu'à sa mort, sans aucune altération. Er war bald glücklicher in seinen Bewerbungen, und trug in dem letzten Jahre seines Aufenthalts in Toulouse (1745) drei Preise in den jeux floraux davon. Da die Vorurtheile, die man dem Erzbischofe Laroche-Aymon gegen ihn eingeflöfst hatte, ihn auf der geistlichen Laufbahn wenig Erfolg hoffen liefsen, so nahm er Voltaire's Einladung, nach Paris zu kommen, an, wo der Generalcontroleur Orri für ihn zu sorgen versprach. Auf seiner Durchreise durch Montauban empfing er von der jüngst daselbst gestif. teten Akademie einen poetischen Preis, der in einer silbernen Leier, 100 Thaler an Werth, bestand. Bei seiner Ankunft in Paris erschrak er nicht wenig, als er hörte, dafs der für ihn günstig gestimmte Staatsbeamte seiner Stelle entsetzt sei. Dem jungen Dichter blieb nun, da er die ihm von Voltaire angebotene Unterstützung nicht annehmen wollte, nichts weiter übrig, als das Vertrauen auf seine Talente, die ihn auch nicht im Stich liefsen. In den Jahren 1746 und 47 gewann er von der französischen Akademie zwei Preise durch Oden zum Lobe Ludwig's XV. Berühmter machte er sich durch die Trauerspiele Denys-le- Tyran, Aristomène, Cléopâtre und les Héraclides, die in den Jahren 1748-52 mit Beifall gegeben wurden, wenngleich die Kritiker an der Charak terschilderung und dem Stil Vieles zu tadeln fanden. Das letzte hütte nach des schwer zu befriedigenden Laharpe Urtheil auf der Bühne zu bleiben verdient; aber der berühmte Schauspieler Lekain, den er durch den Artikel Déclamation der Encyclopédie gegegen sich gereizt hatte, weigerte sich, in irgend einem seiner Stücke eine Rolle zu übernehmen und soll selbst Schuld gewesen sein, dafs sein Égyptus 1753 durchfiel und sein Numitor gar nicht aufgeführt wurde, ungeachtet letzterer von Seiten der üchttragischen Situationen und des Adels der Sprache von allen Kennern für sein Meisterstück erklärt wird. Seine ökonomischen Umstände hatten sich unterdessen vortheilhaft gestaltet. Durch den Einfluss der Mme Pompadour, die ihm sehr wohlwollte, war er Sekretür der unter der Verwaltung ihres Bruders de Marigny stehenden königlichen Gebäude geworden, und in diesem Amte, das ihn wöchentlich nur zwei Tage beschäftigte, hielt er sich fünf Jahre in Versailles auf, fleifsig an der Encyclopédie arbeitend (s. oben S.261). Demselben Einflusse verdankte er 1758 die einträgliche Redaktion des Mercure de France, auf den er schon seit einigen Jahren eine

Ideler u. Nolte Handb. I.

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Pension bezogen hatte. Er liefs sich nun zu Paris nieder und trat hier in die angenehmsten Verhältnisse zu Diderot, d'Alembert, J. J. Rousseau, dem Kardinal Bernis, St. Lambert, Barthélemy, Thomas, Necker, der Frau von Geoffrin, in deren Hause er wohnte, der berühmten Schauspielerin Clairon, kurz zu den berühmtesten und geistreichsten Personen seiner Zeit. Der Mercure gab ihm Veranlassung, fast monatlich eine Erzählung zu schreiben, zu welcher Art von Composition ihn die Natur ganz eigentlich berufen zu haben scheint. So entstanden seine Contes moraux, die er 1761 zum erstenmal in 3 Bünden zu sammenstellte, und die seitdem so häufig gedruckt, übersetzt und dramatisch bearbeitet sind. Saint-Surin, der geistvolle Verfasser des ihm in der Biographie universelle gewidmeten Artikels, sagt sehr richtig: Quand il peint les innocentes délices de la campagne, l'union des coeurs purs, les heureux effets d'une bonne action, c'est alors que l'élégante facilité de son style se déploie avec le plus de charme. On regrette qu'entraîné par le désir de plaire à son siècle, il ait plus d'une fois oublié le dessein qu'il annonce avoir eu, d'introduire une morale saine dans ses compositions les moins graves. Il est certain qu'il s'écarte de son objet, en n'inspirant pas toujours un assez grand éloignement pour les moeurs relâchées dont il présente le tableau. Quoiqu'il en soit, les Contes moraux sont du petit nombre de nos livres modernes dont le succès paroît assuré. C'est une lecture non seulement agréable, mais le plus souvent propre à élever l'âme, à rectifier l'esprit, à corriger les travers. Den Mercure, der ihm ein jährliches Einkommen von mindestens 15000 l. verhiefs, verlor er schon nach zwei Jahren, unter Umständen, die zu ehrenvoll für ihn sind, als dafs sie hier nicht erwähnt werden sollten. Cury, Intendant der Menus - Plaisirs, verlor seine Stelle, wie er glaubte, durch die Schuld des Herzogs von Aumont. Um sich an diesem zu rüchen, parodirte er auf ihn eine der erhabensten Scenen aus Corneille's Cinna (Handh. II, S. 52 ff.). Marmontel, dem er diese Satire vorgelesen, hatte verschiedene Stellen daraus behalten, und war so unvorsichtig, sie bei der Frau von Geoffrin über Tafel zu recitiren. Von diesem Augenblick an beschäftigte die Parodie den Hof und die Stadt. Man forschte sorgfältig nach dem Verfasser und es war um so natürlicher, dafs der Verdacht auf Marmontel fiel, da sich dieser in seinem Verhältnisse zu Lekain auch über den Herzog zu beschweren hatte. Zavar wusste er in einer Unterredung mit dem Premierminister, dem Herzoge von Choiseul, seine Unschuld darzuthun; allein es war schon ein Verhaftsbefehl gegen ihn ausgefertigt, der nur unter der Bedingung zurückgenommen werden sollte, dafs er den Verfasser der Satire nannte. Er konnte dies nicht über sich erhalten und wurde eilf Tage lang in die Bastille eingesperrt. Nach seiner Loslassung erfuhr er, dafs ihm der Mercure genommen werden solle, wenn er nicht die ihm gestellte Bedingung erfüllte, und

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