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reichs, um die in denselben zerstreuten Invaliden-Kompagnien, die unter dem Oberbefehl seines zum Gouverneur de l'hôtel des Inva lides ernannten Vaters standen, zu besuchen und den unter ihnen eingeschlichenen Mifsbräuchen abzuhelfen. 1786 ward er Mitglied der französischen Akadémie. In der Rede, die er bei seiner Auf· nahme hielt, stiftete er seinem Vorgänger Thomas ein schönes Ehrengedächtnifs. 1787 schrieb er sein berühmtes Éloge du Roi de Prusse, welches zu den würdigsten Denkmalen gehört, die dem grofsen Könige gesetzt sind, gedruckt zu London (Paris) 1787 und zu Berlin 1789. Eine wohlgerathene deutsche Uebersetzung von Zöllner erschien 1787. In dieser Lobschrift herrscht weniger ora torischer Schmuck, als in seinen übrigen Éloges. Mit Klarheit und in einer einfachen, würdevollen, wenn auch nicht durchweg cor rekten Sprache werden Friedrich's Verdienste, besonders aus dem militärischen Standpunkte, gewürdigt. Das Bruchstück, das wir unten geben, wird gewifs jeder mit grofsem Interesse lesen. Er war unterdessen bis zum Maréchal-de-camp vorgerückt und Re ferent des Kriegesraths geworden, dem die Ausarbeitung eines neuen Militärcodex übertragen war, ein Posten, der ihm viele Verdriefslichkeiten und Feindschaften zuzog. Bei dieser Gelegenheit stellte er ein Mémoire adressé au public et à l'armée sur les opérations du conseil de guerre ans Licht. Seine letzten Schriften waren ein Précis de ce qui s'est passé à mon égard à l'assemblée du Berri (März 1789), die Lettre à l'Assemblée Nationale (Dezember 1789), welche auf dem Titel dem Abbé Raynal beigelegt wird, aber ihm angehört; und ein Traité de la force publique considérée sous tous ses rapports (Paris 1790, 8.). Zurücksetzungen und Kränkungen mancher Art, die er tief zu Herzen nahm, beschleunigten seinen Tod. Er starb den 6. Mai 1790 nach einem mehrtägigen Delirium, in welchem er unaufhörlich rief: ma conscience est pure; ils me rendront justice. Aufser dem Journal d'un voyage en Allemagne gab seine Wittwe noch folgende Werke von ihm heraus: Oeuvres militaires de G. Paris an XII (1803), fünf Bünde in 8., von welchen der letzte zuvor unge druckte Sachen enthält; Voyage de G. dans diverses parties de la France et en Suisse, faits en 1775, 1778, 1784 et 1795, ouvrage posthume, Paris 1806 in 8., und Éloges du maréchal de Catinat, du Chancelier de l'Hôpital et de Thomas, suivis de l'éloge inédit de Claire-Françoise de l'Espinasse, G. Paris 1806, 8. Umständlichere Nachrichten von ihm enthält die oben erwähnte Biographie von Toulongeon und der ihm im 19ten Bande der Biographie universelle gewidmete Artikel von Hippolyte de Laporte. Auch existirt ein Éloge auf ihn von der Frau von Staël, woraus sich verschiedene Fragmente in der Cor respondance de Grimm finden. Ob es vollständig erschienen ist, wis sen wir nicht. Laharpe urtheilt folgendermassen über Guibert: Une tête exaltée, beaucoup d'esprit, mais aussi de prétentions qui tiennent à l'esprit; une facilité et surtout une mémoire étonnante; une ambition très

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active en tout genre; l'envie d'occuper de lui le public, et d'aller, comme disoit de lui le Roi de Prusse, à la gloire par tous les chemins; de t la franchise et de la hardiesse; de l'élévation dans les sentimens, et l'amour du bien en général: tels sont les traits dont presque tout le monde s'accorde à composer le portrait de Guibert.

VIE PRIVÉE ET MORT DE FRÉDÉRIC II.

Avant de parler de la mort de Frédéric, il ne me reste plus maintenant qu'à jeter les yeux sur le beau tableau de la vie privée de sa vieillesse. Ainsi que tous les intervalles de sa jeunesse qu'il put dérober aux affaires, ses vieux jours se passèrent dans la retraite et dans la culture de la philosophie et des lettres, ces grands et intarissables biens de la vie. Îl y joignit le goût des jardins et de la nature. Il aimoit passionnément les fruits; il en mangeoit dans toutes les saisons, et il entretenoit pour cet effet de vastes et de magnifiques serres. Cette sensualité, qui s'attache à des fruits et à des fleurs, et qui s'environne du printemps et de l'été, au milieu des frimats, est peut-être la seule qui soit compatible avec la simplicité de la philosophie; elle n'a du moins rien que d'innocent, et elle n'est qu'un hommage de plus qu'on rend à la nature, en cherchant à prématurer ou à prolonger la jouissance de ses plus douces et de ses plus riantes productions. 0 que tout voyageur, adorateur de la gloire et du génie, approchoit avec respect de la retraite de Frédéric! En sortant de Potsdam, où tout respiroit la discipline et la guerre, une allée presque toujours solitaire conduisoit à Sans-Souci. Là, jamais on ne rencontroit, comme sur le chemin des cours, ce fracas, ce tumulte, ce mouvement perpétuel de la grandeur désoeuvrée, de l'orgueil qui va porter des chaînes et de l'intrigue agissante. Là, l'espérance, l'avidité, l'ambition, toutes ces passions plus souvent malheureuses que satisfaites, ne venoient pas affliger les regards. On pouvoit croire arriver à la demeure d'un simple citoyen. Aux approches du palais, trois ou quatre soldats désarmés, pour toute garde, ne changeaient pas beaucoup cette idée. A peine quelques domestiques épars ça et là s'offroient-ils aux yeux. Tout paroissoit désert, et tout n'en étoit que plus auguste, ainsi que dans ces temples où la solitude, bien mieux que le concours, avertit de la présence de la divinité, et appelle l'adoration. On parcouroit ce palais; et l'immensité solitaire, la magnificence qui sembloit étalée plutôt pour la curiosité que pour l'usage, le petit appartement où Frédéric se concentroit, auroient pu faire croire que c'étoit un roi qui en conservant son palais, avoit abdiqué sa couronne. On se promenoit dans les jardins, et on jouissoit de tous les détails dont Frédéric composoit ses délassemens. On s'asseyoit avec vénération sous les mêmes ombrages. On se plaisoit à voir un temple qu'il a élevé à l'Amitié; ce monument prouvoit qu'il l'avoit sentie, ou qu'il avoit soupiré vers elle. Une belle colonnade de marbre, dans l'intérieur de laquelle il avoit rassemblé la précieuse collection d'antiques du cardinal de

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Polignac ), 'témoignoit son goût pour les arts; et on leur savoit gré de l'intérêt qu'ils répandoient sur sa vie. Mais le voyoit-on, — et jamais prince fut-il plus accessible? jamais prince eut-il, comme lui, pour tout homme distingué, de quelque pays, de quelque rang, de quelque profession qu'il fût, l'affabilité de la vraie grandeur, et même l'intérêt de la curiosité? – le voyoit-on, on n'oublioit plus ce visage à la fois noble et doux, ce regard plein de feu et de grâce, cette physionomie si mobile et si prodigieuse, qu'à chaque instant, suivant les situations, les personnes, les conversations, les pensées, elle changeoit d'expression et de nuance; cette majesté qui ne consistoit ni dans la beauté des formes, ni dans une attitude d'apprêt, ni dans l'habitude d'un grand rôle, ni dans un extérieur de magnificence, mais qui, avec le maintien le plus simple, malgré un costume quelquefois négligé jusqu'au cynisme, venoit toute de son âme, de son caractère, et sans doute aussi de ce prestige de gloire, qui, comme une vapeur divine, étoit répandu sur sa personne et l'environnoit toute entière.

Sa conversation étoit souvent en questions; telle est inévitablement celle de tous les rois, puisque le respect qu'on a pour eux les condamne toujours à Pembarras de parler les premiers, ou à l'ennui du silence. Mais ́ses questions n'étoient jamais ni vides ni oiseuses; et quand il étoit entré dans un sujet, il donnoit au dialogue ce mouvement et cette liberté qui sont les ressorts de la discussion et les moyens de l'analyse. Jamais il ne cherchoit à mettre mal à l'aise par l'ascendant du trône; mais peut-être abusoit-il quelquefois de celui de son esprit; sorte de vexation qui n'est guère plus généreuse. Peut-être se plaisoit-il trop à tendre des piéges à la prétention, et à écraser la médiocrité. Il avoit contracté à l'école de Voltaire le goût et l'art du sarcasme; mais Voltaire lui avoit aussi enseigné cette grâce et cette pélitesse qu'il avoit lui-même puisées dans les brillans restes des sociétés du siècle de Louis XIV. Enfin, si la destinée n'en eût pas le plus grand des rois, il eût certainement été partout un des hommes les plus distingués et les plus aimables.

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Peut-être aussi Frédéric, pour un homme qui, planant sur les objets de si haut, doit en dédaigner beaucoup de détails, se laissoit-il trop aller à jouir de toutes les sottises et de toutes les erreurs répandues sur le globe. Peut-être versoit-il avec trop de complaisance le sel de ses épigrammes sur les autres cours et sur leurs intrigues ou sur leurs petitesses. Il eût été plus grand à lui de ne pas appuyer sur un constraste que personne et sa vie faisoient assez sentir; mais il avoit du moins la justice de ne pas s'offenser à son tour de ce qu'on disoit ou qu'on imprimoit sur son compte. Il régnoit dans Berlin une grande liberté de la presse y alloit presque jusqu'à la licence. Jamais aucun prince n'a es suyé plus de libelles, et jamais il n'en a puni aucun. Voltaire a écrit sur lui, ou les plus atroces calomnies, si les faits sont faux, ou les plus viles

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propos;

celle de

́1) Melchior de Polignac, gestorben 1741. Guibert verwechselt hier offenbar die marmorne, ehemals im Garten von Sans-Souci stehende, nachmals weggenommene Kolonnade mit dem Antikentempel, der blofs eine Rotunde ohne Säulen bildet.

médisances, s'il a révélé les secrets de l'intimité; il le savoît, et il les a toujours méprisées et pardonnées. Nous avons vu, il y a deux ans, cet infâme et posthume recueil 2) colporté dans les sociétés de Paris, et enfin livré à l'impression. Le roi de Prusse pouvoit faire châtier les auteurs de cette insolence, et il l'a dédaigné encore; c'est qu'il étoit doux par caractère, et tolérant par principe; c'est qu'il savoit aussi que la vengeance accrédite les libelles et qu'elle en fait naître de nouveaux, parce que les méchans redoublent leurs coups, dès qu'ils voient qu'ils ont frappé leur victime à l'endroit sensible.

Si on étoit étonné de trouver un roi sans cour, sans gardes, sans faste personnel, vivant en sage, et ne s'étant réservé du trône, que les devoirs et la puissance, combien l'étonnement redoubloit en voyant, avec quelle simplicité, avec quelle facilité, avec quel petit nombre de ressorts il gouvernoit. Dans nos monarchies puissantes, les administrations sont de grandes machines prodigieusement compliquées. Elles en imposent de loin par un ap-pareil immense de rouages, de leviers, d'instrumens de tout genre; tout s'agite, tout se presse, tout y paroît en action; mais s'approche-t-on d'elles, on n'aperçoit plus que des efforts perdus ou contrariés, du frottement, de la résistance, enfin des traces de vice ou d'imperfection; passe-t-on aux résultats, qu'ils sont petits et bornés! Ce sont, comme à Marly 3), quelques minces filets d'eau portés à frais énormes au haut de la montage. Chez Frédéric au contraire, sous lui, autour de lui, à peine entend-on, à peine voit-on quelques intermédiaires; tout marche, tout s'avance vers le but, sans entraves, sans confusion, sans perte de temps, avec un mouvement si uniforme, si calme; si insensible, que le travail de Frédéric donne plutôt des idées d'ordre que de contention, et de surveillance que de force; tel Milton nous peint ces intelligences célestes qui dirigent, en silence, le cours des sphères.

Et qu'on ne croie pas que cette marche si simple et si facile tienne à des procédés plus arbitraires que dans d'autres monarchies; qu'on ne croie pas que les expéditions y soient plus lentes, que les particuliers y soient moins admis à recourir au souverain. Chaque jour, chaque courrier, les affaires de chaque jour, de chaque courrier, lui sont présentées. Il ne lui est pas adressé un placet, il ne lui est pas écrit une lettre, que dans la journée, ou dès le lendemain, il n'y réponde; et pour s'expliquer la possibilité d'un ordre de choses si opposé au courant de nos idées, il suffit de faire réflexion, qu'où le temps est employé, le temps est respecté, et que quand un roi gouverne lui-même, et par conséquent établit des règles, et fait connoître ses principes, les sollicitations abusives, les demandes inutiles, redoutent sa clairvoyance ou son caractère, et n'osent plus que bien rarement s'approcher du trône.

2) Das Pamphlet, welches Guibert meint, ist ohne Zweifel die Vie privée de Frédéric, welche man Voltaire zuschreibt. 3) Zu Marly an der Seine wird das Wasser dieses Flusses durch die bekannte Wassermaschine mittelst dreier Druckwerke über 300 Fufs gehoben, und fliefst von da ab zur Speisung der Lustgewässer des eine Meile entfernten Versailles.

Je terminerai ce que j'ai à dire de Frédéric, par un trait remarquable; c'est qu'il paroît que cet homme prodigieux fut bien plus son propre ouvrage que celui de la nature. Il étoit né avec une santé foible, et il l'a fortifiée par ses travaux; il aimoit une vie voluptueuse et recherchée, et dès qu'il fut sur le trône, il se l'imposa régulière et laborieuse; il ne pouvoit, dans sa jeunesse, supporter les détails militaires, et par système, il se fit à la fois le premier des gens de guerre et le premier des généraux. On a dit qu'à sa première bataille, à la bataille de Molwitz, il s'étoit retiré de sa personne après la défaite de sa cavalerie, sans attendre l'événement du combat que son infanterie avoit rétabli et gagné sans lui. En admettant ce fait, soit comme médisance soit comme calomnie, c'est un prodige de plus à admirer, que ce courage qu'il déploya depuis, et cette force de ressort qui le rendit un héros le reste de sa vie. Qu'il est en effet honorable pour l'humanité,” que c'est une belle rivalité du génie avec la nature, que ces facultés développées par la puissance de la réflexion, que ce caractère que méditation a peut-être réformé ou agrandi en silence, que cet enfantement d'un système qui a tracé la conduite et qui a réglé toute la vie! Alors aussi, il n'y a ni variation, ni décadence, et l'homme qui s'est ainsi fait ou perfectionné lui-même, descend tout entier et toujours le même au tombeau. C'est ce qui est arrivé à Frédéric; il n'a cessé de régner, et d'être capable de régner, qu'en cessant de vivre.

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Le roi de Prusse étoit sujet à la goutte, et plusieurs fois elle l'avoit mis en danger. Ce ne fut pas cependant cette maladie qui termina sa vie. Depuis un an, sa santé s'affoiblissoit visiblement, et une hydropisie de poitrine commençoit à se manifester; il luttoit contre le mal avec courage, surmontoit quelquefois, gouvernoit toujours, et se remontroit en public par intervalle. Enfin, il fut obligé de reconcer à faire ses revues du printemps, et ce ne fut qu'alors qu'on put le croire mortellement atteint. Insensiblement son état empira, mais son esprit et son âme ne s'affoiblirent pouvant assister à ses camps, il dressa de sa main les instructions généraux qui les commandoient, et il en dirigea les manoeuvres. Sa pensée avoit encore l'influence de l'action, et ses mains défaillantes tenoient, sans les laisser flotter, les rênes du tout. Frédéric pensoit sans doute comme Vespasien, qu'il convenoit à un souverain de mourir debout 4); car presque jusqu'à son dernier jour, il se leva et il s'habilla comme de coutume. Peu de temps avant sa mort, un officier françois, avide de l'apercevoir seulement et d'emporter ce grand souvenir, pénètre dans les jardins de son palais; il s'avance pas-à-pas, et à la faveur d'une palissade il voit, près de l'apparte ment du Roi, sur les marches du péristyle, un homme seul et assis. Cet homme étoit vêtu en uniforme, et à demi-recouvert d'un manteau; il étoit coëffé d'un grand chapeau à plumet: une seule de ses jambes étoit bottée, l'autre étoit alongée, et il paroissoit en souffrir; il caressoit un chien, et il se ranimoit aux rayons du soleil levant. Cet homme étoit Frédéric; et ce costume, dont l'originalité même a quelque chose de grand, ce tableau, dans

4) Imperatorem, ait, stantem mori oportere. Suetonii Vespasianus, cap. 24.

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