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Ma femme, mes enfans

tout ce que j'aime, que n'êtes-vous ici, dans ce moment! ... Ils seroient heureux, j'en suis sûr!

Il seroit bien impossible à Fanny, à Adèle, à Adrien, à Eléonore de fouler tous ces gazons, de cueillir la moitié de ces fleurs.

Adieu vallon, adieu cascade, adieu rochers pendants, adieu fleurs sauvages, adieu arbustes, adieu mousses! en vain vous voulez me retenir; je suis un étranger: je n'habite point votre belle Italie; je ne vous reverrai jamais: mais peut-être mes enfans viendront vous visiter un jour: soyezleur aussi charmans que vous l'avez été à leur père.

Mes enfans, il faudra venir vous asseoir sous cet antique olivier, sous lequel je suis assis; c'est lui, qui s'avance le plus près du précipice; il est vis-à-vis d'un rocher; c'est sous cet arbre, mes enfans, que vous jouirez le mieux de tout ce site enchanteur.

Adieu encore, belles ondes! C'est votre écume, votre murmure, votre fraîcheur, le trouble et la paix dont vous pénétrez à la fois mes sens; c'est tout ce que je vois, j'entends, je sens autour de vous, que je regreterai encore dans le sein de ma famille et de mes amis; et non pas tous ces marbres, tous ces bronzes, toutes ces toiles, tous ces monumens tant vantés. Car yous, vous êtes la nature; et eux, ils ne sont que l'art.

LE TEMPLE DE LA SIBYLLE.

à Tivoli.

Ce matin, après avoir quitté les Cascatelles, et en revenant à Tivoli, j'ai rencontré des laboureurs qui poussoient la charrue à travers des tronçons de colonnes.

Je me suis écarté, un moment, et je me suis enfoncé sous des restes de portiques, qui avoient porté des palais de marbre, et qui portent des champs d'oliviers.

Enfin, mes compagnons et moi, nous voilà de retour à Tivoli, où, dans un temple de la Sibylle, le dîner nous attendoit.

De l'appétit, des mets sains, le sentiment toujours présent du lieu où nous étions: à droite, des côteaux couverts de verdure; à gauche, des monts hérissés de rochers; devant nous, l'Anio tombant tout entier en écume; audessus de notre tête, un ciel du plus pur azur, reposant, en voûte, sur un rang circulaire de colonnes corinthiennes de marbre blanc, et des nuages d'argent et de pourpre, qui passoient sous cette voûte et la peignoient; des vers d'Horace et de Properce, que nous récitions à l'envi; vers la fin du repas, l'arrivée imprévue d'une charmante Tivolienne, qui nous apportoit du lait, blanc et pur comme ses belles dents, et des fraises aussi vermeilles que ses jeunes lèvres, qui rougissoient de nos souris et de nos regards; le fracas du fleuve, qui nous déroboit souvent nos paroles; nos noms que nous gravâmes sur la pierre, et que nous adressions à nos amis, s'ils venoient, un jour, dans ces lieux; tous ces plaisirs réunis m'ont fait, de ce dîner champêtre, un des momens les plus doux de ma vie.

Les plaisirs sont suivis de peines; il faut quitter Tivoli.

AU SOMMET DU VÉSUVE.

à minuit.

J'ai tracé ces deux lignes sur le sommet du Vésuve, à la lueur d'une éruption.

C'est comme une médaille que j'ai frappée, pour constater mon voyage; pour rappeler, un jour, à ceux de mes enfans qui viendroient assister aussi à cet admirable incendie, ce moment de la vie de leur père: pour embellir encore à leurs yeux, de ce souvenir, un tableau si magnifique.

Arrivé vers les six heures du soir à Résina, petit village au-delà de Portici, je quitte la voiture qui m'a conduit, et je monte sur un mulet. Trois hommes robustes m'accompagnent avec une provision de flambeaux.

Je commence par monter, entre deux champs couverts de peupliers, de mûriers, de figuiers entrelacés de vignes souples et vigoureuses, qui tantôt s'appuient et se suspendent à ces arbres, tantôt montent et se soutiennent d'elles-mêmes au milieu des airs.

Après avoir traversé, pendant une heure, de beaux vergers, j'arrive à une lave immense. Le Vésuve la vomit, dans une éruption, il y a environ soixante ans.

Elle fit pâlir toute la ville de Naples. Mais après l'avoir menacée un moment, elle s'arrêta-là.

Quoiqu'arrêtée et éteinte, elle effraie encore et menace.

Les bords de cette lave sont tapissés, comme les bords de la Seine, de gazons et de fleurs, et ombragés çà et là de jeunes arbustes, qu'une cendre féconde arrose, pour ainsi dire, et nourrit toujours.

Après avoir suivi quelque temps un sentier très-difficile, je me trouvai sur des rochers affreux, au milieu de la cendre mouvante.

Là, la terre cesse pour le pied des animaux, mais non pas pour celui de l'homme, qui a trouvé presque toutes les bornes que lui avoit prescrites la nature, et souvent les a franchies.

Là, il fallut gravir péniblement des monceaux de scories qui s'écrouloient sous mes pas.

Je m'arrêtai un moment, pour contempler.

Devant moi, les ombres de la nuit et les nuages s'épaississoient de la fumée du volcan, et flottoient autour du mont: derrière-moi, le soleil, précipité au-delà des montagnes, couvroit de ses rayons mourans la côte de Pausilippe, Naples et la mer; tandis que, sur l'île de Caprée, la lune à l'horizon paroissoit; de sorte qu'en cet instant je voyois les flots de la mer étinceler à la fois, des clartés du soleil, de la lune, du Vésuve. Le beau tableau!

Lorsque j'eus contemplé cette obscurité et cette splendeur, cette nature affreuse, stérile, abandonnée, et cette nature riante, animée, féconde, l'empire de la mort et celui de la vie, je me jetai à trayers les nuages, et je continuai à gravir. Je parvins enfin au cratère.

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C'est donc-là ce formidable volcan qui brûle depuis tant de siècles, qui a submergé tant de cités, qui a consumé des peuples, qui menace à

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toute heure cette vaste contrée, cette Naples, où, dans ce moment, on rit, on chante, on danse, on ne pense seulement pas à lui. Quelle lueur autour de ce cratère! Quelle fournaise ardente au milieu! D'abord, ce brûlant abîme gronde; déjà il vomit dans les airs, avec un épouvantable fracas, à travers une pluie épaisse de cendres, une immense gerbe de feu: ce sont des millions d'étincelles: ce sont des milliers de pierres, que leur couleur noire fait distinguer, qui sifflent, tombent, retombent, roulent: en voilà une qui roule à cent pas de moi. L'abîme tout à coup se referme; puis tout à coup il se rouvre, et vomit encore un autre incendie. Cependant la lave s'élève sur les bords du cratère; elle se gonfle, elle bouillonne, coule et sillonne, en longs ruisseaux de feu, les flancs noirs de la montagne.

...

J'étois vraiment en extase. Ce désert! cette hauteur! cette nuit! ce mont enflammé! et j'étois là!

J'aurois voulu passer la nuit auprès de cet incendie, et voir le soleil, à son retour, l'éteindre de l'éclat de ses rayons éblouissans.

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Mais le vent, qui souffloit avec impétuosité, m'avoit déjà glacé; je de scendis: avec quel, chagrin! il en coûte de détacher d'un pareil tableau, lò regard qui sera le dernier!

Adieu Vésuve, adieu lave, adieu flamme dont resplendit et se cou roune ce profond abîme! adieu, enfin, mont si redoutable et si peu redouté! si tu dois submerger dans tes cendres, ou ces châteaux, ou ces villages, ou cette ville, que ce ne soit du moins dans le moment où mes enfans y seront!

Mes guides avoient allumé leurs flambeaux. Je descendis, ou plutôt je roulai, enfoncé dans la cendre jusqu'à mi-jambes: je roulai si vite (on ne peut faire autrement), que je ne mis qu'une demi-heure à descendre un espace que j'avois mis plus de trois heures à gravir.

Enfin, j'arrivai à Portici, bien harassé! je me couchai en arrivant, et dormis d'un proford sommeil.

Mais, à six heures du matin, je me réveillai, en retrouvant le sommet du Vésuve, et son cratère et son incendie et sa lave, devant mon imagination. Mon âme frémissoit encore de toutes les émotions qu'elle avoit éprou vées la veille.

L'éruption du Vésuve est un de ces spectacles, que ni le pinceau, la parole ne sauroient reproduire, et que la nature semble s'être réservé de montrer seule à l'admiration de l'homme, comme le lever du soleil,

comme l'immensité des mers.

BUFFO N.

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GEORGE-LOUIS LECLERC, COMTE DE BUFFON, einer der berühmtesten Naturforscher und Stilisten seines Jahrhunderts, wurde den 7. September 1707 zu Montbar im ehemaligen Burgund geboren. Nachdem er von seinem wohlhabenden Vater Benjamin Leclerc, Parlementsrath zu Dijon, eine sorgfältige Erziehung erhalten hatte, machte er mit dem jungen Herzoge von Kingston und dessen Führer, einem sehr unterrichteten Engländer, eine Reise durch Frankreich und Italien, die ihm eine entschiedene' Neigung für Mathematik und Naturkunde einflösste. Nach seiner Rückkehr übersetzte er Hales Statik der Gewächse (Statique des végétaux, Paris 1735, 4.) und Newton's Rechnung des Unendlichen (Traité des fluxions, 1740, 4.). Diese früheren Versuche, die ihm die Pforten der Akademie der Wissenschaften eröffneten, wurden aber bald durch seine Histoire naturelle générale et particulière verdunkelt. „Das Studium der Natur, sagt er in der Vorrede, erfordert zwei Eigenschaften des Geistes, die einander entgegengesetzt zu sein scheinen: den grofsen Blick eines kühnen, allumfassenden Genies und die Behutsamkeit eines mühsamen instinktartigen Fleifses, der sich auf Einen Gegenstand fixirt." Dies sind mit wenig Worten die Grundzüge seines eigenen Geistes. Welch ein Scharfsinn in seinen Untersuchungen! Wie viel zusammengestellte, geprüfte, vorglichene Thatsachen! Welche Menge neuer Gedanken und sinnreicher Bemerkungen! Welche Kunst in der Darstellung der charakteristischen Eigenschaften der Thiere! Diese so interessante Art zu sehen, zu schildern, verschönert durch die Reize einer halb dichterischen Einbildungskraft, macht die Lesung seiner Werke selbst denen angenehm, die mit ihm nicht gleicher Meinung sind. Korrektheit, Harmonie, Schicklichkeit der Bilder, ununterbrochene Deutlichkeit, Verkettung der Ideen; von allen diesen Eigenschaften eines guten Stils stellt sein grofses Werk Muster auf. Die | strengsten Richter haben an seiner Diktion nichts weiter zu tadeln gefunden, als die nicht ganz schmucklose Behandlung seines die höchste Einfalt erfordernden Gegenstandes. Indessen ist seine Schreibart, obgleich hin und wieder etwas zu lebhaft, bei weitem nicht so emphatisch, wie einige Kritiker behauptet haben. Der Discours sur le style, den er 1753 bei seiner Aufnahme in die französische Akademie las, zeigt, dafs wenige gründlicher über die Erfordernisse einer guten Schreibart nachgedacht haben, als er. Die Einbildungskraft, die so viele Reize über seinen Stil verbreitet hat, gehört zu den dominirenden Eigenschaften seines Geistes, und ihr hat man die vielen Hypothesen zuzuschreiben, welche die ersten Bände seiner Histoire naturelle und seine Époques de la Nature

anfüllen. So unstatthaft auch manche derselben sein mögen, so sehr zeugen sie von seiner Fähigkeit, tiefe Untersuchungen anzustellen und grofse Kombinationen zu machen. Der Metaphysiker Buffon ist öfters unglücklich; aber der Beobachter Buffon ist es fast nie. Bis auf ihn zweifelte man, ob der Brennspiegel Archimed's möglich gewesen sei, und er hat ihn gewissermassen wieder hergestellt *). Eine einzige solche Erfindung würde seinen Namen unsterblich machen, wenn er es nicht in so vieler andern Hinsicht wäre. Er wurde 1739 nach Dufay's Tode zum Aufseher des königlichen botanischen Gartens und Naturalienkabinets ernannt. Sein in allen vier Welttheilen bekannter Name verschaffte ihm, was sie nur für die Naturgeschichte Merkwürdiges enthalten. Selbst die Seeräuber ehrten seinen Namen, und liefsen die an ihn adressirten Kisten an ihre Bestimmung gelangen. Er hatte 15,000 l. jährlicher Einkünfte, wovon er unabhängig leben konnte. 1771 erhob ihn Ludwig XV zur Belohnung seiner Verdienste in den Grafenstand. Ohne Intriguen, blofs seiner Pflicht, seiner Wissenschaft und seinen Freunden lebend, genofs er selbst die Achtung seiner Gegner. Er starb den 16. April 1788. Wenige Menschen, sagt Voltaire, sind besser von der Natur ausgestattet worden. Mit dem Körper eines Athleten vereinigte er den Geist eines Weisen. Die Originalausgabe der Histoire naturelle ist von 1749 bis 1789 in 36 Quartbünden mit vielen Kupfern erschienen, Die ersten 15, welche von der Theorie der Erde, von der Natur der Thiere im Allgemeinen und von der Geschichte des Menschen und der vierfüfsigen Thiere handeln, gab er gemeinschaftlich mit Daubenton heraus, der das anatomische Detail dazu lieferte. Die 9 folgenden Bünde, an denen Guéneau de Montbeillard Theil nahm, enthalten die Geschichte der Vögel. Die 12 noch übrigen sind von ihm allein bearbeitet; 5 betreffen die Mineralien (dies ist der schwächere Theil des Werks) und 7 geben Supplemente zum Ganzen. Unter den letzteren ist besonders der fünfte merkwürdig, der unter dem Titel: Époques de la nature in einem hinreifsenden, wahrhaft erhabenen Stil eine neue (von seiner frühern abweichende) Theorie der Erde aufstellt und als ein Werk für sich betrachtet werden kann, auch mehrmals einzeln gedruckt ist. Wegen der zahlreichen anderweitigen Ausgaben, die gleichzeitig und später erschienen sind, und der vom Grafen Lacepède und andern gelieferten Fortsetzungen verweisen wir auf Quérard's France littéraire, auf Brunet's Manuel de librairie und auf dessen Nouvelles recherches bibliographiques. Wir begnügen

*) Er zündete durch 168 gläserne Planspiegel in einer Entfernung von 200 Fufs augen blicklich Holz, und schmolz Zinn auf 150, Blei auf 130 und Silber auf 60 Fufs. Wenn die Nachricht von Entzündung der römischen Flotte durch Archimed's Brennspiegel gegründet ist, so bediente sich dieser Mathematiker ohne Zweifel einer solchen Verbindung von Planspiegeln.

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