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ten Theil dieses Handbuchs S. 659 ff. Hier folgen einige der aus Italien geschriebenen Briefe, die man nicht ohne Vergnügen lesen wird.

LE CAPITOLE.

Hier, en sortant du Panthéon, j'ai été au Capitole.

à Rome.

Cet endroit, qui a dominé l'univers; où Jupiter avoit son temple, et Rome avoit son sénat; d'où jadis les aigles romaines s'envoloient continuellement dans toutes les parties du monde, et de toutes les parties du monde continuellement revoloient en rapportant des victoires; d'où un mot échappé de la bouche de Scipion, ou de Pompée, ou de César, couroit parmi les nations menacer la liberté, et faire la destinée des rois; où enfin les plus grands hommes de la république respiroient, après leur mort, dans des statues qui exerçoient encore sur l'univers une autorité romaine; eh bien! ce lieu si renommé a perdu ses statues, son sénat, sa citadelle, ses temples; il n'a conservé que son nom, tellement cimenté par le sang et les larmes de tant de peuples, que le temps n'a pu encore en désunir les syllabes immortelles: il s'appelle encore le Capitole 1).

C'est au Capitole que l'on voit bien tout ce peu que sont les choses humaines, et tout ce qu'est, au contraire, la fortune.

Je cherche la place où étoit la citadelle.

La roche Tarpéïenne 2) est plus de trois quarts enterrée.

On ne peut se consoler des ravages qui ont détruit tant de grands monumens, que dans un musée qui en est tout près, où les papes ont recueilli quelques-uns de leurs débris, et devant la statue équestre de MarcAurèle 3).

Cette statue est de bronze: elle est la plus belle qui soit restée des anciens: Michel-Ange lui a fait un piédestal.

il

On a beaucoup critiqué cette statue, et ce n'est pas sans fondement. Le cheval, j'en conviendrai, est court, lourd, épais; mais il vit, il va, passe...

LE FORUM.

à Rome.

Je n'ai pas le temps, ce soir, d'entrer dans le musée. Il me tarde d'en

trer dans le Forum.

Il doit être près d'ici. Il s'étendoit entre le mont palatin, où Rome est née, et le mont capitolin, où Rome est ensevelie 4).

1) Il Campidoglio. 2) Von dem Tarpejischen Felsen wurden bekanntlich die Verbrecher hinabgestürzt. 3) In den obern Sälen und Gallerien des von Michel Angelo auf der Stelle des alten Kapitols erbauten Pallastes haben die Päpste Clemens XII und Benedict XIV einen grofsen Vorrath von Alterthümern zusammenstellen lassen, welche das Museum capitolinum bilden. In der Mitte des Platzes vor dem Pallast sieht man die bronzene statua equestris des Kaiser Marcus Aurelius. 4) Romulus bauete zuerst den Palatinus an, und der gröfste Theil des alten in Trümmern liegenden Roms ist die Gegend hinter dem Campidoglio.

1

Quoi! ce forum, autrefois couvert de temples, de palais, d'arcs triomphaux, jadis le centre de Rome et par conséquent du monde, le théâtre de tant de révolutions, qui d'abord ont changé l'univers par Rome, et ensuite ont changé Rome par l'univers: c'est-là lui!

Adossé à la muraille où les tables des lois étoient attachées; debout sur la prison où les complices de Catilina furent conduits à la mort, quand Cicéron eut parlé; appuyé sur le tronçon d'une colonne d'un temple de Jupiter-Tonnant, je regarde... et mon regard, errant dans une vaste enceinte, ne saisit que des débris de chapiteaux, d'entablemens, de pilastres qui la plupart ont perdu et leur forme et leur nom: il passe sur six colonnes du temple de la Concorde, sur le fronton du temple de Jupiter-Stator, sur le portique du temple d'Antonin et de Faustine, sur les murs du trésor public, sur l'arc de Septime Sévère, sous les voûtes d'un temple de la Paix, à travers les ruines de la maison dorée de Néron: et il va se reposer sur une colonne corinthienne de marbre blanc, qui, au milieu de l'étendue du forum, monte isolée ").

Quels changemens! dans ces lieux où Cicéron parloit, des troupeaux meuglent! Ce qui s'appeloit, dans l'univers, le forum romanum, s'appelle aujourd'hui, dans Rome, le champ des vaches 6).

Je ne pouvois me lasser de parcourir cette étendue du forum; j'allois d'un débris à l'autre, d'un entablement à une colonne, de l'arc de SeptimeSévère à celui de Titus; je m'asseyois ici sur un fût, là sur un frontor, plus loin sur un pilastre. J'avois du plaisir à fouler sous mes pieds la grandeur romaine: j'aimois à marcher sur Rome.

TIVOLI.

à Tivoli.

J'arrive à l'instant à Tivoli; mais il est nuit. N'importe; me voilà arrivé; je me réveillerai demain à Tivoli.

Déjà la lune me montre, à côté de cette chambre, où je dois passer la nuit, les temples de Vesta et de la Sibylle. Elle me découvre vis-àvis de mes fenêtres, cet Anio, qui retentira éternellement dans les vers d'Horace 7).

5) Der beschränkte Raum erlaubt nicht, von allen diesen Denkmälern und Ruinen zu reden. Wir müssen defshalb auf Werke wie Adler's ausführliche Beschreibung der Stadt Rom (Altuna 1781, 4.) oder die Beschreibung der Stadt Rom von Bunsen, Platen, Gerhard und Röstell (Stuttgart seit 1829, 3 Bände in S. mit Kupf.) verweisen. Man vergleiche auch Sachse's Geschichte und Beschreibung der alten Stadt Rom (Hannover 1812, 8.). 6) Campo vaccino.

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Il me tarde que le soleil lui-même me montre et ces temples et cette cascade.

J'aime ce bruit qui ébranle mon âme, comme cette montagne. J'aime à écouter l'Anio. Il mugit, il tombe, il tonne! la nuit ici n'a point de silence 8).

Comme ce fleuve, en se précipitant, se brisé tout entier en écume! comme il repousse les rayons de la lune sur ces arbres, sur ces monts, sur cet abîme, sur ces belles colonnes Corinthiennes de ce temple de Vesta, qu'ils revêtent de la clarté la plus douce et la plus pure!

Où sont les peintres et les poètes?

ROUTE de ROME À TIVOLI.

à Tivoli.

Puisque je ne peux fermer l'oeil, je vais vous rendre compte de mon

voyage.

Je pars de Rome, vers les quatre heures du soir, avec un seigneur polonois, qui, depuis dix ans, fait des lieues dans l'Europe, et un médecin françois, qui, depuis dix ans, y voyage.

J'ai fait d'abord quatorze milles à travers la solitude, la poussière et les tombeaux, c'est-dire la campagne de Rome.

Je suis sur la voie romaine appelée Tiburtina.

Tout à coup une odeur de soufre saisit; on fait quelques pas, elle enveloppe. La terre est déjà noire: la verdure des buissons et des plantes, que le printemps force d'y végéter, est à moitié deséchée: la rose sauvage éclot et meurt.

On suit cette odeur de soufre: on arrive à un lac rempli d'une eau bleuâtre.

Cette eau bouillonne aussitôt que l'on y jette la moindre pierre.

On voit flotter sur le lac plusieurs petites îles couvertes de roseaux: ce sont des portions de terre minées par l'eau.

La vapeur qui s'élève du lac, et qui flotte sur son étendue, est funeste aux oiseaux; ils passent, ils meurent, et tombent.

Cependant deux malheureux habitent sur la Solfatara; c'est ainsi que l'on nomme ce lac.

La curiosité des voyageurs leur fournit de quoi manger, dormir et s'enivrer; ils sont hâves, défaits, languissans; mais ils ne pensent pas.

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On quitte, le plutôt qu'on peut les bords de la Solfatara, et on s'avance vers Tivoli.

1

On rencontre, au pied des montagnes, plusieurs ruines parmi lesquelles domine un tombeau.

C'est

une tour carrée, fort bien conservée; elle présente, sur une de ses faces, un monument triomphal, érigé à Plautia.

*) Der Anio, jetzt Teverone, bildet in Tibur einen Wasserfall von 30 Kl

len Höhe.

Ideler u. Nolte Handb. I.

25

Ce rapprochement d'un monument triomphal et d'un tombeau, érigés à côté l'un de l'autre, pour le même homme, fait rêver. La gloire à côté de la mort!

Enfin me voilà à Tivoli!

Eh! que m'importe qu'il y ait un évêque, huit curés et 1800 habitans à Tivoli? L'Anio et ses cascades y sont-elles? Le temple de Veste subsiste-t-il?

Je demande où demeuroit Properce, où demeuroit Cynthie, et Zénobie, et Lesbie, et toi, Horace! On me montre où demeurent les Camaldules, les Capucins et le vicaire de la paroisse.

A demain.

LA GRANDE CASCADE.

à Tivoli.

i

Voilà le soleil; courons vite à la cascade.

L'Anio arrive lentement, sur un lit égal et uni, en baignant d'un côté une ville étalée sur ses bords, et de l'autre, de grands ormes qui balancent sur lui leur ombrage: il s'avance ainsi, calme, majestueux, paisible: soudain, entrant dans une fureur inexprimable, il se brise tout entier sur des rocs; il écume, il rejaillit, il retombe en bouillons impétueux, qui se heurtent, qui se mêlent, qui sautent; il remplit un moment un vaste rocher, l'entr'ouvre, et se précipite en grondant, Où est-il done?

L

Je suis éloigné de plus de cent toises, et la poussière de ces flots brisés m'arrose et m'inonde; elle forme à plus de cent toises, en tous sens, une pluie continuelle.

Mais j'entends mugir encore ces flots; je demande à les revoir, on me conduit à la grotte de Neptune.

se

Là, une montagne de roche s'avance sur un abîme épouvantable, creuse, se voûte, et se soutient hardiment sur deux énormes arcades. A travers ces arcades, à travers plusieurs arcs-en-ciel qui les cintrent en se croisant, à travers les plantes et les mousses qui pendent de leurs fronts en festons, j'aperçois de nouveau ces flots furieux, qui tombent encore sur des pointes de rochers, où ils se brisent encore, sautent de l'un à l'autre, se combattent, se plongent, disparoissent; ils sont enfin dans l'abîme.

Ecoutons bien les tonnerres que roulent ces flots bondissans; écoutons bien ce retentissement universel, et, tout à l'entour, ce silence.

Ces flots, cette hauteur, cet abîme, ce fracas, ces rocs pendans en précipice, les uns noircis par les siècles, d'autres verdis par de longues mousses, ceux-là hérissés de ronces et de plantes sauvages de toute espèce; ces rayons égarés du soleil, qui se brisent, qui se jouent sur le roc, dans les eaux, parmi les fleurs; ces oiseaux que le bruit et le vent des ondes effraient et repoussent, dont on ne peut entendre la voix: tout cela m'émeut, me trouble, m'enchante.

Horace, tu es venu, sûrement, plus d'une fois, accorder ici ton imagination et ta lyre.

LES CASCATELLES.

à Tivoli

Je e vous écris, dans ce moment, devant les Cascatelles, assis, depuis une heure, sous un olivier antique, occupé à les contempler, à écouter ces belles ondes.

i

La route qui conduit aux Cascatelles est charmante.

On passe sous les arbres les plus riants, à travers les mûriers, les figuiers, les peupliers, les platanes; on foule les gazons les plus verts, les fleurs les plus odorantes; on entend, dans les bois voisins, les concerts de mille oiseaux; des chevaux descendent des montagnes; des troupeaux paissent sur leurs sommets et les blanchissent; le bruit argentin des clochettes brille, pour ainsi dire, dans les airs. Tout à coup le temple de Vesta et celui de la Sibylle se montrent. Que l'oeil tourne avec plaisir autour de ces belles colonnes! mais on voudroit pouvoir les repousser en arrière, car elles penchent trop sur l'abîme. Comme ces ronces, ces lierres, toutes ces herbes qui disputent à l'acanthe 9) corinthienne de couronner ces colonnes, font un effet pittoresque!

Enfin on arrive vis-à-vis des Cascatelles.

Je les préfère à la grande cascade, à la grotte de Neptune, à toutes les eaux dont j'ai conservé la mémoire.

Ces monts couronnent bien cette ville! cette ville, à son tour, couronne bien ce côteau! comme ce côteau descend doucement, chargé de moissons de toute espèce! là, un champ de blé, plus loin un verger, plus loin des treilles couvertes de vignes. Tout d'un coup, du milieu de toutes ces riantes verdures, un fleuve impétueux s'élance et se divise en cinq fleuves, qui, par cinq routes différentes, ou jaillissent, ou coulent, ou se précipitent; ils rencontrent, en bas, d'autres flots, qui, de tous les côtés, accourent, et viennent se réunir avec eux, sur un tapis d'émeraude.

C'est sans doute ici que Properce venoit rêver, venoit composer ses vers, qu'il conduisoit sur le soir, sa belle Cynthie.

Sans doute, tandis que la jeune Cynthie suspendoit sur son épaule un bras languissant, Properce aimoit à lui montrer, et à lui détailler cette scène: à guider ses regards distraits sur ces ondes qui s'élancent en gerbes, sur ces flots qui coulent en filets d'argent, sur cet arc-en-ciel éternel, sur ces mousses nourries d'une poussière humide, sur ce peuple d'arbustes qui tremblent sans cesse du mouvement des flots qui se précipitent à l'entour.

Horace, n'est-ce pas devant ces mêmes cascades, et enchanté de cette même scène, que ta muse a célébré en de si beaux vers, les délices de Tivoli?

Quelle fraîcheur! quel calme! quelle solitude, et en même tems, quel beau jour! Un beau jour est vraiment une fête que le ciel donne

à la terre.

9) Die Verzierung der Kapitüler der korinthischen Säulen ist bekanntlich von dem Kraute Acanthus oder Bärenklau entlehnt.

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