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Je pris aussi le goût, qui m'étoit tout nouveau, pour le jeu et pour l'ouvrage. Toutes ces choses mises à leur place, me délassoient des lectures sérieuses dont je faisois ma principale occupation. Cette expérience m'apprit que ce qui rend les divertissemens les plus vifs, insipides pour les gens dont la vie en est uniquement remplie, c'est qu'ils perdent leu véritable fonction, qui est de reposer le corps ou l'esprit fatigué du tre vail. Elle m'a fait penser aussi que chaque état a ses plaisirs, même. celui de la vieillesse et de l'infirmité. Il n'y en a point qui fasse naître tant de besoins: leur soulagement a plus de délices, que la jouissance des biens qu'une espèce de nécessité n'a pas précédée. Cette réflexion est propre à diminuer la crainte des situations fâcheuses où l'on peut tomber. On les envisage, comme on fait l'habitation de la zône torride, qui semble insoutenable, parce qu'on ne considère que l'excessive chaleur qu'il y doit faire, sans songer aux vents et aux pluies qui la tempèrent.

D'A GUESSEA U.

HENRI - FRANÇOIS D'AGUESSEAU stammte aus einer alten Familie in Saintonge, und wurde den 7. November 1668 zu Limoges geboren. Die sorgfältige Erziehung, die er von seinem Vater, Intendanten von Limousin und nachmaligem Staatsrath, erhielt, entwickelte früh seine Talente; auch trug der Umgang mit Boileau und Racine, an welchem er um so mehr Vergnügen fand, da er sich als Jüngling mit der Poesie beschäftigte, nicht wenig zu seiner Bildung bei. 1691 wurde er Generaladvokat des Pariser Parlements und bald darauf Parlementsrath. Er erntete gleich das erstemal, du er als Redner vor Gericht auftrat, so viel Beifall ein, dafs Talon, damaliger Präsident des Parlements, sagte, er wünsche so aufzuhören, wie dieser junge Redner anfange. 1705 wurde er Generalprocurator des Parlements, in welchem Posten er Gelegenheit fand, seine reifen Einsichten und seine Wärme für Recht und Tugend an den Tag zu legen. Er hielt auf strenge Ordnung bei den Tribunälen, bewirkte manche Verbesserung des Justizwesens und veranlasste viele heilsame Verordnungen. Ob es gleich seine Pflicht war, die Missethäter zu verfolgen, so sah er doch immer den Tod eines Bürgers als ein allgemeines Unglück an. Auch bemerkt sein Lobredner Thomas, dafs während seiner Amtsverwaltung verhältnifsmäfsig nur wenige Personen hingerichtet worden sind. Er war es, der, als Mitglied einer von dem Generalprocurator Desmarets errichteten Commission, durch die zweckmäfsigen von ihm vorgeschlagenen Maafsregeln und durch

Ideler u. Nolte Handb. I.

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seine alles begeisternde Thätigkeit Frankreich in dem kalten Winter von 1709 vor der Hungersnoth sicherte. Vorzüglich liefs er sich das Armenwesen angelegen sein, und hielt das kleinste Detail der Hospitüler seiner Aufmerksamkeit nicht unwürdig. 1717 wurde er zur allgemeinen Freude des Landes von dem Regenten zum Kanzler von Frankreich ernannt, und erfüllte als Gesetzgeber und Ausleger der Gesetze die grofsen Erwartungen des Volks, dessen Stimme ihn längst zu dieser Würde berufen hatte. Er war nur auf das allgemeine Beste, nie auf sein eigenes bedacht. Auch hinterliefs er keine andern Früchte seiner Ersparnisse, als eine reichhaltige Bibliothek. Die Mufse, die ihm seine gewissenhaft verwalteten Geschäfte gestatteten, war unter seine Lectüre und den Unterricht seiner Kinder getheilt. Mathematik, Sprachen, schöne Wissenschaften und Ackerbau gehörten zu seinen Lieblingsbeschäftigungen. Zweimal verlor er durch die Intrigue seiner Gegner die ́Siegel; und diese Zeit wandte er auf seinem Landgute Fresnes zu Betrachtungen über die Gesetzgebung an, wovon eine grofse Anzahl reifer Gesetze, die durch ihn veranlafst worden sind, die Früchte waren. Im November 1750 legte er, körperlicher Schwäche halber, seine Stelle nieder. Nicht lange nachher, am 9. Februar 1751, starb er. Diese Züge aus dem Leben des würdigen Mannes sind aus der Lobschrift von Thomas (s. unten den ihn betreffenden Artikel), aus dem ersten Bande der Biographie universelle und aus Cramer's Nordischem Aufseher geschöpft, in dessen erstem Bande man die Verdienste seines Charakters und seiner auch ins Deutsche übersetzten Werke umständlich auseinander gesetzt findet. Die Plaidoyers, welche er als Advokat, und die von den Pflichten der Richter und Magistratspersonen handelnden Mercuriales, welche er als Prokurator des Parlements bei Eröffnung und am Schlusse der Parlementssitzungen gehalten hat, vereinigen Ordnung, Bündigkeit, Stärke und Wohlklang, und sind als Muster gerichtlicher Beredsamkeit zu betrachtens ein Urtheil, welches die hier zur Probe abgedruckte Mercuriale rechtfertigen wird. Die Oeuvres de d'Aguesseau bilden 13 Quarthande, welche in dem Zeitraum von 1759–1789 zu Paris erschienen sind. Die ersten Bünde führen in einer neuen Adflage die Jahrszahlen 1787-1789. Der dreizehnte Band enthält einen Discours sur la vie et la mort, le caractère et les moeurs de M. d'Aguesseau, des Vaters des Kanzlers. Dies schöne Denkmal der Pietät ist zuvor 1778, unter der Jahrszahl 1720, in nicht mehr als 60 Exemplaren gedruckt worden. Die Yverduner Ausgabe von d'Aguesseau's Werken (1773-1775, 12 Bände in 8.) ist nicht vollständig. Im Jahr 1823 sind zu Paris Lettres inédites du Chancelier d'Aguesseau publiées par D. B. Rives in zwei Oktavbänden mit drei Blättern fac simile erschienen.

DISCOURS SUR L'EMPLOI DU TEMPS.

Prononcé à Pâques 1714.

La nature n'a rien donné à l'homme de plus précieux que le temps. Mais ee bien si précieux et le seul qui soit véritablement à nous, est aussi celui qui nous échappe le plus promptement. La main qui nous le donne, nous le ravit au même instant, comme si elle vouloit nous avertir par cette rapidité même, de nous presser d'en jouir.

Qui ne croiroit en effet, que docile à cette voix de la nature, l'homme se hâteroit de saisir des heures qui volent, et de s'approprier les momens qui passent sans retour? Mais telle est au contraire l'erreur de l'esprit humain; c'est parce que le temps se succède si rapidement, que l'homme se flatte de n'en manquer jamais. Dissipateur du présent, sur la foi de l'avenir, il s'afflige même quelquefois de ne pas le perdre assez promptement; et pendant qu'il punit ceux qui lui ravissent son bien, il récompense les coupables plus heureux, qui lui dérobent son temps.

Que ceux qui passent leurs jours dans l'obscurité d'une condition privée, se consolent, ou se félicitent même de cette perte, nous en sommes moins surpris: ils ne vivent que pour eux, et ils ne perdent que leur bien. Mais l'homme public, dont la société réclame tous les momens, lui dérobera-t-il un bien dont il n'est que le dispensateur; et si elle lui demande par notre bouche le compte qu'il lui doit de l'usage de son temps, ne pourra-t-il lui offrir que des jours vides ou mal remplis, qui presque également perdus, semblent ne différer entre eux que dans la manière de les perdre?

Une longue carrière s'ouvre d'abord aux yeux de la jeunesse. Le terme en est si éloigné qu'il disparoît presque à sa vue. Peu d'occupations nécessaires, un excès de loisir cache aux magistrats de cet âge la valeur et le prix du temps. Semblables à ceux qui se trouvent d'abord dans une 1 trop grande fortune, l'abondance les rend prodigues, et l'opinion qu'ils ont de leurs richesses, est la première cause de leur ruine. En vain l'ambitieuse et souvent aveugle impatience d'un père les a mis de bonne heure en possession d'une dignité qui prévient en eux le mérite encore plus que les années. La rigueur de la loi s'est laissée fléchir en leur faveur par le prétexte spécieux de les obliger à employer un temps que leur oisiveté alloit dissiper. Mais son indulgence n'aura servi qu'à les mettre en état de le perdre avec plus de liberté. Assis dès leur première jeunesse au rang des anciens sénateurs, ils semblent reprocher à la justice tous les momens qu'elle ravit à leurs plaisirs. Ils ignorent la science d'employer leur temps; ils ne savent pas même le donner avec choix, ils ne savent que le perdre. Le jour ne suffit pas au cercle de leurs passions; c'est par-là seulement qu'ils sentent la rapidité du temps, et la courte mesure de notre vie. La nuit prend la place du jour, et ces heures autrefois consacrées aux veilles savantes du magistrat, sont souvent prodiguées à l'excès d'un jeu insensé, où il croit n'avoir rien perdu quand il n'a fait que la perte irréparable de son temps.

Il est, à la vérité, des magistrats plus ingénieux à se tromper sur l'asage qu'ils en font. Loin du tourbillon des passions violentes et des plaisirs tumultueux, leurs jours coulent sans remords dans une vie douce et tranquille. Le goût plutôt que le devoir préside au choix de leurs occupations, et préfère toujours celles qui peuvent amuser leur vivacité, sans effrayer leur mollesse. Si on entre dans un plus grand détail, que découvrira-t-on? Des lectures plus agréables qu'utiles; une curiosité louable en elle-même, si elle avoit un objet plus digne de leur état: une recherche du superflu qui leur inspire le dégoût du nécessaire; une vie qui paroît remplie, et qui n'est en effet qu'un loisir délicieux et une élégante oisiveté, où le magistrat croit être ménager de son temps, parce qu'il sait le dépenser avec art, et le perdre avec esprit.

De-là cette inclination que la mollesse de nos moeurs a rendue si commune; cette passion qui, pour être plus douce, n'en est que plus durable; cette délicatesse de goût pour la beauté d'un art qui ne mesure le temps que par la durée des sons et par la justesse de l'harmonie.

Il est des talens équivoques, plus à craindre qu'à désirer pour le magistrat; et ce qui peut faire la gloire de l'homme privé, fait souvent le déshonneur de l'homme public. Dieu vous préserve, Seigneur, disoit un célèbre musicien au roi de Macédoine, Dieu vous préserve de savoir mieux mon art que moi-même, Mais seroit-il écouté, s'il vouloit aujourd'hui donner la même leçon à ces magistrats, qui trop occupés de cet art séducteur, et comme liés par une espèce d'enchantement, semblent n'avoir des yeux que pour un vain spectacle, et des oreilles que pour une dangereuse harmonie.`

Ainsi périssent cependant les plus beaux jours de la jeunesse, ces jours critiques du mérite et de la vertu, que la nature même semble avoir destinés à l'étude et à l'instruction. En vain le magistrat voudra peut-être rappeler dans la suite ces momens perdus, et réparer l'erreur de ses premières années. Il faudroit être instruit, il est trop tard de commencer à s'instruire; le temps manque justement à celui qui n'a pas su d'abord en faire un bon usage; et par un enchaînement fatal, la perte du premier âge est presque toujours suivie pour le magistrát, de celle du reste de sa vie.

Bientôt un âge plus mûr sera pour lui une nouvelle source de distractions peut-être encore plus dangereuses. L'ambition succédant aux passions de la jeunesse, usurpera au moins le temps du magistrat, si elle ne peut lui ravir encore la possession de son coeur. Que de jours, que d'an-` nées perdues dans l'attente d'un moment trompeur qui le fuit à mesure qu'il croit s'en approcher! Transporté loin de lui, par des désirs qui empoisonnent toute la douceur du présent, il ne vivra que dans l'avenir, ou plutôt il voudra toujours vivre, et il ne vivra jamais; trouvant des heures pour cultiver des amis puissans, et n'en trouvant point pour cultiver son âme: souvent avec la fortune, et presque jamais avec lui-même.

Mais pourquoi ferions-nous ici le triste dénombrement des foiblesses humaines, pour y trouver toutes les causes des distractions du magistrat?

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Il est jusqu'à des vertus qui semblent se réunir avec ses passions pour conspirer contre son temps. La tendresse du sang; la douceur de l'amitié; une facilité de moeurs qui le rend toujours accessible; une fidélité à des engagemens que la société produit, que l'âge multiplie, et dont la bienséance fait une espèce de nécessité, lui déroberont, s'il n'y prend garde, une grande portion de sa vie; et s'il n'est pas du caractère de ceux qui passent une partie de leurs jours à mal faire, ou qui en perdent encore plus à ne rien faire, il aura peut-être le malheur d'augmenter le grand nombre de ceux dont la vie se consume vainement à faire toute autre chose que leur devoir.

Les distractions, il est vrai, diminuent à un certain âge; les plaisirs se retirent, les passions se taisent et semblent respecter la vieillesse. Un calme profond succède à l'agitation des premières années, et la tempête nous jette enfin dans le port. L'homme commence alors à connoître le prix d'un temps qui n'est plus, et d'une vie toute prête à lui échapper. Mais à la vue d'une fin qui s'avance à grands pas, on diroit souvent qu'il pense plus à durer qu'à vivre, et à compter ses momens qu'à les peser; ou si le magistrat les pèse encore à cet âge, sera-ce toujours dans la balance de la justice? Ces heures stériles qu'il a la gloire de donner gratuitement à la république, ne lui paroîtront-elles point perdues? et une passion plus vive que les autres, qui croît avec les années, qui survit à tous les désirs du coeur humain, et qui prend de nouvelles forces dans la vieillesse, ne lui fera-t-elle pas regarder comme le seul temps bien employé, celui qu'une coutume plus ancienne qu'honorable fait acheter si chèrement au plaideur? N'abandonnera-t-il pas les prémices de ce temps doublement précieux, ou à une vaine curiosité de nouvelles inutiles, ou à l'indolence du sommeil, et ne regardera-t-il pas avec indifférence tant de momens perdus, et cependant comptés au plaideur? C'est alors que patient sans nécessité, et indulgent sans mérite, il applaudira peut-être en secret à l'utile longueur de ceux qui abuseront de son temps, et qui exciteroient son impatience dans les heures dont le devoir seul pèse la valeur au poids du sanctuaire. Est-il donc un autre poids pour apprécier les heures de la justice; et par quel charme secret changent-elles de nature selon que le magistrat en est le débiteur, ou qu'il croit en devenir cré

ancier?

Ce n'est pas ainsi que le juste estimateur du temps de la justice sait en mesurer la durée. Redevable au public de toutes les heures de sa vie, il n'en est aucune où il ne s'acquitte d'une dette si honorable à celui qui la paye, et si utile à celui qui l'exige. Ce temps que nous laissons si souvent dérober par surprise, arracher par importunité, échapper par négli gence; il a su de bonne heure le recueillir, le ménager, l'amasser, et mettant, pour ainsi dire, toute sa vie en valeur, ses jours croissent à mesure qu'il les remplit, il augmente en quelque manière le temps de sa durée, et faisant une fraude innocente à la nature, il trouve l'unique moyen de vivre beaucoup plus que le reste des hommes.

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