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elle se subtilisoit, deviendroit une espèce d'air, qui feroit mourir les poissons, l'air de son côté nous ôteroit la respiration, s'il devenoit plus épais et plus humide. Alors nous nous noierions dans les flots de cet air épaissi, comme un animal terrestre se noie dans la mer. Qui est-ce qui a purifié avec tant de justesse cet air que nous respirons? S'il étoit plus épais, il nous suffoqueroit, comme, s'il étoit plus subtil, il n'auroit pas cette douceur qui fait une nourriture continuelle du dedans de l'homme. Nous éprouverions partout ce qu'on éprouve sur le sommet des montagnes les plus hautes, où la subtilité de l'air ne fournit rien d'assez humide et d'assez nourrissant pour les poumons. Mais quelle puissance invisible excite et appaise si soudainement les tempêtes de ce grand corps fluide? Celles de la mer n'en sont que les suites. De quel trésor sont tirés les vents qui attiédissent les saisons brûlantes, qui tempèrent la rigueur des hivers, et qui changent en un instant la face du ciel? Sur les ailes de ces vents volent les nuées d'un bout de l'horizon à l'autre. On sait que certains vents règnent en certaines mers, dans des saisons précises. Ils durent un temps réglé, et il leur en succède d'autres, comme tout exprès, pour rendre les navigations commodes et régulières. Pourvu que les hommes soient patients et aussi ponctuels que les vents, ils feront sans peine les plus longues navigations.

Voyez-vous ce feu qui paroît allumé dans les astres, et qui répand partout sa lumière? Voyez-vous cette flamme que certaines montagnes vomissent, et que la terre nourrit de soufre dans ses entrailles? Ce même feu demeure paisiblement caché dans les veines des cailloux, et il y attend à éclater, jusqu'à ce que le choc d'un autre corps l'excite, pour ébranler les villes et les montagnes. L'homme a su l'allumer et l'attacher à tous ses usages, pour plier les plus durs métaux, et pour nourrir avec du bois, jusques dans les climats les plus glacés, une flamme qui lui tienne lieu de soleil, quand le soleil s'éloigne de lui. Cette flamme se glisse subtilement dans toutes les semences. Elle est comme l'àme de tout ce qui vit; elle consume tout ce qui est impur, et renouvelle ce qu'elle a purifié. Le feu prête sa force aux hommes trop foibles. Il enlève tout-à-coup les édifices et les rochers. Mais veut-on le borner à un usage plus modéré? Il échauffe l'homme, il cuit les alimens. Les anciens, admirant le feu, ont cru que c'étoit un trésor céleste que l'homme avoit dérobé aux dieux.

Il est temps d'élever nos yeux vers le ciel. Quelle puissance a construit au-dessus de nos têtes une si vaste et si superbe voûte? Quelle étonnante variété d'admirables objets! C'est pour nous donner un beau spectacle, qu'une main toute-puissante a mis devant nos yeux de si grands et de si éclatans objets. C'est pour nous faire admirer le ciel, dit Cicéron, que Dieu a fait l'homme autrement que le reste des animaux. Il est droit et lève la tête, pour être occupé de ce qui est au- -dessus de lui. Tantôt nous voyons un azur sombre, où les feux les plus purs étincellent. Tantôt nous voyons dans un ciel tempéré les plus douces couleurs, avec des nuances que la peinture ne peut imiter. Tantôt nous voyons des nuages

de toutes les figures, et de toutes les couleurs les plus vives, qui changent à chaque moment cette décoration, par les plus beaux accidens de lumière. La succession régulière des jours et des nuits, que fait-elle entendre? Le soleil ne manque jamais, depuis tant de siècles, à servir les hommes, qui ne peuvent se passer de lui. L'aurore, depuis des milliers d'années, n'a pas manqué une seule fois d'annoncer le jour. Elle le commence à point nommé, au moment et au lieu réglé. Le soleil, dit l'Écriture, sait où il doit se coucher chaque jour. Par-là il éclaire tour-à-tour les deux côtés du monde, et visite tous ceux auxquels il doit ses rayons. Le jour est le temps de la société et du travail: la nuit enveloppant de ses ombres la terre, finit tour-à-tour toutes les fatigues, et adoucit toutes les peines. Elle suspend, elle calme tout; elle répand le silence et le sommeil. En délassant les corps, elle renouvelle les esprits. Bientôt le jour revient, pour rappeler l'homme au travail, et pour ranimer toute la

nature.

Mais outre le cours si constant qui forme les jours et les nuits, lè soleil nous en montre un autre, par lequel il s'approche pendant six mois d'un pôle, et au bout de six mois revient avec la même diligence sur ses pas, pour visiter l'autre. Ce bel ordre fait qu'un seul soleil suffit à toute la terre. S'il étoit plus grand dans la même distance, il embraseroit tout le monde: la terre s'en iroit en poudre. Si dans la même distance il étoit moins grand, la terre seroit toute glacée et inhabitable. Si dans la même grandeur il étoit plus voisin de nous, il nous enflammeroit. Si dans la même grandeur il étoit plus éloigné de nous, nous ne pourrions subsister dans le globe terrestre, faute de chaleur. Quel compas, dont le tour embrasse le ciel et la terre, a pris des mesures si justes? Cet astre ne fait pas moins de bien à la partie dont il s'éloigne, pour la tempérer, qu'à celle dont il s'approche, pour la favoriser de ses rayons. Ses regards bienfaisans fertilisent tout ce qu'il voit. Ce changement fait celui des saisons dont la variété est si agréable. Le printemps fait taire les vents glacés, montre les fleurs et promet les fruits. L'été donne les riches moissons. L'automne répand les fruits promis par le printemps. L'hiver, qui est une espèce de nuit où l'homme se délasse, ne concentre tous les trésors de la terre, qu'afin que le printemps suivant la déploie avec toutes les grâces de la nouveauté. Ainsi la nature, diversement parée, donne tour-à-tour tant de beaux spectacles, qu'elle ne laisse jamais à l'homme le temps de se dégoûter de ce qu'il possède.

Mais comment est-ce que le cours du soleil peut être si régulier? Il paroît que cet astre n'est qu'un globe de flamme très-subtile, et par conséquent très-fluide. Qui est-ce qui tient cette flamme, si mobile et si impétueuse, dans les bornes précises d'un globe parfait? Quelle main conduit cette flamme dans un chemin si droit, sans qu'elle s'échappe jamais d'aucun côté? Cette flamme ne tient à rien, et il n'y a aucun corps qui pût ni la guider, ni la tenir assujettie. Elle consumeroit bientôt tout corps qui la tiendroit renfermée dans son enceinte. Où va-t-elle? Qui lui a appris à tourner sans cesse et si régulièrement, dans des espaces où rien ne la

gêne? Ne circule-t-elle pas autour de nous, tout exprès pour nous servir? Que si cette flamme ne tourne pas, et si au contraire c'est nous qui tournons autour d'elle, je demande d'où vient qu'elle est si bien placée dans le centre de l'univers, pour être comme le foyer, ou le coeur de toute la nature? Je demande d'où vient que ce globe d'une matière si subtile ne s'échappe jamais d'aucun côté, dans ces espaces immenses qui l'environnent, et où tous les corps qui sont fluides, semblent devoir céder à l'impétuosité de cette flamme?

Enfin je demande d'où vient que le globe de la terre qui est si dur, tourne si régulièrement autour de cet astre, dans des espaces où nul corps solide ne le tient assujetti, pour régler son cours? Qu'on cherche tant qu'on voudra dans la physique les raisons les plus ingénieuses pour expliquer ce fait; toutes ces raisons (supposé même qu'elles sont vraies) se tourneront en preuves de la divinité. Plus ce ressort qui conduit la machine de l'univers, est juste, simple, constant, assuré et fécond en effets utiles: plus il faut qu'une main très-puissante et très-industrieuse ait su choisir ce ressort, le plus parfait de tous.

Mais regardons encore une fois ces voûtes immenses, où brillent les astres, et qui couvrent nos têtes. Si ce sont des voûtes solides: qui en est l'architecte? Qui est-ce qui a attaché tant de grands corps lumineux à certains endroits de ces voûtes, de distance en distance? Qui est-ce qui fait tourner ces voûtes si régulièrement autour de nous? Si au contraire les cieux ne sont que des espaces immenses remplis de corps fluides, comme l'air qui nous environne: d'où vient que tant de corps solides У flottent, sans s'enfoncer jamais, et sans se rapprocher jamais les uns des autres? Depuis tant de siècles que nous avons des observations astronomiques, on est encore à découvrir le moindre dérangement dans les cieux. Un corps fluide donne-t-il un arrangement si constant et si régulier aux corps qui nagent circulairement dans son enceinte? Mais que signifie cette multitude presque innombrable d'étoiles? La profusion avec laquelle la main de Dieu les a répandues sur son ouvrage, fait voir qu'elles ne coûtent rien à sa puissance. Il en a semé les cieux, comme un prince magnifique répand l'argent à pleines mains, ou comme il met des pierreries sur un habit. Que quelqu'un dise, tant qu'il lui plaira, que ce sont autant de mondes, semblables à la terre que nous habitons; je le suppose pour un moment. Combien doit être puissant et sage celui qui fait des mondes aussi innombrables que les grains de sable, qui couvrent les, rivages des mers; et qui conduit sans peine, pendant tant de siècles, tous ces mondes errans, comme un berger conduit un troupeau? Si au contraire ce sont seulement des flambeaux allumés pour luire à nos yeux, dans ce petit globe, qu'on nomme la terre: quelle puissance, que rien ne lasse, et à qui rien ne coûte! Quelle profusion, pour donner à l'homme, dans ce petit coin de l'univers, un spectacle si étonnant!

Mais parmi ces astres, j'apperçois la lune, qui semble partager avec le soleil le soin de nous éclairer. Elle se montre point nommé, avec toutes les étoiles, quand le soleil est obligé d'aller ramener le jour dans l'autre

hémisphère. Ainsi la nuit même, malgré ses ténèbres, a une lumière, sombre à la vérité, mais douce et utile. Cette lumière est empruntée du soleil, quoiqu'absent. Ainsi tout est ménagé dans l'univers avec un si bel art, qu'un globe voisin de la terre, et aussi ténébreux qu'elle par lui-même, sert néanmoins à lui renvoyer par réflexion les rayons qu'il reçoit du soleil, et que ce soleil éclaire par la lune les peuples qui ne peuvent le voir, pendant qu'il doit en éclairer, d'autres.

Le mouvement des astres, dira-t-on, est réglé par des lois immuables. Je suppose le fait. Mais c'est ce fait même qui prouve ce que je veux établir. Qui est-ce qui a donné à toute la nature des lois, tout ensemble si constantes et si salutaires; des lois si simples, qu'on est tenté de croire qu'elles s'établissent d'elles-mêmes, et si fécondes en effets utiles, qu'on ne peut s'empêcher d'y reconnoître un art merveilleux? D'où nous vient la conduite de cette machine universelle qui travaille sans cesse pour nous, sans que nous y pensions? A qui attribuerons-nous l'assemblage de tant de ressorts si profonds, et si bien concertés; et de tant de corps, grands et petits, visibles et invisibles, qui conspirent également pour nous servir? Le moindre atôme de cette machine qui viendroit à se déranger, démonteroit toute la nature. Les ressorts d'une montre ne sont point liés avec tant d'industrie et de justesse. La nécessité de ces lois, loin de m'empêcher d'en chercher l'auteur, ne fait qu'augmenter ma curiosité et mon admiration. Il falloit qu'une main ̧ également industrieuse et puissante mît dans son ouvrage un ordre également simple et fécond, constant et utile.

BOURSAULT ET BABET.

EDME BOURSAULT wurde im Oktober 1638 zu Muci-l'Evèque in Burgund geboren. Seine Eltern wandten wenig auf seine Erziehung, daher er fast nichts als sein burgundisches Patois wusste, als er im Jahre 1651 nach Paris kam. Er setzte sich indessen durch beharrliche Lektüre guter Bücher bald in Besitz der französischen Sprache, und würde sich bei seinen Talenten gewifs zu dem Range eines klassischen Schriftstellers erhoben haben, wenn er in seiner Jugend die nöthigen Schulkenntnisse einzusammeln Gelegenheit gehabt hätte. Eine Schrift, die er 1671 unter dem Titel: La véritable étude des souverains auf Befehl Ludwig's XIV zum Unterricht des Dauphin herausgab, erwarb ihm die Gunst des Königs, und er wurde dafür zum Untergouverneur dieses Prinzen ernannt, welche Stelle er jedoch aus Bescheidenheit ausschlug, weil er nicht Lateinisch verstand. Auch lehnte er aus demselben Grunde die Ehre ah, Mitglied

der französischen Akademie zu werden, wozu ihm sein Freund Thomas Corneille verhelfen wollte. Die Herzogin von Angou. lême nahm ihn zu ihrem Secretär an, und in dieser Verbindung schrieb er eine wöchentliche Zeitung in Versen, betitelt: la Muse enjouée, wofür er vom Hofe, zu dessen Unterhaltung sie bestimmt war, eine Pension von 2000 L. erhielt. Eine Spötterei indessen, die er sich über die Kapuziner erlaubte, brachte ihn, auf Veranlassung des Beichtvaters der Königin, eines Kapuziners, bald um Privile gium und Pension; ja er würde seinen Vorwitz mit der Bastille haben büfsen müssen, wenn sich nicht der Prinz Condé für ihn verwandt hätte. Er starb den 15. September 1701 xu Montluçon, wo er seine letzten Jahre in dem einträglichen Amte eines Steuereinnehmers verlebt hatte. Man hat von ihm 1) verschiedene zu ihrer Zeit mit Beifall aufgeführte Lustspiele, worunter sich Ésope à la ville und Ésope à la cour am längsten auf der Bühne erhalten haben. Er schildert darin auf eine treffende Art die Lächerlichkeiten jedes Standes und Alters. Auch im tragischen Fache versuchte er sich mit den Stücken Marie Stuart und Germanicus, die aber mit Külte aufgenommen wurden und jetzt vergessen sind. Von dem letztern hat jedoch P. Corneille geurtheilt, dafs es ein Meisterwerk geheifsen haben würde, wenn es Racine zum Verfasser gehabt hätte. Seine sämmtlichen Theaterstücke sind 1725 und hernach öfters unter dem Titel: Théâtre de Boursault in drei Bünden in 12. gedruckt worden. 2) Einige nicht ganz uninteressante Romane, als: le Marquis de Chavigny, le Prince de Condé, Artémise et Poliante und Ne pas croire ce qu'on voit. 3) Briefe unter dem Titel: lettres de respect, d'obligation et d'amour, zuerst Paris 1666, 12. und in der Folge oft auch unter dem Titel: lettres de Babet et de Boursault, z. B. Paris 1739, 3 Vol. 12. 4) Lettres nouvelles accompagnées de fables, de contes, d'épigrammes, de remarques et de bons-mots, Paris 1709, 3 Bünde. Von der geistreichen, sehr gebildeten Babet wissen wir weiter nichts mit Sicherheit, als was aus den 30 Briefen hervorgeht, die uns Boursault von ihr mitgetheilt hat, nämlich dafs sie ihn leidenschaftlich liebte, und von ihrem Vater, weil sie ihn einem reichen und ungebildeten Dorfjunker vorzog, in ein Kloster gesperrt wurde. Dafs sie in demselben vor Gram gestorben sei, ist wohl nichts weiter als Vermuthung. Es ist sehr zu bedauern, dafs der nachlässige Boursault den grössten Theil ihrer Briefe verloren hat; denn was uns davon übrig ist, gehört, nach dem Urtheile aller Kenner, zu dem Vorzüglichsten in seiner Art. Boursault's Briefe sind bei weitem nicht so anziehend. Er hätte sich daher in der Vorrede wegen des Verdachts, die Briefe der Babet untergeschoben zu haben, nicht zu rechtfertigen nöthig gehabt. Ein Mehreres über Boursault findet man im 14ten Bande der Mémoires de Niceron und im 5ten Bande der Biographie universelle.

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