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&c.

& de la confternation qu'elle caufoit dans l'armée des Ifraëlites. Il avoit déjà été employé 1 Sami. quelque temps auparavant pour jouer des inf- XVI 18 trumens en la présence de Saul, afin de fufpendre les accès de mélancolie, auxquels ce Prince étoit fujet, & dont nous parlerons dans le Difcours fuivant. Il avoit été même pourvû d'un emploi à la Cour; c'étoit de porter les armes du Roi: mais foit que ce fût moins là verf. 12, une charge qu'un titre d'honneur, foit qu'il ne fût appellé que rarement dans le Palais, il demeuroit avec Ifaï fon père. Ce bon vieillard n'étoit point à la guerre, dont nous parlons. Il y avoit envoyé fes trois fils ainez, & il avoit retenu David auprès de lui pour paitre fes troupeaux, office, qui étoit alors exercé par les perfonnes les plus confidérables.

Il lui ordonna un jour d'aller vifiter fes trois frères, & de leur porter des provifions. Dans ces temps 16 là les Rois n'affignoient pas de certains émolumens à leurs foldats: châcun de ceux qui étoient obligez d'aller à la guerre, fournifloit à fon propre entretien, & fe mettoit en campagne à fes fraix, pour prévenir le péril commun. Ifai remit auffi à David un préfent pour celui qui commandoit le millier de fes frères. Il lui ordonna d'en rapporter oлy, c'eft ainfi qu'il y a dans l'Hébreu, & il n'est pas aifé de marquer la fignification qu'on doit donner à ce terme dans cet endroit la moins convenable, qui puifle lui être attribuée, c'eft celle qui a été adoptée par 17 Abarbanel: il traduit la lettre de divorce. Il prétend avec d'autres 1 Sam. Doc- XVII.18,

16 Voi. CALMET fur 1 Sam. XVII. 18. pag. 217. 17 ABARKAN. in 1. Sam. XVII. 18. fol. rp.

Docteurs de fa nation, que c'étoit une coûtu. me reçûe parmi les Ifraëlites, que celui qui alloit à la guerre repudioit fa femme. Il croit que les trois fils d'Ifaï avoient négligé cette cérémonie, & que c'étoit pour remédier à ce défaut, qu'Ifaï leur demandoit la lettre de divorce. Je ne rapporterai pas les autres fignifications, qu'on a données à ce mot, on en peut voir la lifte chez les Interprètes. 18 Louis Cappel a crû, que les Septante, qui rendent ainfi l'ordre d'Ifai à David, vous faurez ce dont vos frères ont befoin, avoient dans leur texte une leçon différente de celle du nôtre. Mais s'il n'eft pas démontré quelle idée l'Hiftorien a attachée au mot de l'original, il eft aifé du moins d'y en attacher une raifonnable. Ifaï vouloit peut-être que David lui rapportât quelles étoient les perfonnes, avec lesquelles fes frères étoient en fociété dans le camp. Le mot, dont nous parlons, fignifie proprement mélange, & peut fignifier une fociété, ou, comme l'on dit parmi les foldats, une chambrée.

David trouva, en arrivant au camp, que les armées étoient en préfence, & qu'elles fe préparoient à combattre. Il remit les provifions, dont il étoit chargé, à celui qui avoit ioin de la tente de fes frères, & il courut promp tement au champ de bataille. Il vit de les propres yeux le Philiftin, qui fortoit de l'armée ennemie, & qui continuoit fes bravades. Il demanda quelles étoient les récompenfes, que le le Roi avoit promifes à celui qui lui apporteroit la tête de ce Géant, qui fe vantoit d'avoir

des

18 LUD CAPPEL. Critica S. lib. IV. cap. 12. [' a cra que les LXX. avoient dans leurs exemplairea

deshonoré les armées d'Ifraël, & il s'en informa d'une manière, qui témoignoit qu'il y prenoit un intérêt particulier. On lui répondit que le vainqueur du Philiftin feroit traité comme s'il étoit du fang roial: qu'en cette qualité il feroit affranchi d'impôts, & que Saül lui donneroit fa propre fille en mariage.

Une curiofité, qui étoit en elle-même si naturelle, & qui partoit d'un principe fi héroïque, excita l'indignation d'Eljafib l'ainé des frères de David. Il lui reprocha d'avoir abondonné les brebis, qui étoient commises à fes foins, pour venir être témoin d'une bataille, au fuccès de laquelle il étoit incapable de contribuer. David ne fe laifla point rebuter par ce reproche: il réitera fes perquifitions fur les promeffes de Saül. Le foin redoublé, qu'il prit d'en faire d'exactes, vint aux oreilles du Roi, qui le manda, & qui apprit de lui le deffein qu'il avoit formé d'entrer en lice avec Goliath

Saül en louant la hardieffe de ce jeune homme, qui n'avoit alors qu'environ vingt ans, voulut le diffuader d'une entreprise qui paroiffoit fi téméraire: mais David répondit, qu'il s'étoit trouvé d'autres fois dans des occafions auffi périlleuses que celle où il offroit de s'engager, & que le même fecours divin, qui l'avoit fait fortir heureufement des prémières, le foûtiendroit encore dans celle-ci. Il arriva, ,, dit-il, lorfque je paiffois les troupeaux de mon père, qu'un lion m'emportoit une bre bis. Je l'attaquai; je le faifis par la machoi- 1. Sam. 29 IC, XVII.34.

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anx au licu de pupy pag. 286.

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,, re, je le tuai, & je lui enlevai fa proie. J'eus auffi une pareille rencontre & un même fuc,, cès avec un ours. Les exploits, que David racontoit à Saül, étoient fans doute, comme il le reconnut lui-même, l'effet d'une Providence toute particulière pour fa confervation. On pourroit pourtant les expliquer fans l'hypothèse du miracle. 19 Thévenot dit, que les Arabes ne craignent pas les lions; que pourvû qu'un homme de cette nation foit armé d'un bâ ton, il attaque un de ces animaux, & il en vient à bout. Les paroles, que David ajoûta au recit de ces deux victoires, font bien dignes d'arVerf. 37. tention: L'Eternel, qui m'a délivré de la griffe du lion, dit-il à Sail, & de la patte de l'ours, me délivrera lui-même de ce Philiftin.

Saül fut frappé de ce difcours; il ne crut pas devoir réfifter plus long-temps aux beaux mouvemens qui l'avoient dicté. Il fit des vœux en faveur de David, & il le recommanda à Dieu, en qui il temoignoit lui-même avoir tant de confiance: mais avant que de le laiffer aller au combat, il ne négligea aucun des moyens, que la prudence pût lui infpirer, pour le munir contre les coups du Philiftin. Il lui donna fes propres armes: il lui mit fon propre cafque fur la tête il le ceignit de fon épée; & il le fit revêtir d'une cuiraffe. Il y a lieu de s'étonner que Saul, qui étoit plus grand de toutes les épaules qu'aucun de ceux de l'armée, ait pû croire que fon cafque & fa cuiraffe pourroient s'ajuster

19 THEVENOT continuation de Voyages d'Orient liv. 1. ch. 13. Les Arabes ne craignent pas les lions, pag. 201.

20 SALOM. JARCHI ad I. Sam. XVII. 38. pag.

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jufter avec la taille de David. Quelques Juifs ont été fi frappez de cette difficulté, qu'ils ont cru ne pouvoir la réfoudre, qu'en fuppofant que depuis qu'il avoit reçû la fainte onction, il étoit crû confidérablement. Mais peutêtre n'eft-il pas néceffaire (je dois cette remarque au favant Evêque d'Eli, un des plus judicieux Interprètes de l'Ecriture) peut-être, dis-je, n'eft-il pas néceflaire de fuppofer, que PHiftorien parle ici des armes, dont Saül fe fervoit lui-même: il fuffit, pour remplir le fens des expreffions de l'original, qu'il ait fait tirer de fon arfenal celles qui pouvoit le mieux convenir à David, & qu'il les ait données à ce jeune Héros.

David n'avoit pas accoûtumé d'en avoir de pareilles; auffi s'en trouva-t-il affaiffé: il les quitta après les avoir eflayées, & il fe contenta de fe munir d'un bâton & de cinq pierres polies: C'est ainsi que nos Verfions ordinaires rendent ces mots D' 'phn, qui font dans l'original; & c'est ce qu'ils fignifient avec les points qu'on y met ordinairement, mais fi l'on en change la ponctuation, ils fignifient des morceaux de pierre, c'eft-à-dire, des pierres écornées. C'eft ainfi Verf. 40! que les traduit Louis de Dieu, & il fe fonde fur cette raifon infoûtenable, c'est que des pierres polies font moins propres à faire de profondes bleffures, que celles qui ont des poin

tes.

La petitefle de la ftature de David excita le mépris

21 PATRIC upon 1 Sam. XVII 38. pag. 159. 22 LUDOV. DE DIEU in I Sam. XVII. 40. pag. 155. & LEIGH CRITICAM S. ad vocem phn pag. 66.

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