Page images
PDF
EPUB

4

ery univerfel où tombe necessairement tout ce qu'ils expofent au grand jour de l'impression, comme fi on étoit caufe qu'ils manquent de force d'haleine, ou qu'on dut eftre refponfable de cette mediocrité répandue fur leurs ouvrages s'il s'imprime un livre de mœurs af Sex mal digere pour tomber de foy-même & ne pas exciter leur jalousie, ils le louent volontiers, &plus volontiers encore ils n'en parlent point; · mais s'il eft tci que le monde en parle, ilsPattaquent avec furie; Profe, Vers, tout eft fujet àlear cenfure, tout est en proye à une baine implacable qu'ils ont conque contre ce qui ofe paroître dans quelque perfection, & avec les fignes d'une approbation publique on ne fçait plus quelle morale leur fournir qui leur agrée, il faudra leur rendre celle de la Serre ou de Defmarets, & s'ils en font crûs, revenir au Pedagogue Chrétien, & à la Cour Sainte: Il paroit une nouvelle Satyre écrite contre les vices en general, qui d'un vers fort & d'un ftile d'airain enfonce fes traits contre l'avarice, l'excés du jeu, la chicanne, la moleffe, l'ordure & l'hypocrifie, où perjonne n'eft nommé ny défigné, où nulle femme vertueuse ne peut ny ne doit fe reconnoître; un BouRDALOUE en chaire ne fait point de peintures du crime ny plus vives ny plus innocentes, iln'importe, c'elt médifance, c'eft calomnie. Voilà depuis quelque temps leur unique ton, celuy qu'ils employent contre les ouvrages de Meurs qui réulfißent ils y prennent tout lit

teralement, ils les lifent comme une histoire, ils n'y entendent ny la Poëfie ny la figure, ainfi ils les condamnent; ils y trouvent des endroitsfoibles, ily en a dans Homere, dans Pindare, dans Virgile & dans Horace, ou n'y en a t-il point? fi ce n'eft peut-eftre dans leurs écrits. BERNINn'a pas manié lemarbre, ny traité toutes les figures d'une égale -force, mais on ne laiffe pas de voir dans ce qu'il a moins heureufement rencontré, de certains traits fi achervez tout proche de quelques autres qui le font moins, qu'ils découvrent aifement l'excellence de l'ouvrier: fic'est un cheval, les crins font tournez d'une main bardie, ils voltigent & fembleut être le jouer du vent; l'ail eft ardent, les nazeaux fouflent le feu la vie, un cizeau de maître sy retrouve en mille endroits, iln'efpas donné à fes copiftes ny à fes envieux d'arriver à de telles fautes par leurs chef-d'œuvres, l'on voit bien que c'eft quelque chofe de manqué par un habile homme, une faute de PRAXI

TELE.

Mais qui font ceux qui fi tendres & fi fcru puleux ne peuvent même supporter que fans bleffer & fans nommer les vicieux on fe declare contre le vice? font ce des Chartreux & des Solitaires? font ce les Fefuites hommes pieux & éclairez? font ce ces hommes religieux qui habitent en France les Cloitres & les Abbayes? Tous au contraire lifent ces fortes d'ouvrages, en particulier & en public à leurs recreations, ils en

infpirent la lecture à leurs Penfionnaires, à leurs éleves, ils en dépeuplent les boutiques, ils les confervent dans leurs Bibliotheques; n'ont ils pas les premiers reconnu le plan & l'economie du Livre des Caracteres? n'ont ils pas obfervé de feize Chapitres qui le compofent, il y en a quinze qui s'attachent à decouvrir le faux & le ridicule qui fe rencontrent dans les objets des paffions & des attachemens humains, ne tendent qu'à ruiner tous les obftacles qui affoiblissent d'abord, & qui éteignent ensuite

que

tous les hommes la connoiffance de Dieu; qu'ainfi ils ne font que des préparations au feiziéme & dernier Chapitre, oùl Atheisme eft attaqué & peut être confondu, où les preuves de Dieu, une partie du moins de celles que les foibles hommes font capables de recevoir dans leur efprit, font apportées, où la providence de Dieu eft défendue contre l'infulte & les plaintes des libertins: qui font donc ceux qui ofent repeter contre un ouvrage fi ferieux fi utile ce continuel refrain, c'eft médifance, c'eft calomnie; il faut les nommer, ce font des Poëtes, mais quels Poëtes? des Auteurs d'Hymnes facrez ou des Tradu Eteurs de Pfeaumes, des Godeaux ou des Corneilles? Non; mais des faifeurs de Stances. & d'élegies amoureufes, de ces beaux efprits qui tournent un Sonnet fur une abfence ou fur un retour, qui font une Epigramme fur une belle gorge, un Madrigal fur une jouillance. Voila ceux qui per délicatele de confcience ne.

fouf

fouffrent qu'impatiemment, qu'en ménageant les particuliers avec toutes les précautions que La prudence peut fuggerer, j'elaye dans mon Livre des Maurs de décrier, sileft poffible, tous les vices du cœur & de l'efprit, de rendre l'homme raisonnable & plus proche de devenir Chrêtien. Tels ont été les Theobaldes ou ceux du moins qui travaillent fous eux, & dans. leur attelier.

Ils font encor allez plus loin, car palliant d'une politique zelée le chagrin de ne fe fentir pas à leur gré fi bien louez & fi long temps que chacun des autres Academiciens,ils ont ofe faire des applications délicates & dangereufes de Pendroit de ma Harangue,où m'expofant feul d prendre le parti de toute la Litterature, contre leurs plus irreconciliables ennemis, gens pecunieux, que l'excés d'argent ou qu'une fortune faite par de certaines voyes, jointe à la faveur des Grands qu'elle leur attire neceffairement, mene jufqu'à une froide infolence, je leur fais à la verité à tous une vive apostrophe, mais qu'il n'eft pas permis de détourner de deffus eux pour la rejetter fur un feul, & fur tout au

tre.

Ainfi en ufent à mon égard, excitez peutétre par les Theobaldes, ceux qui fe perfuadent qu'un Auteur écrit feulement pour les amufer par la fatyre, & point du tout pour les inftruire par une faine morale, au lieu de prendre pour eux & de faire fervir à la correction de leurs maurs les divers traits qui font femez dans un

ouvrage, s'appliquent à découvrir, s'ils le peuvent, quels de leurs amis ou de leurs ennemis ces traits peuvent regarder, negli gent dans un livre tout ce qui n'eft que remarques folides ou ferieufes reflexions, quoy qu'en fi grand nombre qu'elles le compofent prefque tout entier, pour ne s'arrêter qu'aux peintures ou aux caracteres: & aprés les avoir expliquez à leur maniere, & en avoir crû trouver les originaux, donnent au public de longues liftes, ou comme ils les appellent, des clefs, fauffes clefs, & qui leur font aussi inutiles, qu'elles font injurieufes aux perfonnes dont les noms sy voyent déchiffrez, σ = Ꮕ PEcrivain qui en eft la caufe, quoy qu'inno

cente.

J'avois pris la précaution de protester dans une Preface contre toutes ces interpretations, que quelque connoiffance que j'ay-des bommes m'avoit fait prévoir, jufqu'à befiter quelque temps fi je devois rendre mon livre public, &d balancer entre le defir d'être utile à ma patrie par mes écrits, & la crainte de fournir à quelques uns dequoy exercer leur malignité, mais puisque j'ay eu la foiblesse de publier ces Caracteres, quelle digue éleveray je contre ce déluge d'explications qui inonde la ville qui bien tôt va gagner la Cour? diray je ferieusement, & protefteray je avec d'horribles fermens que je ne fuis ny auteur ny complice de ces clefs qui courent, que je n'en ay donné aucune, que mes

plus

« PreviousContinue »