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taine verité & c'eft leur premier point, d'une autre verité & c'eft leur fecond point, & puis d'une trofiéme verité & c'eft leur troifiéme point; de forte que la première reflexion, vous inftruira d'un principe des plus fondamentaux de vôtre Religion, la feconde d'un autre principe qui ne l'eft pas moins, & la derniere reflexion d'un troifieme & dernier principe le plus important de tous, qui eft remis pourtant faute de loifir à une autre fois : enfin pour reprendre & abreger cette divifion, & former unt plan ... encore dites-vous, & quelles preparations pour un difcours de trois quarts d'heure qui leur refte à faire! plus ils cherchent à le dige rer & à l'éclaircir, plus ils m'embrouillent je vous crois fans peine, & c'eft P'effet le plus naturel de tout cet amas d'idées qui reviennent à la même chofe, dont ils chargent fans pitié la memoire de leurs auditeurs. Il femble à les voir s'opiniâtrer à cet ufage, que la grace de la conver→ fion foit attachée à ces énormes partitions: comment neanmoins feroit-on converti par de tels Apôtres, fi l'on ne peut qu'à peine les entendre articuler, les fuivre & ne les pas perdre de vûë? Je leur de manderois volontiers qu'au milieu de leur courfe impetueufe ils vouluffent plufieurs fois reprendre haleine, fouffler un peu, & laiffer fouffler leurs auditeurs. Vains

difcours, paroles perdues! le temps des Homelies n'eft plus, les Bafiles, les Chryfoftomes ne le rameneroient pas; on pafferoit en d'autres Dioceses pour étre hors de la portée de leur voix, & deleurs familieres inftructions; le commun des hommes aime les phrases & les periodes, admire ce qu'il n'entend pas, fe fuppofe inftruit, content de décider entre un premier & un fecond point, ou entre le dernier sermon & le p penultiéme.

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* Il y a moins d'un fiecle qu'un livre François étoit un certain nombre de pages Latines, où l'on découvroit quelques lignes ou quelques mots en notre langue. Les paffages, les traits & les citations n'en étoient pas demeuré là; Ovide & Catulle achevoient de décider des mariages & des teftamens, & venoient avec les Pandectes au fecours de la veuve & des pupilles: le facré & le profane ne fe quittoient point, ils s'étoient gliffez enfemble jufques dans la chaire; S. Cyrille, Horace, S. Cyprien, Lucrece parloient alternativement, les Poëtes étoient de l'a-. vis de S. Auguftin & de tous les Peres, onparloit Latin & longtemps devant des femmes & des Marguilliers, on a parlé Grec, il faloit fçavoir prodigieufement pour prêcher fi mal Autre temps, autre ufage, le texte eft, encore Latin, tout le difcours eft François & d'un beau Fran-b

çois,

çois, l'Evangile même n'eft pas cité : il faut fçavoir aujourd'huy tres-peu de chofe pour bien prêcher.

*L'on a enfin banni la Scolaftique de toutes les Chaires des grandes Villes, & on Fa releguée dans les Bourgs & dans les Villages pour l'instruction & pour le falut du Laboureur ou du Vigneron.

L'Abbé

nin la Ro.

*C'eft avoir de l'efprit que de plaire au Bavyn, les peuple dans un Sermon par un ftyle fleuri, PP. Souaune morale enjoüée, des figures réiterées, che & audes traits brillans & de vives defcriptions; tres, mais ce n'eft point en avoir affez. Un meilleur efprit neglige ces ornemens étrangers, indignes de fervir à l'Evangile: il prê-. che fimplement, fortement, chrétienne

'ment!

*L'Orateur fait de fi belles images de certains defordres, y fait entrer des circonstances fi délicates, met tant d'efprit, de tour & de raffinement dans celuy qui peche; que fi je n'ay pas de pente à vouloir reffembler à fes portraits, j'ay befoin du moins que quelque Apôtre avec un ftyle plus Chrétien', me dégoûte des vices dont l'on m'avoit fait une peinture fi agréable.

*Un beau Sermon eft un difcours oratoire qui eft dans toutes fes (regles purgé de tous fes défauts, conforme aux précepres de l'Eloquence humaine, & paré de tous les ornemens de la Rhétorique; ceux qui entendent finement n'en perdent pasle L3

moin

moindre trait, ny une feule penfée; ils fui vent fans peine l'Orateur dans toutes les énumerations où il fe promene, comme dans toutes les elevations où il fe jette: ce n'est une enigme que pour le peuple.

*Le folide & l'admirable difcours que celuy qu'on vient d'entendre! les points de religion les plus effentiels, comme les plus preffans motifs de converfion, y ont été traitez; quel grand effet n'a-t-il pas dû faire fur l'efprit & dans l'ame de tous les Auditeurs! les voilà rendus, ils en font emûs, & touchez au point de refoudre dans leur L'Abbé coeur fur ce Sermon de Theodore, qu'il eft Flechier à- encore plus beau que le dernier qu'il a prêvefque de Ché.

prefent E

Nifmes.

* La morale douce & relâchée tombe avec celuy qui la prêche; elle n'a rien qui réveille & qui pique la curiofité d'un homme du monde, qui craint moins qu'on ne pense une doctrine fevere, & qui l'aime même dans celuy qui fait fon devoir en l'annonçant: il femble donc qu'il y ait dans l'Eglife comme deux états qui doivent la partager; celuy de dire la verité dans toute fon étendue, fans égards, fans déguisement; celuy de l'écouter avidement, avec goût, avec admiration, avec éloL'Abbé ges, & de n'en faire cependant ny pis ny

De Ro

mieux,

quette ne- * L'on

veu de L'

peut faire ce reproche à l'heroïEvefque que vertu des grands hommes, qu'elle a

D'Authun

corrompu

Corrompu l'éloquence, ou du moins amolli le ftyle de la plupart des Predicateurs; au lieu de s'unir feulement avec les peuples pour benir le Ciel de fi rares prefens qui en font venus; ils ont entré en focieté avec les Auteurs & les Poëtes, & devenus comme eux Panegyriftes, ils ont encheri fur les Epîtres Dedicatoires, fur les Stances & fur les Prologues; ils ont changé la parole fainte en un tiffu de louanges, juftes à la verité, mais mal placées, intereffées, que perfonne n'exige d'eux, & qui ne conviennent point à leur caractere; on eft heureux, fi à l'oc cafion du Heros qu'ils celebrent jufques dans le Sanctuaire, ils difent un mot de Dieu & du myftere qu'ils devoient prêcher: il s'en eft trouvé quelques-uns qui ayant affujetti le faint Evangile qui doit être commun à tous, à la préfence d'un feul Auditeur, fe font vûs déconcertez par des hazards qui le retenoient ailleurs, n'ont pû prononcer devant des Chrétiens, un difcours Chrétien qui n'étoit pas fait pour eux; & ont été fuppléez par d'autres Orateurs, qui n'ont eu le temps que de louer Dieu dans un Sermon précipité.

il

*Theodule a moins reüffi que quelquesuns de fes Auditeurs ne l'apprehendoient, ils font contens de luy & de fon difcours; a mieux fait à leur gré, que de charmer l'efprit & les oreilles, qui eft de flatter leur jaloufie:

L 4

* Le

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