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la caution: afin qu'une telle mere ne fc perde pas, il faut que fa fille fe fauve. * Un homme joue & fe ruine ilmarie neammoins l'ainée de fes deux filles de ce qu'il a pû fauver des mains d'un Ambreville; la cadette eft fur le point de faire fes voeux, qui n'a point d'autre vocation que le jeu de fon pere.

*Il s'eft trouvé des filles qui avoient de la vertu, de la fanté, de la ferveur & une bonne vocation; mais qui n'étoient pas affez riches pour faire dans une riche Abbaye vœu de pauvreté.

*Celle qui delibere fur le choix d'une Abbaye ou d'un fimple Monaftere pour s'y renfermer, agite l'ancienne queftion de l'état populaire & du defpotique.

*Faire une folie & fe marier par amourette, c'eft époufer Melite qui eft jeune, belle, fage, oeconome, qui plait, qui vous aime, quia moins de bien qu'Egine qu'on vous propofe, & qui avec une riche dot apporte de riches difpofitions à la confumer, & tout vôtre fond avec fa dot.

*Ilétoit délicat autrefois de fe marier, c'étoit un long établissement, une affaire ferieufe, & qui méritoit qu'on y penfât: l'on étoit pendant toute fa vie le mari de fa femme, bonnne ou mauvaise même table, même demeure, même lit l'on n'en étoit point quitte pour une penfion; avec des enfans & un ménage

com

complet l'on n'avoit pas les apparences & les délices du célibat.

* Qu'on évite d'être vû feul avec une femme qui n'eft point la fienne, voilà une pudeur qui eft bien placée : qu'on fente quelque peine à fe trouver dans le monde avec des perfonnes dont la reputation eft attaquée, cela n'eft pas incomprehenfi ble. Mais quelle mauvaise honte fait rougir un homme de fa propre femme, & P'empêche de paroître dans le public avec celle qu'il s'eft choifie pour fa compagne infeparable, qui doit faire fa joye, fes délices & toute fa focieté ; avec celle qu'il aime & qu'il eftime, qui eft fon ornement, dont l'efprit, le mérite, la vertu, l'alliance luy font honneur? que ne commence-t-il par rougir de fon mariage?

Je connois la force de la coûtume, & jufqu'où elle maîtrise les efprits, & contraint les mœurs, dans les chofes même les plus dénuées de raifon & de fondement: je fens neanmoins que j'aurois l'impudence de me promener au Cours, & d'y paffer en revûë avec une perfonne, qui feroit ma fem

me.

* Ce n'est pas une honte, ny une faute à un jeune homme que d'époufer une femme avancée en âge; c'eft quelque fois prudence, c'eft précaution. L'infanie eft de fe joüer de sa bienfactrice par des traitemens

indignes, & qui luy découvrent qu'elle est la duppe d'un hypocrite & d'un ingrat: fi la fiction eft excufable, c'eft où il faut feindre de l'amitié; s'il eft permis de tromper, c'eft dans une occafion où il y auroit de la dureté à être fincere. Mais elle vit longtemps aviez-vous ftipulé qu'elle mourut aprés avoir figné vôtre fortune, & l'acquit de toutes vos dettes ? n'a-t-elle plus aprés ce grand ouvrage qu'à retenir fon haleine, qu'à prendre de l'opium ou de la ciguë? at-elle tort de vivre? fimême vous mourez avant celle dont vous aviez déja reglé les funerailles, à qui vous deftiniez la groffe fonnerie & les beaux ornemens, en eft-elle refponfable?

*

*Billets &

Il y a depuis long-tems dans le monde une maniere de faire valoir fon bien, quiobligaticontinue toûjours d'être pratiquée parons. d'honnêtes gens, & d'être condamnée par d'habiles Docteurs.

*On a toûjours vû dans la Republique de certaines charges, qui femblent n'avoir été imaginées la premiere fois, que pour enrichir un feul aux dépens de plufieurs les fonds ou l'argent des particu liers y coule fans fin & fans interruption; diray-je qu'il n'en revient plus, ou qu'il n'en revient que tard? c'eft un gouffre, c'eft une mer qui reçoit les eaux des fleuves, & qui ne les rend pas, ou fi elle les rend, c'eft par des conduits fecrets & fou

terrains,

terrains, fans qu'il y paroiffe, ou qu'elle en foit moins enflée; ce n'eft qu'aprés en avoir joui longtems, qu'elle ne peut plus

les retenir.

*Le fonds perdu, autrefois fi fûr, si religieux & fi inviolable, eft devenu avec le temps, & par les foins de ceux qui en étoient chargez, un bien perdu: quel autre fecret de doubler mes revenus & de thefauriser? entreray-je dans le huitiéme denier, ou dans les aydes? feray-je avare, partifan ou administrateur?

*Vous avez une piece d'argent, ou même une piece d'or, ce n'eft pas affez, c'est le nombre qui opere; faites en fi vous pouvez un amas confiderable & qui s'éleve en pyramide, & je me charge du reite: vous n'avez ny naiffance ny efprit, ny talens ny experience, qu'importe; ne diminuez rien de vôtre monceau, & je vous placeray fi haut que vous vous couvrirez devant vo tre maître fi vous en avez ; il fera même fort éminent, fi avec vôtre métail qui de jour à autre fe multiplie je ne fais en forte qu'il fe découvre devant

vous.

*Orante plaide depuis dix ans entiers en reglement de Juges, pour une affaire juste, capitale, & oùi y va de toute fa fortune; elle fçaura peut-être dans cinq années quels feront fes Juges, & dans quel tribunal elle doit plaider le refte de fa vie.

* L'on

* L'on applaudit à la coûtume qui s'eft, †Sous lep. introduite dans les tribunaux †, d'inter-Prefidenti rompre les Avocats au milieu de leur de Noviaction, de les empêcher d'étre éloquenson. & d'avoir de l'efprit, de les ramener au fait & aux preuves toutes feches qui établiffent leurs caufes & le droit de leurs parties; & cette pratique fi fevere) qui laiffe aux Orateurs le régret den'avoir pas prononcé les plus beaux traits de leurs difcours, qui bannit l'éloquence du feul endroit où elle eft en fa place, & va faire du Parlement une muette Jurifdiction, l'autorife par une raifon folide & fans replique, qui eft celle de l'expedition; il eft feulement à defirer qu'elle fût moins oubliée en toute autre rencontre, qu'elle reglât au contraire les bureaux comme les audiences, & qu'on cherchât une fin aux Ecritures, * comme on a fait aux Plaido- *Procés

on

yers.
Le devoir des Juges eft de rendre la
juftice; leur métier de la differer: quel-
ques-uns fçavent leur devoir, & font leur
métier.

*Celui qui follicite fon Juge ne lui
fait
pas honneur; car ou il fe défie de fes
lumieres, & même de fa probité; ou il
cherche à le prévenir; ou il lui demande
une injustice.

* fe trouve des Juges auprés de qui la faveur, l'autorité, les droits de l'amitié Tom. II.

K

& de

par écrit.

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