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* Declarerai-je donc ce que je penfe de ce qu'on appelle dans le monde, un beau Salut: la decoration fouvent prophane, les places retenues & païées, des li vres distribuez comme au theatre, les enFrançois trevûës & les rendez-vous frequens, le par L.L.** murmure & les cauferies étourdiffantes

*Le Mo

ret traduit

en vers

quelqu'un monté dans une tribune qui y parle familierement, fechement, & fans autre zele que de raffembler le peuple, l'amufer, jufqu'à ce qu'un Orchestre, le diray-je, & de voix qui concertent depuis longtems, fe faffent entendre. Eft ce à moi à m'écrier que le zele de la maison du Seigneur me confume, & à tirer le voile leger qui couvre les myfteres, temoins d'une telle indecence: quoy! parce qu'on ne danfe pas encore aux TT**, me forceraLes Tea- t-on d'appeller tout ce spectacle, Officed'Eglife?

tins.

*L'on ne voit point faire de vœux ni de pelerinages, pour obtenir d'un Saint d'avoir l'efprit plus doux, l'ame plus reconnoiffante, d'étre plus équitable & moins mal-faifant; d'étre gueri de la vanité, de l'inquietude & de la mauvaise raille

rie.

* Quelle idée plus bizarre, que de fe reprefenter une foule de Chrétiens de l'un & de l'autre fexe, qui fe raffemblent à certains jours dans une falle, pour y applaudir à une troupe d'excommuniez, qui ne

le

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le font que par le plaifir qu'ils leur donnent, & qui eft déja paié d'avance. Il me femble qu'il faudroit ou fermer les Theatres, ou prononcer moins feverement fur l'état des Comediens.

Dans ces jours qu'on appelle faints

le Moine confeffe, pendant que le Curé tonne en chaire contre le Moine & fes adherans telle femme pieufe fort de l'Autel, qui entend au Prône qu'elle vient de faire un facrilege. N'y a-t-il point dans l'Eglife, une puiffance à qui il appartienne, ou de faire taire le Pasteur, ou de fufpendre pour un temps le pouvoir du Barnabite?

* Il y a plus de retribution dans les Paroiffes pour un mariage que pour un baptême; & plus pour un baptême que pour la confeffion: l'on dirqit que ce foit un tau fur les Sacremens, qui femblent par là étre appreciez. Ce n'eft rien au fond que cet ufage; & ceux qui reçoivent pour les chofes faintes, ne croient point les vendre, comme ceux qui donnent ne penfent point à les acheter; ce font peut-étre des apparences qu'on pourroit épargner aux fimples & aux

indevots.

St. Paul.

* Un Pasteur frais & en parfaite fanté, M. Hame. en linge fin & en point de Venife, a fa au Curé de place dans l'Oeuvre auprés les pourpres & les fourrures, il y acheve fa digestion; pendant que le Feuillant ou le Recollet

quitte fa cellule & fon defert, où il eft lié par fes voeux & par la bien-feance, pour venir le prêcher, lui & fes ouailles, & en recevoir le falaire comme d'une piece d'étoffe.. Vous m'interrompez, & vous dites, quelle cenfure! & combien elle eft nouvelle & peu attenduë, ne voudriezvous point interdire à ce Pasteur & à fon troupeau la parole divine, & le pain de l'Evangile au contraire; je voudrois qu'il le diftribuât lui-même le matin, le foir, dans les temples, dans les maifons, dans les places, fur les toits; & qu'il ne prétendît à un emploi fi grand, fi laborieux, qu'avec des intentions, des talens & des poulmons capables de lui mériter les belles offrandes & les riches retributions qui y font attachées : je fuis forcé, il eft vray d'excufer un Curé fur cette conduite, par un ufage reçû, qu'il trouve établi, & qu'il laiffera à fon fucceffeur; mais c'eft cet ufage bizarre & dénué de fondement & d'apparence que je ne puis approuver, & que je goûte encore moins que celui de fe faire payer quatre fois des mêmes obfeques, pour foi, pour fes droits, pour fa prefence, pour fon affiftance.

* Tite par vingt années de service dans une feconde place, n'eft pas encore digne de la premiere qui eft vacante: ni fes talens, ni fa doctrine, ni une vie exemplaire, ni les vœux des Paroiffiens ne fçau

*

roient l'y faire affeoir; il naît de deffous terre un autre Clerc pour la remplir: Ti-Ecclefiate eft reculé ou congedié, il ne s'en plaint #ique. pas; c'est l'ufage.

* Moy, dit le Cheffecier, je fuis Maître du choeur; qui me forcera d'aller à Matines? mon predeceffeur n'y alloit point, fuis-je de pire condition, dois-je laiffer avilir ma dignité entre mes mains, ou la laiffer telle que je l'ay reçûë? Ce n'eft point, dit l'Ecolatre, mon interêt qui me mene, mais celuy de la Prebende; il feroit bien dur qu'un grand Chanoine fût. fujet au choeur, pendant que le Threforier, l'Archidiacre, le Penitencier & leGrand-Vicaire s'en croient exempts. Je. fuis bien fondé, dit le Prevoft, à deman-, der la retribution fans me trouver à l'office; il y a vingt années entieres que je fuis en poffeffion de dormir les nuits, je veux finir comme j'ay commencé, & l'on ne me verra point déroger à mon titre; que me ferviroit d'être à la tête d'un Chapitre; mon exemple ne tire point à confequence. Enfin c'eft entr'eux tous à qui ne loüera point Dieu, à qui fera voir par un long ufage, qu'il n'eft point obligé de le faire; l'émulation de ne fe point rendre aux Offices divins ne fçauroit être plus vive, ny plus ardente. Les cloches fonnent dans une nuit tranquille; & leur melodie qui réveille les Chantres & les En

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fans

fans de choeur, endort les Chanoines, les plonge dans un fommeil doux & facile, & qui ne leur procure que de beaux fonges; ils fe levent tard, & vont à l'Eglife fe faire payer d'avoir dormi.

* Qui pourroit s'imaginer, fi l'experience ne nous le mettoit devant les yeux, quelle peine ont les hommes à fe refoudre d'eux-mêmes à leur propre felicité, & qu'on ait befoin de gens d'un certain habit, qui par un difcours préparé, tendre & pathetique, par de certaines inflexions de voix, par des larmes, par des mouvemens qui les mettent en fueur & qui les jettent dans l'épuisement, faffent enfin confentir un homme Chrêtien & raisonnable, dont la maladie eft fans reffource, à ne se point perdre & à faire fon falut.

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*La fille d'Ariftippe eft malade & en peril; elle envoye vers fon pere; veut se reconcilier avec luy & mourir dans fes bonnes graces; cet homme fi fage, le confeil de toute une ville, fera-t-il de lui même cette démarche fi raisonnable, y entrainera-t-il fa femme? ne faudra-t-il point pour les remuer (tous deux la machine du Directeur?

* Une mere, je ne dis pas qui cede & qui fe rend à la vocation de fa fille, mais qui la fait Religieufe, fe charge d'une ame avec la fienne, en repond à Dieu même, en est

la

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