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comme ils ont fait, unanimement et quasi sans délibérer, tant le fait leur parut éclairci par la lumineuse harangue de M. l'avocat-général. Le président posa deux questions: Paul-Louis est-il coupable? Oui. Bobée est-il coupable? Non. La cour renvoie Bobée, condamne Paul-Louis à deux mois de prison et 200 francs d'amende. Appel en cassation. Si le pourvoi est admis, l'accusé parlera, et touchera des points qui sont encore intacts dans cette affaire vraiment curieuse.

FIN DU TOME PREMIER.

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POLITIQUES ET LITTÉRAIRES.

PÉTITION

A LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS

POUR DES VILLAGEOIS

QUE L'ON EMPÊCHE DE DANSER.

(1822.)

MESSIEURS,

L'objet de ma demande est plus important qu'il ne semble; car bien qu'il ne s'agisse, au vrai, que de danse et d'amusemens, cependant, comme d'une part ces amusemens sont ceux du peuple, et que rien de ce qui le touche ne vous peut être indifférent; que, d'autre part, la religion s'y trouve intéressée, ou compromise, pour mieux dire, par un zèle malentendu, je pense, quelque peu d'accord qu'il puisse y avoir entre vous, que tous vous jugerez ma requête digne de votre attention.

Je demande qu'il soit permis, comme par le passé, aux habitans d'Azai de danser le dimanche.

sur la place de leur commune, et que toutes défenses faites, à cet égard, par le préfet, soient annulées.

Nous y sommes intéressés, nous, gens de Véretz, qui allons aux fêtes d'Azai, comme ceux d'Azai viennent aux nôtres. La distance des deux clochers n'est que d'une demi-lieue environ : nous n'avons point de plus proches ni de meilleurs voisins. Eux ici, nous chez eux, on se traite tour à tour, on se divertit le dimanche, on danse sur la place, après midi, les jours d'été. Après midi viennent les violons et les gendarmes en même temps, sur quoi j'ai deux remarques à faire.

Nous dansons au son du violon; mais ce n'est que depuis une certaine époque. Le violon était réservé jadis aux bals des honnêtes gens. Car d'abord il fut rare en France. Le grand roi fit venir des violons d'Italie, el en eut une compagnie pour faire danser sa cour gravement, noblement, les cavaliers en perruque noire, les dames en vertugadin. Le peuple payait ces violons, mais ne s'en servait pas, dansait peu, quelquefois au son de la musette ou cornemuse, témoin ce refrain: Voici le pèlerin jouant de sa musette ; danse, Guillot, saute, Perrette. Nous, les neveux de ces Guillots et de ces Perrettes, quittant les façons de nos pères, nous dansons au son du violon, comme la “our de Louisle-Grand. Quand je dis comme, je m'entends; nous ne dansons pas gravement, ni'ne menons, avec nos femmes, nos maitresses et nos bâtards. C'est là ma premiè: e remarque; l'autre, la voici :

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