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8.4.30

PRÉFACE.

Dans la composition de ce nouveau Dictionnaire des Synonymes français, nous avons eu en vue deux choses surtout donner des définitions simples et claires; appuyer ces définitions par des exemples concluants, par des témoignages irrécusables.

Les anciens Dictionnaires des Synonymes, presque tous aussi remarquables par les profondes connaissances que par l'ingénieuse sagacité de leurs auteurs, ont, à notre avis, outre leur grande étendue, plusieurs inconvénients qui empêchent de les mettre avec fruit entre les mains des enfants et des jeunes gens. D'abord, les définitions reposent presque toujours sur des distinctions métaphysiques, difficiles à saisir même pour un esprit déjà formé, et dont, à coup sûr, de jeunes intelligences ne peuvent sentir toute la valeur. Quelquefois aussi les termes présentés comme synonymes ne sont pas définis ; c'est au lecteur qu'est laissé le soin d'en apercevoir et d'en formuler la différence après la lecture d'un certain nombre de phrases, qui, au moyen de jeux d'esprit, de combinaisons étudiées, présentent chacun des mots à son tour dans ses diverses acceptions

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Beauzée dira, par exemple : « Il faut de l'adresse et du bonheur pour s'évader; de la présence d'esprit et de-la force pour s'échapper; de l'agilité et de la vigueur pour s'enfuir. » On lira dans Girard: « Le sentiment va av cœur.... La vie la plus agréable est sans doute celle qui roule sur des sentiments vifs.... Le sentiment étend son ressort jusques aux mœurs; il fait que nous sommes également touchés de l'honneur et de la vertu comme des autres avantages. » Ce ne sont pas là des définitions. L'excellent livre de M. Guizot ne peut pas être luimême pour les jeunes gens un guide bien sûr, parce que d'habitude il ne fait que présenter à ses lecteurs les distinctions établies par les différents auteurs d'ouvrages sur la synonymie, et ne décide rien. A côté d'une définition de Beauzée se trouve une autre définition de Girard, puis une autre encore de Roubaud ou de l'Encyclopédie, et l'on ne voit pas assez quel est celui des écrivains cités que l'auteur suppose être dans le vrai. Le livre de M. Guizot est une précieuse collection d'élé ments, de matériaux, pour l'homme habitué à réfléchir et à se faire un jugement sur les choses par son propre et libre examen. Ajoutons encore que les définitions des anciens synonymistes pourraient tromper souvent. Deux siècles apportent dans une langue des changements notables; tel mot avait au XVIIe ou au XVIII siècle un sens qu'il n'a plus aujourd'hui ou qu'il n'a plus, du moins, d'une manière absolue, un sens qui a cessé d'être le principal; or, ce qui est fort naturel, on ne peut trouver dans Vaugelas, dans Bouhours, dans

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d'Alembert, que des définitions qui étaient justes de leur temps.

Avons-nous pourtant besoin de dire que ces défauts, purement relatifs, n'ôtent rien, absolument rien à la valeur des anciens Dictionnaires des Synonymes, et que, loin d'avoir eu jamais la prétention de faire mieux, nous n'avons même pas conçu un seul instant l'idée de faire aussi bien? A côté d'ouvrages qui se recommandent par la science et par de hautes qualités de style, nous apportons un petit livre bien modeste, dans lequel nous avons essayé de donner aux jeunes gens, sous une forme nette et facile, l'intelligence et le goût d'une étude qu'ils ne peuvent encore faire avec profit dans les ouvrages des grands maîtres. Nous avons écarté un certain nombre de synonymes philosophiques, dont les définitions trop abstraites n'auraient jamais été rendues par nous suffisamment claires pour ceux à qui nous nous adressons, nous en avons introduit d'autres, quelques-uns, en petit nombre, tirés de notre propre fonds, la plupart empruntés au livre si remarquable de M. Lafaye, source féconde d'observations savantes et judicieuses, à laquelle nous aurions voulu pouvoir puiser sans réserve. Partout nous avons pris soin de rectifier les définitions anciennes en ce qu'elles ont d'inexact aujourd'hui, et de ne présenter que des idées nettes, simples et parfaitement intelligibles.

M. Lafaye, qui s'est borné à traiter les synonymes grammaticaux, c'est-à-dire ceux qui diffèrent seulement par la terminaison, ou par l'emploi de l'une des

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prépositions qui entrent dans la composition des mots, a quelquefois fait suivre ses définitions d'exemples tirés du Dictionnaire de l'Académie ou empruntés aux écrivains français. C'était là une idée heureuse, dont nous avons fait un emploi plus général. Chacun de nos articles est suivi d'exemples, et nous n'avons pas craint de multiplier les citations, toutes les fois que nous nous sommes trouvé en présence de ces expressions délicates dont une seule phrase ne fait pas assez clairement comprendre le juste sens. Ainsi, dans notre petit livre, chaque définition est éclaircie par les exemples qui l'accompagnent; mais, quelque respectable que soit l'autorité de l'Académie, nous avons toujours préféré, quand nous l'avons pu, ceile des écrivains qui ont fixé notre langue.

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Ces deux termes renferment également une idée de dégradation: abaissement se dit plus particulièrement de ce qui est diminué, ravalé, et n'emporte pas nécessairement l'idée d'avilissement, de mépris; bassesse indique l'abjection de l'âme, le manque d'élévation ou d'honnêteté dans les sentiments. Ce fut lui qui contribua alors à l'abaissement de la maison d'Autriche (VOLTAIRE). Le pécheur est souvent élevé aux honneurs, tandis que l'homme de bien vit dans l'abaissement (MASSILLON). Il était humble sans bassesse (FLÉCHIER). Une pareille conduite marque une extrême bassesse de cœur (PASCAL). Voir 8, 158.

2. ABAISSER, RABAISSER, RAVALEN, AVILIR,

HUMILIER.

Nous n'étudions ces mots que dans leur sens figuré. Abaisser exprime une action assez modérée; rabaisser est plus fort on abaisse ce qui est simplement élevé; on rabaisse ce qui est trop élevé ou ce qui tend à s'élever outre

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