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cité de connaître la vérité (PASCAL). Quand la capacité de son esprit se hausse A connaître un pourpoint d'avec un haut-de-chausse (MOLIÈRE). Cet artiste est d'une grande habileté (ACAD.). L'habileté à se sarvir des conjonctures (FLÉCHIER). Voir 36, 367.

201. CAPTER, CAPTIVER.

Capter, c'est chercher à obtenir à force de soins, d'empressements, d'obsessions, c'est circonvenir et séduire; captiver, c'est-à-dire se rendre maître de, s'emparer de, ne marque pas toujours le dessein ou l'art. Capter la bienveil lance, capter les suffrages de quelqu'un (ACAD.). Toute l'attention d'Oswald fut captivée par les objets les plus près de lui (Mme DE STAEL).

202. CAPTIF, PRISONNIER, ESCLAVE.

Captif ne se dit plus guère que des chrétiens faits prisonniers par les infidèles; le prisonnier est celui qui est privé de la liberté naturelle, qui ne peut sortir d'un lieu où on le retient; l'esclave est celui qui passe sa vie dans la condition de servitude. Captif au rivage du More (BÉRANGER). Racheter les chrétiens captifs. Prisonnier de guerre (ACAD.). Plusieurs prisonniers suédois furent employés aux embellissements de cette ville (VOLTAIRE). Le destin.... M'a fait sa prisonnière, et non pas son esclave (Corneille).

203. CARESSER, FLATTER, CAJOLER, FLAGORNER.

Caresser, c'est faire des démonstrations d'amitié; flatter, c'est s'adresser à la vanité par les louanges; cajoler, c'est prodiguer les propos obligeants et agréables pour faire tomber dans un piége; flagorner, c'est aduler bassement, platement, un maître, un supérieur. Ils ne pourraient sans frémir d'horreur voir un homme caresser et chérir le meurtrier de son père (PASCAL). Quiconque flatte ses maîtres les trahit (MASSILLON). Si nous ne nous flattions pas nous

mêmes, la flatterie des autres ne pourrait nous nuire (LA ROCHEFOUCAULD). Ce sont des contes plus étranges qu'un renard qui cajole un corbeau sur sa voix (LA FONTAINE). Il est entouré de parasites qui le flagornent (ACAD.). Voir 543.

204. CARNASSIER, CARNIVORE.

Un animal carnassier est celui qui se nourrit toujours ou habituellement de chair, comme le tigre, le lion, etc.; un animal carnivore est celui qui mange de la chair, mais qui se nourrit aussi d'autres aliments, comme l'homme, le chien, etc.

205. AU CAS, EN CAS.

Au cas marque plutôt la supposition d'un événement déterminé que l'on a particulièrement en vue; en cas se dit mieux lorsque l'on peut considérer diverses alternatives, lorsque des circonstances différentes peuvent se présenter; il est plus vague. Au cas que ce qu'on en dit soit véritable (PASCAL). Au cas que cela arrive, que cela soit. En cas de mort, en cas de rupture (ACAD.).

206. CASSER, ROMPRE, BRISER.

Casser, c'est détruire la continuité d'un corps fragile en le choquant, en le heurtant, en le frappant; rompre, c'est détruire la connexion des parties d'un corps résistant ou élastique, en l'enfonçant, en le surchargeant, en fai sant effort pour le ployer; briser, c'est réduire un corps en pièces, en mille morceaux. Au figuré, on casse ce qu'on annule; on rompt ce dont on se dégage. Une poutre cassa les jambes à l'athlète (LA FONTAINE). Quelque sensible tort que cet arrêt me fasse, Je me garderai bien de vouloir qu'on le casse (MOLIÈRE). Un coup de vent a rompu le grand mát (ACAD.). Les fauvettes ont rompu les œufs (BUFFON). Si tu dis un seul mot, je te romprai les bras (MOLIÈRE). Et je romps tous les nœuds qui m'attachent à vous (RACINE) Les vents et les flots qui ont brisé plusieurs fois mes vais

seaux contre les écueils (FÉNELON). Il ne brise pas ceux qui plient (LA BRUYÈRE). Voir 86.

207. CAUSTIQUE, SATIRIQUE, MORDANT.

L'esprit caustique est celui qui met dans toutes ses expressions de l'ironie, de la malignité; l'esprit satirique ne s'exerce que sur les objets qui méritent le blâme ou ont quelque chose de ridicule; l'esprit mordant s'attaque à tout, déchire tout, apporte dans tout de la méchanceté. Dans mes vers moins caustique (BOILEAU). Mais ne craignez-vous point que pour rire de vous.... je ne ranime ma satirique audace (BOILEAU)? Dans vos discours chagrins, Plus aigre et plus mordant qu'une femme en furie (Bo1LEAU.)

208. CAUTION, GARANT, RÉPONDANT.

La caution s'oblige à satisfaire aux engagements pécu niaires, à indemniser des malversations de celui qu'elle cautionne, ou à payer une certaine somme dans le cas où celui dont elle répond ne tiendrait pas une parole donnée; le garant s'oblige à maintenir, à assurer, à ses risques et périls, l'exécution d'un acte, la jouissance d'une chose cédée ou vendue; le répondant s'oblige, mais volontairement, envers celui à qui il répond, à réparer les torts ou à indemniser des pertes qu'on pourrait essuyer de la part de celui dont il répond. Caution solidaire, solvable; décharger les cautions. Mettre quelqu'un en liberté provisoire, moyennant caution. Le vendeur est garant envers l'acquéreur de la propriété de la chose qu'il lui a vendue (ACAD.). Il ne voulut jamais donner d'autre garant de sa parole que sa parole même (FLÉCHIER). Ce domestique, ce commis a de bons répondants (ACAD.).

209. CERTAIN, SUR.

Certain se dit des choses que l'on peut affirmer; sûr, des choses ou des personnes auxquelles on peut croire, se

fier. La nouvelle est certaine; j'ai eu un avis certain (ACAD.). Il est certain Que mon père s'est mis en tête ce dessein (MOLIÈRE). Rien n'est plus sûr. Je vous donne cela pour sûr (ACAD.). Nos plus sûrs protecteurs sont nos mœurs (VAUVENARGUES). Voir 1078.

210. CERTES, CERTAINEMENT, AVEC CERTITUDE, Certes est une affirmation tranchante et absolue, qui défend le soupçon, le doute, une sorte de jurement; certainement est une affirmation qui désigne la conviction, la persuasion de celui qui parle, plutôt que les raisons qu'il a d'affirmer; avec certitude est une assertion qui désigne les raisons, les motifs puissants que l'on a de croire ou de dire une chose. Certes, c'est une chose aussi qui scandalise, De voir qu'un inconnu céans s'impatronise (MOLIÈRE). La prétendue lettre du roi de Prusse est certainement de d'Alembert (J. J. ROUSSEAU). Quand le premier sens littéral se trouve contraire à ce que le sens ou la raison reconnaissent avec certitude (PASCAL).

211. CERVEAU, CERVELLE.

Au propre, cerveau donne l'idée de l'organe qui a son siége dans la tête, considéré dans sa nature; cervelle fait seulement penser au volume, à la masse. Au figuré, cerveau exprime un organe, un instrument qui travaille, et qui est susceptible de se déranger; cervelle marque une matière qu'il faut avoir en certaine quantité et d'une certaine qualité pour bien penser. Le cerveau est regardé par les physiologistes comme l'organe de la pensée. Il lui a fait sauter la cervelle d'un coup de pistolet (ACAD.). Non-seulement il (le tabac) réjouit et purge les cerveaux humains (MOLIÈRE). Votre jeune cervelle Voudrait régler ici la raison paternelle (MOLIÈRE)

212. C'EST POURQUOI, AINSI.

C'est pourquoi renferme dans sa signification particu

lière un rapport de cause et d'effet; ainsi ne renferme qu'un rapport de prémisses et de conséquence. Le premier est plus propre à marquer la suite d'un événement ou d'un fait, et le second, à faire entendre la conclusion d'un raisonnement. Rome est non-seulement un siége ecclésiastique, mais encore un État temporel; c'est pourquoi l'on peut trèsaisément confondre ces deux autorités. Tout homme est sujet à se tromper; ainsi il faut tout examiner avant que de croire (GIRARD). Il n'était point attaché aux richesses, mais il ne savait pas donner; ainsi, avec un cœur noble et porté au bien, il ne paraissait ni obligeant ni libéral (FENELON) Voir 133.

213. CHAGRIN, TRISTESSE, MÉLANCOLIE.

Le chagrin vient du mécontentement et affecte l'humeur; la tristesse est causée par les grandes afflictions et ôte le goût des plaisirs; la mélancolie est l'effet du tempérament et se révèle par une humeur sombre. Dissiper le chagrin que lui cause son indigence (BOSSUET). Vous achevez de lui serrer le cœur de tristesse (MASSILLON). Mais enfin, succombant à ma mélancolie, Mon désespoir tourna mes pas vers l'Italie (RACINE). Voir 42, 775.

214. CHAINES, FERS.

La chaîne est un composé d'anneaux en fer; les fers sont l'assemblage des chaînes dont on charge un captif, un prisonnier. Au figuré, les chaînes expriment quelquefois un doux assujettissement; fers se dit toujours d'un rude ser vage. Etre attaché avec une chaîne (ACAD.). Désespérant d'échapper au glaive ou aux chaînes des infidèles (FLÉCHIER). D'un amour si parfait les chaînes sont si belles (CORNEILLE). On le chargea de fers (ACAD.). Pour briser les fers de son peuple captif (CORNEILLE). Un guerrie courbé sous ses fers (BÉRANGER)

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