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mesure. Ravaler implique l'idée d'un contraste entre une situation élevée que l'on occupait d'abord et l'abaissement où l'on tombe; avilir emporte l'idée de mépris, de honte, d'ignominie; humilier, c'est mortifier, donner de la confusion. Les grands noms abaissent, au lieu d'élever, ceux qui ne savent pas les soutenir (LA ROCHEFOUCAULD). Soit qu'il (Dieu) élève les trônes, soit qu'il les abaisse (BosSUET). L'envie, ne pouvant s'élever jusqu'au mérite, pour s'égaler à lui, tâche de le rabaisser (BOILEAU). Tu ne vois donc pas jusqu'où l'on me ravale (RACINE)? Voilà comme on avilit la vertu (J. J. Rousseau). Qu'est-ce que la noblesse, si l'on peut s'avilir sans la perdre (J. J. Rousseau)? La plaisanterie française veut toujours humilier par les ridicules (Mme DE STAEL). Voir 153.

3. ABANDON, ABANDONNEMENT, ABDICATION, RENONCIATION, DÉMISSION, DÉSISTEMENT.

On fait un abandon ou un abandonnement de ses biens, avec cette différence, qu'abondonnement marque toujours mieux qu'abandon la spontanéité, la liberté de l'acte; on fait une abdication de sa dignité et de son pouvoir, une renonciation à ses droits et à ses prétentions; on donne une démission de ses charges, de ses emplois, de ses bénéfices, un désistement de ses poursuites en justice. Et de tous ses trésors l'abandon général (CORNEILLE). Cet abandonnement de sa propre cause, et par conséquent de sa vie (BourDALOUE). Abdication de la dignité royale (FÉNELon).

4. ABANDONNER, DÉLAISSER.

Abandonner se dit des personnes et des choses; délaisser ne se dit que des personnes, et exprime un abandon plus complet. Un ange lui promit que Dieu ne l'abandonnerait pas (BOSSUET). Christine abandonna le trône pour les beaux-arts (VOLTAIRE). Anges saints, faites la garde autour du berceau d'une princesse si grande et si délaissée (Bos SUET).

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8. ABATIRE, DÉMOLIR, RENVERSER', RUINER,

DÉTRUIRE.

Abattre est, proprement, jeter à terre une chose élevée, démolir ne se dit qu'en parlant d'un bâtiment dont on abat successivement toutes les parties; renverser, c'est coucher par terre ce qui était sur pied, mettre le haut en bas; ruiner, c'est faire tomber par morceaux, dégrader; détruire, 'est ruiner ou perdre totalement. Je couperai cet arbre par la racine, je l'abattrai d'un seul coup (BossUET). Les places qu'ils avaient dessein de démolir (FLÉCHIER). Lorsque Lisbonne fut renversé par un tremblement de terre (BERNARDIN DE SAINT-PIERRE). Il (le fleuve) était traversé par un grand pont appuyé sur des arcades à demi ruinées (BERNARDIN DE SAINT-PIERRE). Ces monuments publics de leur piété, que le temps n'a pu détruire (MASSILLON). Voir 84, 343.

6. ABDIQUER, SE DEMETTRE.

Abdiquer se dit uniquement des postes considérables, et surtout du pouvoir souverain; se démettre est d'un usage plus fréquent lorsqu'il s'agit de petites places, et, au contraire d'abdiquer, n'exclut pas l'idée de contrainte. Il eut beau abdiquer sa couronne (MASSILLON). Il s'est en plein sénat démis de sa puissance (CORNEILLE). On l'oblige à se démettre de son emploi (ACAD.).

7. ABHORRER, DÉTESTER, EXÉCRER.

Abhorrer exprime un sentiment d'aversion provenant du goût naturel ou du penchant du cœur, et, par conséquent, presque toujours une antipathie instinctive; détester mar que une répulsion raisonnée, qui est le résultat de la réfle xion et du jugement; exécrer est beaucoup plus fort que les deux termes qui précèdent, et signifie dévouer à la haine, à la vengeance de Dieu et des hommes. Objet infortuné des vengeances célestes, Je m'abhorre encor plus que tu ne me détestes (RACINE). L'Église abhorre le sang (PAS

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CAL). On estima son règne, mais on détesta son caractère (VOLTAIRE). Vous le fites exécrer et maudire par les enfants en leurs prières (SATIRE MÉNIPPÉE).

8. ABJECTION, BASSESSE.

On appelle abjection un état d'obscurité dans lequel nous nous plaçons nous-mêmes, ou dans lequel les autres nous placent par le peu d'estime qu'ils ont pour nous; la bassesse est l'humilité de condition qui n'est l'effet ni de notre volonté ni de celle d'autrui. Si l'abjection de son état n'avait pas mis le frein de la honte et du respect sur sa langue (MASSILLON). Il entre à Rome avec un cortège où il semble triompher de la bassesse et de la pauvreté de son père (LA BRUYÈRE). Voir 1, 158.

9. ABOLIR, ABROGER.

Abolir, c'est annuler, mettre hors d'usage, à néant; abroger ne se dit que d'un acte formel par lequel le pou voir législatif abolit une loi. Défendre et abolir le duel dans ses États (PASCAL). Les Athéniens abolirent la royauté BOSSUET). Des lois qui ne furent jamais abrogées ( VOLTAIRE). Voir 352.

10. ABOMINABLE, DÉTESTABLE, EXÉCRABLE.

La chose abominable excite l'aversion; la chose détestable, la haine, le soulèvement; la chose exécrable, l'indignation, l'horreur. Ces trois mots servent aussi à qualifier une chose excessivement mauvaise, dans la progression suivante: détestable, abominable, exécrable. Les vices les plus abominables (MASSILLON). Détestables flatteurs, présent le plus funeste Que puisse faire aux rois la colère céleste (RACINE). Va-t'en, monstre exécrable (RACINE). Je trouve que le style de La Calprenède est détestable (Mme DE SÉVIGNÉ). Cette comédie, cette musique est abominable (ACAD.) Cela est d'un style et d'un goût exécrable (D'ALEMBERT)

11. ABSOLU, IMPÉRIEUX.

On est absolu par roideur de caractère, par exigence; on est impérieux par orgueil ou par colère. On est toujours absolu; on n'est impérieux que par moments. Son père était fort sévère et fort absolu (FONTENELLE). Les Romains avaient une politique bien impérieuse à l'égard des rois qui leur étaient suspects (SAINT-REAL).

12. ABSOLUTION, PARDON, RÉMISSION, ABOLITION, GRACE.

L'absolution s'applique au péché et relève le pécheur, elle marque également un jugement par lequel un accusé est déclaré innocent ou réhabilité comme tel; le pardon est l'oubli d'une offense ou d'une faute qu'on aurait droit de punir; la rémission est la remise de la peine encourue pour un crime; l'abolition est l'exemption de la peine encourue pour un crime irrémissible de sa nature; grâce est le terme générique, et marque simplement l'action de recevoir le coupable en faveur. Arracher à l'Église son absolution (FLÉCHIER). Qu'il vienne recevoir le pardon de son crime (CORNEILLE). Quelles précautions M. Le Tellier n'avait-il pas accoutumé de prendre dans les rémissions et les grâces qu'il accordait (FLÉCHIER)? Portez-lui pour la fête de Pâques l'abolition de son crime (FLÉCHIER). Obtenir grâce, c'est obtenir son pardon (VOLTAIRE). Voir 170, 590.

13. ABSORBER, ENGLOUTIR.

Absorber marque une action successive, lente, qui s'exerce petit à petit et s'étend d'une partie au tout; engloutir marque une action rapide et intégrale. Le bras du Pô de Venise a absorbé le bras de Ferrare (FONTENELLE). Un naufrage vous engloutira sous les eaux (MASSILLON).

14. ABSTRAIT, DISTRAIT.

Nous sommes abstraits par nos propres idées, lorsqu elles

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nous empêchent d'être attentifs à ce qui se dit cu se fait autour de nous; nous sommes distraits, lorsqu'un nouvel objet détourne notre attention de celui à qui nous l'avions d'abord donnée ou à qui nous devons la donner. On est abstrait pour être trop appliqué à une seule chose, et distrait par inapplication ou légèreté (ACAD.). Quelquefois un esprit abstrait, nous jetant loin du sujet de la conversation, nous fait faire ou de mauvaises demandes ou de sottes réponses (LA BRUYÈRE). Il appelle Une femme monsieur, et moi mademoiselle.... On dit qu'il est distrait, moi je le prends pour fou (REGNARD).

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13. ACCABLEMENT, ABATTEMENT, DÉCOURAGEMENT. L'accablement est l'état d'un corps malade, fatigué, ou d'un esprit qui succombe sous le poids de ses peines; l'abattement est une profonde langueur du corps ou de l'âme; le découragement, un manque absolu d'énergie et de vigueur morales. L'assoupissement que l'accablement lui causa (BOSSUET). Je n'ai pas de ces heures de chagrin et d'accablement qui vont jusqu'à l'âme (VOITURE). Cette médecine m'a jeté dans un abattement.... (BOILEAU). Le passage d'une présomption démesurée à un horrible abattement de cœur (PASCAL). Il fatigue les autres, il les pousse jusqu'au découragement (LA BRUYÈRE).

16. ACCABLER, OPPRIMER.

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Accabler, faire succomber sous le poids, se dit en bonne et en mauvaise part, au propre et au figuré; opprimer ne s'emploie qu'en mauvaise part, et marque l'action d'accabler par violence. La foule des affaires vous accable (PASCAL). Le peuple qu'on accable d'impôts finit par n'en plus payer (MALESHERBES). Mère affligée, elle a souvent à se plaindre de ses enfants, qui l'oppriment (BosSUET). Parmi les hommes qui n'aiment pas qu'on les opprime, il s'en trouve beaucoup qui aiment à opprimer (BONAPARTE).

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